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L’Invitation au voyage (Le Spleen de Paris)

XVIII L’INVITATION AU VOYAGE

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.

Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.

Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !

Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’ Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’ Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?

Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.

Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l’orfévrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.

Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfévrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.

Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu !

Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ?

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

l'invitation au voyage prose

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Poetica

Poésie, poèmes et poètes

l'invitation au voyage prose

L’Invitation au Voyage

Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)

103 commentaires sur “L’Invitation au Voyage”

Chouette ce poème. Il est magnifique.

C’est grâce à ce poème lu par hasard que j’ai fini par lire tout Baudelaire, car figurez vous qu’il n’a pas écrit que les Fleurs du mal. Cela me désole que des adolescents trouvent ce poème trop long à mémoriser, moi je le trouve trop court ! Lorsqu’on plonge dans les rêveries du poète, on a pas envie de se réveiller de ce doux univers fait de sensations sensuelles, de fragrances de divers encens, d’éclats dorés qui luisent dans le clair-obscur… en devinant que ce monde magique et magnifique est doucement bercé par des volutes d’opium.

Je trouve cette poésie très émouvante

Un p’tit peu long mais c’est jolie et triste

J’adore. J’ai trouvé cette poésie très belle! Mais elle est très triste.

C’est pathétique de constater l’ignorance actuelle. L’école est gratuite en France et pourtant beaucoup semblent ne pas l’avoir fréquentée…

C’est tellement rare de lire un texte sans faute d’orthographe ou de grammaire. Nos poètes et écrivains magnifiques doivent se retourner dans leurs tombes !

C’est un peu long mais c’est joli !

Notre plus grand poète et Dieu sait que la France est le pays de la poésie. Bien entendu les cuistres de la nouvelle éducation n’aiment pas la poésie. Tout ce qui élève l’âme leur est étranger. Priver nos enfants de ces merveilles est criminel.

Se réveiller un matin ces vers dans son esprit, sur sa langue… Merveilleux… On était jeune, et j’ai senti le besoin d’ouvrir cet « engin » pour me rappeler et me réjouir.

Adalbert a bien raison.

C’est bien gentil tout ça. Mais ça ne m’aidera pas à payer mes impôts.

J’adore

Bien sûr, ce poème prend l’âme. Et je n’ai eu que 18,5/20 au bac, grâce à un autre poème de Baudelaire (« Harmonie du soir »), plus aisé à décortiquer (je pense que les profs de français sont surtout sensibles au verbiage que l’on peut leur servir). Mais lire ici les commentaires est parfois instructif.

Très beau poème…

Le seul poème que j’aurai voulu avoir au bac de français… mais je ne l’ai pas eu… Merci à ma p’tite maman pour me l’avoir cité depuis que je suis toute petite !

A toi mon beau Charles, grâce à toi des mauvaises notes seront mises à un examen dont tu es la motivation. A cause de toi, des années passeront sans que personne ne comprenne ce poème et doit néanmoins l’apprendre. Merci à toi Charles, pour tant de mauvaises notes, de larmes sur les copies d’écoles et de tragique remarques envers ceux qui auront réussi à t’apprendre. Triste d’écrire ça, je suis sure que dans le fond t’étais un bon toi aussi, bisou:)

Une honte! Cet enculé à tout volé sur les Inconnus: « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, redonne un sens à ta vie, en y mettant de la PO-E-SIE, poésie!!! ».

Pour compléter ce monument de la poésie, on peut écouter la mélodie d’Henri Duparc, qui a su mettre ce texte magique en musique. Je trouve que sa mélodie restitue avec élégance l’atmosphère mystérieuse et onirique du texte. Par contre il n’a pas utilisé la deuxième strophe, dommage.

Quel bonheur de vous faire découvrir ceci (en tout cas pour moi). Sidéré que j’étais de n’avoir rien trouvé sur elle alors que je cherchais son nom sur Google.

En balade avec ma femme à Nazare dans une boutique de décoration. Cristina branco chanteuse de fado chante l’invitation au voyage… Je ne connais ni Baudelaire ni la poésie ni elle et pourtant la chaussure est faite pour ce pied la… j’ai fait quelques recherches depuis, c’est pour nous la plus belle interprétation de ce leg. (Aussi pour ceux qui souhaitent apprendre ce poème par cœur..)

Merci Baudelaire, merci Branco

Après lecture de ce poème je me suis senti transpercé par un sentiment d’apaisement puis ensuite j’ai commencé a me souvenir de mes souvenirs d’enfance puis j’ai mangé une banane. Monique cette lettre est pour toi.

Que de commentaires débiles ! Ahurissant !!! Si vous n’êtes pas sensibles à la poésie, abstenez-vous d’en parler …

Ce qui est extraordinaire quand on connait beaucoup de poèmes par cœur appris dans l’enfance ou la jeunesse c’est qu’on ne les oublie pas et qu’on peut se les redire à volonté…. merci à celles et ceux qui nous les ont fait apprendre!

Que dire… Tout comme après le lac de Lamartine.

Je dois l’apprendre et à chaque fois que je le lis il me rapporte du bonheur. Il est long mais très beau. Charles Baudelaire est très fort, il est l’un des meilleurs.

J’ai appris ce poème par coeur en classe de 1ère, je crois, en 1949! Je le sais et l’adore toujours en 2022.

Ahah je vais le chanter

On découvre la poésie quand on lit ce poème des fleurs du mal « Invitation au voyage ». La musique des mots les images qui surgissent sont si bouleversantes qu’on se découvre poète. Rare, unique. Merci Baudelaire.

J’adore, c’est très beau.

Levi était un amis très proche de Baudelaire, ils étaient très inspirés par leurs histoires et des anciens poètes.

La vie ça va trop vite moi aussi en cm2 j’avais 76 ans LOL LOL hahahah

Charles Baudelaire a aimé au passé plusieurs femmes et parmi elles Marie Daubrun, qui lui brisa le cœur en le délaissant pour un autre poète.

Mdr si on avait pas de fiche lecture à faire ce poème aurait était bien

Il fait partie des meilleurs poèmes de la poésie française. Un très beau poème.

Personnellement, je ne suis pas fan de poésie mais celui-là est vrmt magnifique

Je dois apprendre ce poème et je le trouve génial !

J’adore cette poésie même si je dois l’apprendre.

Je trouve ce poème magnifique !

Super, j’ai eu 20/20 en CM2 et je l’ai appris en 1 jour (entier).

Il est beau mais je ne souhaite pas l’apprendre pour autant même si j’y suis obligé. Mais Baudelaire est un très bon poète.

Je n’aime pas la poésie parce que je dois l’apprendre par cœur

C’est un très beau poème. Je l’adore ainsi que le livre complet « Les Fleurs du Mal » J’ai eu la chance d’ailleurs de tomber sur cette poésie que j’aime tant et merci à elle car j’ai battu le record de mon lycée français de depuis 3 ans 20/20 à l’oral.

Trop chic ce poème

J’adore ce poème et je l’ai mis en musique.

Un jour, j’avais 15 ans, ma prof de français était malade, et absente. La directrice de l’école est venue nous faire la leçon. Elle nous a présenté « L’invitation au voyage ». La directrice me faisait ch… Mais : c’est la seule (une heure) leçon dont je me souvienne 50 ans plus tard.

Charlie t’aurais pas du inventer le poéme mtn je dois faire un bilan personnel dessus

J’adore ce poème. Je trouve que la répétition de « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté » est vraiment bien trouvé et très belle. Bonne lecture à tous et surtout profitez de ce confinement pour lire de superbes poèmes, comme celui là.

Je ne comprends rien à ce poème et des personnes de 12 ans ne sont pas apt à l’apprendre en 5 jours.

Super poème.

C’est le condensé de ce que la poésie peut élever notre âme. Il faut prendre les mots avec leur propre musique et se taire et se laisser porté !

J’ai adoré lire ce poème

Personellement je l’ai appris il n y a pas très longtemps et je le trouve magnifique.

L’Invitation au voyage est le titre de deux poèmes de Charles Baudelaire. L’un, en vers, figure dans le recueil Les Fleurs du mal (1857), numéro XLIX (49) de la première section intitulée Spleen et Idéal ; l’autre est en prose, publié en 1869 dans le recueil Le Spleen de Paris (numéro XVIII).

Dans le poème en vers, le poète décrit à sa bien-aimée Marie Daubrun un pays idéal (inspiré de la Hollande) où ils pourraient s’installer ensemble. On y trouve les célèbres vers :

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »

La mise en musique de ce poème de Baudelaire la plus célèbre est celle composée par Henri Duparc en 1870. Le texte y est incomplet, le compositeur ayant écarté la deuxième strophe.

En 1870 également, Emmanuel Chabrier publie une mise en musique du poème complet pour voix, piano et basson.

En 1892, Maurice Rollinat a mis en musique ce poème de Baudelaire.

Léo Ferré en a réalisé une nouvelle mise en musique dans son album Les Fleurs du mal en 1957, l’année du centenaire de la publication du recueil. Le poème cette fois-ci est complet.

Les Inconnus, dans un de leurs sketchs parodiques où ils incarnent le groupe de hard rock « Dousseur de vivre », reprennent les célèbres vers susmentionnés dans le refrain de la chanson Poésie.

À son tour, l’album Cyfry de Wojciech Płocharski contient l’interprétation du poème en polonais.

En 1999, Manlio Sgalambro et Franco Battiato ont réalisé une traduction italienne en forme de chanson dans l’album Fleurs.

En 2016, le groupe Superbus, dans la troisième piste de son album Sixtape, Soul Sister, reprend à intervalle régulier les trois premiers vers du poème.

Et ça fait bim bam boum

C’est très dur à chanter, cette poésie fut écrite pour accompagner une musique de Henri Duparc. Elle se mêle intimement au texte à tomber en pâmoison mais elle n’est pas facile d’accès, on s’en rend compte quand on la découvre de l’intérieur. Un autre poème féroce cette fois-ci : La charogne.

Bon bah super, j’dois apprendre tout ça pour jeudi. Merci Charles

Il est très beau

Pardon, j’avais oublié le poème de J. Du Bellay « Heureux qui comme Ulysse ». Qui me tient particulièrement à cœur.

Avec les sonnets de Ronsard, à Cassandre et à Hélène, c’est un des plus beau poème d’Amour que je connaisse. Et les trois que je retienne.

Je l’apprends au collège en 5ème

La mise en musique par Henri Duparc, de cet immortel poème, est un réel chef-d’œuvre. Curieux qu’aujourd’hui, cette merveille soit bien oubliée…

J’adore ce poème! Je l’ai apris en CM2 et c’est encore aujourd’hui mon poème préféré! Je le trouve magnifique, Baudelaire était vraiment un génie…

J’adore ce poème, la musique, les sentiments, tout y est. Il évoque toujours en moi un calme, une sérénité que je n’éprouve que rarement… Merci Baudelaire

Un poème génial

Le poème est très beau mais il est un peu trop long.

Je vous conseille d’écouter sa mise en chanson par Jacques Bertin

Ce poème est juste magnifique… j’avais le choix entre plusieurs poèmes pour mon devoir de français, mais celui ci m’a completement tapé dans l’oeuil. Je dois faire une analyse dessus et ce poème est tellement riche, en plus d’être sublime!

Je trouve ce poème très touchant… J’en ai eu des frissons lors de ma lecture. La larme m’est même tombée sur la joue, c’est pour dire. Plus magique que disneyland. Un bijoux. Un trésor. Une pépite. Une pluie d’or.

Baudelaire « parle bien à notre âme en secret sa douce langue natale »

Ah, ce Georges Brassens, quel bavard!

Poème inspiré par le séjour de Baudelaire à la Réunion…

J’aime trop cette poésie. Elle est charmante.

ALEXIS (8 Novembre 2018) Je vous rappelle que ce beau poème existe aussi en disque chanté par Léo Ferré (45t. Odéon) peut-être en CD ?

C’est cool mais un peu trop long.

C’est joli mais c’est un peu trop long pour apprendre en une fois.

Je remercie les poètes car sans eux, le Monde serait moins magique.

Unanimitè. Le dire calmement, à voix mi basse, dans un souffle régulier, comme on respire

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L’invitation au voyage (en prose) – Charles Baudelaire

Littérature , Poèmes

L’invitation au voyage (en prose) – Charles Baudelaire

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.

Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.

Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré  une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !

Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’ Invitation à la valse ;  quel est celui qui composera l’ Invitation au voyage,  qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?

Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.

Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un  revenez-y  de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.

Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme  une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfèvrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.

Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma  tulipe noire  et mon  dahlia bleu !

Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre  correspondance ?

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces  parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal « L’invitation au voyage » Commentaire linéaire

Notre étude porte sur le poème entier, introduction, problématique, axes de lecture pour un commentaire composé :, premier mouvement : une invitation à la poésie, deuxième mouvement : un étirement de l’espace et du temps, troisième mouvement : vers un moment d’éternité.

Odilon Redon, La voile grise, vers 1890.

⇨  Baudelaire, Les Fleurs du Mal 💼 "L'Invitation au Voyage" (Extrait)

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⇨ *  Baudelaire, Les Fleurs du Mal 🃏 L'Invitation au Voyage (axes de lecture) *

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L’invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds,

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal( 1857), section « Spleen et idéal ».

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème,’L’invitation au voyage’, Baudelaire, Fleurs du mal (1857).

(Ceci est un exemple, et pas un modèle. Votre réflexion personnelle peut évidemment vous mener vers d’autres pistes de lecture.)

Introduction :

Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme. De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose ( Spleen de Paris , 1869). Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive). (accroche avec informations sur l’auteur).

L’invitation au voyage se découvre dans la section « Spleen et idéal » de son œuvre. Tableau d’un idéal, ici, il s’inspire de son voyage fait à vingt ans, lorsque ses parents décident de l’embarquer sur un bateau à destination des Indes pour l’éloigner de sa mauvaise vie (il s’arrêtera au bout d’une dizaine de mois sur l’île de la Réunion). Il évoque à travers ce texte son amour pour Marie Daubrun, actrice à la mode, qu’il rencontre en 1848. (présentation du texte)

Nous verrons de quelle manière l’auteur arrive à nous emmener dans un voyage poétique. (problématique)

Tout d’abord, nous analyserons les particularités de ce texte, avant d’en montrer la portée imaginaire et poétique. (annonce de plan)

(introduction avec quatre éléments : accroche, présentation du texte, problématique, annonce de plan).

I- Un poème particulier.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème)

a) Une construction originale.

  • utilisation des vers impairs , cinq et sept syllabes, musicalité particulière (d’ailleurs mise en avant par la suite par Verlaine dans son poème « Art poétiqe »), vers courts créant un rythme rapide et saccadé.
  • Construction semblable à une chanson , à une berceuse avec trois couplets et le refrain qui revient : « Là, tout n’est […]et volupté ». L’adverbe « Là » placé en début de refrain insiste sur l’importance des deux vers, et oblige à un arrêt durant la lecture.
  • Présentation visuelle sous forme de colonne, avec des vers décalés. Rimes présentes, avec alternance entre rimes plates et rimes embrassées.

b) Un poème lyrique.

  • lyrisme marqué dès le début : « Mon enfant, ma soeur »(v.1), utilisation du possessif.
  • Expression de sentiments, de son amour  : anaphore avec verbe aimer v.4-5, pour une femme, destinataire du poème : « Songe »(v.2) (Marie Daubrun)
  • Eloge de la femme aimée , car il lui promet des merveilles : « C’est pour assouvir/Ton moindre désir »(v.32-33)

c) L’univers baudelairien.

  • une vision peu rassurante de la femme habituelle chez l’auteur  : « De tes traîtres yeux »(v.11), manque de confiance vis-à-vis des femmes et évocation des yeux verts de Marie Daubrun.
  • Création d’un univers sensoriel , mis en avant dans tout le recueil les Fleurs du mal  : « volupté », la chambre décrite dans la deuxième strophe évoque la sensualité, vue « Vois »(v.29), odorat « Mêlant leurs odeurs »(v.19), l’ouïe « Tout y parlerait »(v.24).
  • Insistance sur le luxe , obsession baudelairienne : « Luxe » (dans le refrain), « riches plafonds »(v.21), « splendeur orientale »(v.23), « or »(v.38). Ces éléments posent la vision de l’idéal baudelairien, un paradis sensuel luxueusement décoré .

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

II- La rêverie poétique.

( phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Le thème du voyage.

  • thème présent dès le vers 3  : « D’aller là-bas… », évocation d’un ailleurs possible, qui pourrait rendre la femme aimée heureuse « Au pays qui te ressemble »(v.6), reprise de cet ailleurs imaginaire avec « Là » au début des trois refrains.
  • La deuxième strophe se concentre sur l’évocation de l’Orient  : « La splendeur orientale »(v.23), sur l’exotisme « Les plus rares fleurs »(v.18), « l’ambre »(v.20).
  • Enfin, la dernière strophe développe un champ lexical du voyage important : « vaisseaux »(v.30), « vagabonde »(v.31), « bout du monde »(v.34).
  • Le poème en lui-même est une proposition pour partir.

b) Un rêve.

  • Dès le deuxième vers le caractère onirique du poème est mis en place : « Songe »(v.2), tel un charme, le poète demande à sa dame de rêver.
  • Certaines images traduisent l’imaginaire tout au long du texte : « soleils mouillés » ( oxymore , v.7), « Dormir ces vaisseaux »( personnification , v.30)
  • moment choisi : la nuit, en effet : « Le monde s’endort »(v.39), « Les soleils couchants »(v.35), description de la chambre dans la seconde strophe (endroit où l’on dort) ; La nuit est le moment du rêve.
  • Enfin, construction d’un monde utopique, d’une atmosphère irréelle  : emploi du conditionnel dans la seconde strophe « Décoreraient »(v.17), « parlerait »(v.24).

c) Un voyage paradoxal.

  • ce voyage s’effectue sans déplacement, sans mouvement  : absence de verbe de mouvement dans le poème à part « aller »(v.3) et « viennent »(v.34 pour les bateaux).
  • Le voyage ne mène pas on plus à des destinations différentes ou étrangères forcément : «Au pays qui te ressemble »(v.6), « Sa douce langue natale »(v.26), de plus aucune rencontre ne marque ce voyage puisqu’ils restent ensemble tout le temps sans personne d’autre. La ville dessinée à la fin paraît située en Hollande, et non dans une contrée lointaine. (champs et port proches).
  • Enfin, le refrain ne met pas en avant l’aventure « ordre », « calme ». Baudelaire n’invite pas vraiment à un voyage réel, mais plus à le suivre dans son état d’âme amoureux.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

A travers ce poème lyrique, Baudelaire nous fait part de ses obsessions : le luxe, le voyage, la femme aimée. Il rassemble les éléments de son idéal. Il cherche à emmener sa maîtresse dans une rêverie sentimentale. Le voyage évoqué est en effet plus poétique que réel. (reprise des conclusions partielles, réponse à l’annonce de plan)

Cette invitation nous prend par l’exotisme de la seconde strophe, l’évocation du voyage maritime de la dernière strophe, et la construction particulière du poème comme une berceuse. Le refrain participe à nous immerger dans cette rêverie. (réponse à la problématique)

Ce poème renvoie à un autre dans la même section des Fleurs du mal , « Parfum exotique », qui évoque une autre femme, Jeanne Duval. Il sera aussi repris plus tard en prose dans le dernier recueil de Baudelaire, Les Petits poèmes en prose . (ouverture)

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jeudi 28 février 2013

Petits poèmes en prose, l'invitation au voyage de baudelaire, l'invitation au voyage in petits poèmes en prose de baudelaire.

l'invitation au voyage prose

Poésie : L'invitation au voyage (II)

Titre : l'invitation au voyage (ii), poète : charles baudelaire (1821-1867).

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu'on pourrait appeler l'Orient de l'Occident, la Chine de l'Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s'y est donné carrière, tant elle l'a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations. Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l'ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d'où le désordre, la turbulence et l'imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange. Tu connais cette maladie fiévreuse qui s'empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu'on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C'est là qu'il faut aller vivre, c'est là qu'il faut aller mourir ! Oui, c'est là qu'il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l'infini des sensations. Un musicien a écrit l'Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l'Invitation au voyage, qu'on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d'élection ? Oui, c'est dans cette atmosphère qu'il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité. Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d'une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l'orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s'échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l'âme de l'appartement. Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfèvrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d'un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l'Art l'est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue. Qu'ils cherchent, qu'ils cherchent encore, qu'ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l'horticulture ! Qu'ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j'ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu ! Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c'est là, n'est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu'il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ? Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l'âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l'éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d'opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d'heures remplies par la jouissance positive, par l'action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu'a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ? Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c'est toi. C'est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu'ils charrient, tout chargés de richesses, et d'où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l'Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l'Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l'infini vers toi.

l'invitation au voyage prose

“L’Invitation au voyage”, Baudelaire – Commentaire linéaire

  • Marie Dougnac
  • 28 Juin 2022

À lire dans cet article :

Parcoursup

L’Invitation au voyage de Baudelaire est l’un des poèmes les plus connus des Fleurs du mal et est un incontournable du commentaire en français. Mais pour en faire un bon commentaire, il ne faut pas oublier quelques mots-clés… Voici quelques suggestions pour vous guider dans l’analyse et en faire un commentaire absolument parfait !

“L’invitation du voyage” : avant de commencer le commentaire

Introduction.

En guise d’introduction, il est pertinent de restituer l’ extrait  étudié dans son  contexte , et de l’éclairer par des éléments intéressants de la biographie de l’auteur. Nous allons utiliser quelques mots-clefs essentiels, attendus par les correcteurs, pour débuter notre analyse de l’Invitation au voyage !

Les points-clefs que tu dois évoquer

  • On peut dire qu’il s’agit d’un poème  lyrique  de la section Spleen et Idéal, qui constitue une  adresse  à la femme aimée et qui est caractérisé par sa  musicalité . Il s’agit effectivement d’une invitation à connaître un ailleurs exotique et onirique.
  • Il faut rappeler que l’ Invitation au voyage  reflète plusieurs thèmes clés abordés par Baudelaire dans son recueil de poésie des  Fleurs du mal  . En effet, le thème de l’ailleurs, de l’évasion par les sen s et de l’évasion sentimentale sont des thèmes récurrents dans les poèmes de Baudelaire.
  • Le poème accorde beaucoup d’importance à la femme aimée, c’est donc le moment idéal pour rappeler que Baudelaire a connu trois “muses” ! Trois femmes : Jeanne Duval (une femme du côté de l’animalité), Mme Sabatier (intellectuelle avec laquelle il entretenait une relation affectueuse) et Marie Daubrun (une actrice à laquelle il vouait une adoration mystique).

Fais attention à ne pas rédiger une biographie de Baudelaire en introduction ! Il faut simplement choisir les éléments qui peuvent permettre de mieux comprendre l’analyse de l’Invitation au voyage et de mieux expliquer l’extrait.

Analyse et commentaire linéaire de L’ Invitation au voyage  de Baudelaire

Une adresse à la femme aimée par baudelaire.

l'invitation au voyage prose

De plus, l’impératif ” songe ” est une invitation à se projeter en esprit dans un ailleurs rêvé : il introduit  l’onirisme  que l’on retrouvera dans tout le poème.

Une harmonie, un lieu d’idéal

baudelaire 2

De plus, la  juxtaposition  de deux termes antagonistes (” aimer et mourir “, v. 5) par la conjonction de coordination ” et ” reflète l’idée d’un amour à prolonger jusqu’à la mort. Le lieu exotique permettrait l’union des contraires ( éros , l’amour, et  thanatos , la mort), et l’amour y serait poussé à son  paroxysme .

La  femme  est au coeur du poème, vecteur d’un amour libre et total.

Un lieu exotique, pictural, sensationnel

baudelaire 3

” Mystérieux ” est une  diérèse  (mysté – rieux) qui insiste beaucoup sur l’atmosphère particulière du lieu évoqué, et renforce l’idée d’un lieu qui échappe à toute description naturaliste et s’éprouve par les  sens .

Un lien étroit entre les sensations, la femme, le lieu

Les vers ” De tes traîtres yeux / Brillants à travers leurs larmes ” établissent une  comparaison  entre les yeux de la femme et les ” soleils mouillés et ciels brouillés “. En effet, les yeux de la femme ouvrent au poète ce lieu idéal, et sont des points de départ du voyage et du rêve. Les  sensations, la femme et le lieu  sont intimement liés. L’invitation au voyage de Baudelaire est un voyage de sensations, où l’on sent, où l’on écoute et où l’on voit : c’est ce qui ressort de sa lecture et c’est ce que l’on doit voir lors du commentaire !

Un texte musical

l'invitation au voyage prose

Le triptyque ” luxe, calme et volupté ” évoque un lieu où tout est possible, et où les sensations ont une place centrale.

Une chambre intime, fantasmée

l'invitation au voyage prose

L’emploi du verbe au  conditionnel  ” décoreraient ” renvoie lui au lieu rêvé et aux projections et fantasmes du poète.

Un lieu qui s’ouvre sur l’extérieur : le voyage

l'invitation au voyage texte 5

On note dans ces deux strophes une convocation des  sens , qui ont une place centrale chez Baudelaire : l’odorat (” odeur “), la vue (” miroirs “), l’ouïe (” parlerait “), le toucher (” poli par les ans “)… Ce lieu s’éprouve avant tout à travers les  sensations . Pour Baudelaire, c’est par les sens qu’on accède à un degré supérieur du réel (cf. le poème  Correspondances ). Cette invitation au voyage est avant tout une expérience sensorielle.

Retour à l’onirisme

l'invitation au voyage texte 5

L’emploi du verbe d’action ” parler ” dont le sujet est les objets est étonnant : il y a ici une  correspondance entre les objets et les sens  (comme dans le poème  Correspondances  qui théorise cette idée) : les objets renvoient le poète à une réalité supérieure et a quelque chose qui dépasse le réel (des sensations, des souvenirs…). C’est une des idées majeures du  symbolisme , dont Baudelaire est un des précurseurs.

Par ailleurs, la ” langue natale ” peut faire référence à un langage non corrompu par la société dont le poète est prisonnier. S’opère un  retour aux origines  par la sensation et la ” communion ” avec les objets. Ce vers peut aussi renvoyer aux  souvenirs  du poète, à un jadis.

La musicalité du texte, de nouveau

l'invitation au voyage texte 6

Poursuite du voyage

l'invitation au voyage texte 7

Un lieu qui répond à tous les désirs des personnages

l'invitation au voyage texte 8

Le lieu s’élargit, le calme atteint le monde

l'invitation au voyage texte 9

De plus, la  juxtaposition  ” les champs, les canaux, la ville entière ” puis l’emploi du substantif ” le monde ” évoquent un élargissement du lieu : l’immobilisme et le repos se répandent progressivement au monde entier. Cette invitation au voyage est donc bien un déplacement progressif, un mouvement et c’est ce qu’il faut faire ressortir dans le commentaire.

La  diérèse  ” d’hyacinthe et d’or ” renvoie à des couleurs chaudes et à l’ atmosphère picturale  du poème. Le lieu évoqué se caractérise par l’importance de la  lumière  (” or “, et plus haut ” soleils mouillés ” et ” ciels brouillés “).

Problématique et plan : quelques pistes pour commenter l’ Invitation au voyage

I – un ailleurs onirique qui s’éprouve par les sens dans cette invitation au voyage.

  • La place centrale de la vue
  • Un poème pictural et musical
  • Les sensations au coeur du poème

II – Un ailleurs qui correspond aussi à la femme aimée

  • La correspondance entre la femme et le paysage
  • Un désir de communion et d’harmonie

III – Un ailleurs idéal

  • Un amour poussé à son paroxysme
  • Un ailleurs exotique (exotisme, lumière…)
  • Des objets qui parlent à l’âme

En guise d’ouverture

Spleen et idéal, de matisse.

Ce tableau de Matisse, ”  Spleen et Idéal  “, permet de souligner l’atmosphère picturale du poème (les éléments décrits font penser à ceux d’une peinture) et reprend les valeurs de l’idéal baudelairien (à savoir un ailleurs marqué par la présence de la femme et par l’importance des sensations).

Sensation, d’Arthur Rimbaud

On peut également penser à ce poème, ” Sensation ” d’Arthur Rimbaud, dans lequel on retrouve la référence à un ailleurs idéal, la place de la femme, intimement liée au lieu rêvée, et l’importance des sensations (verbes de perception et champ lexical du corps).

l'invitation au voyage texte 10

En bref, l’ Invitation au voyage  de Baudelaire est un poème que vous allez facilement pouvoir analyser pour en déduire un commentaire si vous maîtrisez le vocabulaire de la poésie et produisez un commentaire structuré et que vous citez toujours le texte pour appuyer ce que vous dîtes!

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l'invitation au voyage prose

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Séance 5 L’invitation au voyage

Vue d'Amstel

Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Les Fleurs du mal , Spleen et Idéal, LIII

Éléments de correction pour un commentaire

Poème extrait de la section Spleen et Idéal (LIII) et inscrit dans la partie consacrée à l’Idéal. Un idéal qui prend la double forme d’un amour absolu et de la fuite vers un ailleurs.

Le poème appartient au cycle de Marie Daubrun.

Problématiques possibles

  • En quoi ce poème exprime-t-il l’aspiration à un idéal ?
  • De quelle façon le poème établit-il une correspondance entre la femme et le paysage ?
  • Pourquoi peut-on dire que ce poème est conçu comme un tableau ?

Axes possibles

1. l’invitation à découvrir un lieu imaginaire.

  • Le poème s’adresse à la femme aimée (« Mon enfant, ma sœur ») et l’invite à découvrir un pays (la Hollande[^1]) qui est une sorte de miroir (cf. le « pays qui te ressemble » au vers 6). ➝ correspondance femme-paysage. Équivalence entre les « soleils mouillés » et  les « yeux brillant à travers leurs larmes » (vers 11 et 12). L’éclat voilé du regard et du ciel suggère un mystère à percer (noter la diérèse insistante dans le pentasyllabe « Si mystérieux »), un au-delà dissimulé.
  • Un lieu idéal parce qu’imaginaire que l’on ne peut entrevoir que par le songe (voir vers 2) et dont l’aspect irréel est suggéré par l’emploi des verbes au conditionnel (« décoreraient » au vers 17, « parlerait » au vers 24) mais aussi des infinitifs (voir l’anaphore « Aimer » aux vers 4 et 5). ➝ pays de Cocagne mentionné par Baudelaire dans le poème en prose.
  • Curieusement ce voyage se déroule dans un espace fermé (intérieur d’une chambre dans la deuxième strophe, enceinte de la ville dans la dernière). Les vaisseaux ne partent pas mais « viennent du bout du monde » (vers 34). Ceux-ci évoquent le voyage. C’est en fait une promesse de voyage plutôt qu’un voyage en tant que tel qui est suggéré. C’est un ailleurs virtuel qui comme nous l’avons vu dans la précédente lecture analytique échappe à la réalisation et donc à la déception. Mais c’est un voyage qui s’accomplit (dans sa non-réalisation) puisque sa temporalité progresse : soleils mouillés de la journée sont couchants et « le monde s’endort ». De plus, aux conditionnels et infinitifs (et au « songe » du début ») répond un « vois » à la fin qui actualise ce qui n’était qu’onirique. Notez également les déictiques : « ces » (vers 29 et 30).

2. Un paradis baudelairien

  • L’allusion à la « douce langue natale » (vers 26) évoque le paradis originel, à la situation de l’homme avant l’exil. De même, les « traîtres yeux » (vers 11) renvoient à la femme coupable de ce péché. C’est un personnage ambivalent à la fois instrument de perdition et de volupté.
  • À défaut d’un retour en arrière, il faut se contenter d’un déplacement dans l’espace : « là-bas » (vers 3), « là » (vers 13) dont l’imprécision est significative. C’est un lieu idéal qui s’oppose à un ici désignant le lieu où s’exprime le poète.
  • Cet ailleurs a la coloration exotique chère à Baudelaire (voir au vers 23 la « splendeur orientale » ou l’évocation du « bout du monde » au vers 34). La Hollande, en raison de son négoce avec l’Asie et ses diverses colonies, évoque cet orient par les « vaisseaux » (vers 29).

3. Les éléments du bonheur selon Baudelaire

  • La réalité de ce paradis s'appréhende à partir des sens, en particulier l’odorat et la vue (penser aux synesthésies[^2]). Les odeurs : celle des fleurs (vers 18), « odeurs » (vers 19), « senteurs » (vers 20). La vue est encore plus sollicitée. Le regard de Marie Daubrun, mais aussi l’impératif « vois » de la dernière strophe.
  • C’est la beauté de la lumière qui doit être vue. « Une chaude lumière » (vers 40) s’oppose, par exemple, aux « froides ténèbres » du spleen évoquées dans « Chant d’automne ». Elle inonde la ville tout entière « D'hyacinthe et d’or » (vers 38). Le poème invite à jouir de la richesse qu’offrent ces lieux (« Les plus rares » au vers 18, « Les riches plafonds » au vers 19). Remarquez également l’emploi du déterminant indéfini « tout » répété à de multiples reprises (« Tout n’est que... » dans le refrain, « Tout y parlerait » au vers 24).
  • L’abondance, le luxe, la volupté sont les éléments du bonheur baudelairien. Un sentiment de plénitude peut être alors ressentie (« Aimer à loisir » au vers 4, « assouvir ton moindre désir » aux vers 32 et 33)

4. La transfiguration du réel par l’art

  • Ce bonheur ne peut s’entrapercevoir que dans et par l’art et la poésie. En effet, le poème se donne à voir et est conçu comme un tableau : composition du poème comme un triptyque . Le terme « ciels » au vers 8 évoque la peinture. Le jeu de miroirs est caractéristique de la peinture[^3] hollandaise (en particulier Vermeer (pour les intérieurs) et Ruisdael (pour les ciels), peintres hollandais du 17e siècle. Cf. (encore) la version en prose révélant la transfiguration faisant du réel un lieu idéal : « Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue. »
  • Rythme et sonorités. Trois strophes composées chacune de quatre groupes de deux pentasyllabes à rime masculine suivis d’un heptasyllabe à rime féminine et séparées par un refrain de deux heptasyllabes vérifient l’exigence qui sera celle de Verlaine :

De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Rythme impair associé au refrain crée un effet de bercement propice à la rêverie. Refrain mélodique suscite une impression de paix et de bonheur jusque dans la composition :

Là/, tout n’est qu’or/dre et beauté, (1/3/3) Luxe, calme et volupté (deux monosyllabes suivis du mot « volupté » marquant l’épanouissement du vers).

Notez également les nombreuses assonances du poème en [ã].

1 - Dans « L’invitation au voyage » (des Petits poèmes en prose ), Baudelaire évoque explicitement la Hollande en désignant la monnaie du pays, le florin. 2 - La synesthésie consiste à associer deux sens. Voir la définition de Wikipédia . Chez Baudelaire, un sens évoque les perceptions enregistrées par un autre comme dans ces vers de « Correspondance » : « Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, / Doux comme les hautbois, verts comme les prairies […]». Voir également la théorie des correspondances sur Wikipédia . 3 - Lire, entre autres, - Le miroir dans la peinture néerlandaise : entre vision symbolique et recherche picturale - Le miroir dans l’art - Miroir dans l’art

À voir également

  • Séance 1 Dates importantes et composition
  • Modernité de Baudelaire
  • Séance 2 Alchimie du verbe
  • La versification Introduction

Comment s'est déroulé le voyage décrit dans Les Fleurs du Mal ?

Par Mathieu

Rédigé le 8 avril 2021

12 minutes de lecture

l'invitation au voyage prose

  • 01. Charles Baudelaire : un grand poète français
  • 02. Le texte de L'Invitation au Voyage
  • 03. Marie Daubrun : l'inspiration du poème
  • 04. Analyse de la poésie de Baudelaire

Cristèle

Charles Baudelaire : un grand poète français

Qui est Charles Baudelaire, le poète français ?

Charles Baudelaire est un poète français né le 9 avril 1821 à Paris et mort le 31 août 1867 dans la même ville. Il fait partie des plus célèbres auteurs du XIXème siècle de par son talent, mais aussi pour ses particularités : il a popularisé le poème en prose et a inclu la modernité comme motif poétique.

Il est donc devenu un poète majeur de l'histoire mondial et ses œuvres sont des classiques. Ses thèmes sont multiples :

  • Les liens entre le mal et la beauté,
  • Les liens entre le bonheur et l'idéalisme,
  • Les liens entre la violence et la volupté,
  • Les liens entre le poète et le lecteur,
  • La gravité du poème,
  • Le scandale,
  • La mélancolie,
  • L'envie d'ailleurs,
  • La beauté extraite de l'horreur.

Charles Baudelaire faisait partie des poètes français les plus célèbres. Voici un tableau récapitulatif des plus grands poètes de notre pays :

Le texte de L'Invitation au Voyage

De quoi parle la poésie L'Invitation au Voyage de Baudelaire ?

"Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté". Charles Baudelaire,  Les Fleurs du mal  (1857)

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Marie Daubrun : l'inspiration du poème

Qu'est-ce que le cycle Marie Daubrun dans Les Fleurs du Mal ?

"Mon enfant, ma sœur" : Baudelaire et Théodore de Banville s'accordaient pour souligner le caractère enfantin des traits du visage de Marie Daubrun , qui a très certainement inspiré ce poème. Un visage "Où l'enfance s'allie à la maturité" ( Le Beau Navire - FdM - LII).

Dans sa critique sur l'œuvre de Banville ("Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains", publié pour la première fois dans la Revue fantaisiste du 15 août 1861), Baudelaire écrit : "...encore faudra-t-il doter la femme d'un genre de beauté tel que l'esprit ne peut le concevoir que comme existant dans un monde supérieur".

Or, je me souviens qu'en trois ou quatre endroits de ses poésies notre poète [Théodore de Banville, note de PMV], voulant orner des femmes d'une beauté non comparable et non égalable, dit qu'elles ont des têtes d'enfant. C'est là une espèce de trait de génie particulièrement lyrique, c'est-à-dire amoureux du surhumain .

Il est évident que cette expression contient implicitement cette pensée, que le plus beau des visages humains est celui dont l'usage de la vie, passion, colère, péché, angoisse, souci, n'a jamais terni la clarté ni ridé la surface.

J'ai lu de très nombreux commentaires, corrigés types et explications du poème, et j'ai été troublé que personne ne s'arrête vraiment sur ce vers. C'est pourtant une évidence qui devrait interpeller tout potache un peu curieux, - et sans tomber dans la psychanalyse de bazar : on ne s'adresse pas à la femme qu'on aime en l'appelant : "Mon enfant, ma sœur", à moins qu'on ne soit furieusement tourmenté par l'idée de l'inceste.

Idéal de pureté ? Amour platonique ? Tristan et Iseult dormant côte à côte, chastement séparés par une épée ? Pourquoi pas ? Mais dans ce cas, on ne propose pas à cette enfant, cette sœur, d'aller "aimer à loisir, aimer à mourir"... (heureusement, on meurt rarement d'amour platonique).

Occulter ce vers, c'est éluder le sens du poème qui y est déjà annoncé. Nous en sommes certains dès cet appel : Baudelaire n'aimera pas Marie, du moins pas au sens charnel - au sens sexuel - où nous sommes tentés de l'entendre. Il se l'interdit d'emblée, en dressant entre lui et l'amante la barrière infranchissable du tabou de l'inceste.

Et nous savons aussi dès ce premier vers qu'il ne partira pas. À quoi bon, en effet, se rendre dans cette chambre décorée de meubles luisants, tendue de tapisseries, aux murs couverts de miroirs, puisqu'il ne s'y passera rien, du moins rien qui puisse inciter un majordome polisson à hasarder un œil par le trou de la serrure ?

Tout Baudelaire est là : il a lancé des invitations au voyage , il a réclamé des dépaysements, rêvé de pays inconnus, mais il hésitait six mois avant de partir pour Honfleur et l'unique voyage qu'il a fait lui a semblé un long supplice (Jean-Paul Sartre (1905-1980) - Baudelaire - Gallimard 1947).

"Des rêves ! Toujours des rêves !" avoue le poème en prose . "Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?" La réponse est évidemment non. Cette invitation au voyage n'est qu'une invitation au rêve . Dans le poème en prose, cette enfant, cette sœur est présentée comme une vieille amie.

Dans le Chant d'automne ( FdM - LVI), elle est à la fois mère, amante ou sœur :

"Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant".

Analyse de la poésie de Baudelaire

Comment étudier un poème de Charles Baudelaire ?

Il faut se référer à l'énigmatique lettre non datée adressée à Madame Marie :

"...mais soyez tranquille, vous êtes pour moi un objet de culte, et il m'est impossible de vous souiller (...) C'est un sentiment vertueux qui me lie à jamais à vous. En dépit de votre volonté, vous serez désormais mon talisman et ma force. Je vous aime, Marie, c'est indéniable ; mais l'amour que je ressens pour vous, c'est celui du chrétien pour son Dieu".

"Songe à la douceur / D'aller là-bas vivre ensemble !" : On notera les sonorités étouffées des vocaloïdes on (mi-ouverte postérieure arrondie nasalisée), ou (fermée postérieure arrondie), eu (mi-ouverte antérieure arrondie), et l'on dira que le poète utilise de douces sonorités voilées , assourdies, mates, ouatées.

Le professeur sera content de découvrir un cœur de poète battre dans la poitrine du potache et lui mettra une bonne note. Et il l'excusera de passer un peu vite sur le là-bas, d'autant qu'on ne sait pas exactement où il se trouve.

Le là-bas de Baudelaire, cet endroit où l'on n'ira jamais, c'est ailleurs, bien loin d'ici, un pays que l'on ne connaît que par le rêve : Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? ( Le Spleen de Paris ).

Cette nostalgie, indique peut-être qu'il s'agit d'un pays que l'on a connu avant la naissance, dans une vie antérieure :

"J’ai longtemps habité sous de vastes portiques Que les soleils marins teignaient de mille feux" ( La Vie antérieure - FdM - XII).

Toutefois, Baudelaire nous livrera quelques indications qui permettront au lecteur d'imaginer où se trouve plus précisément ce là-bas. Nous y reviendrons.

"Aimer à loisir, / Aimer et mourir" / : On a accroché sur la porte le panonceau "Ne pas déranger", qui dissuadera la femme de ménage de venir passer l'aspirateur au matin. Et l'on pourra tout à son aise aimer et mourir.

Affligeante banalité d'une juxtaposition de mots qui sature les romans, la poésie, les chansons et les serments amoureux jusqu'à l'écœurement. Mais Sigmund Freud (1856-1939) n'était pas encore venu expliquer que la lutte entre Eros, la pulsion de vie, et Thanatos, la pulsion de mort, était somme toute, le contenu essentiel de la vie. (Sigmund Freud - Malaise dans la civilisation ).

"Au pays qui te ressemble" : Voici un thème cher à Baudelaire, la correspondance , l' analogie (voir le poème Correspondance ) entre la femme et le paysage . On mettra ce texte en relation avec Ciel brouillé ( FdM - L) :

"Tu ressembles parfois à ces beaux horizons Qu'allument les soleils des brumeuses saisons..."

Ou avec Causerie ( FdM - LV) :

"Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !"

Ou encore avec À celle qui est trop gaie (Pièces condamnées) :

"Ta tête, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme un vent frais dans un ciel clair".

Femme-paysage où l'on se promène, comme sur la montagne formée par La Géante ( FdM - XIX) :

"Parcourir à loisir ses magnifiques formes ; Ramper sur le versant de ses genoux énormes, Et parfois en été, quand les soleils malsains, Lasse, la font s’étendre à travers la campagne, Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins, Comme un hameau paisible au pied d’une montagne".

Femme-objet, femme-bibelot, femme-miroir, femme-tableau qu'on accroche au mur et qu'on contemple, mais femme silencieuse , sans voix, femme muette. "Sois charmante et tais-toi", dit Baudelaire dans Sonnet d'automne ( FdM - LXIV). Et dans le même sonnet, la femme ne parle que par les yeux : "Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal..."

"Et, bien que votre voix soit douce, taisez-vous ! Taisez-vous, ignorante ! âme toujours ravie !" ( Semper eadem - FdM - XL)

"Ô Lune de ma vie ! emmitoufle-toi d’ombre ; Dors ou fume à ton gré ; sois muette, sois sombre, Et plonge tout entière au gouffre de l’Ennui" ; ( Le Possédé - FdM - XXXVII)

La femme baudelairienne ne parle pas . Elle va criant sur les places publiques ( Bénédiction - FdM - I), elle persécute l'Assassin qui soupire, enfin libéré : "Lorsque je rentrais sans un sou / Ses cris me déchiraient la fibre" ( Le vin de l'assassin - FdM - CVI). Elle est comme Le Chat ( FdM - LI) qui se promène ainsi qu'en son appartement : "Quand il miaule, on l'entend à peine (...)" et

"Pour dire les plus longues phrases, Elle n’a pas besoin de mots".

"Aimer à loisir, / Aimer et mourir / Au pays qui te ressemble" : Mais pourquoi pas plutôt aimer et vivre, ici et maintenant ? Pourquoi aller chercher un impossible là-bas pour y vivre un impossible amour ?

Me revient à l'esprit une phrase de Denis de Rougemont (1906-1985) dans L'Amour et l'Occident (1939) : Aimer, au sens de la passion, c’est le contraire de vivre. C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession.

"Les soleils mouillés / De ces ciels brouillés" : On notera bien sûr l'oxymore soleil mouillé et l'allitération des y (le phonème [j] ), ça rapporte au moins un point sur la copie. Si l'on ajoute qu'il s'agit d'une  consonne spirante palatale voisée , on aura droit au respect de son professeur.

Les plus consciencieux relèveront qu'on trouve l'expression soleil mouillé dans la nouvelle La Fanfarlo : "sa tristesse rayonnait d'espérance comme un soleil mouillé",...

"Pour mon esprit ont les charmes" : le mot doit être pris dans son sens le plus fort, sortilège, envoûtement, ensorcellement, et non pas dans le sens affadi où l'on l'entendons aujourd'hui : grâce, attrait, agrément.

"Si mystérieux / De tes traîtres yeux" : la diérèse sur mystéri-eux allonge le vers et prolonge le mystère , mais l'on s'interrogera surtout sur les traîtres yeux. Les yeux équivoques, le regard empoisonné, venimeux de la belle sorcière, de l'adorable sorcière ( L'Irréparable - FdM - LIV) reviennent souvent dans les poèmes du cycle Marie Daubrun. Ainsi :

"Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts" ( Le Poison - FdM - XLIX) "Ton œil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?) Alternativement tendre, rêveur, cruel", ( Ciel brouillé - FdM - L)

Le poète Théodore de Banville, ami et rival de Baudelaire, notera aussi ce thème dans les yeux de Marie Daubrun  :

"Il me faut bénir ta blonde toison, Tes beaux yeux armés pour la trahison", ( Améthystes XI)

N'oublions pas que Marie Daubrun était actrice, et que le comédien est double, Diderot (1713-1784) a développé ce thème dans son Paradoxe sur le comédien  : Il n'est pas le personnage, il le joue et le joue si bien que vous le prenez pour tel : l'illusion n'est que pour vous ; il sait bien, lui, qu'il ne l'est pas. (Diderot : Paradoxe sur le comédien ).

La grande actrice est, toujours selon Diderot, comme la courtisane qui ne sent rien mais qui se pâme entre vos bras. Si toutes les femmes sont capables (comme tous les hommes, d'ailleurs) de traîtrise et de duplicité, l'actrice, celle dont le métier est de jouer des personnages - (des masques, au sens grec) est une professionnelle dans cet art délicat.

"Mais non ! ce n’est qu’un masque, un décor suborneur, Ce visage éclairé d’une exquise grimace, Et, regarde, voici, crispée atrocement, La véritable tête, et la sincère face Renversée à l’abri de la face qui ment". ( Le Masque - FdM - XX)

"Brillant à travers leurs larmes" : L'orgueil de l'homme le convaincra facilement que ces larmes sont sincères et ne coulent que pour lui. Ces yeux brillants et mouillés apparaîtront comme une correspondance des soleils mouillés évoqués deux vers plus haut, mais on pourra légitimement se demander ce qui fait pleurer l'amante, si ce n'est la fantaisie un peu perverse du poète :

"Que m’importe que tu sois sage ? Sois belle ! et sois triste ! Les pleurs Ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage ; L’orage rajeunit les fleurs". ( Madrigal triste - FdM - Addition à la 3ème édition - VII)

Et l'on se rappellera la définition du beau de Baudelaire, telle qu'il l'énonce dans ses Journaux intimes :

"J’ai trouvé la définition du Beau, – de mon Beau. C’est quelque chose d’ardent et de triste, quelque chose d’un peu vague, laissant carrière à la conjecture. Je vais, si l’on veut, appliquer mes idées à un objet sensible, à l’objet, par exemple, le plus intéressant dans la société, à un visage de femme. Une tête séduisante et belle, une tête de femme, veux-je dire, c’est une tête qui fait rêver à la fois, – mais d’une manière confuse, – de volupté et de tristesse ; qui comporte une idée de mélancolie, de lassitude, même de satiété, – soit une idée contraire, c’est-à-dire une ardeur, un désir de vivre, associé avec une amertume refluante, comme venant de privation ou de désespérance. Le mystère, le regret, sont aussi des caractères du Beau". ( Journaux intimes - Fusées )

Les yeux de Marie Daubrun ne se laissent jamais voir clairement. Ici, son regard est brouillé par les larmes. Dans le poème Ciel Brouillé ( FdM - L), il est d'une vapeur couvert. La sagesse populaire affirme que les yeux sont le miroir de l'âme . Parce que ses yeux sont toujours voilés, on ne voit pas l'âme de Marie, elle est aussi trouble, aussi opaque que son regard.

J'ai écrit : pervers ? Ce n'est pas politiquement correct de le dire, mais il serait malhonnête de le taire : il y a de la perversité chez Baudelaire, qui aime tant contempler ces femmes en pleurs pour y découvrir la douleur qui fascine ( À une passante - FdM - XCIII). On ne peut s'empêcher de pressentir un petit quelque chose de sadomasochiste, le charme discret de la cruauté.

On retrouve ces traits pervers dans nombre de témoignages. Ainsi, Nadar relate cette anecdote qui n'est pas sans rappeler la scène 2 de l'acte III du Don Juan de Molière (1622-1673), au cours de laquelle le libertin dit au pauvre : "ha, ah, je m'en vais te donner un Louis d'or tout à l'heure, pourvu que tu veuilles jurer"...

"Plus tard, et cette fois du vilain. On est à table, au dessert. L'enfant guigne le compotier aux gâteaux, tend sa petite main Baudelaire a pris un gâteau qu'il présente, à distance - Oui, mais tu vas dire : Je suis un gourmand ! - Je suis un gourmand - et le petit bras s'allonge - Pas encore ! Dis : - Je suis un misérable gourmand ! Ce mauvais jeu ne me va pas du tout : et le regard de la mère, donc ! Énervé, j'ai saisi et donné au petit le gâteau, avant que Baudelaire ait arrêté mon bras, me disant très grave, en reproche : - Mais nous pouvions en obtenir davantage..." - Nadar, Charles Baudelaire intime : le poète vierge

Plus inquiétant : Le romancier et journaliste Louis Poupart-Davyl (1835-1890), qui fut un intime de Baudelaire, raconte dans Le Figaro du 15 août 1880, sous son pseudonyme de Pierre Quiroul, un étrange comportement du poète :

"Un soir, nous nous trouvions dans je ne sais plus quelle brasserie, et le poète des Fleurs du Mal racontait je ne sais quoi... d'énorme. Une femme blonde, assise à notre table, écoutait tout cela, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Tout à coup, le narrateur s'interrompant, lui dit : Mademoiselle, vous que les épis d'or couronnent et qui, si superbement blonde, m'écoutez avec de si jolies dents, je voudrais mordre dans vous et, si vous daignez me le permettre, je vais vous dire comment je désirerais vous aimer. - Au reste, vous aimer autrement me semblerait, je vous l'avoue, assez banal. - Je voudrais vous lier les mains et vous pendre, par les poignets, au plafond de ma chambre ; alors je me mettrais à genoux et je baiserais vos pieds nus." Frappée de terreur, la blonde s'enfuit. Si elle court encore, elle a dû aller loin, car il y a longtemps de cela. Le poète était très sincère. Il ne l'avait rêvée, pendant un moment, que pendue ; il nous en parla jusqu'à minuit".

Plus inquiétant encore, cette phrase dans les Journaux intimes ( Mon cœur mis à nu ) : "De la nécessité de battre les femmes...".

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Professeur d'histoire, de français et d'anglais dans le secondaire et le supérieur. J'aime la littérature, les jeux vidéo et la tartiflette. La dalle angevine me donne soif de savoirs !

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Bonjour, Je souhaitais m’inscrire , mais la faute sur Baudelaire « Un grand poètes français » avec un -S à poète m’a choqué ! Cela commence bien……A revoir.

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Bonjour, nous avons corriger cette coquille 🙂 merci !

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  9. L'Invitation au voyage de Charles BAUDELAIRE dans 'Le Spleen de Paris

    L'Invitation au voyage. Charles BAUDELAIRE Recueil : "Le Spleen de Paris" Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu'on pourrait appeler l'Orient de l'Occident, la Chine de l'Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s'y est donné carrière, tant elle l'a ...

  10. Invitation au voyage, Baudelaire, Fleurs du mal, commentaire, analyse

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), section « Spleen et idéal ». Exemple d'un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème,'L'invitation au voyage', Baudelaire, Fleurs du mal (1857). (Ceci est un exemple, et pas un modèle.

  11. PDF BAUDELAIRE, ''L'invitation au voyage''

    prose également intitulé ''L'invitation au voyage'' et qui développe les mêmes thèmes que ceux exposés dans Ie poème en vers, qu'il y évoqua la Hollande, que, cependant, il ne connaissait que par les tableaux aperçus dans les musées (comme ceux de Pieter de Hooch, Vermeer n'ayant pas encore été découvert) et par les relations de voyages que firent d'autres ...

  12. Petits poèmes en prose, L'Invitation au voyage de Baudelaire

    L'Invitation au voyage in Petits poèmes en prose de Baudelaire. Par Céline Roumégoux - publié le vendredi 5 octobre 2012 à 18:37 dans commentaires de poésies classe de 1ière. L'Invitation au voyage (extrait) in Petits poèmes en prose de Baudelaire (1869) Voir le texte intégral ICI. Photo de Baudelaire par Etienne Carjat.

  13. L'invitation au voyage

    L'Invitation au voyage est un poème célèbre de Charles Baudelaire. Il a trois strophes séparées par un refrain et se trouve dans la section Spleen et Idéal du recueil Les Fleurs du Mal. Le poète invite sa muse Marie Daubrun à un voyage imaginaire et décrit un pays idéal où ils pourraient vivre.

  14. PDF 'L'invitation au voyage''

    de ce texte; de toute façon, il est sûr qu'il reprit certaines de ses suggestions dans le poème en prose intitulé lui aussi 'L'invitation au voyage''', qui développe les mêmes thèmes que ceux exposés dans I'oeuvre en vers , et qui parut le 24 août 1857 dans ''Le présent''. Baudelaire se souvenait aussi du "

  15. PDF L invitation au voyage

    L'invitation au voyage Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, 5 Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes 10 Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. 15 Des ...

  16. Poème L'invitation au voyage (II)

    Poème - L'invitation au voyage (II) est un poème de Charles Baudelaire extrait du recueil Le Spleen de Paris (1869). Poésie française.fr Recueil de poésies des meilleurs poètes français et étrangers d'hier à aujourd'hui.

  17. "L'Invitation au voyage", Baudelaire

    Analyse et commentaire linéaire de L'Invitation au voyage de Baudelaire. Problématique et plan : quelques pistes pour commenter l'Invitation au voyage. En guise d'ouverture. L'Invitation au voyage de Baudelaire est l'un des poèmes les plus connus des Fleurs du mal et est un incontournable du commentaire en français.

  18. PDF L'INVITATION AU VOYAGE!

    L'Invitation au voyage, poèmes en vers et en prose de Charles Baudelaire.) Pourquoi joue-t-on au bridge, sinon pour cette main parfaite qui surviendra, qui nous prendra pour nous emmener ailleurs, là-bas, "Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble" Qui nous sortira de la grisaille quotidienne

  19. Séance 5 L'invitation au voyage

    1 - Dans « L'invitation au voyage » (des Petits poèmes en prose), Baudelaire évoque explicitement la Hollande en désignant la monnaie du pays, le florin. 2 - La synesthésie consiste à associer deux sens. Voir la définition de Wikipédia.

  20. PDF INVITATION AU VOYAGE

    Invitation à partager un voyage imaginaire (rêvé) fait de douceur vers un monde idéal Un jeu verbal qui permet un passage du rêve, du désir (conditionnel) vers une réalité(présent :"vois"). Force de l'imaginaire "Reine de toutes les facultés" le lexique fait apparaitre des thèmes croisés autour de l'ailleurs, de la femme, du voyage ...

  21. L'Invitation au Voyage : Analyse du Poème

    Cette invitation au voyage n'est qu'une invitation au rêve. Dans le poème en prose, cette enfant, cette sœur est présentée comme une vieille amie. Dans le Chant d'automne ( FdM - LVI), elle est à la fois mère, amante ou sœur : "Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ;

  22. Baudelaire : L'Invitation au Voyage (Commentaire composé)

    Introduction. Nous allons étudier le poème de Baudelaire intitulé « L'Invitation au Voyage » tiré du recueil « Les Fleurs du Mal ». Cette poésie fait partie de la 6ème section, elle incarne l'idéal et est l'opposé des forces maléfiques du spleen. Nous mettrons en avant l'oxymore du titre, « Les Fleurs du Mal ».

  23. L'invitation au voyage (II)

    L'invitation au voyage (II) - Charles Baudelaire. 19ème siècle, Charles Baudelaire, Poèmes. Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu'on pourrait appeler l'Orient de l'Occident, la Chine de l'Europe, tant la chaude et ...

  24. Invitation au voyage

    Durant les années 1920, deux-cent mille travailleurs polonais arrivent dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Tout près des terrils, des montagnes noires de roches et de résidus issues du triage du charbon, les mineurs s'épuisent au fond de la terre. Ils font exister leur culture par leur foi catholique et leurs traditions.