Indications bibliographiques :

 Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles proposent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique. Tous les titres ci-dessous sont cliquables et envoient vers une documentation ou un magasin .

— Les Mille et une nuits — Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal : « L'Invitation au voyage » - « Le Voyage » — Julien Blanc-Gras, Touriste — Nellie Bly, Le Tour du monde en 72 jours — Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde — Nicolas Bouvier, L'usage du monde — Michel Butor, La Modification — Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit — Blaise Cendrars, Bourlinguer , Du monde entier : « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » — Josef Conrad, Jeunesse , Au cœur des ténèbres — Bérengère Cournut, De pierre et d'os — Alexandra David-Néel, Voyage d'une parisienne à Lhassa — Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville — Isabelle Eberhardt, Au pays des sables — Gustave Flaubert, Par les champs et par les grèves — François Garde, Ce qu'il advint du sauvage blanc — Laurent Gaudé, Eldorado — Christian Garcin et Tanguy Viel, Travelling — Théophile Gautier, Voyage en Espagne — André Gide, Voyage au Congo — Jean Giraudoux, Supplément au voyage de Cook — Cédric Gras, L'Hiver aux trousses: — Hérodote, Histoires — Olivier Hodasava, Eclats d'Amérique, chronique d'un voyage virtuel — Homère, L'Odyssée — Alexis Jenni, La conquête des îles de la Terre Ferme — Jean-Paul Kauffmann, L'arche des Kerguelen: Voyage aux îles de la Désolation — Jack Kerouac, Sur la route - Satori à Paris — Joseph Kessel, Les Cavaliers — Rudyard Kipling, L'Homme qui voulut être roi — Matthew Kneale, Les Passagers anglais — Eugène Labiche, Le Voyage de Monsieur Perrichon — Selma Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède — Valery Larbaud, Les Poésies de A.O. Barnabooth - A. O. Barnabooth. Son Journal Intime — Jean-Marie Gustave Le Clézio, Haï - Désert — Jean de Léry, Histoire d'un voyage faict en la terre de Brésil — Jack London, La croisière du Snark — Pierre Loti, Voyages au Moyen-Orient — Ella Maillart, Des monts célestes aux sables rouges — André Malraux, La Voie royale — Henri Michaux, Ailleurs - Un barbare en Asie — Michel de Montaigne, Essais , III, 9 - Journal de voyage — Montesquieu, Lettres persanes — Gérard de Nerval, Voyage en Orient — Rabelais, Le Quart Livre — Arthur Rimbaud, « Ma bohême » , Illuminations — Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions — Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil - Le Tour du monde du roi Zibeline - Immortelle randonnée — Antoine de Saint-Exupéry, Courrier sud - Vol de nuit - Terre des hommes - Le Petit Prince , etc. — Victor Segalen, Les Immémoriaux — Stendhal, Voyages en Italie — Robert Louis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes — Jonathan Swift, Voyages de Gulliver — Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs , Berezina — Jean-Philippe Toussaint, Partir — Vercors, Les Animaux dénaturés , Zoo ou l'assassin philanthrope — Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours - Voyages extraordinaires — Voltaire, Candide - Micromégas .
— Lucie Azema, Les Femmes aussi sont du voyage : l'émancipation par le départ — Roland Barthes, L'Empire des signes — Anne Benoit-Janin, Les Népalaises de l'Éverest — Matthias Debureaux, De l'art d'ennuyer en racontant ses voyages — François La Mothe Le Vayer, De l'utilité des voyages — Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques — Véronique Meyer, Voyage d'artistes en Italie du Nord, XVIe-XIXe siècle — Juliette Morice, « Les voyages rendent-ils meilleur ? Autour d'une controverse au XVIIIe siècle » ,              Revue philosophique de Louvain, 2012 ;              « Voyage et anthropologie dans l' Émile de Rousseau » , Revue de métaphysique et de morale, 2013/1 (n° 77) — Béat de Muralt, Lettres sur les Anglais et les Français et sur les voyages — Daniel Roche, Les Circulations dans l'Europe moderne, XVIIe-XVIIIe siècle — Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l'éducation , livre V — Judith Schalansky, Atlas des îles abandonnées .
— larguer les amarres - faire ses bagages - bon vent ! - bon voyage ! - les voyages forment la jeunesse - mérite le déplacement - vaut le détour - poser ses valises - souvenirs de voyage - retour aux sources - retour au bercail - retrouver ses Pénates - faire son dernier voyage.
— voyage, évasion, nomadisme, fuite, fugue, errance ; découvrir, comprendre, s'adapter, communiquer, survivre ; authenticité, us et coutumes, folklore ; l'inconnu, l'étranger, l'exotisme, l'ailleurs ; — voyage scolaire, séjour linguistique, voyage éclair, agence de voyage, voyagiste, tour opérateur, circuit touristique, voyage de noces, croisière, voyage au long cours, tourisme de masse, tourisme solidaire, tourisme culturel, woofing ; — auto-stop, covoiturage, compagnies low cost, port, paquebot, gare, train de nuit, Orient-Express, Transsibérien, aéroport ; selfie, carte postale, carnet de voyage, journal de bord (log book), récit de voyage, géographie, ethnographie; — quête de soi, voyage initiatique, pérégrin, pèlerin, pèlerinage, aventure, périple, tribulations, pérégrinations, odyssée, expédition, exploration, tour du monde, circumnavigation, voyage d'étude, voyage scientifique, grandes découvertes, conquête spatiale.

( BO n°7 du 17 février 2022 ).

Invitation au voyage...

L'aventure et les aventuriers.

I. Le voyage : des aventures et des aventuriers

  • Film : Into the wild
  • Lecture cursive : L’or, Cendrars

Introduction : Stevenson : p. 38/39

  « Quelle vision de l’aventurier ces textes proposent-ils ? »

  • St Exupéry ,Courrier Sud
  • Rimbaud : « Ma bohème »
  • Sylvain tesson « j’organise mes voyages comme des métamorphoses »
  •  «  Koh lanta, et les aventuriers de l’ordinaire »

Texte complémentaire : un extrait de Moby Dick,

  • St Exupéry ,Courrier Sud, 1929

                Aujourd’hui, Jacques Bernis, tu franchiras l’Espagne avec une tranquillité de propriétaire. Des visions connues, une à une, s’établiront. Tu joueras des coudes, avec aisance, entre les orages. Barcelone, Valence, Gibraltar, apportées à toi, emportées. C’est bien. Tu dévideras ta carte roulée, le travail fini s’entasse en arrière. Mais je me souviens de tes premiers pas, de mes derniers conseils, la veille de ton premier courrier. Tu devais, à l’aube, prendre dans tes bras les méditations d’un peuple. Dans tes faibles bras. Les porter à travers mille embûches comme un trésor sous le manteau. Courrier précieux, t’avait-on dit, courrier plus précieux que la vie. Et si fragile. Et qu’une faute disperse en flammes, et mêle au vent. Je me souviens de cette veillée d’armes. […]

                Chambre de pilote, auberge incertaine, il fallait souvent te rebâtir. La compagnie nous avisait la veille au soir : « Le pilote X est affecté au Sénégal... à l’Amérique... » Il fallait, la nuit même, dénouer ses liens, clouer ses caisses, déshabiller sa chambre de soi-même, de ses photos, de ses bouquins et la laisser derrière soi, moins marquée que par un fantôme. Il fallait quelquefois, la nuit même, dénouer deux bras, épuiser les forces d’une petite fille, non la raisonner, toutes se butent, mais l’user, et, vers trois heures du matin, la déposer doucement dans le sommeil, soumise, non à ce départ, mais à son chagrin, et se dire : voilà qu’elle accepte : elle pleure.

  • Rimbaud : « Ma bohème », Cahier de Douai (1870)

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou. – Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. – Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

  • Articles  philosophie magazine : Sylvain tesson « j’organise mes voyages comme des métamorphoses »

Depuis plus de vingt ans, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson explore les quatre coins du monde. Même si les instants merveilleux, confie-t-il, se payent d’un incommensurable... ennui.

Voyage-t-on pour vivre plusieurs vies ?

Oui, j’en suis convaincu ! Chaque fois que je reviens d’un voyage ou d’une expédition, j’ai l’impression d’être un autre. Si le voyage n’opère pas sur vous cette mue, alors il n’aura servi à rien ; il ne s’agit que d’une vaine consommation de territoires et de paysages. En ce qui me concerne, je pense être assez plastique ; les pays, les atmosphères déteignent sur moi. D’ailleurs, je construis les voyages ainsi, j’essaie de les organiser comme des métamorphoses. À chaque fois, je m’efforce de m’adapter à un milieu, de jouer au caméléon. J’ai traversé l’Asie centrale à cheval, donc je me suis transformé pendant un temps en cavalier des steppes. J’ai habité pendant six mois au bord du lac Baïkal dans une cabane forestière , donc j’ai vécu à la manière d’un bûcheron russe. Il y a du jeu là-dedans, de l’artifice, mais c’est aussi une nécessité. Pour tenir le coup dans des biotopes hostiles, mieux vaut emprunter les modes vestimentaires et alimentaires, les moyens de transport de leurs habitants. Peu à peu, vous vous rendez compte que ce qui n’était au départ qu’une mascarade, vous influence, produit en vous des réflexes, des tics de pensée, des comportements inédits. Tout ceci participe de ce sentiment que le voyage est une vie à part, avec une mort programmée, l’arrivée.

Quelle différence faites-vous entre les trajets et les séjours ?

Ce sont deux stratégies de voyage différentes, qui jouent sur la compression ou la dilatation du temps. J’ai fait le tour du monde à vélo avec Alexandre Poussin quand j’avais 20 ans ; j’ai traversé l’Himalaya à pied en 1997, du Bhoutan à l’Afghanistan ; j’ai effectué une enquête sur le pétrole dans la région de la mer Caspienne et de la Turquie en longeant les pipelines à pied ; et puis j’ai traversé l’Eurasie de la Yakoutie à l’Inde. Tout ça, c’était du moissonnage kilométrique. Cela correspondait à une envie de densifier l’existence, d’aller chercher l’aventure pour ainsi dire avec les dents. Et puis,  a contrario,  mon épisode d’immersion sibérienne, c’était une tentative pour voyager non plus dans l’espace, mais dans le temps. Je n’avais pas grand-chose à faire là-bas, dans ma cabane en plein hiver, sinon à contempler chaque jour le même spectacle, le vent dans les arbres, les montagnes se reflétant dans les eaux glacées du lac… Je ne demandais plus au défilement des kilomètres de m’apporter de la variété ; celle-ci m’était procurée par les nuances impressionnistes que le passage des heures imprimait sur la toile du paysage. Cette immobilité m’a beaucoup coûté, car je ne tiens pas en place ; mais elle m’a aussi beaucoup apporté. Néanmoins, vous savez, il y a une vérité que les voyageurs répugnent à avouer : dans tous les cas, on trouve l’ennui. Attention, pas simplement une légère contrariété due à des contretemps : je parle ici d’un ennui immense, abyssal, qui prend une dimension métaphysique. Lorsque vous êtes seul sur un cheval dans la steppe eurasiatique, que vous savez que vous allez devoir encore avancer quarante-cinq jours d’affilée sur une plaine absolument plate, sans un pli du terrain, avec toujours le même horizon devant vous, c’est vraiment l’angoisse, le vide, l’épreuve du néant. Les récits de voyage, comme genre littéraire, essaient en général de passer sous silence cette dimension de l’expérience. Elle est pourtant fondamentale : on quitte son chez-soi, ses proches, ses activités ordinaires pour aller au-devant de l’ennui. Je me reconnais bien dans ces vers mélancoliques d’Henry J.-M. Levet :  « Ni les attraits des plus aimables Argentines/Ni les courses amères à travers la pampa/N’ont eu le pouvoir de guérir de son spleen/Le consul général de France à La Plata. »

[…]  

À la fin d’ Ulysse  de Joyce, une phrase revient sans cesse :  « Certains préfèrent aller jusqu’au bout du monde plutôt que de se traverser eux-mêmes. »  Est-ce la rencontre avec soi-même qu’on élude en partant au bout du monde ?

Peut-être… J’ai souvent voyagé d’est en ouest, car je préfère avoir mon ombre derrière moi le soir. Quand je marche vers l’est et que je la vois à mes pieds, elle me gêne. Une telle préférence s’explique peut-être par la volonté que j’aurais de me fuir. Dans le fond, Joyce n’a pas tort, le voyage est une antipsychanalyse. Mais ce n’est pas forcément négatif. Faire son sac, s’en aller, c’est être convaincu que le monde est plus intéressant que l’introspection, que les paysages lointains valent mieux qu’un tas de misérables secrets. J’aime beaucoup cette belle réplique de l’alpiniste britannique George Mallory, alors qu’on lui demandait pourquoi il avait grimpé l’Everest :  « Because it’s here. »  Parce qu’il est là. Cela suffit, comme explication. Le monde est là, donc il faut aller le voir. Mais il y a une question qui m’obsède et qui, je crois, hante tous les voyageurs :  pourquoi repartir ?  Au fond, c’est une question un peu idiote. Pourquoi refait-on les choses, en général ? Lorsqu’on a vécu des moments extraordinaires en voyage, comme celui dont je vous ai parlé, cela devient addictif. C’est une sorte de drogue. Il m’arrive de pratiquer les sports extrêmes et j’ai rencontré parfois des parachutistes, dans les  drop zones [zones de saut],  qui en étaient à leur 16 000 e  saut. Ceux-là n’ont qu’une seule envie, recommencer. Encore et encore, c’est comme faire l’amour. À leur manière, les voyageurs sont tous, pour reprendre la belle expression de Jankélévitch, des  « mendiants de la deuxième fois ».

  • Article de Philosophie Mgazine : «  Koh lanta, et les aventuriers de l’ordinaire »

C’est l’une des émissions phares de la télévision, devenue en près de vingt ans ans, un phénomène de société et, pour de nombreuses familles, le rituel des vendredis soirs.  Koh-Lanta –  l’« île au millions d’yeux », du nom de l’île thaïlandaise où a été tournée la première saison – propose à ses participants, répartis en « tribus » concurrentes, de se confronter un mois durant à des épreuves de survie. Les risques étant très limités – même si quelques accidents ont eu lieu –, cette confrontation à l’adversité n’est pas très différente de celle qui a lieu sur les autres plateaux de télé-réalité. Alors, après quoi courent donc les héros de  Koh-Lanta  ? Et qu’est-ce qui fascine les téléspectateurs ? Une promesse d’aventure, sans doute. Mais celle-ci tient plus à la confrontation avec le monde de l’ordinaire qu’à l’accomplissement d’exploits héroïques. C’est ce que permet de comprendre un détour par la conception de l’aventure   du philosophe Vladimir Jankélévitch, selon lequel «  les évasions de l’aventure nous servent à dramatiser une existence trop bien réglée  ».

Une aventure sous cloche ? 

Les candidats y sont qualifiés d’« aventuriers » et même, pour certains, de « héros ». Mais de quelle aventure s’agit-il ici ? Il n’est pas question de partir à la découverte de terres vierges, pas plus que de rencontrer les populations locales ni de connaître le frisson du danger. Les différentes épreuves – d’habileté, d’équilibre ou de force – sont assez prévisibles, puisque la plupart sont récurrentes et n’ont rien de bien effrayant. Qu’on en juge : l’épreuve finale, dite des « poteaux », consiste à... rester debout le plus longtemps possible ! Nous sommes loin des démonstrations de courage d’un Marco Polo, d’une Alexandra David-Néel ou, plus récemment, d’un Mike Horn ! Surtout, les faits et gestes des participants sont tellement scrutés par les différentes caméras qu’au moindre petit bobo, une équipe médicale suréquipée surgit pour prévenir tout accident, ne serait-ce qu’en raison des coûts d’assurance. L’exploration se limite pour eux à faire le tour d’une île déserte et complètement sécurisée, à la recherche de colliers de coquillages fabriqués pour les besoins de l’émission. Tout est tellement scénarisé par la production que  Koh-Lanta  s’apparente à une sorte de  Loft Story  sous les tropiques où l’île remplacerait l’appartement en guise d’espace clos : dans les deux cas, on assiste aux intrigues qui vont bon train entre des candidats en maillots de bain animés par l’espoir de remporter un chèque. 

Jankélévitch ou l’aventure comme jeu avec l’ordinaire

Plutôt qu’à Rousseau (pour le « retour à la nature »), à Hobbes (pour « la guerre de tous contre tous ») ou à Machiavel (pour les stratégies), c’est à Jankélévitch que fait penser  Koh-Lanta .  Dans  L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux  (1963) ,  le philosophe présente l’aventure comme un  « remède à l’ennui »  et explique que  « les évasions de l’aventure nous servent à pathétiser, à dramatiser, à passionner une existence trop bien réglée par les fatalités économiques ou sociales et par les compartimentages de la vie urbaine ».  Jankélévitch explique également que l’aventure suppose un décalage entre son extérieur et son intérieur, et il est exact qu’au cours de chaque épisode de  Koh-Lanta  est déroulé un « portrait » de l’un ou l’autre candidat dans sa vie civile, dans son environnement professionnel et familial. Les téléspectateurs peuvent donc prendre plaisir à confronter ces deux existences parallèles, s’étonner d’un amaigrissement, scruter une différence de coiffure, observer une barbe qui a poussé, comparer les traits de caractère révélés par l’émission et ceux qui sont prêtés aux candidats dans leur routine quotidienne. Selon Jankélévitch, l’aventure consiste précisément dans cet entre-deux, cette situation de « dedans-dehors », oscillant d’un monde à l’autre dans une situation intermédiaire qui tient à la fois du jeu et du sérieux. 

Homo viator , le voyage comme philosophie de vie.

Une petite histoire du voyage à travers le temps..

https://www.vialala.fr/homo-viator-le-voyage-comme-philosophie-de-vie

Main image of article: Homo Viator, le voyage comme philosophie de vie.

#voyage sur mesure

Un article du 9 novembre 2020

Homo Viator, le voyage comme philosophie de vie.

Pourquoi voyage-t-on .

Il n’est rien de plus beau que l’instant qui précède le voyage, l’instant où l’horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses ; 

Milan Kundera

Les grandes découvertes.

Depuis la nuit des temps l’homme a voulu voir du pays. Tandis qu’il est apparu en Afrique, on trouve trace de son passage au Néolithique à Longuppo en Asie. Au XIIIème siècle Marco Polo, un marchand italien rédige le Livre des Merveilles qui relate son voyage en Chine. À la faveur des inventions telles que la caravelle ou l’astrolabe les découvreurs prennent la mer au XVème siècle. Puis Christophe Colomb met le pied dans le nouveau monde, Vasco de Gama ouvre la route des Indes et Magellan s’offre un tour du monde. Bientôt les Hollandais, quant à eux, fondent la Compagnie des Indes.

Le voyage comme loisir.

À partir du XVIIe siècle l’aristocratie trouve dans le voyage d’éducation l’occasion de se former son élite : le Grand Tour. Néanmoins celui qui nous fit aimer la géographie aura été Jules Verne qui explore des terres inconnues avant même l’invention du train. À l’occasion d’un colloque pour 500 militants contre l’abstinence, Thomas Cook organise en 1864 un voyage de groupe et crée par la même la première agence de voyages. Avec les congés payés les Français se lancent sur les routes en 1936 et voient pour certains d’entre eux la mer pour la première fois, le tourisme se développe !

Dans les années 60 Kerouac rédige Sur la route qui prône l’errance et lance le road trip. Lorsque Michel Le Bris crée en 1990 le festival Etonnants Voyageurs*, les lecteurs affluent pour rencontrer les écrivains « volant au gré des humeurs vagabondes et aux semelles de vent ».

Qu'est ce qui pousse les hommes à voyager ?

Or vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nous voyageons ? Certains prétendent que le voyage correspondrait à une fuite face aux épreuves de la vie. Je ne compte pas réfuter cet argument, pour autant pourquoi se priver d’une thérapie naturelle ? En attendant cette conception tente à faire oublier les autres motivations à l’origine du voyage : l’esprit d’évasion, la curiosité intellectuelle et la recherche d’identité.

Le désir d'évasion.

Le désir d’évasion remonte aux hommes premiers qui vivaient en se déplaçant. Si on se réfère à l’ouvrage de Jacques Attali L’homme nomade, nous comprenons à quel point la sédentarisation ne constitue qu’une parenthèse dans l’histoire des hommes. Elle s’installe avec la naissance de l’agriculture au Néolithique (-10 000 ans av. JC). Le fait que certaines tribus continuent à pratiquer cette errance nous le rappelle : les Ghilji au Pakistan ou les Nukak en Colombie.

Par conséquent on ne s’avance pas en prétendant que le vagabondage est inscrit dans notre patrimoine génétique. En revanche il est certain que les contraintes sociales et professionnelles que nous subissons renforcent encore cet élan. C’est que Jean-Didier Urbain, sociologue, développe. Selon lui, en voyageant nous recouvrons notre liberté puisque nous choisissons notre itinéraire et sommes maîtres de notre temps. Et d’ajouter que le voyage gage de liberté retrouvée fait que nous renouvelons volontiers l’expérience à chaque fois qu’elle nous est possible. Il en ressort que le voyage apporte un indispensable dépaysement face à une vie écrite pour nous.    

La curiosité.

De surcroit le voyage sert à satisfaire notre curiosité intellectuelle. En effet nous cherchons à découvrir des paysages neufs à la manière d’un enfant émerveillé. Ainsi sommes -nous surpris face aux eaux noires du Rio Grande en Amazonie et aux chutes du Zambèze. Par ailleurs nous voulons nous frotter à des espèces animales inconnues. Dans son ouvrage la panthère de Sibérie, Sylvain Tesson, nous fait vivre ses nuits à l’affut en compagnie du photographe animalier Vincent Munier. C’est à travers ses yeux que nous observons les yacks et la panthère qui s’aventure près d’un fleuve.

Plus que tout, le voyageur cherche à rencontrer les autochtones. Il s’agit là non pas d’apprendre quelques rudiments de langue mais plutôt d’appréhender leur pensée. Un récit de voyage m’a particulièrement marquée :  Chemins de Piste de Chatwin. L’écrivain-voyageur britannique qui cheminait avec son havresac, ses jumelles - offertes par Herzog ! et son Moleskin y rapporte son expérience. Il nous emmène aux côtés des aborigènes d’Australie  qui marchent dans les pas de leurs ancêtres en suivant les signes invisibles qu’ils ont laissés de leur passage …  

Le voyage comme forme de développement personnel.

Citons la phrase de Nicolas Bouvier dans Usage du Monde : « Un voyage se passe de motifs, ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait et vous défait. » Cette citation illustre le travail sur soi que procure le voyage. A  l’occasion d’un trek pour Kala Pattar, on peut apprendre à combattre le mal d’altitude par des techniques de respiration. Étonnamment on se dépasse, on ne s’en serait pas cru capable. Autre aspect du voyage est qu’on gagne en sagesse, une qualité qui nous sera fort utile dans la conduite de notre vie. Cela sous-entend également qu’à l’issue du voyage, nous serons heureux de retrouver notre pays et les nôtres. Reportons-nous au poème de Joachim de Bellay à propos d’Ulysse qui résume bien cette vertu :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Et comme celui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et de raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge.

Conclusion.

À la lumière de ces arguments, nous pouvons croire que le voyage nous permet d’être vivant, de se sentir exister et d’être en harmonie avec soi. Il semble en effet que le côté ostentatoire du voyage ait disparu au profit d’une recherche de sens. Par ailleurs que penser du voyageur immobile ? Hergé, de son côté, nous a fait vivre des aventures extraordinaires dans des lieux qu’il n’a jamais visités, pourtant ne nous sommes-nous pas pris au jeu ? À croire que le voyage n’est pas conditionné au déplacement physique et cette tendance trouve de plus en plus un écho grâce aux visites virtuelles parfois bluffantes qui vont jusqu’à reconstituer Palmyre au temps de sa splendeur.

Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Les bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers. Nous voulons voyager sans vapeurs et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizon. Dîtes, qu’avez-vous vu ?

Charles Beaudelaire, le Voyage III

SYNTHESE    /40

Vous réaliserez une synthèse concise ordonnée et objective des documents suivants :

 Document 1 : Sylvain Tesson  Petit traité sur l’immensité du monde ,2005

Document 2 :  Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit , 2011

Document 3.  Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes ,1932

Document 4.  Sean Penn : Into the Wild , photogramme du film, 2007

ECRITURE PERSONNELLE / 20

Qu’est-ce qui pousse les humains à voyager ?

Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, sur vos lectures de l’année et sur vos connaissances personnelles

Document 1 : Sylvain Tesson  Petit traité sur l’immensité du monde ,2005

Dans l'avant-propos de son Petit traité sur l'immensité du monde, Sylvain Tesson   nous livre ses réflexions sur la manière dont on se déplace aujourd'hui à travers le monde .

Les internautes naviguent dans les corridors virtuels du cyberworld, des hordes en rollers transhument dans les couloirs de bus. Des millions de têtes sont traversées par les particules ondulatoires des SMS. Des tribus de vacanciers pareils aux gnous 1 d'Afrique migrent sur les autoroutes vers le soleil, le nouveau dieu ! C'est en vogue : on court, on vaque. On se tatoue, on se mondialise. On se troue de piercings pour avoir l'air tribal. Un touriste s'envoie dans l'espace pour vingt millions de dollars. « Bougez-vous !» hurle la pub. « À fond la forme !» On se connecte, on est joignable en permanence. On s'appelle pour faire un jogging. L'État étend le réseau de routes : la pieuvre de goudron gagne. Le ciel devient petit : il y a des collisions d'avions. Pendant que les TGV rusent, les paysans disparaissent. « Tout fout le camp», disent les vieux qui ne comprennent rien. En fait, rien ne fout le camp, ce sont les gens qui ne tiennent plus en place. Mais ce nomadisme-là n'est qu'une danse de Saint-Guy 2 . C'est la revanche d'Abel. Selon la Bible, Caïn, le paysan, a tué son frère Abel, le berger, d'un coup de pierre à la tête. Ce geste fut à l'origine de l'hostilité entre les cultivateurs et les nomades. Depuis, l'ordre du monde reposait sur la puissance des premiers : la charrue était supérieure au bâton du pâtre 3. Mais les temps du néo-nomadisme sont arrivés ! Le nomadisme historique, lui, est une malédiction de peuples éleveurs poussant leurs bêtes hors de la nuit des temps et divaguant dans les territoires désolés du monde, à la recherche de pâturages pour leur camp. Ces vrais nomades sont des errants qui rêveraient de s'installer. Il ne faut pas confondre leurs lentes transhumances 4, inquiètes et tragiques, avec les tarentelles 5  que dansent les néo-agités du XXIe siècle, au rythme des tendances urbaines.

Il est cependant une autre catégorie de nomades. Pour eux, ni tarentelle ni transhumance. Ils ne conduisent pas de troupeaux et n'appartiennent à aucun groupe. Ils se contentent de voyager silencieusement, pour eux-mêmes, parfois en eux-mêmes. On les croise sur les chemins de monde. Ils vont seuls, avec lenteur, sans autre but que celui d'avancer.

Comme le requin que son anatomie condamne à nager perpétuellement, ils vivent en mouvement. Ils ressemblent un peu aux navettes de bois qui courent sans aucun bruit sur la trame des hautes lisses 6 et dont les allées et venues finissent par créer une tapisserie. Eux ils se tissent un destin, pas à pas. Le défilement des kilomètres suffit à donner un sens à leur voyage. Ils n’ont pas de signe de reconnaissance, pas de rites. Impossible de les assimiler à une confrérie : ils n’appartiennent qu’au chemin qu’ils foulent.

Ils traversent les pays autant que les époques et, selon les âges, ils ont reçu des noms différents : moines-mendiants, troubadours, hobos ou beatniks, ermites des taïgas ou coureurs des bois, vagabonds, wanderer ou waldganger, errants ou loups des steppes… Leur unique signe distinctif : ne pas supporter que le soleil, à son lever, parte sans eux.

  • Le  gnou est un animal africain de la famille des bovidés qui se déplace en troupeau sur de longues distances.
  • Danse de Saint-Guy : agitation déraisonnable. Fait référence à un phénomène de folie collective observé en Allemagne à la fin du Moyen Âge. Des individus se mettaient à danser de façon étrange et sans raison apparente pendant des heures jusqu'à s'écrouler de fatigue.
  • Pâtre : berger.
  • Transhumances : déplacement de troupeaux et de leur berger entre les pâturages d'hiver et les pâturages d'été.
  • Tarentelles : agitation déraisonnable. Sylvain Tesson fait référence à une danse populaire de l'Italie méridionale très rythmée, qui trouve son origine dans des rituels collectifs destinés à conjurer une morsure d'araignée imaginaire, au cours desquels la patiente se mettait à s'agiter de façon incontrôlée au rythme du tambour.
  • Hautes lisses : métier à tisser verticaux,

Céline est un écrivain et médecin français, ce roman est son premier, il est célèbre pour son style teinté d’argot qui imite le langage parlé. Ce roman relate l’expérience personnelle  de l’auteur de la première guerre mondiale retranscrite à travers  le personnage de Ferdinand Bardamu, son double littéraire. Dans l’extrait qui suit, Bardamu,  jeune étudiant en médecine, engagé volontaire pour braver son ami Arthur, s’en va à la guerre avec enthousiasme, il aime être applaudi et acclamé par la foule…

Justement la guerre approchait de nous deux sans qu'on s'en soye rendu compte et je n'avais plus la tête très solide. Cette brève mais vivace discussion m'avait fatigué. Et puis, j'étais ému aussi parce que le garçon m'avait un peu traité de sordide 1 à cause du pourboire. Enfin, nous nous réconciliâmes avec Arthur pour finir, tout à fait. On était du même avis sur presque tout. « C'est vrai, t'as raison en somme, que j'ai convenu, conciliant, mais enfin on est tous assis sur une grande galère, on rame tous à tour de bras, tu peux pas venir me dire le contraire !... Assis sur des clous même à tirer tout nous autres ! Et qu'est-ce qu'on en a ? Rien ! Des coups de trique seulement, des misères, des bobards et puis des vacheries encore. On travaille ! qu'ils disent. C'est ça encore qu'est plus infect que tout le reste, leur travail. On est en bas dans les cales à souffler de la gueule, puants, suintants des rouspignolles, et puis voilà ! En haut sur le pont, au frais, il y a les maîtres et qui s'en font pas, avec des belles femmes roses et gonflées de parfums sur les genoux. On nous fait monter sur le pont. Alors, ils mettent leurs chapeaux haut de forme et puis ils nous en mettent un bon coup de la gueule comme ça : “Bandes de charognes, c'est la guerre ! qu'ils font. On va les aborder, les saligauds qui sont sur la patrie n° 2 et on va leur faire sauter la caisse ! Allez ! Allez ! Y a de tout ce qu'il faut à bord ! Tous en chœur ! Gueulez voir d'abord un bon coup et que ça tremble : Vive la Patrie n° I ! Qu'on vous entende de loin ! Celui qui gueulera le plus fort, il aura la médaille et la dragée du bon Jésus ! Nom de Dieu ! Et puis ceux qui ne voudront pas crever sur mer, ils pourront toujours aller crever sur terre où c'est fait bien plus vite encore qu'ici !” – C'est tout à fait comme ça ! » que m'approuva Arthur, décidément devenu facile à convaincre. Mais voilà-t-y pas que juste devant le café où nous étions attablés un régiment se met à passer, et avec le colonel par-devant sur son cheval, et même qu'il avait l'air bien gentil et richement gaillard, le colonel ! Moi, je ne fis qu'un bond d'enthousiasme. « J' vais voir si c'est ainsi ! que je crie à Arthur, et me voici parti à m'engager, et au pas de course encore. – T'es rien c... Ferdinand ! » qu'il me crie, lui Arthur en retour, vexé sans aucun doute par l'effet de mon héroïsme sur tout le monde qui nous regardait. Ça m'a un peu froissé qu'il prenne la chose ainsi, mais ça m'a pas arrêté. J'étais au pas. « J'y suis, j'y reste ! » que je me dis. « On verra bien, eh navet ! » que j'ai même encore eu le temps de lui crier avant qu'on tourne la rue avec le régiment derrière le colonel et sa musique. Ça s'est fait exactement ainsi. Alors on a marché longtemps. Y en avait plus qu'il y en avait encore des rues, et puis dedans des civils et leurs femmes qui nous poussaient des encouragements, et qui lançaient des fleurs, des terrasses, devant les gares, des pleines églises. Il y en avait des patriotes ! Et puis il s'est mis à y en avoir moins des patriotes... La pluie est tombée, et puis encore de moins en moins et puis plus du tout d'encouragements, plus un seul, sur la route. Nous n'étions donc plus rien qu'entre nous ? Les uns derrière les autres ? La musique s'est arrêtée. « En résumé, que je me suis dit alors, quand j'ai vu comment ça tournait, c'est plus drôle ! C'est tout à recommencer ! » J'allais m'en aller. Mais trop tard ! Ils avaient refermé la porte en douce derrière nous les civils. On était faits, comme des rats.

  • Sordide : radin

Aldous Huxley , est un écrivain un philosophe britannique. Son livre le plus connu Le meilleur des mondes est un roman d'anticipation dystopique, c'est à dire une intrigue qui se déroule dans un avenir très sombre ou un pouvoir tyrannique contrôle la société. Dans l'extrait qui suit, Bernard Marx, qui est amoureux de Lina Crowne, obtient l'autorisation de visiter une réserve (Malpais au Nouveau-Mexique) où sont regroupés un nombre limité de « sauvages » : des êtres humains, qui se reproduisent naturellement et vivent dans un univers non stérile, ce qui horrifie  Lina et fascine Bernard .

Quand ils furent à mi-chemin du sommet, un aigle passa si près d’eux dans son vol que le vent de ses ailes leur fouetta d’un souffle frais le visage. Dans une crevasse du rocher gisait un tas d’ossements. Tout était bizarre et donnait une sensation d’oppression […]

Un bruit de pas amortis les fit se retourner. Nus depuis la gorge jusqu’au nombril, le corps brun foncé badigeonné de raies blanches (« comme des courts de tennis en asphalte », devait expliquer plus tard Lenina), le visage rendu inhumain par des bariolages d’écarlate, de noir et d’ocre, deux Indiens arrivaient en courant le long du sentier. Leurs cheveux noirs étaient tressés avec de la fourrure de renard et de la flanelle rouge. Un manteau en plumes de dindon leur flottait autour des épaules, d’énormes diadèmes de plumes leur lançaient autour de la tête des éclats aux tons voyants. À chaque pas qu’ils faisaient, s’élevaient le tintement et le cliquetis de leurs bracelets d’argent, de leurs lourds colliers d’os et de perles de turquoise. Ils s’approchaient sans mot dire, courant sans bruit dans leurs mocassins en peau de daim. L’un d’eux tenait un plumeau ; l’autre portait, dans chacune de ses mains, ce qui paraissait être de loin trois ou quatre bouts de corde épaisse. L’une des cordes se tordait de façon inquiétante, et Lenina vit soudain que c’étaient des serpents. Les hommes s’approchèrent, de plus en plus près ; leurs yeux sombres la dévisagèrent, mais sans donner aucun signe de reconnaissance, ni le moindre indice qu’ils l’eussent vue ou eussent conscience de son existence. Le serpent qui s’était tordu pendait, à présent, mollement, avec les autres. Les hommes passèrent leur chemin.

— Ça ne me plaît pas, dit Lenina. Ça ne me plaît pas.

 Ce qui l’attendait à l’entrée du pueblo 1 lui plut encore moins, lorsque leur guide les eut laissés pendant qu’il entrait pour recevoir des instructions. La saleté, tout d’abord, les piles d’immondices, la poussière, les chiens, les mouches. Le visage de Lenina se plissa en une grimace de dégoût. Elle porta son mouchoir à son nez.

— Mais comment peuvent-ils vivre comme cela ? laissa-telle éclater d’une voix pleine d’incrédulité indignée. (Ce n’était pas possible.)

 Bernard haussa philosophiquement les épaules.

— Quoi qu’il en soit, dit-il, voilà cinq ou six mille ans qu’ils le font. De sorte que je suppose qu’ils doivent y être habitués, à présent.

  • Pueblo : village, en espagnol  

Into the wild raconte l’histoire vraie d’un  étudiant américain qui renonce à un avenir confortable pour parcourir l’Amérique en auto-stop

Jean-Jacques Goldman, Sirima - Là-bas (Clip officiel)

Paroles de la chanson Là-Bas par Jean Jacques Goldman

Là-bas Tout est neuf et tout est sauvage Libre continent sans grillage Ici, nos rêves sont étroits C'est pour ça que j'irais là-bas

Là-bas Faut du coeur et faut du courage Mais tout est possible à mon âge Si tu as la force et la foi L'or est à portée de tes doigts C'est pour ça que j'irais là-bas

N'y va pas Y'a des tempêtes et des naufrages Le feu, les diables et les mirages Je te sais si fragile parfois Reste au creux de moi

On a tant d'amour à faire Tant de bonheur à venir Je te veux mari et père Et toi, tu rêves de partir

Ici, tout est joué d'avance Et l'on n'y peut rien changer Tout dépend de ta naissance Et moi je ne suis pas bien né

Là-bas Loin de nos vies, de nos villages J'oublierai ta voix, ton visage J'ai beau te serrer dans mes bras Tu m'échappes déjà

Là-bas J'aurai ma chance, j'aurai mes droits N'y va pas Et la fierté qu'ici je n'ai pas Là-bas Tout ce que tu mérites est à toi N'y va pas Ici, les autres imposent leur loi Là-bas

Je te perdrai peut-être là-bas N'y va pas Je me perds si je reste là Là-bas La vie ne m'as pas laissé le choix N'y va pas Toi et moi, ce sera là-bas ou pas Là-bas Tout est neuf et tout est sauvage N'y va pas Libre continent sans grillage Là-bas Beau comme on n'imagine pas N'y va pas Ici, même nos rêves sont étroits Là-bas C'est pour ça que j'irais là-bas N'y va pas On ne pas laissé le choix Là-bas Je me perds si je reste là N'y va pas C'est pour ça que j'irais là-bas

N'y va pas

De la nécessité du voyage

Corpus 3 : De la nécessité du voyage…

Document  1  : Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe , livre x, 1830

Document 2 . Ian Hacking , Les fous voyageurs , 2002

  • Document 3  ; Maupassant Les sœurs Rondoli (1884)
  • Document 4 : Le collectif Brandalism «  Ruynair »

La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière, soit ; mais en acquérant des facultés générales, toute une série de sentiments privés ne périra-t-elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frère. N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace borné que vous aperceviez de votre fenêtre encadrée de lierre ? Au delà de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait à peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu à l’automne. C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaîtraient pas à vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiés et vos amours ; que le gémissement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre âme ne serait troublée, que vous y rencontreriez toujours les pensées qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier. Vous saviez où vous étiez né, vous saviez où était votre tombe ; en pénétrant dans la forêt vous pouviez dire :

Beaux arbres qui m’avez vu naître, Bientôt vous me verrez mourir.

L’homme n’a pas besoin de voyager pour s’agrandir ; il porte avec lui l’immensité. Tel accent échappé de votre sein ne se mesure pas et trouve un écho dans des milliers d’âmes : qui n’a point en soi cette mélodie, la demandera en vain à l’univers. Asseyez-vous sur le tronc de l’arbre abattu au fond des bois : si dans l’oubli profond de vous-même, dans votre immobilité, dans votre silence vous ne trouvez pas l’infini, il est inutile de vous égarer aux rives du Gange.

Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne, ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? Comment s’exprimeraient des passions ressenties à la fois à la manière des différents peuples dans les différents climats ? Comment entrerait dans le langage cette confusion de besoins et d’images produits des divers soleils qui auraient éclairé une jeunesse, une virilité et une vieillesse communes ? Et quel serait ce langage ? De la fusion des sociétés résultera-t-il un idiome universel, ou y aura-t-il un dialecte de transaction servant à l’usage journalier, tandis que chaque nation parlerait sa propre langue, ou bien les langues diverses seraient-elles entendues de tous ? Sous quelle règle semblable, sous quelle loi unique existerait cette société ? Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d’ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d’un globe souillé partout ? Il ne resterait qu’à demander à la science le moyen de changer de planète.

A la fin du XIXe siècle, les autorités françaises décident d'interner en psychiatrie les vagabonds, une mesure suivie par de nombreux pays d'Europe. A travers le cas d'Albert, employé de la compagnie du gaz, mais aussi vagabond quand il erre en Europe, et même en Algérie, en Russie ou en Turquie, I. Hacking étudie le processus de ces êtres atteints d'une maladie mentale transitoire.

            Tout débute «  un matin du mois de juillet de l'année dernière quand est-on entré dans le service de clinique de notre maître Monsieur le professeur pitre, nous aperçûmes un jeune homme de 26 ans environ, pleurant et se désolant sur son lit d'hôpital. hé il est arrivé d'un long voyage fait à pied, il était fatigué, mais la fatigue n'était pas la cause de ses larmes. il ne pouvait s'empêcher de partir quand le besoin l'en prenait ; alors saisie, captivé par un désir impérieux il quittait  famille, travail, habitude et aller tout à coup devant lui, marche en vite, faisant 70 km à pied dans la journée, jusqu'à ce qu'enfin il fut arrêté comme un vagabond et mis en prison ».

            Ainsi commence notre histoire dans un service du vieil hôpital Saint-André de Bordeaux. ce jeune homme se prénomme Albert ; c'est un employé occasionnel de la compagnie du gaz, et le premier fugueur. il va devenir célèbre pour ses extraordinaires expéditions en Algérie à Moscou et à Constantinople il part voyager de façon obsessionnelle, comme ensorcelé, souvent sans papiers d'identité et parfois sans identité du tout , ne sachant p:as qui il est, ni pourquoi il voyage, sachant seulement qu'elle serait sa prochaine étape .[…]

            Les rapports médicaux sur Albert marquent le début d'une petite épidémie de voyageurs aliénés compulsifs dont l'épicentre est d'abord Bordeaux, mais qui ne tarde pas à s'étendre à Paris , à la France entière , à l'Italie et , plus tard, à l'Allemagne et à la Russie. La fugue devient un trouble médical en soi et reçoit ses premiers labels : le Wandertrieb est suivi d'autres termes à résonance grecque ou latine, telle que l'automatisme ambulatoire , le déterminismo ambulatorio la dromomanie et la poriomanie. Les fugues, c'est-à-dire des voyages bizarres et soudains accomplis souvent dans des états de conscience obscurcie sont connus depuis toujours mais ce n'est qu'en 1887,  avec la publication d'une thèse de doctorat que le voyage pathologique devient un type spécifique de folie susceptible de diagnostic.

  • Wandertrieb et tous les termes qui suivent  sont des termes psychiatriques issus de l'allemand , du français et de l'italien utilisés à la fin du dix-neuvième siècle pour désigner une tendance pathologique à la fugue, entendue ici comme une fuite compulsive, sans raison ni but

Document 3  ; Maupassant , Les sœurs Rondoli (1884)

Changer de place me paraît une action inutile et fatigante. Les nuits en chemin de fer, le sommeil secoué des wagons avec des douleurs dans la tête et des courbatures dans les membres... sont à mon avis de détestables commencements pour une partie de plaisir. [...] Je tiens à mon lit plus qu'à tout. Il est le sanctuaire de la vie. [...] Et les soirs navrants dans la cité ignorée ! Connaissez-vous rien de plus lamentable que la nuit qui tombe sur une cité étrangère ? On va devant soi au milieu d'un mouvement, d'une agitation qui semblent surprenants comme ceux des songes. [...] Et on s'aperçoit soudain qu'on est vraiment et toujours et partout seul au monde, mais que dans les lieux connus, les coudoiements familiers vous donnent seulement l'illusion de la fraternité humaine. [...] C'est en allant loin qu'on comprend bien comme tout est proche et court et vide ; c'est en cherchant l'inconnu qu'on s'aperçoit bien comme tout est médiocre et vite fini ; c'est en parcourant la terre qu'on voit bien comme elle est petite et sans cesse à peu près pareille.

  Dans une quinzaine de ville européennes, des activistes du collectif " Brandalism " et du réseau " Subvertisers International " ont recouvert (illégalement) plus de 500 encarts publicitaires occupés par des compagnies aériennes avec des œuvres satiriques.  Parmi les trouvailles des militants, Ryanair devient "Ruinair :  https://fr.euronews.com/green/2022/09/28/brandalisme-ils-detournent-les-pub-des-compagnies-aeriennes-pour-alerter-sur-le-climat

Document complémentaire :

Le tourisme

De nombreuses ressources dans ce document et en particulier une synthèse sur le thème du tourisme des pages 25 à 28.

Je vous recommande aussi  d'écouter cette émission :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/que-serait-un-bon-tourisme-4346981

  «  Parmi les phénomènes absolument nouveaux s’étant développés au XIXème siècle, celui auquel on ne peut trouver aucun réel équivalent dans les siècles antérieurs, un des plus ambigus et des moins étudiés est sans nul doute le tourisme  »,M. Houellebecq

Michel Houellebecq, le voyageur désenchanté

Un certain regard sur le tourisme

Exposés sur le tourisme

  • Les congés payés
  • Le phénomène du tourisme de masse
  • Tourisme, environnement et écologie
  • Industrie touristique et stratégies
  • Le slow tourisme
  • Reportage sur Arte «  Les touristes vont-ils tuer le tourisme ? » https://www.arte.tv/fr/videos/106527-007-A/27/
  • Article du Figaro «  Tourisme pour tous, comment la modernité a tué le voyage »
  • Jean-Didier Urbain , L’idiot du voyage
  • Œuvres mobilisables : Houellebecq, La carte et le territoire, Plateforme, Lanzarote Film : les  vacances de M. Hulot, Les bronzés font du ski
  • https://www.youtube.com/watch?v=N5VEZ_V-KH0
  • https://www.youtube.com/watch?v=iE3QROGW3Ew
  • https://www.youtube.com/watch?v=CnKRP6NCmh4

Publié le 28 janvier 2022

Un mois de vacances avec mon chien : lancer la balle dans les escaliers, courir ensemble sur la plage. Vivre., Michel Houellebecq La possibilité d’une île (2005)

Michel Houellebecq  a développé à propos du tourisme une réflexion personnelle, et pour le moins originale, pouvant interroger l’ensemble des professionnels de la filière.

            Petit voyage en Houellebecquistan…

LE TOURISME COMME FAÇON D’ÊTRE AU MONDE

D’emblée, Houellebecq prévient : «  Mes rêves sont médiocres. Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager […], pratiquer le tourisme . » Pour lui «  le monde est de taille moyenne  » (2), on le parcourt sur des vols interminables : «  Prendre l’avion aujourd’hui, quelle que soit la destination, équivaut à être traité comme une merde pendant toute la durée du vol  » (3). Ce qui ne l’empêchera malgré tout pas de découvrir la Patagonie en 2007 en compagnie de l’écrivain et journaliste brésilien, Juremir Machado da Silva, périple dont ce dernier tirera un livre (4).

            Il convient de souligner que Michel Houellebecq s’intéresse moins aux voyages qu’aux arcanes de l’industrie touristique. Deux de ses ouvrages illustrent parfaitement ces propos. Dans  Plateforme , Michel (le narrateur) est l’archétype du cadre moyen français. Suite au meurtre de son père par le frère de sa femme de ménage, ce modeste employé au ministère de la Culture hérite d’un confortable magot et décide de s’offrir un séjour en Thaïlande. Quant au protagoniste de  Lanzarote , déprimé à la perspective d’un réveillon raté à la veille du passage à l’an 2000, il sollicite les services d’une agence de voyages.

             Plateforme , ce grand roman français de la mondialisation, est avant tout une histoire d’amour. Mais y est aussi décrit  Jacques Maillot , fondateur de Nouvelles Frontières : «  En surface c’est un catho démagogue branché à la con, avec ses cravates bariolées et ses scooters ; mais en profondeur c’est un salaud hypocrite et impitoyable.  » Le groupe  Accor  auxquelles de nombreuses pages sont consacrées, est renommé  Aurore  pour les besoins du livre ;  Jean-Marc Espalioux , successeur de Dubrule et Pélisson les fondateurs du groupe, se voit quant à lui rebaptisé  Espitalier . Pas sûr malgré tout qu’ils aient apprécié d’être ainsi jetés en pâture. Mais hors de question de vous en divulgâcher les raisons.

            Ici le tourisme est tout autant le cadre de l’intrigue romanesque qu’une critique documentée, argumentée, de sa pratique. Bien sûr, les stéréotypes y sont nombreux, comme dans  Lanzarote , récit de voyage atypique : «  Les Allemands vont partout où il y a du soleil, les Italiens partout où il y a de belles fesses, l’Anglais se rend dans un lieu de vacances uniquement parce qu’il est certain d’y rencontrer d’autres anglais . » Quant aux Français, comment dire… ? «  Être vain, il est également impatient et frivole  ». Pire, il est «  inventeur du tristement célèbre Guide du Routard  ». Le Guide du routard, ennemi intime du narrateur : «  Des connards humanitaires protestants, voilà ce qu’ils étaient  » (2).

            Houellebecq est sans conteste «  l’écrivain qui satirisa le plus radicalement le tourisme  » (4).

            Étrange par ailleurs cette fascination qu’a Houellebecq pour les guides touristiques. Jed Martin, personnage principal de  La carte et le territoire , a connu la consécration artistique en exposant son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. Le titre de l’exposition ? «  La carte est plus intéressante que le territoire  » ! Ce qui pose la question de l’altérité et du rapport à l’autre. Nous y reviendrons.

            Non seulement Houellebecq s’ingénie à dévoiler les arcanes de l’industrie touristique mais celle-ci est systématiquement théorisée. Prenons l’exemple de l’agence de voyages : «  Placez-vous un instant, cher lecteur, dans la position du tourisme. Vous devez vous mettre à l’écoute des propositions que peut vous faire le (ou le plus souvent la) professionnelle assise en face de vous […] Elle se fait une idée au moins approximative de la clientèle type, des sports pratiqués, des possibilités de rencontres ; c’est en grande partie d’elle que dépend votre bonheur – ou, du moins, les conditions de possibilité de votre bonheur – pendant ces quelques semaines  » (2).

Je me baignais longtemps, sous le soleil comme sous la lumière des étoiles, et je ne ressentais rien d’autre qu’une légère sensation obscure et nutritive. Le bonheur n’était pas un horizon possible .

Michel Houellebecq

La possibilité d’une île (2005)

NOUS HABITONS L’ABSENCE

Houellebecq, c’est en somme l’antithèse de l’écrivain-voyageur. Dans sa perception du voyage, nulle place laissée à l’émotion. Il n’est en fait question que d’assouvissement des désirs. Et si échange il y a, il est obligatoirement marchand. Les choses semblent claires et le jugement entendu. Le tourisme idéal, basé sur la curiosité et la relation humaine, se serait fondu dans les réalités de l’économie de marché. L’émergence du tourisme postmoderne équivaudrait donc à celle d’un individu marqué par le vide, d’où une certaine forme de standardisation de l’humain.

            On a beaucoup reproché à Michel Houellebecq sa justification du tourisme sexuel. Serait-il l’apologiste de l’esclavage et du consumérisme sexuels ? Interrogation légitime du point de vue moral et éthique. Mais ce parti-pris littéraire n’est-il pas plutôt l’illustration de ce que le libéralisme touche désormais tous les pans de notre intimité, en premier lieu la vie sexuelle et amoureuse de chacun d’entre-nous ? Libre échange, loi de l’offre et de la demande. «  D’un côté, tu as plusieurs centaines d’occidentaux qui ont tout ce qu’ils veulent, sauf qu’ils n’arrivent plus à trouver de satisfaction sexuelle […]   De l’autre côté, tu as plusieurs milliards d’individus qui n’ont rien, qui crèvent de faim et qui n’ont plus rien à vendre que leur corps  ».

            Et puis il y a les effets induits de cette pratique touristique dont les ravages seraient également d’ordres urbanistiques et sociologiques : «  L’industrie touristique a plus que tout autre contribué à remodeler le visage de la France (3).  Cette France des parkings, des centres commerciaux et des chambres d’hôtes, ce pays désindustrialisé et muséifié, il l’abhorre et l’honore tout à la fois : «  J’ai alors pris conscience de l’incroyable et burlesque diversité qu’avait atteinte, au cours de ces dernières années, l’offre touristique de notre pays  ».

            Et pour autant, «  La France est un pays sinistre, entièrement sinistre et administratif  » (3).

Moments de fin de journée, Après le soleil et la plage. La déception s’est incarnée ; Je ressens à nouveau mon âge .

Michel Houellebecq, Vacances, extrait de La poursuite du bonheur (1991)

L’IMAGINAIRE TOURISTIQUE

Qualifié de «  gourou méconnu de Houellebecq  » (l’Express du 5 juin 2012),  Rachid Amirou , disparu en 2011, fut un proche de l’écrivain. Il est l’auteur de «  L’imaginaire touristique  », paru en 1995. Non seulement cet ouvrage est désormais considéré comme un classique mais il fait aussi figure de pionnier ; la sociologie jusqu’alors ne considérait pas le tourisme comme un champ d’investigation digne de ce nom. À noter que Houellebecq est par ailleurs un grand admirateur d’ Auguste Comte , sociologue fondateur du positivisme (doctrine qui se réclame de la seule connaissance des faits, de l’expérience scientifique).

            Houellebecq, qui a préfacé la réédition de cet ouvrage en 2012 et l’a cité au début du chapitre V de Plateforme , a indéniablement été inspiré par Rachid Amirou. Un exemple ? Prenons cette considération : «  Un des premiers effets du voyage, ajouta-t-il, consiste à renforcer ou à créer les préjugés raciaux ; car comment imaginerait-on les autres sans les connaître ?  » (3).

            À quoi fait-elle référence ?

            Rachid Amirou défendait la thèse selon laquelle le tourisme postmoderne aurait comme principal effet de consacrer le règne de l’authenticité. Cette mise en valeur de l’ancien et du pur, argument déployé par nombre de tours-opérateurs qui renvoie à l’imaginaire du tourisme de masse, ne serait pas sans effets pervers : «  Le tourisme de développement durable peut être un frein durable au développement des populations, comme si elles étaient assignées à résidence identitaire car, dans notre imaginaire, elles sont censées ne pas changer  ».

            Cette «  fabrique de l’ancien  » consacrerait le triomphe de l’image. Hier carte postale, aujourd’hui réseaux sociaux, cette culture de l’image se substituerait désormais à l’expérience de la réalité. En somme elle serait là «  pour rendre le monde lisse, sécurisant, accueillant et facile à comprendre  ».

            Par conséquent pour Houellebecq, «  On pouvait difficilement voir dans le développement du tourisme mondial l’équivalent d’une cause noble  » (3).

EXTENSION DU DOMAINE DE L’ÉTUDE

Immoral, amoral, cynique Michel Houellebecq ? Il ne m’appartient pas d’en décider. N’empêche qu’il fait indéniablement preuve d’une appétence pour la filière touristique et cela transparaît, ouvertement ou plus finement, d’œuvre en œuvre. Quel romancier contemporain d’envergure oserait un : «  Le métier de l’hôtellerie d’affaires est un métier très sûr, qui garantit des revenus élevés et réguliers. Mais il n’est pas, comment dire ? pas tellement fun. On parle rarement de ses déplacements d’affaires, on n’a pas de plaisir à les raconter  » (2) au cœur de sa fiction ? Et qui, sinon lui, proposerait cette définition ultime de l’activité touristique ? «  Le but des entreprises de tourisme consiste à rendre les gens heureux, moyennant un certain tarif, pendant une certaine période  » (3).

            En tout état de cause et pour conclure, reconnaissons à Michel Houellebecq qu’il a su reconnaître le véritable sens, en dehors de toute considération économique, de notre activité :«  Je crois que les professionnels du tourisme sont parmi les gens qui en savent le plus sur ce qui peut rendre les gens heureux ou pas  » (5).

Un temps mort. Un trou blanc dans la vie qui s’installe. Des rayons de soleil pivotent sur les dalles. Le soleil dort : l’après-midi est invariable. Des reflets métalliques se croisent sur le sable .

Michel Houellebecq Vacances, extrait de La poursuite du bonheur (1991)

(1)  La possibilité d’une île (2005)

(2)  Lanzarote (2000)

(3)  Plateforme (2011)

(4)  En Patagonie avec Michel Houellebecq (2011)

(5) Interview pour Les Inrockuptibles

(6) Vacances, extrait de La poursuite du bonheur (1991)

Document 1 : Bertrand Lévy, « Voyage et tourisme : malentendus et lieux communs », Le Globe. Revue genevoise de géographie, Année 2004

Le débat voyageur/touriste et les stéréotypes à éviter

Après un siècle d'éclipse relative, le voyage se retrouve au centre des préoccupations de la géographie car l'explosion du tourisme, en déterminant l'aménagement de nombreux territoires nous interroge aussi sur notre rapport au lieu dans cette époque de globalisation des voyages et du tourisme.

 Lors du Festival des Etonnants Voyageurs qui se tient annuellement à Saint-Malo, une intervenante résuma les différences censées exister entre le touriste et le voyageur : - le voyageur est sensible et ouvert aux paysages et aux gens, le touriste ne l'est pas - le voyageur s'immerge volontiers dans la vie autochtone, le touriste se contente de rapports superficiels - le voyageur est peu sensible au confort, le touriste le recherche. Nous pourrions ajouter : Le voyageur adore improviser son voyage, alors que le touriste adore tout planifier, le voyageur n'a généralement pas de ticket de retour ; le touriste le garde précieusement dans sa valise ou le donne en consigne ; le voyageur est actif, libre et insoumis, le touriste est passif et se laisse guider par toutes sortes de balises ; le voyageur privilégie les expériences profondes dans la durée, le touriste les expériences distractives et rapides ; le voyageur tend à éviter les lieux et les groupes touristiques (ou alors, il les regarde d'un air décalé), le touriste s'y agglomère ; le voyageur accorde une grande importance aux espaces intercalaires, le touriste privilégie les points terminaux ; le voyageur ne bouche jamais le paysage ; le touriste intercale sa personne entre le point de vue et le paysage (ou le monument) ; le voyageur accorde plus d'importance au signifié du voyage (sa signification, son sens), le touriste au signifiant (aux signes et infrastructures touristiques) au retour, le voyageur saura raconter un vécu original; le touriste, des banalités, le voyageur sortira transformé du voyage sur un plan ontologique, le touriste, au mieux rafraîchi et reposé.

Le problème de ces antinomies, c'est bien sûr leur caractère simplificateur, et leur a priori implicite : le voyageur est mis sur un pinacle, alors que le touriste est philosophiquement rabaissé. MacCannel (1973) a relevé le caractère vain de telles oppositions, car au fond, elles ne font que dresser des hommes contre d'autres hommes — qui sont parfois les mêmes d'ailleurs. Pour cette raison, Céline Gaudier (2002) préfère parler de "troisième homme", entre touriste et voyageur, qui emprunte alternativement aux deux modèles. En effet, nous sommes bien souvent en des temps alternés touristes et voyageurs, touristes quand nous utilisons ponctuellement dans le temps l'organisation et l'infrastructure touristique (transport, hébergement, restauration...) et voyageurs quand nous usons de notre liberté face à un système qui nous semble trop balisé, trop organisé pour satisfaire notre besoin de liberté.

Dans un registre plus radical, les auteurs du groupe MIT (2002) s'opposent à cette distinction touristes/voyageurs, car ils suspectent une attitude élitiste chez ceux qui procèdent à telle catégorisation et ils relèvent non sans pertinence que les gens de plume (écrivains, journalistes) ont une tendance "de masse" à critiquer et à mépriser le monde du touriste et toujours à rehausser celui du voyageur, les écrivains se comptant bien évidemment dans la seconde catégorie. Ces auteurs ont relevé une foule d'exemples qui renforcent ce préjugé "élitiste" selon lequel, "les touristes, bien entendu, ce sont toujours les autres" (Claude Roy).

Document 2 : Julien Blanc-Gras, Touriste, 2011

Il existe environ deux cents États souverains. On vit à peu près trente mille jours. Si l'on considère l'existence sous un angle mathématico-géographique, on devrait passer cent cinquante jours dans chaque pays. Cinq mois ici, cinq mois-là et ainsi de suite jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il faut se rendre à l'évidence. Je dois aller dans tous les pays du monde. Je ne trouverai pas le repos dans l'immobilité. Je me débrouillerai pour dénicher des ressources. Je mériterai mes kilomètres. À nous deux, petite planète globalisée. J'exige le respect pour mes rêves, aussi insensés puissent-ils paraître. Un fantasme, ça ne se discute pas. Un tel veut devenir une star, un autre posséder un yacht ou coucher avec des sœurs jumelles. Je veux simplement aller à Lusaka. Et à Thimbu. Et à Valparaiso. Certains veulent faire de leur vie une œuvre d'art, je compte en faire un long voyage.

Je n'ai pas l'intention de me proclamer explorateur. Je ne veux ni conquérir les sommets vertigineux, ni braver les déserts infernaux. Je ne suis pas si exigeant. Touriste, ça me suffit. Le touriste traverse la vie, curieux et détendu, avec le soleil en prime. Il prend le temps d'être futile. De s'adonner à des activités non productives mais enrichissantes. Le monde est sa maison. Chaque ville, une victoire.

 Le touriste inspire le dédain, j'en suis bien conscient. Ce serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. C'est un cliché qui résulte d'une honte de soi, car on est toujours le touriste de quelqu'un. Rien n'empêche de concevoir le tourisme comme un cours de géographie à l'échelle 1, et la géographie comme le terreau de toutes les sciences humaines. Sous les cartes, les hommes. La dynamique du monde ne s'appréhende pas en restant dans un fauteuil. Il faut que j'actionne mon mouvement perpétuel. Je ne dois pas traîner, des civilisations s'écroulent au moment où j'écris et d'autres émergeront à la fin de cette phrase. Elles nous tendent les bras, je n'ai rien de mieux à faire que de leur rendre visite. Ma place dans le monde, je l'inventerai à chaque pas.

Document 3 : Geatte, Le tourisme culturel en Europe, 1993

Le tourisme est né de la curiosité de chaque individu pour les sites naturels, les chefs-d’œuvre de l'humanité et la diversité des créations et manifestations des sociétés qui se sont succédées dans les différentes parties du monde

L'engouement relativement récent pour le bien-être et l'exercice du corps dans la nature n'a pas tari la force de cette motivation première et fondamentale. Ce tourisme de curiosité, fondement du "tourisme culturel" a l'avantage d'être indépendant des saisons, de se développer sur les différentes parties du territoire, dans les villes et la campagne, en bord de mer et dans les zones montagneuses, d'intéresser toutes les clientèles, les jeunes, les adultes comme les personnes âgées, d'élever le niveau des connaissances générales et de favoriser ainsi le progrès économique, social et intellectuel des populations.

 L'évolution actuellement constatée dans les habitudes touristiques : fractionnement, raccourcissement et multiplication des séjours - augmentation de la clientèle âgée préférant les visites et le spectacle aux activités physiques - plus grande indépendance des jeunes d'un niveau de culture croissant, et donc ambitieux de tout découvrir - demande généralisée d'animation développement du "tourisme urbain" souhaité et encouragé par les collectivités locales - progression du nombre des touristes internationaux , avides de connaître les pays visités, - montrent qu'il existe, pour le tourisme culturel, un courant porteur qu'il suffit d'accompagner, d'amplifier, d'accélérer. […]

 La culture qui évoquait, au début du siècle, la capacité d'une élite érudite et sensible à comprendre et à apprécier les chefs d'œuvre artistiques et les acquis de la civilisation, a pris une signification beaucoup plus ouverte, elle est la possibilité donnée à tous les individus, quel que soit leur niveau intellectuel et leurs acquis de connaissances, d'enrichir leur expérience en communiquant librement avec les autres. Dans cette ligne de pensée, le tourisme est son meilleur allié et il faut se féliciter de son développement […]

L'arrivée massive de touristes qui au même moment se précipitent au même endroit, perturbe gravement, jusqu'à saturation, le fonctionnement des aéroports et des gares de chemin de fer, les flux sur les autoroutes, l'accès aux sites prestigieux, la visite des grands monuments et des musées renommés. Le tourisme culturel, en multipliant les centres d'intérêt, en effaçant les saisons, en imposant des groupes peu nombreux peut, sans freiner son développement, corriger peu à peu les effets pernicieux du tourisme de masse. […] Il ne faut pas cacher les difficultés : le tourisme est une activité d'agrément, de détente et de rêve. Les visites de sites, de musées et de monuments, qu'il propose sont rapides et semblent incompatibles avec l'acquisition d'une véritable culture qui exige, même dans sa conception moderne très élargie, un effort appliqué, approfondi et longuement réfléchi. […] le tourisme tel qu'il se pratique actuellement suppose des groupes nombreux et des flux de masse qui ne facilitent pas la réflexion ni l'implication personnelle qu'exige la culture de l'esprit.

L'expérience du "tourisme culturel" n'est-elle pas réservée à un petit nombre? la culture, activité libre et désintéressée, peut-elle sans se dégrader, entrer dans le monde marchand qui normalise et évalue ? Nous devons, en dehors de toutes discussions philosophiques et de tout débat sociologique sur la culture et la manière de l'acquérir, bien délimiter la réalité du "tourisme culturel" afin de ne pas être entraîné à traiter de toutes les activités touristiques, sous prétexte que toute activité cultive l'esprit. Nous pensons que pour parler de "tourisme culturel" il faut qu'au déplacement touristique s'ajoutent trois conditions :

 - Un désir de se cultiver c'est à dire de connaître et comprendre les objets, les œuvres et les hommes - La consommation d'un produit ayant une signification culturelle (monument, œuvre d'art, spectacles, échange d'idées)

- L’intervention d'un "médiateur", personne, document, écrit ou matériel audio-visuel, qui mettent en valeur ou réalisent le produit culturel. […]

Visiter Londres, c'est du tourisme, suivre une visite commentée de Westminster, c'est du tourisme culturel. Louer un bateau pour parcourir les îles grecques, c'est du tourisme. Faire une croisière "sur les pas d'Ulysse" avec guides et conférences, c'est du tourisme culturel. Traverser Avignon, c'est du tourisme, assister au Festival d'A vignon c'est du tourisme culturel. Il convient de remarquer que si le tourisme culturel exige impérativement de réunir ces trois conditions, le "produit touristique culturel" doit bien entendu intégrer les éléments constitutifs de tout produit touristique : l'organisation de l'accueil, de l'hébergement, de la restauration et de l'animation en fonction des catégories de clientèles concernées.

 Document 4 Martin Parr, Athènes, touristes devant l'Acropole (1991), agence Magnum.

I – Touristes et voyageurs présentent des similitudes

 1 – Ils sont de plus en plus nombreux et divers Docs 1,2,3,4 2

 – Ils sont animés par un besoin de se déplacer, d’aller ailleurs Docs 2, 3, 4 (présent aussi dans le 1 de manière globale)

 2 – Ils sont animés par un désir de découvrir des lieux nouveaux (curiosité) Docs 1, 2, 3 4 3

- Ils retirent des bénéfices de leur périple Docs 1,2,3,4

II – Pourtant, on tend souvent à souligner les différences entre touriste et voyageur pour établir une sorte de hiérarchie entre ces deux catégories

1 – Le touriste n’a pas l’esprit aventurier Il a besoin d’un certain confort et d’une certaine organisation (docs 1, 3),

 Il n’aime pas s’aventurer hors des sentiers battus, il ne veut pas se mettre en danger (docs 1, 2)

 Les touristes se retrouvent donc tous aux mêmes endroits et visitent les mêmes choses (docs 1, 4)

 2 – le touriste est plus superficiel et autocentré Caractère superficiel (docs 1, 2)

  • Autocentré (docs 1, 4)

3 – Le touriste est donc rabaissé, méprisé/ voyageur Docs 1, 2, 4

III – Mais la hiérarchie créée entre voyageur et touriste est discutable

1 – Elle est le signe d’un certain élitisme qui refuse en quelque sorte la démocratisation du voyage et de la culture. En effet, le tourisme peut être synonyme de culture pour tous Docs 1, 2, 3, 4

2 – On est toujours le touriste de quelqu’un Docs 1 et 2 3

– En réalité on peut être touriste et voyageur Docs 1 et 3. Doc 2 (Réflexion et recul sur son expérience)

Éléments d’analyse de l’image

- Un grand nombre de touristes

 -Voyage suggéré vu la nationalité de ces touristes (d’origine asiatique)

-Curiosité avec laquelle ils observent l’Acropole

- Prennent photo, semblent satisfaits de leur découverte

- Les touristes se massent aux mêmes endroits

-  Les touristes se placent entre l’objectif et le site

- Aspect critique de la photo à l’égard des touristes

- Les touristes accèdent à la culture (civilisations anciennes)

- Les individus ne sont peut-être touristes que ponctuellement (il s’agit d’une photographie, une image fixe qui immortalise un instant du voyage)

Ecriture personnelle :

Que pourrait être un tourisme idéal ?

V  Le voyage forcé

  • Gaudé, Eldorado
  • Satouf, L’arabe du futur
  • Schmitt, Ulysse from Bagdad
  • Le trajet du train 7909  - Mémorial de l'internement et de la déportation Camp de Royallieu
  • Doc 1 Gaudé, Eldorado

Soleiman décide de quitter le Soudan, avec son frère Jamal, pour bénéficier d’un avenir meilleur en France. Cependant, leur terrible périple pour passer la frontière entre le Soudan et la Lybie affaiblit Jamal qui, trop souffrant, doit rebrousser chemin. Il convainc son frère de continuer seul. Jamal traverse alors la Lybie dans une camionnette bondée de clandestins.

  Nous roulons sans cesse. De jour comme de nuit. Toujours vers la mer. Je me perds dans des terres que je ne connais pas. J'imagine Jamal en train de faire la route dans l'autre sens. Il repasse la frontière, sans joie cette fois, sans embrassade, retrouvant sa vie laide d'autrefois. Comme une bête qui, après s'être échappée, retourne de son propre chef à l'étable. Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes. " Dans la voiture qui roule toutes fenêtres ouvertes, j’essaie d’imaginer la vie qui m’attend mais je n’y parviens pas. Je ne peux penser qu’à ce que je laisse. Comme j’ai vieilli, tout à coup. Il n’y a plus de joie et le monde me semble laid. La solitude prend possession de moi. Je vais devoir apprendre à la laisser m’envahir. Je serre, du bout des doigts, le collier de perles vertes de mon frère. La voiture roule. Je pense à toi. Je ne t’oublie pas, Jamal. Je vis pour toi. Pour toi seul qui aurais pu boire l’océan et dois rentrer, piteusement, dans ta niche pour y mourir. Je pense à toi que j’ai vu, une fois au moins, face à moi, fort et heureux de liberté

Laurent Gaudé,  Eldorado  , 2006

  • Doc 2 : Satouf, L’arabe du Futur

DOC 3   : Schmitt, Ulysse from Bagdad  

À la loterie de la naissance, on tire de bons, de mauvais numéros. Quand on atterrit en Amérique, En Europe, Au Japon, on se pose et c'est fini : on nait une fois pour toutes, nul besoin de recommencer. Tandis que lorsqu'on voit le jour en Afrique ou au Moyen-Orient…

                Souvent je rêve d'avoir été avant d'être, je rêve que j'assiste au minutes précédant ma conception : alors je corrige, je guide la roue qui brassait les cellules, les molécules, les gènes, je la dévie afin d'en modifier le résultat. Pas pour me rendre différent. Non. Juste éclore ailleurs. Autre ville, pays distinct. Même ventre certes, les entrailles de cette mère que j'adore, mais ventre qui me dépose sur un sol où je peux croître, et pas au fond d'un trou dont je dois vingt ans plus tard m'extirper.

Je m’appelle Saad Saad, ce qui signifie en arabe Espoir Espoir et en anglais Triste Triste ; j'aurais voulu m'en tenir à ma version arabe, aux promesses fleuries que ce nom dessinait au ciel ; j'aurais souhaité, l'orgueil comme unique sève, pousser, m’élever, expirez à la place où j'étais apparu, tel un  arbre, épanoui au milieu des siens puis prodiguant des rejets à son tour , ayant accompli son voyage immobile dans le temps ; j'aurais été ravi de partager l'illusion des gens heureux, croire qu'ils occupent le plus beau site du monde sans qu'aucune excursion ne les ait autorisée à entamer une comparaison ; Or cette béatitude m'a été arrachée par la guerre, la dictature, le chaos, des milliers de souffrances, trop de morts.

                Chaque fois que je contemple George Bush, le président des États-Unis à la télévision, je repère cette absence de doutes qui me manque. Bush est fier d'être américain , comme s'il y était pour quelque chose… il n'est pas né en Amérique mais il l'a inventée, L'Amérique, oui il l'a fabriquée dès son premier caca à la maternité il l'a  perfectionnée en couches h-culottes pendant qu'il gazouillait à la crèche, enfin il l'a achevée avec des crayons de couleur sur les bancs de l'école primaire. Normal qu'il la dirige, adulte ! Faut pas lui parler de Christophe Colomb, ça l'énerve. Faut pas lui dire non plus que l'Amérique continuera après sa mort, ça le blesse. Il est si enchanté de sa naissance qu'on dirait qu'il se la doit. Fils de lui-même, pas de ses parents , il s'attribue le mérite de ce qui lui a été donné. C'est beau, l'arrogance ! Magnifique, l'autosatisfaction obtuse ! Splendide, cette vanité qui revendique la responsabilité de ce qu'on a reçu ! Je le jalouse. Comme j'envie tout homme qui jouit de la chance d'habiter un endroit habitable.

                Je m’appelle Saad Saad, ce qui signifie en arabe Espoir Espoir et en anglais Triste Triste. Parfois je suis Saad l’Espoir, parfois Saad le Triste, pourtant à coup sûr aux yeux du plus grand nombre je ne suis rien. Au terme de ce voyage, au début d’un nouveau, j’écris ces pages pour me disculper. Né quelque part où il ne fallait pas, j’ai voulu en partir ; réclamant le statut de réfugié, j’ai dégringolé d’identité en identité, migrant, mendiant, illégal, sans papiers, sans droit, sans travail ; le seul vocable qui me définit désormais est clandestin. Parasite m’épargnerait mieux. Profiteur aussi. Escroc davantage. Non, clandestin. Je n’appartiens à aucune nation, ni au pays que j’ai fui, ni au pays que je désire rejoindre, encore moins aux pays que je traverse. Clandestin. Juste clandestin. Bienvenu nulle part. Etranger partout.                 Certains jours, j’ai même l’impression de devenir étranger à l’espèce humaine…

                Je m’appelle Saad Saad mais ce patronyme, vraisemblablement, je ne le transmettrai pas. Coincé dans les deux mètres carré à quoi se réduit mon logement provisoire, j'ai honte de me reproduire, et, ce faisant, de perpétuer une catastrophe. Tant pis pour ma mère et mon père qui ont tant fêté mon arrivée sur terre, je serai le dernier des Saad. Le dernier des tristes ou le dernier de ceux qui espéraient, peu importe. Le dernier.

Schmitt, Ulysse from Bagdad, 2010

Compiègne, le 2 juillet 1944. Le débarquement a commencé il y près d’un mois. Un des derniers trains de déportés part du camp de Royallieu avec 22 wagons à bestiaux où sont entassés entre 2521 et 2152 hommes suivant les différentes recherches, essentiellement des résistants mais aussi des droits communs. C’est l’enfer : cent personnes entassés dans chaque wagon avec quasiment pas d’eau, la température qui peut dépasser 50°, les odeurs pestilentielles, les bagarres, certains hommes qui deviennent fous et les morts que l’on entasse dans un coin du wagon au fil des heures. Le train met 3 jours et demi dans la chaleur de l’été pour atteindre Dachau. A l’arrivée, les déportés ne sont plus que 1633. Près d’un tiers sont morts. Les corps alimenteront pendant 4 jours les crématoires du camp.

Quelles sont  les cinq   citations de voyage  que vous trouvez la plus inspirante ?

  • Il est bon de voyager quelques fois; cela étend les idées et rabat l’amour-propre.   Sainte-Beuve , critique littéraire et écrivain français
  • Rester, c’est exister. Voyager, c’est vivre.   Gustave Nadaud , poète et chansonnier français
  • Tout est musique. Un tableau, un paysage, un livre, un voyage ne valent que si l’on entend leur musique.   Jacques de Bourbon Busset , écrivain et diplomate français
  • Lorsqu’elle s’enfuit, la route est la seule amante qui vaille la peine d’être suivie.   Sylvain Tesson , écrivain voyageur français
  • Qui traverse la vie voit de nombreuses choses. Qui voyage en voit bien davantage. Proverbe arabe
  • Le plus beau moment de la vie humaine est un départ vers des terres inconnues. Sir  Richard Burton , érudit et polymathe britannique
  • Le vrai voyage est celui dont on a rêvé. Il assouvit nos curiosités et met un terme à nos illusions. Nacira Boukli-Hacene , écrivain
  • Le plus beau voyage, c’est celui qu’on n’a pas encore fait.   Loïck Peyron , navigateur français
  • Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir.   Gilbert Keith Chesterton , écrivain anglais
  • J’adore voyager, mais je déteste arriver.Albert Einstein
  • Le mouvement est principe de toute vie.  Léonard de Vinci, peintre italien
  • Un voyageur sage ne dédaigne jamais son propre pays.   Carlo Goldoni , auteur dramatique vénitien
  • L’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris.   Giacomo Casanova , violoniste, écrivain, magicien
  • Voyager rend modeste. On voit mieux la place minuscule que l’on occupe dans le monde.   Gustave Flaubert , écrivain français
  • Voyage avec deux sacs, l’un pour donner, l’autre pour recevoir.   Johann Wolfgang Von Goethe , romancier, dramaturge et poète allemand
  • Il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui,   Montaigne , philosophe et écrivain français
  • Le voyage c’est aller de soi à soi en passant par les autres, Proverbe Touareg
  • Les gens ne font pas des voyages, ce sont les voyages qui font les gens,   John Steinbeck , écrivain américain
  • Ce qui importe, ce n’est pas le voyage, c’est celui avec lequel on voyage,   Jean-luc Gendry , auteur français
  • Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page,   Saint-Augustin , philosophe et théologien chrétien romain
  • Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… Elle est mortelle ! ,   Paulo Coelho , romancier brésilien
  • Voyager c’est être infidèle. Soyez-le sans remords : oubliez vos amis avec des inconnus,   Paul Morand , écrivain, diplomate et académicien français
  • On ne voyage jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va, Christophe Colomb
  • Voir le monde de ses yeux est mille fois mieux que n’importe quel rêve.   Ray Bradbury , écrivain américain
  • Le bonheur du voyage, c’est de faire tout pour la première fois.   Bernard Giraudeau , acteur, réalisateur, et écrivain français
  • Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter,   Michel Déon , écrivain et dramaturge français
  • L’endroit le plus sûr pour un bateau, c’est le port. Mais ce n’est pas pour ça que le bateau a été créé, Proverbe marin
  • L’homme ne peut découvrir de nouveaux océans sans avoir le courage de perdre de vue le rivage, André Gide , écrivain français
  • Parce qu’au bout du compte, tu ne te souviendras pas du temps passé au bureau ou à tondre la pelouse. Va grimper cette foutue montagne. Jack Kerouac , écrivain et poète américain
  • Rien ne développe l’intelligence comme les voyages. Émile Zola, écrivain et journaliste français

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Programme de BTS : « Invitation au voyage »

Un pont au-dessus d’un fleuve en Ardèche

En début d’année universitaire, les professeurs ont proposé aux étudiants une escapade dans les Cévennes avec un âne. Ce fut pour eux une manière agréable et originale d’aborder le thème d’étude « Invitation au voyage… » Ils ont pu faire le rapprochement avec le roman de Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes , 1879, mais aussi avec le film de Caroline Vignal, Antoinette dans les Cévennes , 2020.

En s’appuyant sur leur expérience et ces deux fictions, ils réaliseront leur propre voyage initiatique. Le film, Antoinette dans les Cévennes , servira de fil rouge pour la création de ce dossier et l’élaboration de la séquence sur ce thème. En effet, l’étude de cette fiction permet de cerner les différentes problématiques liées au thème. Pour chacune d’elle, les étudiants et / ou le professeur imaginent une séance de travail.

Ainsi à la fin du périple d’Antoinette, à la fin du film, ils auront eux aussi fini leur parcours à la découverte du thème, auront fait leur propre escapade et auront écrit leur propre voyage. Vous aussi, partagez cette escapade avec votre compagnon de voyage.

  • Fanny Fromental
  • Marie-Joseph Gaillard
  • Invitation au voyage 2.77 Mo

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• Le voyage au féminin - Fichier envoyé le 23-02-2023 par Elise Jarrige Questions autour de deux interviews de Lucie Azéma et lecture et analyse d'un extrait de son essai : Les femmes aussi sont du voyage. Travail pour l'expression personnelle.

• Entraînement à la synthèse de documents : correction d'un exercice - Fichier envoyé le 31-01-2023 par Christine GACOIN Il s'agit d'un travail sur le thème 2 : l'invitation au voyage, à partir d'un corpus de 4 documents issus d'Internet sur le voyage au féminin, entre 1850 et 1950. Pour le corpus, me contacter si nécessaire (le document sur A David-Néel a été tronqué) à l'adresse : [email protected]

• bonheur de voyager - Fichier envoyé le 16-12-2022 par Estelle Lajeanne Synthèse sur le bonheur de voyager, dont le développement est rédigé. Documents faciles à trouver, sinon me contacter [email protected]

• Synthèse de documents sur les syndromes du voyage - Fichier envoyé le 11-11-2022 par Geoffrey Cuvelier Tableau + synthèse rédigée sur trois pathologies ou syndromes pouvant naître lors d'un voyage (Florence, Jérusalem, Tahiti). Trois documents très accessibles constituent ce petit corpus permettant aux étudiants de se familiariser avec l'exercice et d'en comprendre la méthodologie. Cette dernière étant par ailleurs déclinée dans la marge.

• La Van Life - Fichier envoyé le 11-11-2022 par Geoffrey Cuvelier Tableau de confrontation et synthèse entièrement rédigée sur la tendance du van. La méthodologie de la synthèse est par ailleurs déclinée dans la marge.

• Les vertus du voyage - Fichier envoyé le 25-10-2022 par elise jarrige Corpus de documents sur les vertus du voyage avec questions. Ce corpus est tiré de Étonnants Classiques, BTS 1re année, 2013, chapitre 7: Le voyage à l'heure de la mondialisation. Pour compléter les questions, j'ai demandé aux apprenants de faire une synthèse à partir des documents donnés mais aussi de remplir un tableau de confrontation après l'écoute de l'émission radio "A quoi bon voyager" du 27 juin 2019.

• Sujet détour et voyage - Fichier envoyé le 23-02-2022 par Eva Perconte Sujet d'écriture personnelle proposé sur le site de l'Académie d'Aix-Marseille en 2009, réadapté, s'interrogeant sur les intérêts du voyage. Pour plus d'info: [email protected]

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BTS 2023 : « Invitation au voyage… », le nouveau thème de culture générale et expression

Le BTS 2023 voit l’apparition d’un nouveau thème de culture générale et expression : « Invitation au voyage… ». On te donne quelques pistes de réflexions pour l’étudier.

texte sur le voyage bts

Chaque thème de l’épreuve Culture générale et expression du BTS s’y trouve pour deux ans. L’an dernier, le thème « Dans la maison » a fait son apparition pour la session 2022, et s’y trouvera toujours pour celle de 2023. En revanche, le thème « De la musique avant toute chose » disparaît pour céder la place au nouveau thème « Invitation au voyage… » .

En résumé, l’épreuve de Culture générale et expression du BTS 2023 portera donc sur deux thèmes : « Dans ma maison » et « Invitation au voyage… ». Voici quelques axes d’analyse et de lecture pour approfondir le second.

Les différents aspects du thème du voyage

Alors qu’il a longtemps été le privilège d’une élite sociale, le voyage s’est démocratisé. Les moyens de transports sont variés, et il est désormais facile d’organiser ses déplacements. Ce qui ne signifie pas que tout le monde voyage : des freins financiers peuvent empêcher certains, tout comme la peur de l’inconnu ou des risques.

Le voyage, c’est aussi la découverte de l’ailleurs et l’invitation au dépaysement . Il peut aussi être un rite de passage : au XIXe siècle, artistes et aristocrates faisaient leur Grand Tour en Europe. Aujourd’hui, certains étudiants tentent l’aventure Erasmus.

Actuellement, les voyages touristiques ont également des conséquences écologiques réelles. La mondialisation peut brouiller les différences culturelles et géographiques. Découvre-t-on alors vraiment de nouveaux territoires ? Le fait de se prendre en photo devant des bâtiments ou des lieux change également le rapport au voyage, à la découverte, comme le précise le site de l’Éducation nationale : « Est-ce encore voyager, que de voyager sans changer de regard, sans s’oublier soi-même pour s’ouvrir aux autres ? »

BTS 2023 : les œuvres à découvrir pour le thème de Culture générale et expression

L’apparition d’un nouveau thème est toujours accompagnée d’une liste d’œuvres à découvrir sur le sujet. Celle-ci est établie par le ministère de l’Éducation nationale : tu peux d’ores et déjà lire, regarder ou écouter ce qui t’est proposé. Ton professeur utilisera certaines d’entre elles pour ses cours, mais elles peuvent bien sûr alimenter ta culture personnelle.

Des supports très variés sont représentés dans cette liste : films, livres (fiction et non-fiction), expositions en ligne, podcasts, arts plastiques… En voici un aperçu.

Quelques livres à découvrir

Les Mille et Une Nuits

Charles Baudelaire,  Les Fleurs du mal, Le Spleen de Paris  : « Invitation au voyage »

Nellie Bly,  Le Tour du monde en 72 jours

Louis-Antoine de Bougainville,  Voyage autour du monde

Blaise Cendrars,  Bourlinguer, Du monde entier  : « La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France »

Josef Conrad,  Au cœur des ténèbres

Bérengère Cournut,  De pierres et d’os

Denis Diderot,  Supplément au voyage de Bougainville

Isabelle Eberhardt,  Au pays des sables

Gustave Flaubert,  Par les champs et par les grèves

Théophile Gautier,  Voyage en Espagne

Olivier Hodasava,  Éclats d’Amérique – chronique d’un voyage virtuel

Homère,  L’Odyssée

Jack Kerouac,  Sur la route, Satori à Paris

Joseph Kessel,  Les Cavaliers

Rudyard Kipling,  L’Homme qui voulut être roi

Selma Lagerlöf,  Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède

Jack London,  La Croisière du Snark

Pierre Loti,  Voyages au Moyen-Orient

Ella Maillart,  Des monts célestes aux sables rouges

André Malraux,  La Voie royale

Gérard de Nerval,  Voyage en Orient

Arthur Rimbaud, « Ma bohème »,  Illuminations

Antoine de Saint-Exupéry,  Courrier sud, Vol de nuit, Terre des hommes, Le Petit Prince, etc.

Jonathan Swift,  Voyages de Gulliver

Sylvain Tesson,  Les Chemins noirs, Berezina

Vercors,  Les Animaux dénaturés, Zoo ou l’assassin philanthrope

Jules Verne,  Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Voyages extraordinaires

Voltaire,  Candide, Micromégas

Quelques films à regarder

Jean-Jacques Annaud,  Sept ans au Tibet

Wes Anderson,  À bord du Darjeeling Limited, Moonrise kingdom

James Cameron,  Titanic

Jane Campion,  La Leçon de piano

Peter Farrelly,  Green Book – Sur les routes du sud

Kevin Costner,  Danse avec les loups

Dennis Hopper,  Easy Rider

John Huston,  L’Homme qui voulut être roi

Peter Jackson,  Le Seigneur des anneaux  (la trilogie)

Cédric Klapisch,  L’Auberge espagnole, Les Poupées russes, Casse-tête chinois

Mike Leigh,  Mr. Turner

Terence Mallick,  Le Nouveau Monde

Sean Penn,  Into the Wild

Rob Reiner,  Stand by me

Walter Salles,  Carnets de voyage, Central do Brasil

La liste complète des œuvres est à retrouver  sur cette page . Bonne découverte !

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BTS Thème "Invitation au voyage..." - Le voyage de noces, entre rituel social et aventure

Arnold Bocklin voyage de noces

Carole Ravenelle, enseignante au Lycée Jean Drouant à Paris, vous propose une ressource abordant spécifiquement le voyage de noces, à travers un travail à mener en groupes, autour de divers documents.

Cette séance se présente plutôt comme une séance de travaux dirigés. Il s’agira pour les étudiants de mener par groupe de quatre la réflexion. Ils retravailleront les compétences clés de la formation : comprendre – synthétiser – confronter – argumenter. On peut donc envisager ce moment comme un temps d’approfondissement des compétences, de « révision » en quelque sorte.

Le corpus illustre le processus de problématisation en prenant le texte informatif liminaire proposé par un historien comme source des éléments exploités ensuite (le processus à l’œuvre lorsque nous faisons usage de notre culture générale). C’est à partir de cette réflexion argumentée que l’on comprendra en quoi les textes littéraires du 19ème sont les témoins (parfois anachroniques) de l’évolution de cette pratique du voyage post nuptial. On comprendra de plus comment le voyage de noces occupe l’imaginaire des auteurs du XIXe mais aussi du XXe siècle, et, comment un topos littéraire comporte des avatars malgré son caractère apparemment désuet. Enfin, les étudiants, trop souvent enclins à établir une frontière étanche entre les différents types de textes, verront ici comment un article historique peut s’inspirer de textes littéraires qui fourmillent de détails réalistes, détails réalistes qui eux-mêmes se mêlent au fictionnel dans ces textes littéraires. 

Voici les documents que vous trouverez dans cette ressource:

- Sylvain Venayre, « Le temps du voyage de noces », Revue Histoire n°321, juin 2007. - Guy de Maupassant, Une vie , Chapitre V et VI, extraits. - Balzac, Béatrix   - Flaubert, Madame Bovary , Partie I, 7  - Le voyage de noces en peinture (Pierre Outin, Arnold Bocklin et Nils von Dardel) - Patrick Modiano, Voyage de Noces - Marina Abramovic et Ulay, Voyage sur La Grande Muraille

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Cours 1 : Voyage, histoire et élitisme.

Dürer, Erasme de Rotterdam, 1526.

"Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est ; et cela, nous le pouvons avec un Elstir, avec un Vinteuil ; avec leurs pareils, nous volons vraiment d’étoiles en étoiles."

Marcel Proust

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Le "grand tour"...

Histoire des arts, sitographie.

Bertrand Réau, « Du « grand tour » à Sciences Po, le voyage des élites », Le Monde diplomatique , Juillet 2012. URL : https://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/REAU/47948

Articles universitaires.

WAGNER Anne Catherine, « La place du voyage dans la formation des élites », Actes de la recherche en sciences sociales , 2007/5 (n° 170), p. 58-65. URL : https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2007-5-page-58.htm

Gilles Bertrand, « La place du voyage dans les sociétés européennes (XVIe-XVIIIe siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 121-3 | 2014, mis en ligne le 15 novembre 2016, consulté le 22 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/abpo/2834

Littérature.

Erasme, Éloge de la folie , 1511.

Article consacré à l'essai de Sylvain Venayre, Panorama du voyage , Les Belles Lettres, 2012. URL : https://laviedesidees.fr/Histoire-du-voyage.html

James Ivory, Chambre avec vue , 1986.

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Espace Pédagogique Contributif

Cours de français de m. bruno rigolt – lycée en forêt – montargis (france). ressources pédagogiques en ligne – culture générale, catégorie : bts : invitation au voyage, entraînement à l’épreuve de culture générale et expression du bts. sujet type : imaginaires portuaires. corrigés, bts 2023-2024 « invitation au voyage… » entraînement n°2 : synthèse + écriture personnelle → corrigés pour accéder au corpus, cliquez ici ., ① la synthèse.

Plan proposé

I) Les ports industriels sont des lieux qui attirent a) Ils inspirent la création artistique b) Même les ports les moins attrayants sont fascinants II) Les ports sont une invitation au voyage a) Ce sont des espaces à la fois clos et ouverts b) Ils donnent envie de s’évader et de tout quitter III) Les ports invitent à un déchiffrement symbolique a) Il y a une forte dimension spirituelle dans les ports b) Port et ressourcement personnel : le voyage comme révélation à soi-même.

____ Terres d’accueil ou lieux d’embarquement vers des destinations lointaines, les ports ont toujours suscité l’envie de voyager. Telle est l’inspiration de ce dossier composé de quatre documents parus entre la fin du XIX ème siècle et nos jours. ____ Le premier document est un tableau célèbre de Claude Monet intitulé « Impressions, soleil levant » (1872). Par son travail sur les couleurs et les effets de lumière, le peintre nous fait imaginer le port industriel du Havre, un matin d’hiver. Largement dominé par l’idéalisation du réel, le document 2 est un poème intitulé « Le port de Palerme » publié en 1913 par Anna de Noailles dans le recueil Les Vivants et les morts . Quant au document 3, il reprend de larges extraits d’un article de fond, « Le port, un seuil pour l’imaginaire : la perception des espaces portuaires » publié en 1992 dans le n°55-56 des Annales de la recherche urbaine . L’architecte Aude Mathé réfléchit en particulier aux interactions entre le port, la ville et la mer et la perception des espaces portuaires par les artistes. Le dernier document est extrait d’un récit de voyage intitulé Le Goût du large (2016). Le journaliste Nicolas Delesalle y relate son voyage d’Anvers à Istanbul à bord d’un cargo porte-conteneurs. Le passage présenté décrit les sensations éprouvées au moment où le navire quitte le port d’Anvers. ____ Nous étudierons à travers ces documents la fascination qu’exercent les ports industriels : non seulement ce sont des lieux qui attirent et inspirent la création artistique, mais ils sont également une invitation au voyage. Nous terminerons notre étude en montrant que le port, tel qu’il est perçu par les auteurs de ce corpus, devient matière à déchiffrement symbolique.

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____ En premier lieu, il ressort de ce corpus que le thème du port, particulièrement à partir de la Révolution industrielle, a constitué une puissante source d’attraction, notamment chez les artistes. ____ Comme le note Aude Mathé, la peinture et la poésie nous rendent sensibles à ce qui, d’ordinaire, nous laisse indifférents : de fait, tous les ports évoqués dans ce dossier sont des lieux industriels. Ainsi, la célèbre toile de Claude Monet, « Impression, soleil levant » nous décrit le paysage portuaire du Havre. Représentation artistique d’un monde bouleversé par la société industrielle, le tableau met l’accent sur la face laborieuse du Havre : les grues, les docks et les cheminées d’usines. Cette impression se retrouve également dans le poème d’Anna de Noailles : femme de la haute aristocratie, l’autrice s’attache pourtant à retranscrire l’atmosphère populaire et industrieuse du port de Palerme. Comme dans le tableau de Monet, ce parti-pris très réaliste et assez inhabituel en poésie s’oppose aux stéréotypes de l’art qui utilise généralement un cadre plus idyllique. ____ De plus, même les ports les plus inhospitaliers deviennent attirants car ils font surgir une multitude d’émotions et de sentiments. Anna de Noailles se plaît à décrire le vieux port « goudronné » dans toute sa pauvreté : l’autrice évoque ainsi son attirance pour la « rade noire et sa pauvre marine ». De même, Nicolas Delesalle décrit son départ du port d’Anvers à bord d’un cargo, loin du confort des croisières : au contraire, le journaliste ancre sa description dans une topographie maritime et portuaire, comme pour mieux percevoir des sensations nouvelles : les nombreux effets de réel renforcent le sentiment de dépaysement qui assaille le journaliste. Comme le fait remarquer Aude Mathé, si les ports attirent tant, c’est qu’ils parlent aux sens et à l’imaginaire. Nous retrouvons tout à fait cette impression dans le poème d’Anna de Noailles ou dans le tableau de Claude Monet qui fait surgir, au-delà du ciel pollué par l’activité industrielle et par la marine marchande, un lieu qui semble sortir de la réalité : les lignes de fuite du tableau nous plongent en effet en pleine rêverie.

____ Le deuxième aspect qui ressort de ce corpus est que les ports sont une invitation au voyage. ____ Selon Aude Mathé, le port a la particularité d’être un lieu d’échange entre ville et mer, espace à la fois clos et ouvert sur l’infini, protecteur et propice au dépaysement. Selon l’autrice, c’est ce mélange de clôture et d’expansion qui fait toute la valeur symbolique du port. Le tableau de Monet illustre parfaitement cette analyse : le peintre a accentué la vue sur le bassin du port du Havre, mais en même temps par touches impressionnistes, il nous invite au dépaysement : toute la toile baigne en effet dans une douce harmonie où se mêlent le gris-bleuté, l’oranger, le rose pâle créant un monde apaisé, propice à l’évasion. Pareillement, si à première vue le poème d’Anna de Noailles est une sorte de carte postale pittoresque centrée sur les activités manufacturières et marchandes quotidiennes, progressivement, le texte nous invite vers un au-delà de la réalité concrète : le réalisme laisse place au thème du voyage. Il n’est guère étonnant également que tous les termes techniques qui jalonnent le récit de Nicolas Delesalle nous fassent progressivement basculer du côté du dépaysement et de l’ailleurs. ____ Comme le montre très bien le dossier, la particularité du port, c’est qu’il est en soi déjà voyage : sorte de passeport pour le rêve, le port donne envie de tout quitter sans forcément bouger. Ce paradoxe est longuement analysé par Aude Mathé : selon elle, on peut s’évader en imagination rien qu’en regardant les activités portuaires ou en admirant les bateaux dont les noms évoquent des destinations lointaines. Cette impression se retrouve dans le poème d’Anna de Noailles qui se laisse aller à l’évocation des « vaisseaux délabrés » : c’est en effet à travers leur contemplation que commence l’évasion vers l’imaginaire. Le port apparaît ainsi comme une sorte de voyage immobile. Aude Mathé explique cette attirance des artistes par un besoin d’idéalisation du réel. Qu’il s’agisse du Havre, de Palerme ou d’Anvers, le réel cède sa place à un ailleurs virtuel et fantasmé, porteur de rêves et d’aventure : la description des bateaux, des bâtiments et des quais est comme une invitation au voyage selon un axe allant du concret à l’immatériel.

____ Enfin, les ports industriels invitent à un voyage qui est surtout un voyage spirituel. ____ Tout d’abord, ainsi que le remarque Aude Mathé à partir d’une citation de Joseph Conrad, le port témoigne d’une forte dimension symbolique qui apparaît comme une métaphore de la quête de la pureté. Prélude à une sorte de ressourcement spirituel, le voyage entrepris par Nicolas Delesalle apparaît ainsi comme une échappatoire au monde consumériste pour rechercher seulement « l’océan, le silence et le vent… l’horizon infini ». Pareillement, il ne faut pas regarder le tableau de Claude Monet comme une simple peinture d’un lieu industriel : toute l’organisation de la toile invite à la transfiguration du réel et l’idéalisation du banal. Cette impression est plus nette encore dans le poème d’Anna de Noailles où de simples citernes deviennent des « citernes du rêve » : par cet oxymore, l’autrice passe de la dimension réaliste à la dimension onirique, sorte d’alchimie poétique qui transfigure l’univers le plus matériel en univers spirituel. ____ En outre, t ous les textes mettent l’accent sur le voyage comme révélation à soi-même. Aude Mathé note le déchiffrement spirituel qui est à la base de la symbolique portuaire. De même, chez Anna de Noailles, le port invite à une forte dimension de ressourcement intime. Plus qu’un lieu, c’est un moment de départ et d’accomplissement « ineffable » permettant de goûter une plénitude intérieure. La description réaliste du port de Palerme, par une idéalisation et une allégorie du concret, s’est donc transformée peu à peu en un univers imaginaire, qui est celui du rêve, mais plus fondamentalement, en une quête existentielle. Nicolas Delesalle évoque également son besoin de renaissance à travers une expression frappante : « je vais bientôt naître à la mer », qui signifie tout à la fois le ressourcement spirituel et la célébration d’une quête du sens. La description du port s’élargit ainsi à la construction d’un paysage métaphysique qui doit amener à une nouvelle naissance grâce à la mer.

____ Pour conclure, le corpus que nous avons synthétisé invite à interroger à travers la symbolique du port le sens du voyage dans le monde moderne. Entre réel, imaginaire et symbolique, les ports apparaissent bien comme des lieux de passage de l’espace urbain vers des horizons lointains. En définitive, comme le suggère Aude Mathé, le voyage imaginaire que l’on rêve en regardant les bateaux dans le port ne serait-il pas supérieur au voyage que l’on pourrait faire réellement ?

© Bruno Rigolt, février 2023.

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BTS 2023-2024. Migrants, exilés, réfugiés : de l’invitation au voyage à l’errance

Entraînement n°3 Thème au programme : Invitation au voyage Sujet complet conforme au BTS

Migrants, exilés, réfugiés : de l’invitation au voyage à l’errance

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___ Les progrès des modes de locomotion depuis la Révolution industrielle ont mis le voyage à la portée de tous. Les chemins de fer, les grands paquebots, l’aviation ont ainsi entraîné des expériences inédites du voyage. Pourtant, à côté de cette dimension artistique et touristique marquée par le dépaysement et le désir d’aventure, le voyage a pris, particulièrement à partir de la deuxième moitié du XX ème siècle, un caractère nouveau.

___ Le recours à l’immigration massive, liée aux nécessités du développement économique, l’appel à la main d’œuvre étrangère, la destruction des équilibres traditionnels et la question du droit d’asile entraînent, particulièrement en ce début du XXI ème siècle, un nouveau rapport à la frontière et au territoire. Chassés par la tragédie des guerres et de la misère, des milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile entreprennent le voyage vers l’Europe pour obtenir aide et protection.

___ Migrations, exils, errances : par leur ampleur et leur durée, ces flux migratoires en provenance du Moyen-Orient et des pays subsahariens bouleversent et inquiètent : les récits de voyage entrepris au XIX ème siècle ont laissé place à une réalité dramatique qui fait la Une de l’actualité : tel est l’enjeu de ce corpus, centré sur les rapports entre voyage, immigration et clandestinité ; entre déracinement, nostalgie du pays natal et quête d’un impossible Eldorado…

Activités d’écriture : 

♦ Synthèse : Vous réaliserez une synthèse concise, ordonnée et objective des documents suivants :

  • Document 1 : Marguerite Yourcenar, « Gares d’émigrants : Italie du sud », 1934
  • Document 2 : Laurent Gaudé, Eldorado , 2006
  • Document 3 : Valérie de Graffenried, « Voyage avec des migrants », Le Temps , 23 janvier 2015
  • Document 4 : Nash Paresh, « Human trafficking », 2015

♦ Écriture personnelle (sujet au choix) :

  • Dans quelle mesure notre expérience du voyage change-t-elle notre représentation du monde ?
  • Selon vous, quel rôle joue le voyage dans la connaissance de l’autre ?

Vous répondrez d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

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Document 1 : Marguerite Yourcenar, « Gares d’émigrants : Italie du sud », 1934.

Gares d’émigrants : Italie du sud

Entre les ballots mis en tas, Longs hélements appels d'une voix forte , sanglots, bagarres ; Emigrants, fuyards, apostats apostat : celui qui trahit une cause, un parti. Ici le mot désigne ceux qui, étant émigrés, semblent avoir renié leur pays d'origine et sont abandonnés de toute part. , Sans patrie entre les états ; Rails qui se brouillent et s’égarent.

Buffet : trop cher pour y manger ; Brume sale sur la portière ; Attendre, obéir, se ranger ; Douaniers ; à quoi sert la frontière ? Chaque riche a la terre entière ; Tout misérable est étranger.

Masques salis que les pleurs lavent, Trop las pour être révoltés ; Etirement des faces hâves hâve : amaigri, blafard, maladif et pâle. ; Le travail pèse ; ils sont bâtés bâté : qui porte un bât, c'est-à-dire un dispositif que l'on attache sur le dos de certaines bêtes de somme pour leur faire porter une charge. Ici, les réfugiés sont comparés à des animaux qu'on aurait bâtés. ; Le vent disperse ; ils sont jetés. Ce soir la cendre. À quand les laves ?

Tantôt l’hiver, tantôt l’été ; Froid, soleil, double violence ; L’accablé, l’amer, l’hébété ; Ici plainte et plus loin silence ; Les deux plateaux d’une balance. Et pour fléau la pauvreté.

Express, lourds, sectionnant l’espace, Le fer, le feu, l’eau, les charbons Traînent dans la nuit des wagons Des dormeurs de première classe. Ils bondissent, les vagabonds. Peur, stupeur ; le rapide passe.

Bétail fourbu, corps épuisés, Blocs somnolents que la mort rase, Ils se signent 'ils se signent' : ils font le signe de croix. , terrorisés. Cri, juron, œil fou qui s’embrase ; Ils redoutent qu’on les écrase, Eux, les éternels écrasés.

Marguerite Yourcenar, 1934.  Les Charités d’Alcippe , Gallimard NRF, 1956, 1984. 

  • Document 2 : Laurent Gaudé, Eldorado , 2006.

Laurent Gaudé (né en 1972) raconte dans Eldorado (Prix des lycéens de l’Euregio 2010) l’épopée dramatique de migrants africains épris de paix et de liberté qui rêvent de meilleures conditions de vie en Europe. Dans ce passage, Soleiman et Jamal, deux frères soudanais, font route vers la Libye afin de tenter la traversée pour l’Europe…

[Actes Sud, 2006, « J’ai lu », p. 88-91. De : « Dans ce paysage que nous ne connaissions pas », p. 88 à « Elles blessent toutes », p. 91]

____ Dans ce paysage que nous ne connaissions pas, le guide nous mène jusqu’à une route. Une voiture nous y attend. J’aurais voulu qu’elle ne soit pas là. J’aurais voulu qu’il faille marcher pendant des heures, des jours même, pour parvenir à l’atteindre. Mais elle est là.

____ Notre guide a salué le conducteur. Mon frère s’approche. Il parle à l’homme. Je n’entends pas ce qu’ils disent mais je vois mon frère sortir de l’argent et le lui tendre. C’est mon passage qu’il paie. Cet argent qu’il donne est celui qui lui manquera pour s’acheter des médicaments. Je voudrais lui crier de reprendre les billets mais je ne le fais pas. Je suis épuisé. C’est comme un peu de sa vie qu’il donne à cet homme. Il se condamne à la dou leur pour moi. ·

____ Je sais que maintenant les choses vont aller très vite. C’est ce que veut Jamal. Que je sois happé par le rythme du voyage. Le conducteur va vouloir que j monte et il démarrera sans attendre. Je veux un peu de temps. Je repense au thé que nous avons bu chez Fayçal. Je croyais que nous faisions nos adieux à la ville mais Jamal savait, lui, qu’il reviendrait. C’est à moi qu’il disait adieu. Cette tristesse dans ses yeux, c’était celle d’avoir à quitter son frère.

____ Notre guide vient me saluer. Il me recommande à Dieu et ajoute, avant de faire trois pas en arrière : « Si tout va bien, tu seras à Al-Zuwarah dans deux jours. » Je regarde mon frère. Je suis perdu. ____ — Où est-ce que je vais, Jamal ? ____ Je ne sais même pas où je pars. Il voit mon trouble. Alors, encore une fois, il s’approche de moi et m’entoure de son calme. Il m’explique qu’il a payé pour tout, que je n’ai plus à me soucier de rien, simplement me concentrer sur mes forces et aller jusqu’au bout. La voiture m’emmène à Al-Zuwarah, sur la côte libyenne. Elle me déposera dans un appartement où les passeurs viendront me cher¬cher. Je paierai la deuxième moitié à ce moment-là, pour la traversée. Jamal parle lentement. Il a tout calculé. Tout prévu. Il me demande si j’ai bien compris. Je ne parviens pas à penser que je vois mon frère pour la dernière fois. La tête me tourne. J’ai besoin d’appui. […] Je me remplis de lui pour ne jamais oublier le visage qu’il a à cet instant.

____ Je monte à l’arrière de la voiture qui démarre d’un coup, Jamal et le guide me font signe, un temps, de la main, puis me tournent le dos et reprennent leur marche en sens inverse. Je suis loin de chez moi. Cette voiture poussiéreuse m’arrache à ma vie. Ce sera ainsi désormais. Je vais devoir faire confiance à des gens que je ne connais pas. Je ne suis plus qu’une ombre. Juste une ombre qui laisse derrière elle un petit filet de poussière.

____ Nous roulons sans cesse. De jour comme de nuit. Toujours vers la mer. Je me perds dans des terres que je ne connais pas. J’imagine Jamal en train de faire la route dans l’autre sens. li repasse la frontière, sans joie cette fois, sans embrassade, retrouvant sa vie laide d’autrefois. Comme une bête qui, après s’être échappée, retourne de son propre chef à l’étable.

____ Je me suis trompé. Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Et qu’il n’y ait ni fils barbelés ni poste frontière n’y change rien. J’ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l’on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.

Laurent Gaudé, Eldorado , Actes Sud, 2006, « J’ai lu », p. 88-91. Edition numérique : https://www.google.fr/books/edition/Eldorado/C_QJL_AA3OwC?hl=fr&gbpv=1&dq=Laurent+Gaud%C3%A9+Eldorado&printsec=frontcover

Document 3 : Valérie de Graffenried, « Voyage avec des migrants », Le Temps *, 23 janvier 2015. https://www.letemps.ch/voyage-clandestins-syriens-echoues-europe * Le Temps est un quotidien suisse édité à Genève.

[…] Gagner l’Allemagne, c’est le vœu de Tariq. Mais pas seul : il voyage avec son bout de chou de neuf ans, Maher, qui trotte menu derrière lui malgré les dangers, le froid et la précarité. Ensemble, ils ont quitté la Syrie il y a plus de deux mois et ont rallié d’autres réfugiés syriens, migrants clandestins, qui tous veulent rejoindre le nord de l’Europe, par n’importe quel moyen.

Après l’enfer de la guerre, ils sont tombés aux mains de trafiquants sans scrupules qui les ont entassés à fond de cale pour traverser la Méditerranée, ont été secourus par les garde-côtes italiens, placés dans des camps de fortune, puis ils ont repris leur progression obstinée vers le nord, en s’arrêtant à Milan, le passage obligé vers lequel toutes les routes, légales et illégales, convergent. […] Deux ou trois volontaires, selon l’heure, accueillent, conseillent et orientent les exilés syriens. Chaque matin, ils disposent une table à l’entresol du hall central […]. Les Syriens ne manquent pas d’arriver, petit à petit en fin de matinée, pour ce qui est devenu le rendez-vous informel des clandestins. […] Tariq et Samir ont déboursé 6000 dollars chacun pour traverser la Méditerranée. Ils sont désormais à sec. Trois jours plus tôt, ils ont payé 400 dollars la place à un passeur pour qu’il les conduise en voiture jusqu’à Munich. «Tout était réglé, nous devions payer une partie au départ, le solde à l’arrivée.» Les détails sont arrangés par un compatriote syrien, un intermédiaire. Le conducteur, un Égyptien résidant en Allemagne, les pousse dans son minibus. « Après huit heures de route, il nous a débarqués précisant que nous étions à Munich », raconte Tariq. Ils étaient en fait retournés à la case départ, la gare de Milan.

En plus de Tariq et d’Afran, quatre autres passagers avaient pris place à bord du van. Tous ont été floués. Aucun des pigeons n’osera porter plainte, explique Tariq: « Que dire au commissariat ? Que j’essayais de passer illégalement en Allemagne ? Je dois récupérer mon argent pour continuer le voyage ! » Tariq n’a pas perdu espoir, il reste en contact téléphonique avec son voleur qui, jour après jour, lui promet de le rembourser. […] La nuit est tombée depuis longtemps, mais ce n’est encore que le début de la soirée. Pour Tariq, Afran, Samir, Moncef, Abou Leyla et Maher, c’est l’heure du couvre-feu : ils logent dans un centre d’hébergement d’urgence situé en périphérie et doivent rentrer avant 20 heures. Le trajet prend une heure. Dans la zone industrielle où se trouve l’abri, via Corelli, le paysage devient gris et l’éclairage public anémique. Le centre se trouve derrière murs et grillages, en contrebas d’une bretelle d’autoroute. « Il y a une majorité de Syriens», explique le directeur: « Ils se répartissent dans six centres, dont celui-ci. En automne, il y en avait quatre de plus. Les réfugiés ne restent pas longtemps. Ils filent rapidement vers d’autres cieux.»

L’Italie ne figure pas au rang des pays d’accueil que choisissent, quand ils le peuvent, les réfugiés, commente Samir: « Il n’y a rien pour nous ici. Pas de travail, ni de perspectives. Les Italiens ne veulent pas de Syriens chez eux. En revanche, en Allemagne, en Suède et en Norvège, c’est facile d’obtenir un permis de résidence. En Suède, tu reçois même de l’argent.» Abdallah tient cela de contacts, cousins et amis, qui ont fait le voyage avant lui. Il a fait son choix: Stockholm. Est-il sûr de l’accueil qui lui sera réservé ? « Après ce qu’on a traversé, tout semblera doux comme du miel. En plus, j’ai de la famille là- bas. »

Le lendemain, un mercredi, dès le matin les trafics s’organisent à la gare de Milan. A l’entrée, un rabatteur a réuni une demi-douzaine de candidats au voyage, probablement aussi des Syriens. Le Tunisien rencontré la veille apparaît et récolte discrètement des billets de banque, un rendez-vous est pris. Malgré les filouteries, la voiture est réputée plus sûre que le train où les contrôles des douaniers sont de plus en plus stricts.

Le petit groupe de migrants avec quelques sacs pour tout bagage est ramené vers une salle d’attente à l’intérieur. La pièce est chauffée, mais l’odeur d’urine et de relents d’alcool infâme. Une heure d’attente avant qu’un comparse ne rapplique pour prendre en charge la troupe, qui quitte les abords de la gare en faisant de prudents détours puis disparaît dans un immeuble.

Retour à la gare. Tariq, que nous avons quitté la veille, arrive le premier, vers midi. Il a veillé une partie de la nuit, pour imaginer une solution, en vain: il est tributaire d’un virement hypothétique. Samir suit, il veut partir au plus vite, et pourrait avancer une partie de l’argent du voyage à Tariq et à Afran, qui refusent d’abord. Sur les bancs de marbre de l’entresol, la discussion bat son plein. L’impatience et la peur alternent : partir ou attendre encore ? Afran et Tariq penchent pour différer le départ, Samir et Abou Leyla ont tranché, ils partent. Moncef ne sait pas. […]

  • Document 4 : Nath Paresh*, « Human trafficking »** (2015). 

* Nath Paresh est un dessinateur travaillant pour le quotidien Khaleej Times , publié en anglais à Dubaï et aux Emirats Arabes Unis depuis 2005. Il a également dessiné dans le  Herald Tribune en Inde de 1990 à 2005. Il a remporté le prix de l’ONU en 2000 et 2001. Ses dessins sont publiés dans diverses publications internationales à travers le monde : le New York Times, International Herald Tribune (Paris ), Los Angeles Times, World Press Review, The Guardian, Ouest France, Time, Courrier International… 

** Traite d’êtres humains. « Reach Europe at a low price » : « Rejoignez l’Europe à faible coût ».

texte sur le voyage bts

Entraînement à l’épreuve de Culture générale et expression du BTS. Sujet type : la route, une invitation au voyage. CORRIGÉS

Bts 2023-2024 « invitation au voyage… » entraînement n°1 : synthèse + écriture personnelle → corrigés pour accéder au corpus, cliquez ici ., les mots clés du corpus.

  • vagabondage : le vagabondage désigne un certain style de vie caractérisé par le goût de l’aventure. Il est souvent associé à une vie errante, au fait d’aller çà et là, sans destination précise. Dans un sens plus général, le vagabondage caractérise le fait de voyager beaucoup, sans se fixer sur un territoire.
  • nomadisme : le nomadisme désigne à l’origine les peuples sans habitat fixe, dont la vie itinérante était dictée prioritairement par la recherche de territoires cultivables (nomadisme géographique). Par extension, le nomadisme est la tendance comportementale à ne pas se fixer dans un territoire. Ainsi, dans  le monde moderne, l’appel de la route et la multiplication des voyages sont une réponse à un mode de vie de plus en plus sédentaire.
  • road trip : cette expression d’origine nord-américaine caractérise un voyage d’agrément sur les routes, parfois à pied mais le plus souvent à moto ou en voiture (notamment en camping-car, en van, etc.). Le road trip est souvent associé à une vie d’aventure, de nomade et de bohême, sans contrainte sociale.
  • Beat Generation : symbole de l’Amérique des années 50 et 60, la Beat Generation est un mouvement de contre-culture, protestataire et libertaire, né de l’amitié entre Jack Kerouac et le poète Allen Ginsberg. Le qualificatif de « beat » renvoie à la fois au rythme trépidant du jazz et à la quête de la « béatitude » comme voyage intérieur. Le « beatnik » est donc un marginal revendiquant un mode de vie assez utopique. Par son pouvoir de subversion, la Beat Generation a largement influencé les Hippies et le mouvement de Mai 68 .

Présentation du corpus Pour accéder au corpus, cliquez ici .

Le corpus présente la route comme une composante essentielle du voyage. Partir sur les routes, c’est en effet choisir de rompre avec l’enracinement sédentaire et ses normes pour une quête de la vie authentique.

  • Document 1. Isabelle Eberhardt (Genève, 1877 – Aïn-Sefra, Algérie, 1904) est une écrivaine et exploratrice qui a rompu très jeune avec les valeurs occidentales pour adopter la culture arabe et la civilisation islamique. Elle a mené une vie de nomade, mêlant son existence à celle des peuples de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie auxquels elle vouait une véritable admiration. Dans ce texte, le vagabondage est présenté comme un processus salutaire d’individualisation et d’affranchissement des normes sociales. Paria moderne, le vagabond est celui qui peut goûter vraiment la beauté du monde.
  • Document 2. Chef de file de la « Beat Generation », Jack Kerouac (1922-1969) est un écrivain américain d’origine canadienne-française. Rédigé en 1951 mais publié en 1957, Sur la route est considéré comme le récit fondateur du mythe de la route : à la fois errance antisystème et voyage intérieur. Dans le passage présenté, la route elle-même devient intrigue et le voyage cheminement spirituel, moyen de s’emparer, en le parcourant, du monde qui nous entoure.
  • Document 3. La chanson « On ira » célèbre autant les routes de l’exil que l’envie d’ailleurs. Mais si désir de fuite il y a, ce désir est surtout une quête de vérité : la route fonctionne en effet comme territoire identitaire. Loin d’être une fuite dans le monde fantasmatique, l’errance apparaît dans sa double nature : à la fois transgressive et quête idéale d’authenticité, loin du factice et du simulacre du monde.
  • Document 4. Adeptes de la vanlife , Éric Bournot et Joana Boukhabza exposent dans ce récit de voyage leur attachement aux road trips. Le passage présenté constitue l’introduction de l’ouvrage : les auteurs expliquent leur fascination pour la route qui les a conduits à quitter leur quotidien tout tracé d’architectes pour s’adonner aux vibrations de la route, entre envie de nature et quête d’authenticité.

Conseil : même si le tableau comparatif est évidemment important pour réaliser votre plan, n’hésitez pas, dès les premiers repérages, à identifier spontanément des informations essentielles (quoi ? comment ? pourquoi ?) et à exploiter un plan-type au moment de formuler vos axes : cela vous aidera à percevoir de façon plus globale et spontanée la structure du corpus ainsi que le mode de relation entre les documents.

Le plan de la synthèse

I) Se perdre… a) La route comme rupture : s’affranchir du connu et des conventions sociales [1, 7, 13, 20] b) La recherche de l’inattendu, de l’inconnu, de sensations nouvelles grâce à l’errance [1, 6, 12, 21] c) La communion avec la nature, la fusion avec le monde [2, 8-9-10, 16, 23]

II) … Pour mieux se retrouver. a) La quête d’une vie authentique, la quête de sens [3, 8-9, 14, 19-20] b) la route comme nécessité intérieure : pas de retour en arrière [5, 10, 17, 22] c) le vagabondage, métaphore de la quête de la pureté [4, 11, 15-16-18, 23]

La synthèse rédigée

[ Introduction]

____ On a souvent tendance à caractériser l’errance sur les routes comme une sorte d’égarement, d’absence de but qui ne mènerait nulle part. Le corpus soumis à notre examen infléchit pourtant cette vision négative du voyage. Il comporte quatre documents publiés entre le début du XX e siècle et notre époque.

____ Le premier document signé Isabelle Eberhardt est extrait d’un essai fondateur intitulé Vagabondages (1902). L’autrice y fait l’éloge du vagabond, paria moderne qui peut goûter vraiment la beauté du monde en s’affranchissant des normes sociales. Ce point de vue se retrouve dans l’autofiction de Jack Kerouac, Sur la route (1957). Chef de file de la Beat Generation, l’auteur y raconte son périple sur les routes américaines, à la fois errance antisystème et voyage intérieur. Le troisième document est une célèbre chanson composée en 1997 par Jean-Jacques Goldman : « On ira ». Loin de la fausse conscience aliénante, la route y fonctionne comme territoire identitaire, à la fois éloge de l’exil et quête idéale du bonheur. Publié très récemment (2022), l e dernier document est extrait d’un récit de voyage, Road trips en van : Itinéraires sauvages et bucoliques sur les plus belles routes de nos régions . Eric Bournot et Joana Boukhabza expliquent leur fascination pour la vanlife , entre envie de nature et désir de connaissance.

____ Nous allons voir en quoi le corpus présente la route comme une composante essentielle du voyage : à la fois rupture avec l’enracinement sédentaire et les normes sociales, et quête d’une vie authentique qui est aussi une quête de sens.

[ I. Se perdre…]

____ Parce qu’elle s’inscrit dans l’imaginaire des grands espaces, la route permet d’ouvrir son regard sur le monde : telle est la première impression qui ressort à la lecture du corpus De fait, le mythe fondateur de la route, c’est l’exploration de l’inconnu, le désir d’aventure, qui permet une autre relation au monde et à la réalité des choses.

[a. La route comme rupture : s’affranchir du connu et des conventions sociales]

____ En premier lieu, partir sur les routes c’est souvent renoncer au confort de la vie sociale. L’errance s’accompagne en effet d’une volonté de rupture avec le bien-être de la vie sédentaire. Eric Bournot et Joana Boukhabza justifient leur choix de la vanlife comme l’occasion de quitter un schéma de vie stéréotypé et conformiste. Les trois autres documents accentuent ce constat au point de présenter le vagabondage comme une véritable philosophie de vie. Isabelle Eberhardt en fait même le ferment de son itinéraire existentiel : selon elle, s’en aller constitue un affranchissement, véritable liberté qui permet de rompre les entraves de la vie sociale. On retrouve cette impression dans la chanson de Jean-Jacques Goldman pour qui la route est l’occasion de laisser derrière soi les codes imposés par la société. Ce constat est également partagé par Jack Kerouac : selon lui, le vagabondage est un affranchissement de la triste absurdité de la vie. À l’opposé, le voyage procure un indéfinissable sentiment de mystère et de liberté.

[b. La recherche de l’inattendu, de l’inconnu, de sensations nouvelles grâce à l’errance]

____ Le vagabondage sur les routes est par ailleurs présenté dans tous les documents comme une recherche de l’inconnu et de l’inattendu. Dans sa chanson, Jean-Jacques Goldman montre très bien comment l’errance s’accompagne d’abord d’incertitude et de mystère : « on partira de nuit loin des villes soumises ». Cet affranchissement que nous relevions précédemment est en effet la condition d’une véritable quête de la vraie vie et des valeurs authentiques. Isabelle Eberhardt montre à ce titre que renoncer à l’ennui, à l’immobilité du conformisme social, c’est appréhender le monde dans sa nouveauté, son dénuement et son mystère. On retrouve très bien cette impression dans le roman de Jack Kerouac : le long périple entrepris s’accompagne de plusieurs notations qui constituent un atlas surprenant et fascinant des lieux traversés. De ce point de vue, l’errance est à l’opposé des certitudes du monde. Eric Bournot et Joana Boukhabza évoquent ainsi le plaisir d’une vie « faite d’ailleurs, d’inattendu et de rencontres ».

[c. La communion avec la nature, la fusion avec le monde]

____ Enfin, l’un des points essentiels du vagabondage sur les routes est qu’il permet une totale communion avec le monde. Ainsi , v ivre en harmonie avec la nature est l’un des principes de la vanlife qui prône un mode de vie plus authentique. De même, on perçoit bien chez Jack Kerouac la façon dont le voyage devient un véritable mode de connaissance et de déchiffrement : véritable voyage de formation, le périple à travers les États-Unis est l’occasion de percevoir le mystère du monde et de ressentir des émotions fortes entre réalité intérieure et extérieure. La chanson de Goldman met également en évidence cet aspect : être en quête « d’étoiles » et de « chercheurs d’or », n’est-ce pas vouloir bâtir un monde plus idéal ? Comme le rappelle Isabelle Eberhardt, face à l’existence ordinaire et sédentaire faite d’ennui, de conformisme et de servitude, le vagabondage permet au contraire de se donner entièrement à la magie du voyage, qu’elle interprète comme un état de fusion sans limites avec le monde, dans sa vérité la plus profonde.

[ II. … Pour mieux se retrouver.]

____ Si le corpus fait du voyage par la route un besoin physique de fuite en avant et de découvertes, c’est surtout pour l’interpréter comme un état d’esprit permettant de réfléchir sur le sens de la vie. Voyager permet donc de se perdre, mais pour mieux se retrouver. 

[a. La quête d’une vie authentique, la quête de sens]

____ La quête d’une vie authentique est en effet la raison première qui pousse à partir sur les routes. Pour Eric Bournot et Joana Boukhabza, c’est l’occasion de se découvrir soi-même en s’ouvrant à l’altérité du monde. Plus fondamentalement Jean-Jacques Goldman fait du cheminement sur les routes la condition essentielle d’un accès aux dimensions fortes de l’existence : « on interdira les tiédeurs », manière de revendiquer une recherche des vraies valeurs à l’opposé des simulacres du monde. On comprend pourquoi cette quête est présentée comme ressourcement de tout l’être. « Tout seul dans la nuit », le narrateur du roman de Kerouac en fait même une recherche fondamentale du sens de la vie. L’errance lui procure un tel sentiment de plénitude existentielle et de ressourcement que l’auteur n’hésite pas à évoquer la « pureté de la route… sacrée ». Isabelle Eberhard va encore plus loin en n’hésitant pas à interpréter le vagabondage comme une véritable quête philosophique et spirituelle basée sur le renoncement aux illusions du matérialisme.

[b. la route comme nécessité intérieure : pas de retour en arrière]

____ En outre, le voyage sur les routes est présenté dans tous les documents comme une véritable nécessité intérieure : le retour en arrière n’est en effet pas possible. Chez  Jack Kerouac ou dans la chanson de Jean-Jacques Goldman, l’errance est vécue comme nécessité de porter le voyage plus loin : « on s’arrêtera pas dans les ports » chante Goldman pour signifier cette quête de l’absolu à travers le voyage de la vie qui marque tout l’univers de la chanson. De même, dans le roman de Kerouac, la traversée vers le sud apparaît comme la condition d’une sorte de quête ininterrompue : le retour serait vécu comme l’échec du voyage. Eric Bournot et Joana Boukhabza confessent à ce titre leur nécessité d’être toujours en mouvement. Cette impression prend tout son sens sous la plume d’Isabelle Eberhardt qui fait du vagabondage la condition fondamentale d’un affranchissement de ce qu’elle nomme la « machine sociale ». Elle est sans doute la seule à mettre à ce point l’accent sur la marginalité, comme condition fondamentale de l’accès à l’être.

[c. le vagabondage, métaphore de la quête de la pureté]

____ Enfin il faut comprendre d’après les documents analysés combien la route apparaît comme l’allégorie d’une quête de la pureté. Pour Isabelle Eberhardt, partir sur les routes c’est se défaire du nihilisme du monde et de ses fausses valeurs : ainsi fait-elle de sa vie nomade une véritable quête d’absolu, à l’opposé des artifices et de la fausse conscience qui résulte du système. De même Jean-Jacques Goldman, dans sa quête d’une impossible Terre promise rejoint par plusieurs aspects les propos de Jack Kerouac qui n’hésite pas à qualifier son périple sur les routes de « pèlerinage ». D’ailleurs à la fin de l’extrait on peut interpréter le fait de se défaire des vieux vêtements comme une mise à nu de soi-même, loin des conventions sociales : en ce sens le voyage permet, en allant au bout du monde, d’aller au bout de soi-même. Eric Bournot et Joana Boukhabza rappellent à ce titre combien leurs road trips sont une quête quasi existentielle : à travers la vanlife , il s’agit de chercher à se découvrir afin de se construire pour atteindre la vérité.

[Conclusion]

____ Comme nous l’avons vu à travers l’étude de ce corpus, l’errance sur les routes apparaît comme une quête multiple : à la fois quête de l’affranchissement, quête incessante d’un ailleurs, d’une identité, et surtout quête de sens. Loin des bonheurs superficiels, la route est ainsi le miroir d’un ailleurs fantasmé, qui passe plus ou moins par le rejet de la terre-mère, le rêve de liberté et la volonté d’échapper à l’ordre établi, aux préjugés et à l’hypocrisie d’un monde de compromis. 

© Bruno Rigolt, octobre 2022

② Les deux sujets d’écriture personnelle

  • À la différence de la synthèse qui exige une stricte neutralité, vous devez clairement affirmer votre opinion.
  • Convaincre et persuader…  Quel que soit le type de sujet, il s’agit de proposer des pistes de réflexion. Pensez à mettre en valeur votre démarche argumentative : vos arguments doivent toujours être illustrés par un ou plusieurs exemples tirés du du corpus, des œuvres étudiées pendant l’année et/ou de votre culture générale (littérature, arts, actualité…).

➤ Sujet 1 : Dans quelle mesure le dépaysement permet-il de réfléchir différemment sur soi ?

Un plan thématique est souhaitable : ce type de plan n’amène pas à une discussion mais à étayer la validité d’une thèse donnée : (le dépaysement permet de réfléchir différemment sur soi). Les différents paragraphes de votre travail abordent chacun un aspect particulier du sujet.

Plan  possible

➤ sujet 2 : vous est-il arrivé de vouloir tout quitter pour partir sur les routes  .

Ce type de sujet amène ici à soutenir un raisonnement illustré par des exemples  répondant à une problématique dans le but de convaincre un lecteur en justifiant ou en confrontant des thèses successives.  La démarche dialectique (oui/non) semble tout à fait indiquée. Vous pouvez par exemple défendre un point de vue dans la thèse (votre première partie) en trouvant au moins deux arguments illustrés d’exemples, et à le nuancer dans l’antithèse (votre deuxième partie) en trouvant également deux arguments illustrés d’exemples :

  • Oui , il m’est arrivé de vouloir tout quitter pour partir sur les routes
  • Non , pour être « heureux » il faut aussi revenir/rester chez soi 

Un plan thématique est également envisageable : ce type de plan n’amène pas à une discussion mais à étayer la validité d’une thèse donnée : oui ou non. Les différents paragraphes de votre travail abordent chacun un aspect particulier du sujet. Dans ce cas, trois arguments (donc trois paragraphes) sont attendus.

Plan développé

I) Oui, il m’est arrivé de vouloir tout quitter pour partir sur les routes.

II) Mais faut-il condamner pour autant le désir de sédentarité ?

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L’affaire Ravel, ou le criant échec de l’école de la République face aux pressions islamistes

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RÉCIT - Le premier ministre a reçu mercredi le proviseur parisien qui a quitté ses fonctions après avoir été menacé de mort.

Cible de menaces de mort sur internet depuis son altercation, il y a un mois, avec une élève majeure qui avait refusé d’ôter son voile dans l’enceinte scolaire, le proviseur du lycée Ravel, dans le 20 e arrondissement de Paris, vient de quitter ses fonctions . «La terreur s’est installée , lâche un professeur qui connaît bien le dossier. Des militants djihadistes aux adolescents instrumentalisés sur les réseaux sociaux, ceux qui veulent faire chuter l’école de la République savent désormais comment le faire: en la terrorisant.»

La mise en retrait de ce proviseur renvoie l’image d’un État débordé par la pression islamiste, alors même que les services de l’Éducation nationale, de la police et de la justice ont été largement mobilisés. L’école républicaine et laïque est devenue une cible pour ce qu’elle est , poursuit ce même professeur. Tout un pan de la société est encore dans le déni, y compris chez les profs. Certes, au niveau politique, il y a une vraie prise de conscience, mais elle intervient trop tardivement.»

Des menaces

Alors que Mickaëlle Paty, près de trois ans et demi après l’assassinat de son frère , Samuel, jeté en pâture sur les réseaux sociaux, vient d’engager une démarche «symbolique» , selon ses mots, pour que l’État reconnaisse sa responsabilité (du ministère de l’Éducation nationale en passant par celui de l’Intérieur), l’heure n’est plus aux tergiversations. Après l’altercation qui a eu lieu le 28 février au lycée Ravel, la ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, a apporté son plein soutien au proviseur et s’est rendue dans le lycée parisien, accompagnée du préfet de police, Laurent Nuñez. Dès le 1 er mars, le proviseur a bénéficié de la protection fonctionnelle octroyée par le ministère. Les chefs d’établissement parisiens, eux, se sont réunis le 4 mars devant la Sorbonne, pour faire bloc derrière leur collègue.

À lire aussi «Comment ne pas faire le lien avec Samuel Paty?»: au lycée Ravel, les profs en colère et des élèves dans le flou des rumeurs

Les policiers, envoyés aux abords de l’établissement le 29 février, y patrouillent encore. Quant au rectorat de Paris, il a fait un signalement au procureur de la République, sur le fondement de l’article 40, et les menaces en ligne ont été signalées au ministère de l’Intérieur. Le pôle national de lutte contre la haine en ligne a ouvert une enquête, dans laquelle deux individus ont été identifiés comme à l’origine des menaces de mort. L’un d’entre eux doit être jugé le 23 avril à Paris. Enfin, l’État portera plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre l’élève à l’origine de l’affaire, a annoncé Gabriel Attal mercredi. Malgré cela, le proviseur du lycée Ravel a quitté ses fonctions.

«Je respecte sa décision. Et je la comprends. Quand j’ai été agressé en 2001, je n’ai pas pu remettre les pieds dans mon établissement. J’ai demandé à ma hiérarchie une mutation », raconte Kamel Aït Bouali, aujourd’hui chef d’établissement de la cité scolaire Paul-Bert, dans le 14 e arrondissement de Paris, et secrétaire académique du Sgen-CFDT. Il tient à souligner la violence de l’affaire Ravel: «Celle d’un proviseur qui, après avoir demandé à une jeune fille de retirer son voile, conformément à la loi de 2004, a été menacé de mort sur les réseaux sociaux, sur fond de rumeurs.» Citée le 1 er mars dans les colonnes du Parisien , la jeune fille, étudiante en BTS, a affirmé avoir été «poussée» et «tapée violemment au bras» . Elle a témoigné aussi dans ce sens surleBondy Blog. Rapidement, sur les réseaux sociaux, il a été question d’une «gifle» donnée par le chef d’établissement. Un élément réfuté par le rectorat et la ministre de l’Éducation. Mais sans grand poids sur le net.

Quand j’ai été agressé en 2001, je n’ai pas pu remettre les pieds dans mon établissement.J’ai demandé à ma hiérarchie une mutation Kamel Aït Bouali, secrétaire académique du Sgen-CFDT à Paris

«Un départ anticipé»

Le 18 mars, le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) - une réminiscence du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissout en France en 2021 -, machine à traquer «l’islamophobie», publiait une vidéo de la jeune fille donnant «sa version» de l’histoire. «J’ai même pas eu le temps de me justifier ou de dire quoi que ce soit qu’il m’a poussée violemment et qu’il m’a mis un coup violent au niveau du bras», raconte-t-elle avant d’ajouter: «Dans les médias, ils racontent n’importe quoi, ils disent pas la vérité.» Enfin, elle précise: «On m’a parlé de votre association et on m’a dit que vous êtes vraiment les seuls à qui je peux faire confiance.»

À lire aussi Proviseur menacé de mort à Paris: une étudiante en BTS a-t-elle le droit de porter le voile?

C’est dans ce climat que, le 22 mars, dans un mail adressé à ses collègues, le proviseur du lycée Ravel explique avoir pris la décision «dès ce soir» de quitter ses fonctions «par sécurité pour (lui) et pour l’établissement» , après «quarante-cinq ans dans l’Éducation nationale» . Un mail dont les médias se sont fait l’écho le 26 mars. L’Humanité l’a même diffusé dans son intégralité, sans prendre le soin de masquer l’identité de l’auteur ni d’autres informations impliquant l’établissement et ses personnels. Dans la foulée, le rectorat de Paris a confirmé ce départ: «Le proviseur du lycée Maurice-Ravel arrivant à quelques mois de sa retraite, il a été décidé, au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines, de leur médiatisation et de l’impact qu’ils ont pu avoir sur lui, de lui accorder un départ anticipé», a-t-il dit avant d’évoquer, auprès de l’ AFP , des «convenances personnelles». Une expression d’usage, mais bien maladroite au vu des circonstances. «Des termes fourre-tout, extrêmement choquants , assène Jean-Rémi Girard au Snalc, syndicat enseignant. La communication n’est pas à la hauteur. Le problème, c’est que, depuis le 2 février, il n’y a plus de recteur de Paris (démissionnaire lors de l’épisode Amélie Oudéa-Castera, NDLR). »

«Défaite de l’État» face à «la gangrène islamiste qui prospère» , selon Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux européennes , conséquence des «petites lâchetés et grands renoncements» pour le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, ou encore «échec collectif» pour le socialiste Boris Vallaud… De l’extrême droite à la gauche, les responsables politiques se sont indignés du départ du proviseur. À l’extrême gauche, LFI n’a pas fait entendre sa voix. Il faut dire que, le 1 er mars, Danielle Simonnet, l’une de ses députées parisiennes, invitait à prendre l’affaire Ravel avec des pincettes. «Le proviseur a-t-il frappé l’élève?», interrogeait l’élue, alimentant les rumeurs qui couraient sur les réseaux sociaux, avant d’asséner que «le respect du non-port du voile ne justifie aucune violence physique» . Le 27 mars, le premier ministre, Gabriel Attal, - qui a prononcé l’interdiction de l’abaya quand il était à l’Éducation nationale - a été contraint de jouer les pompiers. À sa demande, il a rencontré le proviseur pour lui signifier le soutien du «plus haut niveau de l’État» . «Il n’y a aucune ambiguïté sur le fait que ce chef d’établissement quitte ses fonctions pour assurer sa sécurité , explique-t-on dans son entourage. Il n’y a pas de tabou. Qu’un proviseur ou un enseignant cesse d’exercer en raison de menaces est forcément un échec» , ajoute-t-on.

  • Incident lié au voile au lycée Ravel: la plainte de l'étudiante contre le proviseur classée sans suite
  • Lycée Maurice-Ravel: Gabriel Attal va recevoir le proviseur menacé de mort
  • Iannis Roder: «Tous les professeurs savent qu’on peut aujourd’hui mourir d’enseigner»
  • Gabriel Attal
  • Lycée Ravel

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le 29/03/2024 à 07:07

Excellent article. Ministre de EN out. Idem à pap.

France002001

le 28/03/2024 à 21:58

Il semblerai que la jeune fille ait disparue des radars et ne vienne plus au lycée. Vrai ou faux ???

François BS.

le 28/03/2024 à 20:34

La nomination de Mme Belloubet à l’Éducation Nationale est d’autant plus une provocation que son bilan à la Justice était déjà une calamité. L’affaire Mila a fini de la déconsidérer aux yeux d’une grande partie de l’opinion. Et aujourd’hui elle est un peu contrainte d’appliquer des réformes qu’elle trouvait ridicules.

Terrorisme : deux projets d'attentat ont été «déjoués» en France depuis début 2024, déclare Gabriel Attal

Après l'attentat de Moscou revendiqué par le groupe djihadiste État islamique, Gabriel Attal a annoncé que des «moyens exceptionnels» seraient déployés «partout sur le territoire».

Disparition d’Émile : le grand-père cité dans une affaire de violences sur mineurs

Philippe V., 58 ans, apparaît comme témoin assisté dans une affaire pour violences sexuelles et physiques sur mineurs lorsqu’il était membre d’une communauté religieuse dans les années 1990.

Le plan du gouvernement contre les maltraitances dans les établissements accueillant des personnes handicapées

Au lendemain de la diffusion d'une enquête de «Zone interdite» sur les défaillances de l'État dans le secteur du handicap, l’exécutif a annoncé que quelque 9200 établissements sociaux et médico-sociaux seront contrôlés à partir de 2025.

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texte sur le voyage bts

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  1. BTS Bon Voyage Letters

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  2. Calaméo

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  3. BTS Bon Voyage

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  4. poeme sur le voyage

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  5. Invitation au voyage... (programme BTS 2023-2024)

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  6. YOON on Twitter

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  1. [ENG SUB]BTS Bon Voyage season 2 ep 1 part 6#hawaii trip#btsedits

  2. BTS Bon Voyage season 2 ep 1 part 3 (friendship)

  3. [ENG SUB]BTS Bon Voyage season 2 ep 2 part 1#btsedits

  4. Dialogue Unité 6

  5. [ENG SUB]BTS Bon Voyage season 2 ep 4 part 2#hawaii trip#btsedits

  6. BTS Bon Voyage S1 Ep 1 Reaction

COMMENTS

  1. BTS 2023-2024 « Invitation au voyage…

    Le thème du voyage est un motif central du conte philosophique Candide (1759) de Voltaire : chassé d'un endroit connu et rassurant, Candide doit faire l'apprentissage de lui-même en se confrontant au monde (réflexion sur le voyage comme apprentissage de l'esprit critique).

  2. Invitation au voyage : introduction problématique au thème BTS de

    Quelle que soit la raison, le voyage nous ouvre une grande porte pour explorer le monde au-delà de notre imagination et s'adonner à de nombreuses choses. C'est pourquoi, dans cette introduction au thème de l'invitation au voyage, nous allons passer en revue tout ce qui fait la beauté, le plaisir et l'intérêt du voyage.

  3. Thème : Invitation au voyage...

    Thème : Invitation au voyage. Cours 1 : Voyage, histoire et élitisme; Cours 2 : Voyage initiatique; Cours 3 : Démocratisation du voyage; Cours 4 : Voyager ou ne pas voyager; Cours 5 : Pourquoi voyager ? Cours 6 : Voyage et image de soi; Cours 7 : Voyage et altérité; Cours 8 : Voyage et liberté; Thème : Dans ma maison. Cours 1 : Objet ...

  4. PDF BTS Madame Anne

    Vous préparez le BTS et vous voulez enrichir votre culture générale et expression sur le thème de l'invitation au voyage ? Consultez ce document qui vous propose des pistes de réflexion, des exemples de textes et d'images, des activités et des conseils méthodologiques.

  5. Invitation au voyage : références culturelles pour illustrer les

    Le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire illustre cette idée, en incitant à quitter notre quotidien triste et mélancolique pour un pays splendide et radieux. Le voyage crée une rupture dans notre routine quotidienne, offrant une pause dans nos vies rythmées et programmées.

  6. BTS : Invitation au voyage

    — larguer les amarres - faire ses bagages - bon vent ! - bon voyage ! - les voyages forment la jeunesse - mérite le déplacement - vaut le détour - poser ses valises - souvenirs de voyage - retour aux sources - retour au bercail - retrouver ses Pénates - faire son dernier voyage.

  7. BTS Thème "Invitation au voyage..."

    14 juin 2023. BTS Thème "Invitation au voyage..." - Voyage en argumentation. Cécile Akil, enseignante à Paris, propose une ressource permettant d'aborder le thème "Invitation au voyage..." à partir de la lecture de textes argumentatifs. Vous trouverez dans cette ressource quatre exercices différents à soumettre aux étudiants de STS.

  8. BTS Thème "Invitation au voyage..."

    13 déc. 2022. BTS Thème "Invitation au voyage..." - Lire un texte argumentatif ou comment devenir un lecteur actif; à partir de textes de Pierre Bayard et Anne Bécel.

  9. Invitation au voyage

    I. Le voyage : des aventures et des aventuriers. Film : Into the wild. Lecture cursive : L'or, Cendrars. Introduction : Stevenson : p. 38/39. « Quelle vision de l'aventurier ces textes proposent-ils ? St Exupéry ,Courrier Sud. Rimbaud : « Ma bohème » Sylvain tesson « j'organise mes voyages comme des métamorphoses »

  10. BTS 2023-2024. Migrants, exilés, réfugiés : de l'invitation au voyage à

    Document 1 : Marguerite Yourcenar, « Gares d'émigrants : Italie du sud », 1934. Gares d'émigrants : Italie du sud. Fanal rouge, œil sanglant des gares ; Entre les ballots mis en tas, Longs hélements, sanglots, bagarres ; Emigrants, fuyards, apostats, Sans patrie entre les états ; Rails qui se brouillent et s'égarent.

  11. Programme de BTS : « Invitation au voyage »

    Fanny Fromental. Marie-Joseph Gaillard. Documents à télécharger. Invitation au voyage 2.77 Mo. 01/02/2023. domaine 1.1 : les langages pour penser et communiquer : comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l'écrit. domaine 5 : les représentations du monde et l'activité humaine. Arts, lettres et langues.

  12. PDF Corpus type BTS n°2

    Corpus type BTS n°2 Thème : " Invitation au voyage…" Thème précis du corpus : Les artistes et le voyage, une source d'inspiration inépuisable. Arthur Rimbaud ( 1854-1891)-Blaise Cendrars ( 1887-1961)-Thylacine ( 1992) Corpus de Textes et documents : -Document 1 :"Ma Bohème", Arthur Rimbaud ( 1854-1891) , Cahiers de Douai, 1870.

  13. PDF Tesson, Petit Traité sur l'immensité du monde

    a) Le plan du texte : une étape essentielle que tout étudiant en BTS doit savoir faire pour réaliser sa synthèse. 3 moments : la dénonciation du monde moderne ; la partie centrale du texte où Tesson dresse une typologie du nomadisme ; le dernier paragraphe avec un changement dans l'énonciation. Apparition du je.

  14. Groupe de travail : BTS

    Pour les BTS 2, correction d'une devoir d'écriture personnelle sur un des deux thèmes au programme : le voyage. • Le voyage au féminin - Fichier envoyé le 02-01-2024 par Isabelle Briffa. Tableau de confrontation et plan de synthèse pour le dossier, me contacter.

  15. BTS Thème "Invitation au voyage..."

    23 nov. 2022. BTS Thème "Invitation au voyage..." - Les femmes voyageuses. Virginie Philip, enseignante au lycée Dorian à Paris, propose plusieurs ressources dédiées au femmes voyageuses pour aborder le thème de CGE au BTS "Invitation au voyage..."

  16. Le nouveau thème de culture générale et expression du BTS 2023

    • Adeline A. Le BTS 2023 voit l'apparition d'un nouveau thème de culture générale et expression : « Invitation au voyage… ». On te donne quelques pistes de réflexions pour l'étudier.

  17. Invitation au voyage : références culturelles pour illustrer des

    Cet article est destiné aux étudiants des classes de BTS. Son objectif est d'explorer les aspects négatifs du voyage dans le cadre du thème de l'invitation au voyage. Nous aborderons les liens entre les références culturelles et les arguments négatifs du voyage.

  18. Français

    Écrire à l'auteur. Le dimanche 16 décembre 2018. Bac pro / BTS : proposition d'une séquence "Voyage, voyage"

  19. Lettres & Langues et culture de l'Antiquité

    Vous trouverez ici des corpus et des sujets sur le thème « Invitation au voyage…. » Ces documents sont proposés par Béatrice Touitou, professeure au lycée Langevin Wallon à Champigny-sur-Marne, et Cyril Gainaux, professeur au lycée Flora Tristan à Noisy-le-Grand.

  20. BTS Thème "Invitation au voyage..."

    4 janv. 2023. BTS Thème "Invitation au voyage..." - Le voyage de noces, entre rituel social et aventure. Carole Ravenelle, enseignante au Lycée Jean Drouant à Paris, vous propose une ressource abordant spécifiquement le voyage de noces, à travers un travail à mener en groupes, autour de divers documents.

  21. Cours 1 : Voyage, histoire et élitisme.

    "Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est ; et cela, nous le pouvons avec un Elstir, avec un Vinteuil ; avec ...

  22. Documentaire : « Invitation au voyage », Culture Générale BTS

    Références documentaires en lien avec le thème de Culture Générale en BTS : « Invitation au voyage ».

  23. BTS L'invitation au voyage

    22 likes, 0 comments - les_bavardages_de_sophie on January 15, 2024: "BTS L'invitation au voyage - film Avant les vacances, j'ai décidé de travailler sur le film ...

  24. BTS : invitation au voyage

    a) Ce sont des espaces à la fois clos et ouverts. b) Ils donnent envie de s'évader et de tout quitter. III) Les ports invitent à un déchiffrement symbolique. a) Il y a une forte dimension spirituelle dans les ports. b) Port et ressourcement personnel : le voyage comme révélation à soi-même.

  25. « Compréhension du profil des étudiants et leur rapport aux

    Dans le cadre du parcours de formation EAFC 2023-2024, les professeurs de BTS Comptabilité et Gestion, DCG et DSCG se sont retrouvés mardi 5 mars au lycée Parc Chabrières pour participer au module de formation « Compréhension du profil des étudiants et leur rapport aux apprentissages » animé par trois intervenants. Présentation de la journée de formation.[CB1]

  26. L'affaire Ravel, ou le criant échec de l'école de la République face

    Cible de menaces de mort sur internet depuis son altercation, il y a un mois, avec une élève majeure qui avait refusé d'ôter son voile dans l'enceinte scolaire, le proviseur du lycée ...