Poetica

Poésie, poèmes et poètes

le voyage baudelaire conclusion

À Maxime Du Camp

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d’une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace, Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où ! Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !

Chaque îlot signalé par l’homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L’Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; Son œil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

« Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus beaux paysages, Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux !

– La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? – Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »

Et puis, et puis encore ?

« Ô cerveaux enfantins !

Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché, Du haut jusques en bas de l’échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ; L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu’assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L’Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »

Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l’opium immense ! – Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d’autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu’autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n’a jamais de fin ! »

À l’accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! » Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

Charles Baudelaire

31 commentaires sur “Le Voyage”

Si tu cales au deuxième vers… Ça veut dire que l’envie de tout connaître est aussi grand que l’univers (c’est une image).

Que veux dire « l’univers est égal à son vaste appétit » ?

Qui suis-je pour juger de ce qui relève du sublime ? Le poète a dit. Écoutons-le humblement. C’est bien plus haut que nous… ce n’est pas mesurable à notre échelle de simples mortels

Bien écrit et tout.

Sarah, je vous aime!

Après Victor HUGO, « Abîme », « La vérité », « les 2 façons d’aimer », Après J-Claude PANTEL « Le Talent », « Les enfants d’Hermann HESS », « Caspar David FRIEDRICH », voici un chef-d’Oeuvre de Georges CHELON qui vient de mettre en chanson de manière MAGISTRALE ce poème « Le voyage » de Charles BAUDELAIRE ! Vous le trouverez sur YT :

https://www.youtube.com/watch?v=XEQM_x1I6A0

Un chef d’oeuvre ? NON ! Un élixir des Dieux… L’ivresse des cimes !

Je dois l’apprendre pour le college et c’est compliqué.

Je réponds à ceux qui le trouve long, c’est parce vous êtes à court d’imagination et de rêves, n’ayez pas peur c’est notre histoire que Charles déroule devant vos yeux !

C’est bien !

Apprendre ce poème en verlan et remonter à la source

Où que l’on parte, nos ombres nous suivent, comme des chiens accrochés à nos basques. L’idéal rongeur, pour reprendre Charles, mon semblable mon frère, fuit comme l’horizon au fur et à mesure que notre vaisseau poussé par les vents des espoirs jamais satisfaits, presque toujours éternellement déçus, sur les vagues d’un temps toujours fuyant. Que faire? Partir rester? Qu’importe nous semblons tous rivés à nos destins ignorés, accrochés comme des pendus à leur potence. Où donc nous diriger? En quoi espérer? Sinon en Dieu ou bien la Mort? Ou encore le néant d’une pureté parfaite?

Magnifique Charles, l’alchimiste, qui nous révèle la Lumière dans un noir profond!

Un poème qui mène le genre humain dans l’aventure à toutes les époques et les épreuves inconnues qu’elle doit traverser c’est notre destin, il est magnifique.

A lire sans modération pour peut-être mieux appréhender notre époque, l’Humanité est en tout temps la même, même si elle s’exprime différemment à chaque génération.

Liberté oblige.

Ce poème annonce un peu <>, comme s’ils étaient du même auteur. Les derniers vers sont d’un monde inconnu.

C’est un poème assez sombre. Au final il nous dit que les hommes et les femmes sont pourris partout pareil et que le seul voyage qui vaille vraiment la peine est la mort.

Ce poème touche l’essence des coutumes des lois des religions. Il résume l’histoire de l’esclavage et les aventures de Liberté.

Ce poème est bien, mais il est un peu… long

C’est un beau poème même s’il est très long. Je voulais le prendre pour un devoir de français, mais du coup j’hésite. Malgré tout c’est un des plus beaux poèmes que Baudelaire ai écrit.

Qui pourrait m’expliquer ce poème svp. Je le trouve super mais j’ai du mal à le comprendre. Je sais que ça parle de voyage et de voyageurs mais je n’arrive pas à l’accrocher. Merci…

Il nous fait voyager ce poème.

J’adore ce poème. Il est profond, magique, touchant.

C’est, je le pense, un poème aux influences romantiques, parnassiennes et qui tend vers le symbolisme. On y pense à des inntertextualités diverses : Homère, Lamartine, Hugo, et ses accents annonce le fameux « Bateau ivre » de Rimbaud, qui a sûrement lu ce poème. C’est top. Je vais l’offrir à la réfléxion de mes élèves demain, qui vont le « goûter » comme un mets sublime. Isah

C’est, je le pense, un poème aux influences romantiques, parnassiennes et qui tend vers le symbolisme. On y pense à des inntertextualités diverses : Homère, Lamartine, Hugo, et ses accents annonce le fameux « Bateau ivre » de Rimbaud, qui a sûrement lu ce poème. C’est top. Je vais l’offrir à la réfléxion de mes élèves demain, qui vont le « goûter » comme un mets sublime. Isah

C’est quoi comme type de poème ?

Je voudrais savoir si quelqu’un ne saurait pas à quel mouvement littéraire appartient ce poème?

Quand a été écrit ce poème?

Un poème tout simplement magique *u*

Un peu long mais bien.

Magnifique, Il nous fait voyagé !

Magnifique !

Merci pour ce poème. Il est tres beau !!

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L’invitation au voyage, Baudelaire : analyse

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l'invitation au voyage baudelaire

L’invitation au voyage, introduction :

«  L’Invitation au voyage  » se situe au cœur de la section «  Spleen et Idéal  » des Fleurs du Mal . Baudelaire évoque ici un monde idéal et nous livre sa vision de la poésie. Il s’adresse à la femme aimée et l’invite à un voyage particulier, à la fois réel et imaginaire (I) mais aussi poétique (II).

Questions possibles à l’oral sur « L’invitation au voyage » de Baudelaire :

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ? ♦ Quelles sont les caractéristiques de l’ idéal baudelairien d’après ce poème ? ♦ Commentez la composition et la progression du poème. ♦ Quelle vision de la poésie est représentée dans « L’invitation au voyage » ? ♦ Comment la femme est-elle ici représentée ? ♦ Analysez la musicalité du poème.

I – Invitation à un voyage à la fois réel et imaginaire

A – une invitation amoureuse.

Cette invitation au voyage est avant tout d’ordre amoureux .

En effet, au début du poème, Baudelaire s’adresse directement à la femme aimée à travers une injonction formulée à l’impératif  : « Mon enfant, ma sœur/ Songe à la douceur/D’aller là-bas vivre ensemble ! » (v. 1 à 3).

Le terme « ensemble » et l’emploi de pronoms possessifs souligne le caractère fusionnel du couple, de même que les rimes embrassées et l’ alternance entre rimes masculines (v. 1-2, 4-5, 7-8, 10-11, 13-14, 15-16, 18-19, 21-22, 24-25,…) et féminines (v. 3, 6, 9, 12, 17, 20, 23, 26,…).

De plus, le poète insiste sur cet amour à travers l’ anaphore du verbe « aimer » : «  Aimer à loisir/ Aimer et mourir » (v. 4-5).

Ainsi, la femme est le point de départ du voyage , l’ élément déclencheur .

D’ailleurs, le paysage prend les traits de l’aimée et se superpose à elle .

Baudelaire établit en effet une analogie entre la femme et le paysage décrit : « Au pays qui te ressemble ! » (v. 6). Il compare le soleil et le ciel aux yeux de son amante : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés/Pour mon esprit ont les charmes/Si mystérieux/De tes traîtres yeux/Brillant à travers leurs larmes » (v. 7 à 12).

Enfin, la deuxième strophe évoque l’ intimité du couple à travers un bref champ lexical  : « notre chambre » (v. 17), « secret » (v. 25).

B – Le voyage : un rêve éveillé

La description de la chambre souligne la dimension onirique de ce voyage .

On trouve ainsi un champ lexical du rêve et du sommeil  : « Songe » (v. 2), « chambre » (v. 17), « Dormir » (v. 30), « soleils couchants » (v. 35), « s’endort » (v. 39).

D’autre part, les adjectifs qualifiant le paysage à la première strophe dénotent un paysage flou , voilé , incertain et irréel : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés » (v. 7-8), « Si mystérieux » (v. 10), « Brillant à travers leurs larmes » (v. 12).

La diérèse sur le « i » de « mystérieux » renforce le mystère de ce paysage.

De plus, chaque strophe décrit un paysage différent . On passe ainsi d’une scène à l’autre sans transition logique , comme dans le rêve .

Cependant la description, marquée par une hypotypose∗ et soulignée par les démonstratifs ( « De ces ciels » (v. 8), « Vois sur ces canaux/Dormir ces vaisseaux » (v. 29-30), créée un effet de réel qui place ce voyage entre rêve et réalité , réel et imaginaire.

∗ hypotypose : figure de style qui consiste, pour une phrase, à mimer, reproduire ce qu’elle dépeint, donnant ainsi l’impression d’une description vivante, animée, qui se dessine sous nos yeux.

C – Un monde imaginaire et idéal

Mais c’est tout de même un monde imaginaire et idéal que peint ici Baudelaire.

Le conditionnel à la seconde strophe souligne la dimension imaginaire et irréelle du voyage : «  Décoreraient notre chambre » (v. 17), « Tout y parlerait  » (v. 24).

De même, l’emploi de l’ infinitif marque le caractère paradoxalement passif et immobile  du voyage : « D’aller » , « Aimer à loisir/Aimer et mourir » (v. 3 à 5), « Dormir » (v. 30), « C’est pour assouvir » (v. 32).

L’infinitif est également le mode de l’intemporel , mode idéal quand on sait que le temps est l’ennemi de Baudelaire.

Le lieu décrit par le poète est idyllique , voire utopique . C’est un monde idéal caractérisé par la beauté, le luxe et l’exotisme , ce qui est traduit par les champs lexicaux  :

♦ De la lumière et de la brillance : « soleils » (v. 7 et 35), « Brillant » (v. 12), « luisants » , « polis » (v. 15-16), « miroirs » (v. 22), « d’or » (v. 38), « lumière » (v. 40)

♦ De la beauté : « charmes » (v. 9), « beauté » (v. 13, 27, 41), « splendeur » (v. 23)

♦ De la richesse et du luxe ( leitmotiv baudelairien) : « Luxe » (v. 14, 28, 42), « riches plafonds » (v. 21)

♦   De l’exotisme : « vagues senteurs de l’ambre » (v. 20), « La splendeur orientale » (v. 23), « du bout du monde  » (v. 34).

Enfin, cette idéalisation est renforcée par les hyperboles et les superlatifs  : «  Si mystérieux » (v. 10), «  Les plus rares fleurs » (v. 18), « tout » (v. 13, 24, 27, 41), « la ville entière  » (v. 37).

Transition : Ce monde idéal dont rêve Baudelaire et qu’il peint ici est aussi celui de la poésie .

II – Un voyage poétique

A – une forte musicalité.

«  L’invitation au voyage  » présente une forte musicalité .

Tout d’abord, sa composition est similaire à celle d’une chanson  : chaque strophe, qui comporte douze vers alternant deux pentasyllabes et un heptasyllabe, est suivie d’ un refrain .

Malgré les vers impairs , le rythme est régulier et le poète parvient à créer une parfaite harmonie .

Cette régularité à la fois visuelle et sonore est soulignée par de nombreuses diérèses  : « mystér i eux » (v. 10), « or i entale » (v. 23), « D’h y acinthe » (v. 38).

L’harmonie est également due à la brièveté et à la fluidité des vers.

En effet, les vers sont courts et marqués par de nombreux enjambements  (v. 2 à 3, 7 à 8, 9 à 12, 19 à 20, 24 à 26, 30 à 34, 39 à 40). Aucun rejet ou contre-rejet ne vient rompre le rythme.

Par ailleurs, cette fluidité est accentuée par l’ allitération en « l »  :

« D’a ll er l à-bas vivre ensemb l e » (v. 3), «  L es so l eils moui ll és/De ces cie l s broui ll és » (v. 7-8), « Bri ll ant à travers l eurs l armes » (v. 11-12), «  L uxe, ca l me et vo l upté » (v. 14, 28, 42), « Des meub l es l uisants/Po l is par l es ans » (v. 15-16), «  L es p l us rares f l eurs/Mê l ant l eurs odeurs » (v. 18-19), «  L a sp l endeur orienta l e/Tout y par l erait/A l ‘âme en secret/Sa douce l angue nata l e » (v. 23 à 26).

B – L’idéal poétique de Baudelaire

A travers ce monde rêvé et imaginaire, c’est un idéal poétique que dépeint Baudelaire.

Cet idéal est avant tout marqué par les synesthésies et correspondances  : « Les plus rares fleurs/Mêlant leurs odeurs/Aux vagues senteurs de l’ambre » (v. 18 à 20), « Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38), « Le monde s’endort dans une chaude lumière » (v. 39-40).

Les principales caractéristiques de l’idéal baudelairien sont résumées dans les deux vers du refrain : « Là, tout n’est qu’ ordre et beauté / Luxe , calme , et volupté  » .

Ce refrain fonctionne comme une formule magique et donne au poème un ton incantatoire . Le voyage se réalise à travers la parole poétique.

Le poète est comme un magicien , capable de transformer le monde et de le sublimer , comme le souligne la métaphore des « soleils couchants » mise en évidence et en valeur par un tiret  :

«  – Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière,/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38).

Le poète est aussi celui qui parle « le langage des fleurs et des choses muettes » (voir le poème «  Elévation  » ). Il déchiffre et interprète la langue de l’invisible  : « Tout y parlerait/A l’âme en secret/Sa douce langue natale » (v. 24 à 26).

L’invitation au voyage, Baudelaire, conclusion :

Dans « L’Invitation au voyage  », c’est l’ idéal qui domine et l’emporte enfin sur le spleen, du moins le temps d’un poème.

Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et imaginaire au sein d’un monde idéal sublimé par le langage poétique. Il peint ainsi à travers la description de paysages et une forte musicalité son idéal poétique, marqué par l’harmonie.

On retrouvera cette vision moderne du poète alchimiste chez Rimbaud notamment (dans «  Voyelles  » par exemple).

Tu étudies Baudelaire ? Regarde aussi :

♦ Le balcon, Baudelaire : commentaire composé ♦ Correspondances, Baudelaire (analyse) ♦ La chevelure, Baudelaire (analyse) ♦ L’homme et la mer (analyse) ♦ Harmonie du soir, Baudelaire (analyse) ♦ Le chat, Baudelaire (commentaire) ♦ Parfum exotique, Baudelaire (lecture linéaire) ♦ L’Horloge, Baudelaire : analyse ♦ Le soleil, Baudelaire : analyse ♦ La vie antérieure, Baudelaire (commentaire) ♦ Chant d’automne, Baudelaire : analyse ♦ Une charogne, Baudelaire : commentaire ♦ Les phares, Baudelaire : analyse ♦ Hymne à la beauté, Baudelaire (analyse) ♦ L’albatros, Baudelaire : commentaire ♦ L’ennemi, Baudelaire (analyse) ♦ La cloche fêlée ♦ Le serpent qui danse (analyse) ♦ Le vampire, Baudelaire : analyse ♦ Recueillement, Baudelaire : analyse ♦ Remords posthume, Baudelaire (analyse) ♦ Spleen, Quand le ciel bas et lourd, Baudelaire (lecture linéaire) ♦ Alchimie de la douleur : analyse ♦ Moesta et errabunda : analyse ♦ Le crépuscule du matin : analyse ♦ Le vin des chiffonniers (analyse linéaire) ♦ Les Voiles, Lamartine : analyse ♦ La Port de Palerme, Anna de Noailles : analyse

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Qui suis-je ?

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

60 commentaires

Bonjour Madame ,

J’ai beaucoup de mal à « trier » les procédés » pour faire mes fiches : doit on pour chaque texte faire un plan de commentaire avec le brouillon , et prendre quelques procédés de chaque partie ou alors , faire en fonction des mouvements ? J’espère que vous comprenez ma question ? Merci beaucoup

Bonjour Madame,

Je passe mon BAC de Français cette année. Je voulais savoir si dans votre livre il y a les commentaires de texte ? ( par exemple avec les poème de Charles Baudelaire). Je vous parle de ceux que l’on peut imprimer et télécharger. J’espère que vous allez comprendre ce que j’ai essayé de vous expliquez.

Bonne journée à vous, merci d’avance pour votre réponse !

Bonjour Ceces, Les analyses de textes sont sur mon site uniquement, autrement mon livre ferait plus de 1000 pages 😉 Dans mon livre, tu vas trouver la méthode de tous les exercices, plein de conseils pour l’oral, pour ton organisation et ta gestion du stress et des devoirs corrigés et commentés. J’espère que cela te semble plus clair !

Bon je vais peut être pouvoir finir mon anthologie… En tout cas merci pour ces commentaire de texte, cela m’aide grandement, quel professeur donne une anthologie de 45 page a des élèves de 1er? Le mien! 😉 Merci beaucoup.

bonsoir je ne parviens pas à trouver une ré-adaptation pertinente du plan à la problématique « Analysez la musicalité du poème »

Je ne comprends pas comment on pourrait répondre à la problématique:

« Comment la femme est-elle représenté dans ce poème ? »

Je ne vois pas comment réajuster votre plan…

bonjour, comment repondre à la problématique : » commentez la composition et la progression de poéme » ?

Bonjour, Est-il possible de faire un plan à l’oral composé par exemple de 2 grandes parties ayant un nombre de sous parties différent ? Par exemple : I- A\ B\ C\ et II- A\ B\

Bonjour Amélie, merci beaucoup pour cette analyse elle est très complète et tu m’as beaucoup aidée. Mais j’avais une question tu penses que ce poème appartient à quel registre ?

Je te remercie Amélie pour cette explication qui met en évidence la modernité de Baudelaire et sa grande sensibilité poétique .Tes analyses sont toujours très fouillées intéressantes et d’ un grand secours , je les apprécie beaucoup.

Merci beaucoup pour cette analyse complète mais une petite question me tracasse… Comment expliquez vous la modernité du poème l’invitation au voyage ? Sur la forme aucun doute.. mais le fond c’est plutôt compliqué … la femme aimée est abordée (thème traditionnel) , la nature également .. Le rêve et l’idéalistation oui mais est-ce vraiment une preuve de modernité poétique durant son époque ? Nombreux poètes ont exploré ces thèmes. J’ai pensé au fait qu’il mentionne des aspects de la ville, des meubles.. Mais cela ne suffit pas pour tenir 10 minutes … S’il vous plait aidez-moi..

Merci beaucoup Amélie!!! Ces commentaires m’aident beaucoup! Il me permettent vraiment d’améliorer mes fiches pour l’oral!!

Bonjour Amélie, ma professeur de français m’a donnée un plan et une problématique pour « L’invitation au voyage » de Baudelaire pourriez vous me dire si cela fonction s’il vous plait Problématique: comment le paysage se constitue-t-il à partir de la femme aimée? Plan: I- Une plongée dans l’imaginaire a) Un rythme hypnotique qui favorise l’épanouissement de la rêverie b) Un effacement progressif de la réalité face à l’imaginaire c) Un poème qui allie extension spatiale et fermeture temporelle II- Le monde idéal créé par Baudelaire a) la place de la femme b) un décor qui correspond au refrain Merci d’avance, Laura

Bonsoir Amélie, un énorme MERCI à vous, grâce à vous j’ai eu la meilleure note de ma classe de L avec l’analyse de ce poème lors des oraux blancs! J’ai fait la fierté de mes professeurs de français des deux dernières années. J’adore votre site, qui m’aide vraiment beaucoup 🙂

bonjour amélie,

pourrais-tu me donner le titre du tableau ainsi que son auteur que tu as intégrer dans ton analyse merci

Bonjour Amélie, J’avais une question concernant le plan. Si la problématique posée est la suivante: « analysez la musicalité du poème », faut-il conserver toute la premiere partie qui à mon sens ne traite pas vraiment de la musicalité… Je suis un peu perdue… Merci d’avance pour votre réponse. Léna

Bonsoir ! Merci beaucoup pour cette analyse Amélie .. Mais y’a un petit truc que j’ai pas compris .. On m’a posé la question suivante : qu’est-ce qui permet d’interpréter le paysage de ce poème comme une évocation de la beauté idéale recherchée par le poète dans son travail poétique ? Et dans votre analyse le paysage n’apparaît « presque » pas ! C’est ma prof qui s’est trompé sur sa question ou c’est plutôt moi qui l’a mal interprété ? Mercii d’avance ! Cordialement Maeva .

Bonjour Maeva, Le paysage est présent dans le poème de Baudelaire et dans mon analyse. Tu as bien tous les éléments pour répondre à la question de ton professeur, mais il faut que tu partes d’abord de ta lecture du poème, que tu enrichis ensuite avec mon analyse, pour élaborer ensuite ta réponse.

Bonjour Amélie, j aimerais savoir si le plan que vous nous avez proposé est bon pour chaque problématique citées juste après l’introduction car j’ai du mal a comprendre le rapport entre certaines parties du plan et certaines problématiques.

Bonjour Bastien, J’élabore des plans qui vous permettent de répondre à toutes les questions possibles, mais tu dois quand même faire l’effort d’adapter ce plan à la question et de répondre clairement à la question posée. Si cela te semble confus, inscris-toi à ma formation gratuite : elle contient une vidéo très claire à ce sujet.

Quel est le titre et l’auteur de la peinture au début de l’analyse s’il vous plaît ?

Merci merci merci Amélie pour toute l’aide que tu nous donne ! J’ai repris ton plan pour ce poème le jour de mon oral et grâce à toi j’ai eu 20 !

Waou Daphné, super pour ce 20 !

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ?

Pourriez vous me donner un plan pour la problématique suivante: « Montrer la musicalité de ce poème. » Merci de votre aide!

I introduction Tu expose le contexte II une composition spécifique Dans le quelle tu mettrai la répétition des vers formant un « refrain » et la découpe des strophes et des vers III rythme visuel Tu parlera de schémas de versification (AABCCB) IIII rythme sonore Tu parlera des allitération en L et des diérèse IIIII Conclusion Tu diras en gros que se poème a une forte musicalité grace ai procédé littéraire mis en place dans tous le poème

Bonjour Amélie, Un grand MERCI pour vos analyses complètes qui m’aident énormément pour me préparer à l’oral de français. Je ne comprend juste pas bien la métaphore des « soleils couchants » évoquée à la fin du II-B Si vous pouviez m’éclairer sur ce point s’il vous plaît ? Merci d’avance Anne

Bonjour Amélie! Comment répondre à la problématique:  »Analysez la musicalité du poème » et  »Commentez la composition et la progression du poème »

Merci beaucoup, car je bloque..

Bonjour ! Merci beaucoup pour ce super travail qui m’aide énormément ! J’aimerai savoir si ce plan répond à toutes les problématiques ? Merci par avance

Bonjour Amélie ! Très belle analyse ☺️! Je me demandais juste où se situait dans le texte l’hypotypose que tu as placé dans ton I. B) ?

Un très grand MERCI pour EXCELLENT TRAVAIL !!

Merci Patricia. Je suis ravie que mon travail te soit utile 🙂

Bonjour Amélie,

Vous pensez que  » un poète amoureux  » marche comme axe? Merci

Bonjour Amélie. Pardon aide-moi. J’éprouve des difficultés à analyser et interpréter correctement les assonances.

bonjour, j’aimerais savoir de qui est ce tableaux s’il vous plait et sa source

Bonjour j aime beaucoup vos commentaires merci pour votre travail ! Je ne comprends pas bien la métaphore du soleil à quoi le comparé vous ?

Bonjour Amélie! J’apprécie énormément les analyses que vous faites qui sont toujours très poussées et m’apportent énormément dans la compréhension des textes, que ce soient ceux de nos objets d’étude ou d’autres que nous n’avons pas étudié. Cependant, je crois avoir remarqué une petite erreur… Vous dites que « viennent » au vers 34 comporte une diérèse, mais il me semble qu’il faut au contraire prononcer ce mot comme une synérèse sinon nous n’avons plus un heptasyllabe… Est-ce juste?

Bonjour Anne, Il n ‘y a pas de synérèse sur le verbe « viennent », ni de diérèse (je viens de l’enlever de la liste, c’est une faute d’inattention). Le vers compte 7 syllabes. Tu en comptes peut-être 8 car tu prononces le /e/ muet de monde (il ne faut pas le prononcer).

Je ne comprends pas la métaphore du soleil que vous traitez à la fin du commentaire, à quoi se rapporte t’il et à quoi est t’il « comparé » ?

Bonjour dans ce poème ( L’invitation au voyage ,Charles Baudelaire ,Les Fleurs Du Mal (1857) et ( L’invitation au voyage ,petits poèmes en PROSE (1869) quels sont les points communs et les différences entre les deux poèmes ? et aussi Quels pronom designe la destinataire dans chaque poème ? Pourquoi cette différence ? (L’invitation au voyage,Charles Baudelaire,Les Fleurs du Mal (1857),Les fleurs Du Mal et L’invitation au voyage,Petits poèmes en PROSE(1869)

Ne crois pas que je vais faire tes devoirs ! Prends le temps de lire les poèmes, mes analyses et de chercher les réponses aux questions de ton professeur.

Génial, complet !

Merci Très utile!

Bonjour Amélie; Pour ma préparation je dois analyser le paysage intérieur dans le poème.Voici mon plan: I La découverte du paysage intérieur bercé par la rêverie 1 Un monde imaginaire et idéal 2 Un monde caractérisé par la beauté,le luxe et l’exotisme 3 Le titre II L’âme du poète 1Le paysage prend les traits de la femme 2 L’âme du poète bercé par la douceur et la musicalité III Les lieux à imaginer 1 La chambre 2 Le paysage 3 Le pays

Bonjour Laura , il est préférable de garder une structure fixe dans tes commentaires : si tu fait un plan de 3 parties il faut faire deux parties chacune et si tu fait un plan de 2 parties 3 sous parties chacune sont idéales ! Cela permet d’avoir une structure claire et équilibrée ! ♥️

Bonsoir,j’ai une préparation à faire sur ce poème.La question de lecture analytique est d’analyser l’évocation du paysage extérieur dans le poème.Le prof va peut-être ramasser les préparations et faire passer un élève devant en situation d’examen.

Et moi c’est le paysage intérieur! Quelqu’un saurait ce que c’est

Je sais pas désolé

Je dirais que cets l’état d’âme du poète le paysage de ces pensés. Cets pour ça que parfois que tu entendra parler du rapport paysage extérieur – intérieur car l’un symbolise l’autre

La synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations (ex: une sensation visuelle associée à une sensation auditive) « Doux comme les hautbois,verts comme les prairies » cf Fleurs du Mal sensations: toucher + visuelle .

la synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations exemple une sensation visuel associé à une sensation auditive

Il y a quelque chose que je comprends pas dans ton commentaire. Dans ton II) B) tu parles de synesthésie et de correspondance. Quelles sont les correspondances ? Et comment définirais tu ce terme ? Par ailleurs, quels exemples y sont associés ? Malheureusement je n’ai pas compris cela …

J’espère que tu pourras m’éclairer sur cela.

Bien cordialement,

Oui je bloque aussi dessus! Merci d’avance !

Je pense qu’il s’agit de la théorie des correspondances. Cela consiste à la création de liens entre le monde réel et le monde spirituel du poète, permettant ainsi de créer un nouvel univers.

J’ai choisi ce poème pour mon anthologie poétique. Cette analyse me rassure, car je sais que j’ai compris ce magnifique poème ! Grâce à la création de mon anthologie, je peux maintenant assurer que Baudelaire est mon poète préféré, et que son recueil  »Les fleurs du mal » est mon favoris !

Salut très chère Amélie , pourrais tu faire s’il te plait une analyse de En attendant Godot , scène de clôture ? Ton site m aide beaucoup merci

Salut Amélie pourrais tu faire une analyse du texte de Ionesco « le roi se meurt » le texte qui est présent dans le manuel l’ecume des lettres

Tu as eu une vision pour l’épreuve écrite toi !

trop contente que vous ayez fait cette analyse ! Je m’aide beaucoup de votre site pour l’oral car vos commentaires sont toujours très claires 🙂

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La mort, cxxvi.

le voyage baudelaire conclusion

Finale magistral des Fleurs du Mal , « Le Voyage » n’apparaît que dans l’édition de 1861. Il rassemble en une pièce polyphonique la plupart des thèmes du recueil. Les huit sections de ce poème épique scandent les étapes d’un voyage initiatique qui mène du berceau à la tombe, de l’émerveillement à l’« amer savoir » et à l’ennui, jusqu’au saut résolu « au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau  ».   LE VOYAGE   A Maxime Du Camp.   I   Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !   Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :   Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d’une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.   Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.   Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !   Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !   II   Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.   Singulière fortune où le but se déplace, Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où ! Où l’homme, dont jamais l’espérance n’est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou !   Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour... gloire... bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil !   Chaque îlot signalé par l’homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L’Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin.   Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?   Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; Son œil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.   III   Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.   Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.   Dites, qu’avez-vous vu ?   IV   « Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.   La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.   Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux !   – La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près !   Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? – Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !   Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;   Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »   V   Et puis, et puis encore ?   VI   « Ô cerveaux enfantins ! Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché, Du haut jusques en bas de l’échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :   La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ; L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;   Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu’assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;   Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;   L’Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »   Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l’opium immense ! – Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »   VII   Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !   Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,   Comme le Juif errant et comme les apôtres, A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d’autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.   Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu’autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,   Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger   Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n’a jamais de fin ? »   A l’accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Electre ! » Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.   VIII   Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !   Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du n ouveau !   Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal , 1861. > Texte intégral : Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861.  

XiTi

Invitation au voyage : références culturelles pour illustrer les aspects positifs du voyage

Introduction.

Dans cette deuxième partie de notre séquence sur les références culturelles pour illustrer les aspects positifs du voyage, nous nous concentrerons sur l'utilisation de ces références pour montrer les avantages de voyager. Il est essentiel de faire le lien entre les références culturelles choisies et les arguments présentés, afin de renforcer nos points. Ainsi, nous pourrons rappeler que le voyage permet de s'évader mentalement, comme le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire le suggère. De plus, nous explorerons comment voyager peut nous ouvrir à de nouvelles cultures et enrichir nos connaissances, à l'image de l'ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier. Enfin, nous découvrirons comment le voyage peut forger notre personnalité et favoriser les rencontres, en nous appuyant sur des œuvres telles que "La ferme africaine" de Karen Blixen et "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson. Continuez à lire pour découvrir tous les aspects positifs du voyage illustrés par des références culturelles.

Voyager pour s'évader

Le voyage ne se limite pas seulement aux déplacements physiques, mais peut aussi être un voyage mental par la pensée. Cela nous permet de nous évader sans contraintes, en explorant des lieux qui correspondent à nos besoins. Le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire illustre cette idée, en incitant à quitter notre quotidien triste et mélancolique pour un pays splendide et radieux.

Le voyage crée une rupture dans notre routine quotidienne, offrant une pause dans nos vies rythmées et programmées. Il nous permet de sortir de nos habitudes et de faire place à des expériences uniques, invitant aux rêves et au dépaysement.

En plus de cela, voyager nous ouvre à de nouveaux horizons et à d'autres cultures, enrichissant ainsi nos connaissances. L'ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier souligne la fonction éducative du voyage, qui était déjà valorisée dès la Renaissance.

Le voyage peut également être une source d'inspiration et favoriser la découverte de soi. Le roman "Rome, Naples, Florence" de Stendhal met en évidence l'importance de nourrir sa sensibilité artistique et de s'inspirer des œuvres pour devenir un créateur à son tour.

En somme, le voyage est une occasion de se libérer des contraintes, de rompre avec la routine quotidienne et de s'ouvrir à de nouvelles expériences. Il nous permet de s'évader mentalement, d'enrichir nos connaissances, de forger notre personnalité et de favoriser les rencontres. Alors, pourquoi ne pas s'accorder une pause dans notre vie rythmée et programmée pour se laisser tenter par l'invitation au voyage ?

Voyager pour s'ouvrir à d'autres horizons

Découvrir de nouvelles cultures et enrichir nos connaissances

Référence culturelle : ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier

Le voyage comme un outil d'instruction et de formation

Lien avec l'humanisme de la Renaissance

Le voyage comme source de vocation et d'inspiration

Référence culturelle : roman "Rome Naples et Florence" de Stendhal

La fonction artistique du voyage pour nourrir la sensibilité artistique

Voyager pour forger sa personnalité

Le voyage offre bien plus qu'une simple expérience de découverte et de divertissement. Il peut également jouer un rôle essentiel dans la formation de notre personnalité. En endurant des épreuves et en surmontant des difficultés lors de nos voyages, nous sommes capables de développer notre caractère et notre résilience, tout en atteignant des récompenses gratifiantes.

Un exemple littéraire qui illustre cette idée est le roman "La ferme africaine" de Karen Blixen. Le personnage principal de l'histoire endure de nombreuses épreuves et souffrances tout au long de son voyage. Malgré les difficultés, elle persiste et continue à avancer jusqu'à ce qu'elle atteigne sa récompense finale : la vue d'une cigogne. Cette histoire souligne l'importance de persévérer dans l'adversité et de ne jamais abandonner, des qualités qui contribuent à forger notre personnalité.

Le voyage offre également d'innombrables occasions de rencontres et d'échanges avec des personnes de cultures différentes. Cela nous permet d'élargir nos horizons et de développer notre ouverture d'esprit. Un exemple littéraire qui met en valeur cette dimension humaine du voyage est l'ouvrage "L'usage du monde" de Nicolas Bouvier. L'auteur décrit les rencontres qu'il a faites lors de ses voyages dans le désert d'Iran, au Pakistan et en Afghanistan. Il insiste sur la portée humaniste de ces rencontres, qui nous montre que le voyage est bien plus qu'une simple expérience individuelle, mais qu'il peut également contribuer à un enrichissement collectif.

Un autre livre qui explore cette idée est "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson. L'auteur nous raconte son expérience de voyage dans des lieux isolés et éloignés de notre quotidien. Ces rencontres inattendues dans des endroits reculés nous rappellent que le monde est vaste et plein de diversité. Elles nous offrent une perspective différente sur la vie et nous aident à remettre en question nos croyances et nos préjugés.

En conclusion, voyager est bien plus qu'une simple aventure. C'est une opportunité de forger notre personnalité en endurant des épreuves et en surmontant des difficultés. C'est également un moyen de rencontrer des personnes de cultures différentes et de nourrir notre ouverture d'esprit. Alors, n'hésitez pas à vous aventurer hors de votre zone de confort et à vous laisser porter par les rencontres et les expériences uniques que le voyage peut offrir.

Voyager pour découvrir de nouveaux territoires

Le voyage offre une opportunité unique d'explorer de nouveaux territoires, à la fois physiquement et mentalement. C'est une véritable exploration de l'inconnu qui nous permet de sortir de notre zone de confort et de découvrir des horizons inexplorés.

La peinture "Port de mer avec Villa Médicis" de Claude Gelée, également connu sous le nom de Le Lorrain, est une référence culturelle qui illustre parfaitement cette idée. Cette peinture représente les grandes conquêtes maritimes et nous montre que voyager, c'est quitter le monde que l'on connaît pour se lancer à l'aventure vers de nouveaux territoires souvent inconnus.

Le voyage sollicite également notre imaginaire et nous invite à rêver. La peinture "Les compagnes de voyage" d'Augustus Léopold Egg illustre parfaitement cette idée. Elle montre différentes manières de voyager, que ce soit par le rêve, l'imagination ou même la lecture. Voyager par l'esprit est une façon de s'évader et de découvrir de nouveaux mondes sans quitter son lieu de résidence.

En voyageant, que ce soit physiquement ou mentalement, nous sommes confrontés à de nouvelles cultures, de nouvelles manières de vivre. Cela nous oblige à nous adapter à des situations nouvelles et inconnues, ce qui fait du voyage une véritable aventure. Voyager nous pousse à sortir de notre zone de confort et à nous adapter à de nouvelles circonstances, que ce soit en termes de langage, de coutumes ou de traditions.

Utiliser la peinture comme référence culturelle est une excellente façon de montrer les différentes manières de vivre. Les peintures peuvent représenter des paysages, des scènes de vie quotidienne ou même des portraits de personnes de cultures différentes. Elles nous montrent que le monde est vaste et diversifié, et qu'il existe de nombreuses façons de vivre sa vie.

En conclusion, voyager nous permet de découvrir de nouveaux territoires, que ce soit physiquement ou mentalement. La peinture "Port de mer avec Villa Médicis" de Claude Gelée et "Les compagnes de voyage" d'Augustus Léopold Egg sont d'excellentes références culturelles pour illustrer cette idée. Voyager nous invite à explorer l'inconnu, à solliciter notre imaginaire, à nous adapter à de nouvelles situations et à découvrir différentes manières de vivre.

Voyager pour ressentir des émotions

  • Le voyage comme une expérience émotionnelle
  • Référence culturelle : film "Le Nouveau Monde" de Terence Malik
  • Variation des émotions des explorateurs du 17e siècle
  • Quête de bonheur et recherche d'un monde meilleur
  • Le voyage comme une manière de s'émanciper
  • Référence culturelle : film "Sur la route" de Walter Salles
  • Se débarrasser du superflu pour devenir acteur de son voyage
  • Le voyage comme un moyen de surmonter des peurs
  • Référence culturelle : film d'animation "Le Voyage de Chihiro" de Hayao Miyazaki
  • Un voyage initiatique pour surmonter ses peurs

Récapitulation des aspects positifs du voyage :

  • Voyager pour s'évader et sortir de la routine quotidienne, comme illustré par le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire.
  • Voyager pour s'ouvrir à de nouvelles cultures et enrichir nos connaissances, à l'image de l'ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier.
  • Voyager pour forger notre personnalité et favoriser les rencontres, comme démontré par des œuvres telles que "La ferme africaine" de Karen Blixen et "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson.
  • Voyager pour découvrir de nouveaux territoires physiquement et mentalement, comme illustré par la peinture "Port de mer avec Villa Médicis" de Claude Gelée et "Les compagnes de voyage" d'Augustus Léopold Egg.
  • Voyager pour ressentir des émotions différentes tout au long du voyage, comme montré dans le film "Le Nouveau Monde" de Terence Malik.
  • Voyager pour s'émanciper, se défaire du superflu et surmonter des peurs, tel que présenté dans le film "Sur la route" de Walter Salles et le film d'animation "Le Voyage de Chihiro" de Hayao Miyazaki.

Lien avec les références culturelles utilisées sur le thème du voyage :

Les références culturelles utilisées dans cette séquence, telles que les poèmes de Charles Baudelaire et les ouvrages de François De Lamotte chevalier, Stendhal, Karen Blixen, Sylvain Tesson et les peintures de Claude Gelée et Augustus Léopold Egg, ont été sélectionnées pour illustrer les différents aspects positifs du voyage. Elles ont permis de montrer comment le voyage peut nous permettre de nous évader, d'enrichir nos connaissances, de forger notre personnalité et de nous ouvrir à de nouvelles cultures et expériences.

Recommandation : créer une carte mentale pour réviser.

Une recommandation pour réviser efficacement les aspects positifs du voyage illustrés par des références culturelles est de créer une carte mentale. Cela vous permettra de visualiser facilement les différents arguments et les références qui les soutiennent, tout en vous aidant à organiser vos idées et à mémoriser les informations clés. Utilisez des couleurs et des symboles pour faciliter la compréhension et l'association des concepts. Une carte mentale peut être un outil précieux pour réviser et consolider votre compréhension de ce sujet important.

Quelles sont les références culturelles utilisées pour illustrer les aspects positifs du voyage ?

Les références culturelles utilisées dans cette séquence comprennent le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire, l'ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier, le roman "Rome, Naples, Florence" de Stendhal, le roman "La ferme africaine" de Karen Blixen, l'ouvrage "L'usage du monde" de Nicolas Bouvier, le livre "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson, la peinture "Port de mer avec Villa Médicis" de Claude Gelée, et la peinture "Les compagnes de voyage" d'Augustus Léopold Egg.

Comment le voyage permet-il de s'évader et de créer une rupture avec la routine quotidienne ?

Le voyage permet de s'évader mentalement en explorant des lieux qui correspondent à nos besoins. Il crée une rupture dans notre routine quotidienne en offrant une pause dans nos vies rythmées et programmées.

Quel est le lien entre le voyage et l'enrichissement des connaissances ?

Le voyage nous ouvre à de nouveaux horizons et à d'autres cultures, ce qui enrichit nos connaissances. L'ouvrage "De l'utilité du voyage" de François De Lamotte chevalier souligne la fonction éducative du voyage.

Quels sont les effets du voyage sur la formation de la personnalité ?

Le voyage permet de développer notre caractère et notre résilience en nous confrontant à des épreuves et en surmontant des difficultés. Le roman "La ferme africaine" de Karen Blixen illustre cette idée.

Comment le voyage favorise-t-il les rencontres et les échanges ?

Le voyage offre de nombreuses occasions de rencontres avec des personnes de cultures différentes, ce qui favorise les échanges et élargit nos horizons. Les ouvrages "L'usage du monde" de Nicolas Bouvier et "Sur les chemins noirs" de Sylvain Tesson mettent en valeur cette dimension humaine du voyage.

Comment la peinture peut-elle illustrer les atouts du voyage ?

La peinture peut représenter des paysages, des scènes de vie quotidienne et des portraits de personnes de cultures différentes, montrant ainsi la diversité du monde et les différentes manières de vivre. Les peintures "Port de mer avec Villa Médicis" de Claude Gelée et "Les compagnes de voyage" d'Augustus Léopold Egg illustrent ces aspects du voyage.

Quels sont les émotions que l'on peut ressentir lors d'un voyage ?

Le voyage peut provoquer un large éventail d'émotions, allant de l'euphorie de la découverte à la découragement. Le film "Le Nouveau Monde" de Terence Malik explore ces variations émotionnelles des explorateurs du 17e siècle.

Comment le voyage peut-il être un moyen d'émancipation et de surmonter ses peurs ?

Le voyage permet de s'émanciper en se défaire du superflu et en devenant acteur de son propre voyage. Il peut également aider à surmonter des peurs et des angoisses. Les films "Sur la route" de Walter Salles et "Le Voyage de Chihiro" de Hayao Miyazaki illustrent ces aspects du voyage.

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Le Voyage de Charles Baudelaire : Résumé et analyse

Le poète français Charles Baudelaire a voyagé à travers l’Europe et l’Orient au cours de sa vie, et ces voyages ont eu une grande influence sur son travail. Dans cet article, nous allons explorer les voyages de Baudelaire et leur impact sur son œuvre, ainsi que les thèmes et les motifs récurrents qui se retrouvent dans ses écrits inspirés de ses voyages. Nous allons également examiner comment Baudelaire a été influencé par les cultures et les paysages qu’il a rencontrés lors de ses voyages, et comment cela a façonné son point de vue sur le monde.

La vie de Charles Baudelaire

Le voyage de Charles Baudelaire a été l’un des moments les plus marquants de sa vie. En 1841, il a embarqué sur un navire en direction des Indes orientales, mais a été contraint de faire demi-tour en raison de problèmes de santé. Cependant, ce voyage a eu un impact profond sur sa vie et son travail. Baudelaire a été fasciné par les cultures exotiques et a incorporé ces influences dans son écriture, notamment dans son recueil de poèmes « Les Fleurs du Mal ». Le voyage a également été une période de réflexion pour Baudelaire, qui a commencé à remettre en question sa propre existence et sa place dans le monde. En fin de compte, le voyage de Baudelaire a été un tournant dans sa vie, qui a influencé son travail et sa vision du monde pour le reste de sa vie.

Le contexte historique et culturel de l’époque

Le Voyage de Charles Baudelaire a été écrit au XIXe siècle, une période marquée par de profonds changements sociaux, politiques et culturels. La France était alors en pleine révolution industrielle, avec l’émergence de nouvelles technologies et l’urbanisation rapide des villes. Cette période a également été marquée par des bouleversements politiques, notamment la révolution de 1848 qui a vu la chute de la monarchie de Juillet et l’avènement de la Deuxième République.

Sur le plan culturel, le XIXe siècle a été marqué par le mouvement romantique, qui a vu l’émergence de nouveaux courants artistiques tels que le symbolisme et le réalisme. Charles Baudelaire était lui-même un poète symboliste, connu pour son exploration des thèmes de la beauté, de la mort et de la modernité.

Le Voyage de Charles Baudelaire reflète donc les préoccupations de son époque, avec son exploration de la ville moderne et de ses habitants, ainsi que sa réflexion sur la condition humaine dans un monde en mutation rapide. C’est un texte qui témoigne de l’importance de la littérature dans la compréhension de l’histoire et de la culture d’une époque donnée.

Le voyage de Charles Baudelaire en Inde

Le voyage de Charles Baudelaire en Inde est l’un des événements les plus marquants de sa vie. En 1841, il embarque pour un périple de plus de deux ans qui le mènera de l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion) à l’île Maurice, en passant par l’Inde et le Sri Lanka. Ce voyage a profondément influencé son œuvre, notamment son recueil de poèmes Les Fleurs du Mal.

Baudelaire a été fasciné par l’Inde, sa culture et ses traditions. Il a été particulièrement marqué par la religion hindoue et le bouddhisme, qui ont inspiré plusieurs de ses poèmes. Il a également été impressionné par la beauté des paysages et la richesse de la faune et de la flore.

Cependant, le voyage de Baudelaire en Inde n’a pas été de tout repos. Il a été confronté à de nombreuses difficultés, notamment la maladie, la pauvreté et la solitude. Il a également été témoin de la misère et de l’injustice qui régnaient dans certaines parties du pays.

Malgré ces épreuves, le voyage de Baudelaire en Inde a été une expérience inoubliable qui a profondément marqué sa vie et son œuvre. Il a su capturer la beauté et la complexité de ce pays dans ses poèmes, et son voyage reste une source d’inspiration pour les écrivains et les artistes du monde entier.

Les impressions de Baudelaire sur l’Inde

Les impressions de Baudelaire sur l’Inde sont marquées par un mélange de fascination et de répulsion. Dans ses écrits, il décrit l’Inde comme un pays exotique et mystérieux, mais également comme un endroit sale et chaotique. Il est particulièrement frappé par la pauvreté et la misère qu’il observe dans les rues de Calcutta, où il passe une grande partie de son séjour. Cependant, il est également fasciné par la culture indienne, en particulier par la religion et la philosophie hindoues. Il estime que l’Inde est un pays qui a beaucoup à offrir au monde, mais qui est également confronté à de nombreux défis. En fin de compte, les impressions de Baudelaire sur l’Inde reflètent sa vision complexe et nuancée du monde, qui est à la fois critique et admirative.

Les thèmes récurrents dans les poèmes de Baudelaire inspirés de son voyage

Les poèmes de Baudelaire inspirés de son voyage sont marqués par des thèmes récurrents tels que la mélancolie, la solitude, la beauté éphémère et la décadence. Dans « Le Voyage », Baudelaire décrit son voyage comme une quête de l’inconnu et de l’inspiration, mais il est également conscient de la tristesse et de la solitude qui l’accompagnent. Dans « L’Invitation au voyage », il évoque la beauté éphémère de la vie et la nécessité de la fuir pour trouver la paix intérieure. Dans « Le Voyage à Cythère », il décrit une île mythique où les amants se retrouvent pour vivre leur amour éternel, mais il est également conscient de la décadence qui les attend. Ces thèmes récurrents reflètent la vision pessimiste de Baudelaire sur la vie et la condition humaine, mais ils sont également le reflet de sa quête constante de la beauté et de l’inspiration.

L’influence du voyage sur l’œuvre de Baudelaire

Le voyage a eu une influence majeure sur l’œuvre de Charles Baudelaire. En effet, ses voyages en Europe et en Asie ont inspiré certains de ses poèmes les plus célèbres, tels que « L’invitation au voyage » et « Le Voyage ». Baudelaire a également été influencé par les cultures et les traditions qu’il a rencontrées lors de ses voyages, ce qui a contribué à la richesse de son écriture. En outre, ses voyages ont également eu un impact sur sa vie personnelle, car il a rencontré des personnes qui ont influencé sa pensée et sa philosophie. En somme, le voyage a été un élément clé dans la vie et l’œuvre de Baudelaire.

Les critiques contemporaines de l’œuvre de Baudelaire inspirée de son voyage

Les critiques contemporaines de l’œuvre de Baudelaire inspirée de son voyage ont souvent souligné la complexité de ses écrits. Bien que les poèmes de Baudelaire soient souvent considérés comme des chefs-d’œuvre de la poésie française, certains critiques ont remis en question la manière dont il a représenté les cultures qu’il a rencontrées lors de son voyage. En particulier, certains ont critiqué sa représentation des femmes et des personnes de couleur, qui ont souvent été décrites de manière stéréotypée et exotique. Malgré ces critiques, l’œuvre de Baudelaire continue d’être étudiée et appréciée pour sa beauté poétique et sa capacité à capturer l’essence de l’expérience humaine.

L’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale

Le Voyage de Charles Baudelaire est un recueil de poèmes qui a marqué l’histoire de la littérature française et internationale. Publié en 1857, ce livre a été considéré comme scandaleux à l’époque en raison de son contenu érotique et de sa critique de la société bourgeoise. Cependant, il a également été salué pour sa poésie innovante et son exploration de thèmes tels que la beauté, la mort et la solitude.

L’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale est immense. Ses poèmes ont influencé de nombreux écrivains et poètes, notamment Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé. En dehors de la France, des écrivains tels que T.S. Eliot et Charles Bukowski ont également été inspirés par l’œuvre de Baudelaire.

Le Voyage de Charles Baudelaire est un exemple de la façon dont la poésie peut être utilisée pour explorer des thèmes profonds et universels. Sa poésie est souvent sombre et mélancolique, mais elle est également empreinte d’une beauté et d’une sensibilité qui ont touché des générations de lecteurs. En fin de compte, l’héritage de Baudelaire dans la littérature française et internationale est un témoignage de la puissance de la poésie pour capturer l’essence de l’expérience humaine.

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Bohémiens en Voyage, Charles Baudelaire, 1857 : un commentaire composé

Rédigé le 8 March 2021

8 minutes de lecture

le voyage baudelaire conclusion

  • 01. Le poème
  • 02. Méthode du commentaire composé en poésie
  • 03. Le commentaire du poème

Cristèle

Bohémiens en Voyage   La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.   Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes.   Du fond de son réduit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,   Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des ténèbres futures. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal , 1857

Qui est Charles Baudelaire ?

Méthode du commentaire composé en poésie

Avant la lecture.

Il faut étudier le paratexte , c'est-à-dire le titre, l'auteur, la date, etc. Ces informations doivent être recoupées avec vos connaissances émanant du cours (courant littéraire, poète, recueil, etc.).

Le titre engage également à des attentes. Il donne des indices sur la nature du poème que le lecteur s'apprête à lire.

En poésie, la forme est décisive : regarder le texte « de loin » permet d'avoir déjà une idée de la démarche du poète :

  • Vers, strophes ?
  • Si vers : vers réguliers, vers libres ?
  • Si vers réguliers : quel type de rimes ?
  • Le nombre de strophes...

En quête de cour de francais pour apprendre à ne plus faire de fautes ?

Pour la lecture

Nous vous conseillons de lire le poème plusieurs fois , avec un stylo à la main qui vous permettra de noter ou souligner une découverte, une idée.

1 ère lecture :

  • Identifier le thème général du poème,
  • Identifier le registre : comique ? pathétique ? lyrique ? etc.,
  • Identifier les procédés d'écriture pour diffuser le sentiment du registre choisi : l'exclamation ? La diérèse ? etc.

2 ème lecture :

  • Dégager le champ lexical ,
  • Place des mots : un mot au début du vers n'a pas la même valeur qu'un mot placé en fin de vers,
  • Déceler les figures de style (généralement très nombreuses dans un poème),
  • Travail sur les rimes : lien entre des mots qui riment, rimes riches ou faibles, etc.,
  • Analyse du rythme avec les règles de métriques.

En filigrane, vous devez garder cette question en tête pour l'analyse des procédés d'écriture : comment le poète diffuse-t-il son thème général et comment fait-il ressentir au lecteur ses émotions ?

Rédaction du commentaire

Ici, nous détaillerons par l'italique les différents moments du développement, mais ils ne sont normalement pas à signaler. De même, il ne doit pas figurer de tableaux dans votre commentaire composé. Les listes à puces sont également à éviter, tout spécialement pour l'annonce du plan.

En outre, votre commentaire ne doit pas être aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'être exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'écrire autant !

Le commentaire du poème

Introduction.

Publié pour la première fois en 1857, « Bohémiens en Voyage » est le treizième poème de toutes les éditions des   Fleurs du mal . Dans cette oeuvre, Baudelaire semble rendre hommage aux Bohémiens , peuple du voyage, dont il décrit les attitudes et les avancées.

« Bohémiens » est un des noms donnés aux tziganes, populations originaires de l'Inde, apparues en Europe au XIVème siècle, dont certaines menèrent (et mènent aujourd'hui encore) une vie nomade. On les appela ainsi puisqu'on supputait qu'ils venaient de l'ancien royaume de Bohême (aujourd'hui en République Tchèque). Ils prennent également le nom de Roms (pour la Roumanie) ou encore de Gypsies (pour l'Egypte).

Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, on les décrit comme des « vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, à l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. » Baudelaire, lui, semble s'être inspiré d'une gravure de Jacques Callot, donnant à ses sujets de représentation une dimension particulière.

Car en invoquant le monde mystique et la Nature, il semble qu'il conduise une analogie qui dépasse la simple description .

Annonce de la problématique

Dès lors, en quoi les Bohémiens se font-ils les égaux du poète ?

Annonce du plan

Nous verrons dans un premier temps comment Baudelaire pose les Bohémiens comme des marginaux de la société. Dans un second temps, nous analyserons les pouvoirs qu'ont en commun poètes et Bohémiens.

De qui s'inspire Baudelaire pour le tableau des Bohémiens ?

Développement

La description de marginaux, un groupe autonome et unifié.

Dès le premier vers, le lecteur trouve « tribu prophétique », c’est-à-dire une singularisation du groupe avec le pronom singulier défini « la ». Les bohémiens ne font qu’un , et le premier vers ne semble donner que deux prunelles pour tout ce groupe, qui se présente comme un seul corps.

Les bohémiens paraissent bien n’être qu’un gigantesque corps , qu’un seul animal, dans ce premier vers :

  • On trouve le possessif au singulier « son », comme si la tribu n’avait qu’un seul dos
  • « ses petits » ne sont pas différenciés : les enfants sont à tout le monde, et la parentalité ne paraît pas importer. En outre, on peut noter que la locution « petit » fait référence au monde animal plutôt qu’au monde humain.

Il faut en outre noter que le premier quatrain n’est qu’une seule et même phrase, ajoutant encore à l’impression d’un groupe formant un seul corps .

La marginalité du groupe, autant que son autonomie, sont suggérés par le port des armes , au vers 5 : « armes luisantes ». L’adjectif « luisantes », qui fait référence au métal des armes, ajoute un peu plus à la dangerosité desdites armes, augmentant par-là leurs capacités de défense.

Ces hommes protègent ainsi « les leurs », « blottis » (vers 6) à l’intérieur des chariots, lesquels leur assurent d’être toujours chez eux .

Des voyageurs toujours en mouvement

La temporalité place le groupe de voyageurs dans un mouvement déjà commencé , puisqu’elle s’est mise en route « hier ». Ainsi, elle ne se met pas en route : elle l’est déjà , et, quelque part, elle l’est « toujours » (adverbe de temps que l’on retrouve au quatrième vers). « Hier » pourrait alors s’entendre comme « Depuis la nuit des temps ».

L’évocation des « chariots » rappelle qu’ils sont un peuple de nomades , et qu’ils se déplacent toujours. Le fait que les deux premiers quatrains soient chacun une seule phrase complète, faites d’enjambements, insiste également sur l’impression de mouvements , et renvoie à la marche des bohémiens (confère au vers 5 « Les hommes vont à pied »).

Dans les deux derniers tercets, on trouve un vocabulaire relatif au voyage , qui insiste sur le mouvement pédestre du groupe : « passer », « voyageurs », « ouvert », « empire ».

Surtout, les deux derniers vers annoncent que la « tribu prophétique » continuera encore de marcher une fois l’avènement des « ténèbres futures » (c’est-à-dire la mort), puisqu’ aucune porte, aucune barrière ne les arrêtera.

Qui sont les Bohémiens ?

Pareils aux poètes

Des personnes mystiques.

Dès le début, les bohémiens sont présentés comme une « tribu prophétique », c’est-à-dire qu’ils auraient le don de lire l’avenir sur les lignes de la main.

Mais, parallèlement, l’expression « prunelles ardentes » suggère le feu intérieur des Bohémiens et constitue une métonymie  : ils sont capables de divination. Or, le poème « Correspondances » de Baudelaire ne dit pas autre chose sur les capacités du poète. L’analogie entre la tribu des bohémiens et la figure du poète est donc immédiate.

L’allitération au quatrième vers sur les sons « tr » et « pr » renvoient également à la bestialité de la tribu, qui l’intègre dans la Nature plutôt que l’humanité, lui réservant une place particulière dans la cosmogonie.

Plus largement, on trouve tout au long du poème un vocabulaire mystique , qui fait penser à la magie, à la divination  : « ardentes », « trésor », « ciel », « chimères ».

Ces bohémiens semblent aussi, tout comme le poète, susceptibles de souffrir du spleen, devant la dure réalité d’une vie privée de cette même mystique dont ils sont pourtant les garants. Le vers 8 invite à penser ce manque, avec l’adjectif « morne », associé au nom commun « regret », qui est une association dépréciative. Car les chimères sont bien « absentes ».

Le passage au mystique se fait, conformément à la tradition du sonnet, à partir du premier tercet  : la perspective change, les Bohémiens ne sont plus souffrants, mais plutôt parties prenantes d’une nature magnifique.

Le poème lui-même se termine sur la référence à des « ténèbres futures », dont ils sont « familier[s] », tout comme le poète qui connaît les mondes parallèles . Cette référence (« l’empire familier », c’est-à-dire un empire qu’ils connaissent déjà) fait elle-même écho au premier groupe nominal du poème, qui qualifiait les Bohémiens de « tribu prophétique », donc capable d’anticiper l’avenir.

Qui sont démiurges

Mais pareil au poète, la tribu bohémienne est également toujours prête à produire, à créer, c'est-à-dire qu'ils sont  démiurges  (= créateurs, animateurs d'un monde).

D’abord, elle est féconde, puisqu’elle contient en son sein « ses petits » (vers 2). Mais pour ces petits, elle a un « trésor toujours prêt », c’est-à-dire qu’elle peut toujours leur offrir du lait, symbole ultime de la fécondité.

Que dit Baudelaire des Bohémiens dans son poème ?

Mais leur passage sur la terre, qu’ils foulent des pieds, provoque une symbiose tout aussi féconde. Ainsi, le grillon, lorsqu’il les voit passer, « redouble sa chanson » (vers 10) : c’est dire qu’ils mettent en joie la nature, puisqu’ils la font chanter.

La référence à Cybèle, qui est la déesse grecque personnifiant la nature sauvage, la « Magna Mater » (Mère des Dieux), achève de confirmer la toute-puissance des Bohémiens . C’est, d’après les vers de Baudelaire, leur marche qui provoque la fécondité même de la nature  (« augmente ses verdures », vers 11). Mais, surtout, ils rendent l’impossible possible , puisque le poète use de deux antithèses pour décrire leurs pouvoirs :

  • « fait couler le rocher », où l’eau naît de la pierre
  • « fleurir le désert », où les plantes naissent dans l’aridité

Les deux derniers vers semblent annoncer l’immortalité des Bohémiens , qui seront en marche même dans les « ténèbres futures », comme s’ils avaient déjà vaincu la mort .

Le poème « Bohémiens en voyage », développe ainsi une allégorie. A travers la figure des voyageurs, Baudelaire suggère que Bohémiens et poètes , pour leur marginalisation de la société autant que pour leur rapport à la nature, sont à une place équivalente .

On pourrait mener une analyse complémentaire en jugeant des capacités « prophétiques » du poète (et donc, du Bohémien) à partir d'une analyse du poème « Correspondances », lui aussi présent dans le recueil Les fleurs du mal .

Vous avez aimé cet article ? Notez-le !

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Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.

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Les Fleurs du mal (1861)/Le Voyage

Cxxvi le voyage.

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes, L’univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le cœur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rhythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d’une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace, Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où ! Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou ! Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : « Ouvre l’œil ! » Une voix de la hune, ardente et folle, crie : « Amour… gloire… bonheur ! » Enfer ! c’est un écueil ! Chaque îlot signalé par l’homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L’Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu’un récif aux clartés du matin. Ô le pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d’Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; Son œil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis.

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers. Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons. Dites, qu’avez-vous vu ?

Dites, qu’avez-vous vu ? « Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici. La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages, Et toujours le désir nous rendait soucieux ! — La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d’engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près ! Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? — Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin ! Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ; Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. »

Et puis, et puis encore ?

Et puis, et puis encore ? « Ô cerveaux enfantins ! Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché, Du haut jusques en bas de l’échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché : La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ; L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ; Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu’assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ; Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L’Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! » Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l’opium immense ! — Tel est du globe entier l’éternel bulletin. »

Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image : Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui ! Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s’il le faut. L’un court, et l’autre se tapit Pour tromper l’ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit, Comme le Juif errant et comme les apôtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d’autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu’autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent, Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le cœur joyeux d’un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : « Par ici ! vous qui voulez manger Le Lotus parfumé ! c’est ici qu’on vendange Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n’a jamais de fin ? » À l’accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. « Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! » Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

le voyage baudelaire conclusion

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Poésie : Le voyage

Titre : le voyage, poète : charles baudelaire (1821-1867).

À Maxime Du Camp. I Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers : Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom ! II Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils La Curiosité nous tourmente et nous roule, Comme un Ange cruel qui fouette des soleils. Singulière fortune où le but se déplace, Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où ! Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse, Pour trouver le repos court toujours comme un fou ! Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ; Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! " Une voix de la hune, ardente et folle, crie . " Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil ! Chaque îlot signalé par l'homme de vigie Est un Eldorado promis par le Destin ; L'Imagination qui dresse son orgie Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin. Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques ! Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer, Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques Dont le mirage rend le gouffre plus amer ? Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ; Son oeil ensorcelé découvre une Capoue Partout où la chandelle illumine un taudis. III Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers ! Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires, Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers. Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile ! Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons, Passer sur nos esprits, tendus comme une toile, Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons. Dites, qu'avez-vous vu ? IV " Nous avons vu des astres Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ; Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres, Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici. La gloire du soleil sur la mer violette, La gloire des cités dans le soleil couchant, Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète De plonger dans un ciel au reflet alléchant. Les plus riches cités, les plus grands paysages, Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux De ceux que le hasard fait avec les nuages. Et toujours le désir nous rendait soucieux ! - La jouissance ajoute au désir de la force. Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais, Cependant que grossit et durcit ton écorce, Tes branches veulent voir le soleil de plus près ! Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin, Cueilli quelques croquis pour votre album vorace, Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin ! Nous avons salué des idoles à trompe ; Des trônes constellés de joyaux lumineux ; Des palais ouvragés dont la féerique pompe Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ; " Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ; Des femmes dont les dents et les ongles sont teints, Et des jongleurs savants que le serpent caresse. " V Et puis, et puis encore ? VI " Ô cerveaux enfantins ! Pour ne pas oublier la chose capitale, Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché, Du haut jusques en bas de l'échelle fatale, Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide, Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ; L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide, Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ; Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ; La fête qu'assaisonne et parfume le sang ; Le poison du pouvoir énervant le despote, Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ; Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté, Comme en un lit de plume un délicat se vautre, Dans les clous et le crin cherchant la volupté ; L'Humanité bavarde, ivre de son génie, Et, folle maintenant comme elle était jadis, Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie : " Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! " Et les moins sots, hardis amants de la Démence, Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin, Et se réfugiant dans l'opium immense ! - Tel est du globe entier l'éternel bulletin. " VII Amer savoir, celui qu'on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui ! Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit, Comme le Juif errant et comme les apôtres, A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau. Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine, Nous pourrons espérer et crier : En avant ! De même qu'autrefois nous partions pour la Chine, Les yeux fixés au large et les cheveux au vent, Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres Avec le coeur joyeux d'un jeune passager. Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ; Venez vous enivrer de la douceur étrange De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? " A l'accent familier nous devinons le spectre ; Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous. " Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! " Dit celle dont jadis nous baisions les genoux. VIII Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons ! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !

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COMMENTS

  1. Baudelaire : Le Voyage (Commentaire composé)

    Introduction. Dans l'édition de 1861, le dernier chapitre des Fleurs du Mal : « La mort » comporte six poèmes : Le Voyage en est le poème final. Le titre du poème nous plonge d'emblée dans l'univers du voyage, thème fondamental dans la poésie de Baudelaire.

  2. PDF Baudelaire Le Voyage

    Avec ce long poème narratif, Baudelaire reprenait le thème du voyage qui est traditionnel dans la littérature, de nombreux récits de voyage ayant été produits par des romantiques. On peut citer : - ''L'itinéraire de Paris à Jérusalem'' (1811) de Chateaubriand ; - ''Le voyage en Orient'' (1835) de Lamartine ;

  3. Invitation au voyage, Baudelaire, Fleurs du mal, commentaire, analyse

    Baudelaire n'invite pas vraiment à un voyage réel, mais plus à le suivre dans son état d'âme amoureux. (phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction) Conclusion : A travers ce poème lyrique, Baudelaire nous fait part de ses obsessions : le luxe, le voyage, la femme aimée. Il rassemble les éléments de son ...

  4. Le Voyage, poème de Charles Baudelaire

    Effacent lentement la marque des baisers. Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent. Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,

  5. L'invitation au voyage

    Conclusion. Annexe : étude de la forme. Introduction. L'Invitation au voyage est extrait de Spleen et Idéal, première partie du recueil Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire. Poème inspiré par Marie Daubrun : l'amour est ici spirituel et non sensuel. Il ne s'agit pas d'un voyage mais d'une promesse de voyage épanouissant le rêve.

  6. L'invitation au voyage, Baudelaire : analyse pour le bac

    L'invitation au voyage, Baudelaire, conclusion : Dans « L'Invitation au voyage », c'est l'idéal qui domine et l'emporte enfin sur le spleen, du moins le temps d'un poème. Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et imaginaire au sein d'un monde idéal sublimé par le langage poétique ...

  7. Baudelaire, Le voyage: analyse

    (1) Aperçu partiel du texte. Télécharge Baudelaire, Le voyage: analyse et plus Lectures au format PDF de Littérature sur Docsity uniquement! ''Le voyage" poème de Charles BAUDELAIRE dans 'Les fleurs du mal" (1861) À Maxime du Camp 1 Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit.

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  10. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal : Le Voyage

    Commentaire de texte de Charles Baudelaire : Le Voyage. L'auteur : Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867.

  11. Le Voyage

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1861. > Texte intégral : Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861. Le Voyage La mort, CXXVI Les Fleurs du Mal Finale magistral des Fleurs du Mal, « Le Voyage » n'apparaît que dans l'édition de 1861. Il rassemble en une pièce polyphonique la plupart des thèmes du recueil.

  12. Invitation au voyage : références culturelles pour illustrer les

    Le poème "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire illustre cette idée, en incitant à quitter notre quotidien triste et mélancolique pour un pays splendide et radieux. Le voyage crée une rupture dans notre routine quotidienne, offrant une pause dans nos vies rythmées et programmées.

  13. Le voyage, poème de Charles Baudelaire

    Figures de style: Le poème utilise de nombreuses figures de style, telles que des métaphores, des comparaisons et des personnifications, pour créer un portrait vibrant de Nusch et pour exprimer le lien profond qui unissait le poète à elle. Conclusion: "Ma morte vivante" est un poème d'une grande beauté et d'une grande émotion. Il ...

  14. Le Voyage de Charles Baudelaire : Résumé et analyse

    Le Voyage de Charles Baudelaire reflète donc les préoccupations de son époque, avec son exploration de la ville moderne et de ses habitants, ainsi que sa réflexion sur la condition humaine dans un monde en mutation rapide.

  15. Le thème du voyage dans Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire

    Le thème du voyage est au c‫ur des Fleurs maladives de Charles Baudelaire. Il Il guide le lecteur tout au long des 126 poèmes composant le recueil.

  16. Baudelaire : L'Invitation au Voyage (Commentaire composé)

    Nous allons étudier le poème de Baudelaire intitulé « L'Invitation au Voyage » tiré du recueil « Les Fleurs du Mal ». Cette poésie fait partie de la 6ème section, elle incarne l'idéal et est l'opposé des forces maléfiques du spleen. Nous mettrons en avant l'oxymore du titre, «

  17. Analyse d'un Poème de Charles Baudelaire

    « fleurir le désert », où les plantes naissent dans l'aridité; Les deux derniers vers semblent annoncer l'immortalité des Bohémiens, qui seront en marche même dans les « ténèbres futures », comme s'ils avaient déjà vaincu la mort. Conclusion. Le poème « Bohémiens en voyage », développe ainsi une allégorie.

  18. Bohémiens en voyage

    Conclusion Le poème Bohémiens en voyage développe en réalité une allégorie. A travers les bohémiens, Baudelaire suggère une analogie avec les poètes maudits, qui se sentent en marge de la société et qui à travers leur poésie peuvent voir au-delà des apparences.

  19. Les Fleurs du mal (1861)/Le Voyage

    LA MORT. Les Fleurs du mal (1861) , Poulet-Malassis et de Broise , 1861 ( p. 305 - 313 ). L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Effacent lentement la marque des baisers.

  20. Poème Le voyage

    Titre : Le voyage. Poète : Charles Baudelaire (1821-1867) Recueil : Les fleurs du mal (1857). À Maxime Du Camp. I. Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

  21. Baudelaire's 'Le Voyage': The Dimension of Myth

    Nicolae Bahuts. "Le Voyage," Baudelaire's longest poem, ranks among his most com plex and enigmatic. As long ago as 1945, Pommier confessed that, at. least up to that time, he had not been able to untangle the poem's com plexity (344). And Leakey begins his analysis by describing its structure as "elaborate, even devious" (294).