L’invitation au voyage, Baudelaire : analyse

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l'invitation au voyage baudelaire

L’invitation au voyage, introduction :

«  L’Invitation au voyage  » se situe au cœur de la section «  Spleen et Idéal  » des Fleurs du Mal . Baudelaire évoque ici un monde idéal et nous livre sa vision de la poésie. Il s’adresse à la femme aimée et l’invite à un voyage particulier, à la fois réel et imaginaire (I) mais aussi poétique (II).

Questions possibles à l’oral sur « L’invitation au voyage » de Baudelaire :

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ? ♦ Quelles sont les caractéristiques de l’ idéal baudelairien d’après ce poème ? ♦ Commentez la composition et la progression du poème. ♦ Quelle vision de la poésie est représentée dans « L’invitation au voyage » ? ♦ Comment la femme est-elle ici représentée ? ♦ Analysez la musicalité du poème.

I – Invitation à un voyage à la fois réel et imaginaire

A – une invitation amoureuse.

Cette invitation au voyage est avant tout d’ordre amoureux .

En effet, au début du poème, Baudelaire s’adresse directement à la femme aimée à travers une injonction formulée à l’impératif  : « Mon enfant, ma sœur/ Songe à la douceur/D’aller là-bas vivre ensemble ! » (v. 1 à 3).

Le terme « ensemble » et l’emploi de pronoms possessifs souligne le caractère fusionnel du couple, de même que les rimes embrassées et l’ alternance entre rimes masculines (v. 1-2, 4-5, 7-8, 10-11, 13-14, 15-16, 18-19, 21-22, 24-25,…) et féminines (v. 3, 6, 9, 12, 17, 20, 23, 26,…).

De plus, le poète insiste sur cet amour à travers l’ anaphore du verbe « aimer » : «  Aimer à loisir/ Aimer et mourir » (v. 4-5).

Ainsi, la femme est le point de départ du voyage , l’ élément déclencheur .

D’ailleurs, le paysage prend les traits de l’aimée et se superpose à elle .

Baudelaire établit en effet une analogie entre la femme et le paysage décrit : « Au pays qui te ressemble ! » (v. 6). Il compare le soleil et le ciel aux yeux de son amante : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés/Pour mon esprit ont les charmes/Si mystérieux/De tes traîtres yeux/Brillant à travers leurs larmes » (v. 7 à 12).

Enfin, la deuxième strophe évoque l’ intimité du couple à travers un bref champ lexical  : « notre chambre » (v. 17), « secret » (v. 25).

B – Le voyage : un rêve éveillé

La description de la chambre souligne la dimension onirique de ce voyage .

On trouve ainsi un champ lexical du rêve et du sommeil  : « Songe » (v. 2), « chambre » (v. 17), « Dormir » (v. 30), « soleils couchants » (v. 35), « s’endort » (v. 39).

D’autre part, les adjectifs qualifiant le paysage à la première strophe dénotent un paysage flou , voilé , incertain et irréel : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés » (v. 7-8), « Si mystérieux » (v. 10), « Brillant à travers leurs larmes » (v. 12).

La diérèse sur le « i » de « mystérieux » renforce le mystère de ce paysage.

De plus, chaque strophe décrit un paysage différent . On passe ainsi d’une scène à l’autre sans transition logique , comme dans le rêve .

Cependant la description, marquée par une hypotypose∗ et soulignée par les démonstratifs ( « De ces ciels » (v. 8), « Vois sur ces canaux/Dormir ces vaisseaux » (v. 29-30), créée un effet de réel qui place ce voyage entre rêve et réalité , réel et imaginaire.

∗ hypotypose : figure de style qui consiste, pour une phrase, à mimer, reproduire ce qu’elle dépeint, donnant ainsi l’impression d’une description vivante, animée, qui se dessine sous nos yeux.

C – Un monde imaginaire et idéal

Mais c’est tout de même un monde imaginaire et idéal que peint ici Baudelaire.

Le conditionnel à la seconde strophe souligne la dimension imaginaire et irréelle du voyage : «  Décoreraient notre chambre » (v. 17), « Tout y parlerait  » (v. 24).

De même, l’emploi de l’ infinitif marque le caractère paradoxalement passif et immobile  du voyage : « D’aller » , « Aimer à loisir/Aimer et mourir » (v. 3 à 5), « Dormir » (v. 30), « C’est pour assouvir » (v. 32).

L’infinitif est également le mode de l’intemporel , mode idéal quand on sait que le temps est l’ennemi de Baudelaire.

Le lieu décrit par le poète est idyllique , voire utopique . C’est un monde idéal caractérisé par la beauté, le luxe et l’exotisme , ce qui est traduit par les champs lexicaux  :

♦ De la lumière et de la brillance : « soleils » (v. 7 et 35), « Brillant » (v. 12), « luisants » , « polis » (v. 15-16), « miroirs » (v. 22), « d’or » (v. 38), « lumière » (v. 40)

♦ De la beauté : « charmes » (v. 9), « beauté » (v. 13, 27, 41), « splendeur » (v. 23)

♦ De la richesse et du luxe ( leitmotiv baudelairien) : « Luxe » (v. 14, 28, 42), « riches plafonds » (v. 21)

♦   De l’exotisme : « vagues senteurs de l’ambre » (v. 20), « La splendeur orientale » (v. 23), « du bout du monde  » (v. 34).

Enfin, cette idéalisation est renforcée par les hyperboles et les superlatifs  : «  Si mystérieux » (v. 10), «  Les plus rares fleurs » (v. 18), « tout » (v. 13, 24, 27, 41), « la ville entière  » (v. 37).

Transition : Ce monde idéal dont rêve Baudelaire et qu’il peint ici est aussi celui de la poésie .

II – Un voyage poétique

A – une forte musicalité.

«  L’invitation au voyage  » présente une forte musicalité .

Tout d’abord, sa composition est similaire à celle d’une chanson  : chaque strophe, qui comporte douze vers alternant deux pentasyllabes et un heptasyllabe, est suivie d’ un refrain .

Malgré les vers impairs , le rythme est régulier et le poète parvient à créer une parfaite harmonie .

Cette régularité à la fois visuelle et sonore est soulignée par de nombreuses diérèses  : « mystér i eux » (v. 10), « or i entale » (v. 23), « D’h y acinthe » (v. 38).

L’harmonie est également due à la brièveté et à la fluidité des vers.

En effet, les vers sont courts et marqués par de nombreux enjambements  (v. 2 à 3, 7 à 8, 9 à 12, 19 à 20, 24 à 26, 30 à 34, 39 à 40). Aucun rejet ou contre-rejet ne vient rompre le rythme.

Par ailleurs, cette fluidité est accentuée par l’ allitération en « l »  :

« D’a ll er l à-bas vivre ensemb l e » (v. 3), «  L es so l eils moui ll és/De ces cie l s broui ll és » (v. 7-8), « Bri ll ant à travers l eurs l armes » (v. 11-12), «  L uxe, ca l me et vo l upté » (v. 14, 28, 42), « Des meub l es l uisants/Po l is par l es ans » (v. 15-16), «  L es p l us rares f l eurs/Mê l ant l eurs odeurs » (v. 18-19), «  L a sp l endeur orienta l e/Tout y par l erait/A l ‘âme en secret/Sa douce l angue nata l e » (v. 23 à 26).

B – L’idéal poétique de Baudelaire

A travers ce monde rêvé et imaginaire, c’est un idéal poétique que dépeint Baudelaire.

Cet idéal est avant tout marqué par les synesthésies et correspondances  : « Les plus rares fleurs/Mêlant leurs odeurs/Aux vagues senteurs de l’ambre » (v. 18 à 20), « Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38), « Le monde s’endort dans une chaude lumière » (v. 39-40).

Les principales caractéristiques de l’idéal baudelairien sont résumées dans les deux vers du refrain : « Là, tout n’est qu’ ordre et beauté / Luxe , calme , et volupté  » .

Ce refrain fonctionne comme une formule magique et donne au poème un ton incantatoire . Le voyage se réalise à travers la parole poétique.

Le poète est comme un magicien , capable de transformer le monde et de le sublimer , comme le souligne la métaphore des « soleils couchants » mise en évidence et en valeur par un tiret  :

«  – Les soleils couchants/Revêtent les champs/Les canaux, la ville entière,/D’hyacinthe et d’or » (v. 35 à 38).

Le poète est aussi celui qui parle « le langage des fleurs et des choses muettes » (voir le poème «  Elévation  » ). Il déchiffre et interprète la langue de l’invisible  : « Tout y parlerait/A l’âme en secret/Sa douce langue natale » (v. 24 à 26).

L’invitation au voyage, Baudelaire, conclusion :

Dans « L’Invitation au voyage  », c’est l’ idéal qui domine et l’emporte enfin sur le spleen, du moins le temps d’un poème.

Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et imaginaire au sein d’un monde idéal sublimé par le langage poétique. Il peint ainsi à travers la description de paysages et une forte musicalité son idéal poétique, marqué par l’harmonie.

On retrouvera cette vision moderne du poète alchimiste chez Rimbaud notamment (dans «  Voyelles  » par exemple).

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Amélie Vioux

Je suis professeur particulier spécialisée dans la préparation du bac de français (2nde et 1re).

Sur mon site, tu trouveras des analyses, cours et conseils simples, directs, et facilement applicables pour augmenter tes notes en 2-3 semaines.

Je crée des formations en ligne sur commentairecompose.fr depuis 12 ans.

Tu peux également retrouver mes conseils dans mon livre Réussis ton bac de français 2024 aux éditions Hachette.

J'ai également publié une version de ce livre pour les séries technologiques ici.

60 commentaires

Bonjour Madame ,

J’ai beaucoup de mal à « trier » les procédés » pour faire mes fiches : doit on pour chaque texte faire un plan de commentaire avec le brouillon , et prendre quelques procédés de chaque partie ou alors , faire en fonction des mouvements ? J’espère que vous comprenez ma question ? Merci beaucoup

Bonjour Madame,

Je passe mon BAC de Français cette année. Je voulais savoir si dans votre livre il y a les commentaires de texte ? ( par exemple avec les poème de Charles Baudelaire). Je vous parle de ceux que l’on peut imprimer et télécharger. J’espère que vous allez comprendre ce que j’ai essayé de vous expliquez.

Bonne journée à vous, merci d’avance pour votre réponse !

Bonjour Ceces, Les analyses de textes sont sur mon site uniquement, autrement mon livre ferait plus de 1000 pages 😉 Dans mon livre, tu vas trouver la méthode de tous les exercices, plein de conseils pour l’oral, pour ton organisation et ta gestion du stress et des devoirs corrigés et commentés. J’espère que cela te semble plus clair !

Bon je vais peut être pouvoir finir mon anthologie… En tout cas merci pour ces commentaire de texte, cela m’aide grandement, quel professeur donne une anthologie de 45 page a des élèves de 1er? Le mien! 😉 Merci beaucoup.

bonsoir je ne parviens pas à trouver une ré-adaptation pertinente du plan à la problématique « Analysez la musicalité du poème »

Je ne comprends pas comment on pourrait répondre à la problématique:

« Comment la femme est-elle représenté dans ce poème ? »

Je ne vois pas comment réajuster votre plan…

bonjour, comment repondre à la problématique : » commentez la composition et la progression de poéme » ?

Bonjour, Est-il possible de faire un plan à l’oral composé par exemple de 2 grandes parties ayant un nombre de sous parties différent ? Par exemple : I- A\ B\ C\ et II- A\ B\

Bonjour Amélie, merci beaucoup pour cette analyse elle est très complète et tu m’as beaucoup aidée. Mais j’avais une question tu penses que ce poème appartient à quel registre ?

Je te remercie Amélie pour cette explication qui met en évidence la modernité de Baudelaire et sa grande sensibilité poétique .Tes analyses sont toujours très fouillées intéressantes et d’ un grand secours , je les apprécie beaucoup.

Merci beaucoup pour cette analyse complète mais une petite question me tracasse… Comment expliquez vous la modernité du poème l’invitation au voyage ? Sur la forme aucun doute.. mais le fond c’est plutôt compliqué … la femme aimée est abordée (thème traditionnel) , la nature également .. Le rêve et l’idéalistation oui mais est-ce vraiment une preuve de modernité poétique durant son époque ? Nombreux poètes ont exploré ces thèmes. J’ai pensé au fait qu’il mentionne des aspects de la ville, des meubles.. Mais cela ne suffit pas pour tenir 10 minutes … S’il vous plait aidez-moi..

Merci beaucoup Amélie!!! Ces commentaires m’aident beaucoup! Il me permettent vraiment d’améliorer mes fiches pour l’oral!!

Bonjour Amélie, ma professeur de français m’a donnée un plan et une problématique pour « L’invitation au voyage » de Baudelaire pourriez vous me dire si cela fonction s’il vous plait Problématique: comment le paysage se constitue-t-il à partir de la femme aimée? Plan: I- Une plongée dans l’imaginaire a) Un rythme hypnotique qui favorise l’épanouissement de la rêverie b) Un effacement progressif de la réalité face à l’imaginaire c) Un poème qui allie extension spatiale et fermeture temporelle II- Le monde idéal créé par Baudelaire a) la place de la femme b) un décor qui correspond au refrain Merci d’avance, Laura

Bonsoir Amélie, un énorme MERCI à vous, grâce à vous j’ai eu la meilleure note de ma classe de L avec l’analyse de ce poème lors des oraux blancs! J’ai fait la fierté de mes professeurs de français des deux dernières années. J’adore votre site, qui m’aide vraiment beaucoup 🙂

bonjour amélie,

pourrais-tu me donner le titre du tableau ainsi que son auteur que tu as intégrer dans ton analyse merci

Bonjour Amélie, J’avais une question concernant le plan. Si la problématique posée est la suivante: « analysez la musicalité du poème », faut-il conserver toute la premiere partie qui à mon sens ne traite pas vraiment de la musicalité… Je suis un peu perdue… Merci d’avance pour votre réponse. Léna

Bonsoir ! Merci beaucoup pour cette analyse Amélie .. Mais y’a un petit truc que j’ai pas compris .. On m’a posé la question suivante : qu’est-ce qui permet d’interpréter le paysage de ce poème comme une évocation de la beauté idéale recherchée par le poète dans son travail poétique ? Et dans votre analyse le paysage n’apparaît « presque » pas ! C’est ma prof qui s’est trompé sur sa question ou c’est plutôt moi qui l’a mal interprété ? Mercii d’avance ! Cordialement Maeva .

Bonjour Maeva, Le paysage est présent dans le poème de Baudelaire et dans mon analyse. Tu as bien tous les éléments pour répondre à la question de ton professeur, mais il faut que tu partes d’abord de ta lecture du poème, que tu enrichis ensuite avec mon analyse, pour élaborer ensuite ta réponse.

Bonjour Amélie, j aimerais savoir si le plan que vous nous avez proposé est bon pour chaque problématique citées juste après l’introduction car j’ai du mal a comprendre le rapport entre certaines parties du plan et certaines problématiques.

Bonjour Bastien, J’élabore des plans qui vous permettent de répondre à toutes les questions possibles, mais tu dois quand même faire l’effort d’adapter ce plan à la question et de répondre clairement à la question posée. Si cela te semble confus, inscris-toi à ma formation gratuite : elle contient une vidéo très claire à ce sujet.

Quel est le titre et l’auteur de la peinture au début de l’analyse s’il vous plaît ?

Merci merci merci Amélie pour toute l’aide que tu nous donne ! J’ai repris ton plan pour ce poème le jour de mon oral et grâce à toi j’ai eu 20 !

Waou Daphné, super pour ce 20 !

♦ Que peut-on dire du voyage proposé par le poète ?

Pourriez vous me donner un plan pour la problématique suivante: « Montrer la musicalité de ce poème. » Merci de votre aide!

I introduction Tu expose le contexte II une composition spécifique Dans le quelle tu mettrai la répétition des vers formant un « refrain » et la découpe des strophes et des vers III rythme visuel Tu parlera de schémas de versification (AABCCB) IIII rythme sonore Tu parlera des allitération en L et des diérèse IIIII Conclusion Tu diras en gros que se poème a une forte musicalité grace ai procédé littéraire mis en place dans tous le poème

Bonjour Amélie, Un grand MERCI pour vos analyses complètes qui m’aident énormément pour me préparer à l’oral de français. Je ne comprend juste pas bien la métaphore des « soleils couchants » évoquée à la fin du II-B Si vous pouviez m’éclairer sur ce point s’il vous plaît ? Merci d’avance Anne

Bonjour Amélie! Comment répondre à la problématique:  »Analysez la musicalité du poème » et  »Commentez la composition et la progression du poème »

Merci beaucoup, car je bloque..

Bonjour ! Merci beaucoup pour ce super travail qui m’aide énormément ! J’aimerai savoir si ce plan répond à toutes les problématiques ? Merci par avance

Bonjour Amélie ! Très belle analyse ☺️! Je me demandais juste où se situait dans le texte l’hypotypose que tu as placé dans ton I. B) ?

Un très grand MERCI pour EXCELLENT TRAVAIL !!

Merci Patricia. Je suis ravie que mon travail te soit utile 🙂

Bonjour Amélie,

Vous pensez que  » un poète amoureux  » marche comme axe? Merci

Bonjour Amélie. Pardon aide-moi. J’éprouve des difficultés à analyser et interpréter correctement les assonances.

bonjour, j’aimerais savoir de qui est ce tableaux s’il vous plait et sa source

Bonjour j aime beaucoup vos commentaires merci pour votre travail ! Je ne comprends pas bien la métaphore du soleil à quoi le comparé vous ?

Bonjour Amélie! J’apprécie énormément les analyses que vous faites qui sont toujours très poussées et m’apportent énormément dans la compréhension des textes, que ce soient ceux de nos objets d’étude ou d’autres que nous n’avons pas étudié. Cependant, je crois avoir remarqué une petite erreur… Vous dites que « viennent » au vers 34 comporte une diérèse, mais il me semble qu’il faut au contraire prononcer ce mot comme une synérèse sinon nous n’avons plus un heptasyllabe… Est-ce juste?

Bonjour Anne, Il n ‘y a pas de synérèse sur le verbe « viennent », ni de diérèse (je viens de l’enlever de la liste, c’est une faute d’inattention). Le vers compte 7 syllabes. Tu en comptes peut-être 8 car tu prononces le /e/ muet de monde (il ne faut pas le prononcer).

Je ne comprends pas la métaphore du soleil que vous traitez à la fin du commentaire, à quoi se rapporte t’il et à quoi est t’il « comparé » ?

Bonjour dans ce poème ( L’invitation au voyage ,Charles Baudelaire ,Les Fleurs Du Mal (1857) et ( L’invitation au voyage ,petits poèmes en PROSE (1869) quels sont les points communs et les différences entre les deux poèmes ? et aussi Quels pronom designe la destinataire dans chaque poème ? Pourquoi cette différence ? (L’invitation au voyage,Charles Baudelaire,Les Fleurs du Mal (1857),Les fleurs Du Mal et L’invitation au voyage,Petits poèmes en PROSE(1869)

Ne crois pas que je vais faire tes devoirs ! Prends le temps de lire les poèmes, mes analyses et de chercher les réponses aux questions de ton professeur.

Génial, complet !

Merci Très utile!

Bonjour Amélie; Pour ma préparation je dois analyser le paysage intérieur dans le poème.Voici mon plan: I La découverte du paysage intérieur bercé par la rêverie 1 Un monde imaginaire et idéal 2 Un monde caractérisé par la beauté,le luxe et l’exotisme 3 Le titre II L’âme du poète 1Le paysage prend les traits de la femme 2 L’âme du poète bercé par la douceur et la musicalité III Les lieux à imaginer 1 La chambre 2 Le paysage 3 Le pays

Bonjour Laura , il est préférable de garder une structure fixe dans tes commentaires : si tu fait un plan de 3 parties il faut faire deux parties chacune et si tu fait un plan de 2 parties 3 sous parties chacune sont idéales ! Cela permet d’avoir une structure claire et équilibrée ! ♥️

Bonsoir,j’ai une préparation à faire sur ce poème.La question de lecture analytique est d’analyser l’évocation du paysage extérieur dans le poème.Le prof va peut-être ramasser les préparations et faire passer un élève devant en situation d’examen.

Et moi c’est le paysage intérieur! Quelqu’un saurait ce que c’est

Je sais pas désolé

Je dirais que cets l’état d’âme du poète le paysage de ces pensés. Cets pour ça que parfois que tu entendra parler du rapport paysage extérieur – intérieur car l’un symbolise l’autre

La synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations (ex: une sensation visuelle associée à une sensation auditive) « Doux comme les hautbois,verts comme les prairies » cf Fleurs du Mal sensations: toucher + visuelle .

la synesthésie c’est la « correspondance » entre les différentes sensations exemple une sensation visuel associé à une sensation auditive

Il y a quelque chose que je comprends pas dans ton commentaire. Dans ton II) B) tu parles de synesthésie et de correspondance. Quelles sont les correspondances ? Et comment définirais tu ce terme ? Par ailleurs, quels exemples y sont associés ? Malheureusement je n’ai pas compris cela …

J’espère que tu pourras m’éclairer sur cela.

Bien cordialement,

Oui je bloque aussi dessus! Merci d’avance !

Je pense qu’il s’agit de la théorie des correspondances. Cela consiste à la création de liens entre le monde réel et le monde spirituel du poète, permettant ainsi de créer un nouvel univers.

J’ai choisi ce poème pour mon anthologie poétique. Cette analyse me rassure, car je sais que j’ai compris ce magnifique poème ! Grâce à la création de mon anthologie, je peux maintenant assurer que Baudelaire est mon poète préféré, et que son recueil  »Les fleurs du mal » est mon favoris !

Salut très chère Amélie , pourrais tu faire s’il te plait une analyse de En attendant Godot , scène de clôture ? Ton site m aide beaucoup merci

Salut Amélie pourrais tu faire une analyse du texte de Ionesco « le roi se meurt » le texte qui est présent dans le manuel l’ecume des lettres

Tu as eu une vision pour l’épreuve écrite toi !

trop contente que vous ayez fait cette analyse ! Je m’aide beaucoup de votre site pour l’oral car vos commentaires sont toujours très claires 🙂

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Couverture pour Les Fleurs du Mal

Baudelaire, Les Fleurs du Mal « L’invitation au voyage » Commentaire linéaire

Notre étude porte sur le poème entier, introduction, problématique, axes de lecture pour un commentaire composé :, premier mouvement : une invitation à la poésie, deuxième mouvement : un étirement de l’espace et du temps, troisième mouvement : vers un moment d’éternité.

Odilon Redon, La voile grise, vers 1890.

⇨  Baudelaire, Les Fleurs du Mal 💼 "L'Invitation au Voyage" (Extrait)

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⇨ *  Baudelaire, Les Fleurs du Mal 🃏 L'Invitation au Voyage (axes de lecture) *

⇨ *  Baudelaire, Les Fleurs du Mal 🔎 L'invitation au voyage (Explication linéaire) *

⇨  Baudelaire, Les Fleurs du Mal ✔️ L'invitation au voyage (guide pour un commentaire composé)

l'invitation au voyage en prose analyse

“L’Invitation au voyage”, Baudelaire – Commentaire linéaire

  • Marie Dougnac
  • 28 Juin 2022

À lire dans cet article :

Parcoursup

L’Invitation au voyage de Baudelaire est l’un des poèmes les plus connus des Fleurs du mal et est un incontournable du commentaire en français. Mais pour en faire un bon commentaire, il ne faut pas oublier quelques mots-clés… Voici quelques suggestions pour vous guider dans l’analyse et en faire un commentaire absolument parfait !

“L’invitation du voyage” : avant de commencer le commentaire

Introduction.

En guise d’introduction, il est pertinent de restituer l’ extrait  étudié dans son  contexte , et de l’éclairer par des éléments intéressants de la biographie de l’auteur. Nous allons utiliser quelques mots-clefs essentiels, attendus par les correcteurs, pour débuter notre analyse de l’Invitation au voyage !

Les points-clefs que tu dois évoquer

  • On peut dire qu’il s’agit d’un poème  lyrique  de la section Spleen et Idéal, qui constitue une  adresse  à la femme aimée et qui est caractérisé par sa  musicalité . Il s’agit effectivement d’une invitation à connaître un ailleurs exotique et onirique.
  • Il faut rappeler que l’ Invitation au voyage  reflète plusieurs thèmes clés abordés par Baudelaire dans son recueil de poésie des  Fleurs du mal  . En effet, le thème de l’ailleurs, de l’évasion par les sen s et de l’évasion sentimentale sont des thèmes récurrents dans les poèmes de Baudelaire.
  • Le poème accorde beaucoup d’importance à la femme aimée, c’est donc le moment idéal pour rappeler que Baudelaire a connu trois “muses” ! Trois femmes : Jeanne Duval (une femme du côté de l’animalité), Mme Sabatier (intellectuelle avec laquelle il entretenait une relation affectueuse) et Marie Daubrun (une actrice à laquelle il vouait une adoration mystique).

Fais attention à ne pas rédiger une biographie de Baudelaire en introduction ! Il faut simplement choisir les éléments qui peuvent permettre de mieux comprendre l’analyse de l’Invitation au voyage et de mieux expliquer l’extrait.

Analyse et commentaire linéaire de L’ Invitation au voyage  de Baudelaire

Une adresse à la femme aimée par baudelaire.

l'invitation au voyage en prose analyse

De plus, l’impératif ” songe ” est une invitation à se projeter en esprit dans un ailleurs rêvé : il introduit  l’onirisme  que l’on retrouvera dans tout le poème.

Une harmonie, un lieu d’idéal

baudelaire 2

De plus, la  juxtaposition  de deux termes antagonistes (” aimer et mourir “, v. 5) par la conjonction de coordination ” et ” reflète l’idée d’un amour à prolonger jusqu’à la mort. Le lieu exotique permettrait l’union des contraires ( éros , l’amour, et  thanatos , la mort), et l’amour y serait poussé à son  paroxysme .

La  femme  est au coeur du poème, vecteur d’un amour libre et total.

Un lieu exotique, pictural, sensationnel

baudelaire 3

” Mystérieux ” est une  diérèse  (mysté – rieux) qui insiste beaucoup sur l’atmosphère particulière du lieu évoqué, et renforce l’idée d’un lieu qui échappe à toute description naturaliste et s’éprouve par les  sens .

Un lien étroit entre les sensations, la femme, le lieu

Les vers ” De tes traîtres yeux / Brillants à travers leurs larmes ” établissent une  comparaison  entre les yeux de la femme et les ” soleils mouillés et ciels brouillés “. En effet, les yeux de la femme ouvrent au poète ce lieu idéal, et sont des points de départ du voyage et du rêve. Les  sensations, la femme et le lieu  sont intimement liés. L’invitation au voyage de Baudelaire est un voyage de sensations, où l’on sent, où l’on écoute et où l’on voit : c’est ce qui ressort de sa lecture et c’est ce que l’on doit voir lors du commentaire !

Un texte musical

l'invitation au voyage en prose analyse

Le triptyque ” luxe, calme et volupté ” évoque un lieu où tout est possible, et où les sensations ont une place centrale.

Une chambre intime, fantasmée

l'invitation au voyage en prose analyse

L’emploi du verbe au  conditionnel  ” décoreraient ” renvoie lui au lieu rêvé et aux projections et fantasmes du poète.

Un lieu qui s’ouvre sur l’extérieur : le voyage

l'invitation au voyage texte 5

On note dans ces deux strophes une convocation des  sens , qui ont une place centrale chez Baudelaire : l’odorat (” odeur “), la vue (” miroirs “), l’ouïe (” parlerait “), le toucher (” poli par les ans “)… Ce lieu s’éprouve avant tout à travers les  sensations . Pour Baudelaire, c’est par les sens qu’on accède à un degré supérieur du réel (cf. le poème  Correspondances ). Cette invitation au voyage est avant tout une expérience sensorielle.

Retour à l’onirisme

l'invitation au voyage texte 5

L’emploi du verbe d’action ” parler ” dont le sujet est les objets est étonnant : il y a ici une  correspondance entre les objets et les sens  (comme dans le poème  Correspondances  qui théorise cette idée) : les objets renvoient le poète à une réalité supérieure et a quelque chose qui dépasse le réel (des sensations, des souvenirs…). C’est une des idées majeures du  symbolisme , dont Baudelaire est un des précurseurs.

Par ailleurs, la ” langue natale ” peut faire référence à un langage non corrompu par la société dont le poète est prisonnier. S’opère un  retour aux origines  par la sensation et la ” communion ” avec les objets. Ce vers peut aussi renvoyer aux  souvenirs  du poète, à un jadis.

La musicalité du texte, de nouveau

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Poursuite du voyage

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Un lieu qui répond à tous les désirs des personnages

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Le lieu s’élargit, le calme atteint le monde

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De plus, la  juxtaposition  ” les champs, les canaux, la ville entière ” puis l’emploi du substantif ” le monde ” évoquent un élargissement du lieu : l’immobilisme et le repos se répandent progressivement au monde entier. Cette invitation au voyage est donc bien un déplacement progressif, un mouvement et c’est ce qu’il faut faire ressortir dans le commentaire.

La  diérèse  ” d’hyacinthe et d’or ” renvoie à des couleurs chaudes et à l’ atmosphère picturale  du poème. Le lieu évoqué se caractérise par l’importance de la  lumière  (” or “, et plus haut ” soleils mouillés ” et ” ciels brouillés “).

Problématique et plan : quelques pistes pour commenter l’ Invitation au voyage

I – un ailleurs onirique qui s’éprouve par les sens dans cette invitation au voyage.

  • La place centrale de la vue
  • Un poème pictural et musical
  • Les sensations au coeur du poème

II – Un ailleurs qui correspond aussi à la femme aimée

  • La correspondance entre la femme et le paysage
  • Un désir de communion et d’harmonie

III – Un ailleurs idéal

  • Un amour poussé à son paroxysme
  • Un ailleurs exotique (exotisme, lumière…)
  • Des objets qui parlent à l’âme

En guise d’ouverture

Spleen et idéal, de matisse.

Ce tableau de Matisse, ”  Spleen et Idéal  “, permet de souligner l’atmosphère picturale du poème (les éléments décrits font penser à ceux d’une peinture) et reprend les valeurs de l’idéal baudelairien (à savoir un ailleurs marqué par la présence de la femme et par l’importance des sensations).

Sensation, d’Arthur Rimbaud

On peut également penser à ce poème, ” Sensation ” d’Arthur Rimbaud, dans lequel on retrouve la référence à un ailleurs idéal, la place de la femme, intimement liée au lieu rêvée, et l’importance des sensations (verbes de perception et champ lexical du corps).

l'invitation au voyage texte 10

En bref, l’ Invitation au voyage  de Baudelaire est un poème que vous allez facilement pouvoir analyser pour en déduire un commentaire si vous maîtrisez le vocabulaire de la poésie et produisez un commentaire structuré et que vous citez toujours le texte pour appuyer ce que vous dîtes!

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L’invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds,

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal( 1857), section « Spleen et idéal ».

Exemple d’un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème,’L’invitation au voyage’, Baudelaire, Fleurs du mal (1857).

(Ceci est un exemple, et pas un modèle. Votre réflexion personnelle peut évidemment vous mener vers d’autres pistes de lecture.)

Introduction :

Baudelaire, poète de la modernité, publie son grand recueil Les Fleurs du mal en 1857. Il expérimente en passant du romantisme, au mouvement parnassien, puis en insufflant le symbolisme. De même, il remet au goût du jour la forme oubliée du sonnet, et popularise le poème en prose ( Spleen de Paris , 1869). Il mène une vie de tourments et de difficultés dont l’angoisse se retrouve dans son concept central du Spleen (humeur dépressive). (accroche avec informations sur l’auteur).

L’invitation au voyage se découvre dans la section « Spleen et idéal » de son œuvre. Tableau d’un idéal, ici, il s’inspire de son voyage fait à vingt ans, lorsque ses parents décident de l’embarquer sur un bateau à destination des Indes pour l’éloigner de sa mauvaise vie (il s’arrêtera au bout d’une dizaine de mois sur l’île de la Réunion). Il évoque à travers ce texte son amour pour Marie Daubrun, actrice à la mode, qu’il rencontre en 1848. (présentation du texte)

Nous verrons de quelle manière l’auteur arrive à nous emmener dans un voyage poétique. (problématique)

Tout d’abord, nous analyserons les particularités de ce texte, avant d’en montrer la portée imaginaire et poétique. (annonce de plan)

(introduction avec quatre éléments : accroche, présentation du texte, problématique, annonce de plan).

I- Un poème particulier.

(phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème)

a) Une construction originale.

  • utilisation des vers impairs , cinq et sept syllabes, musicalité particulière (d’ailleurs mise en avant par la suite par Verlaine dans son poème « Art poétiqe »), vers courts créant un rythme rapide et saccadé.
  • Construction semblable à une chanson , à une berceuse avec trois couplets et le refrain qui revient : « Là, tout n’est […]et volupté ». L’adverbe « Là » placé en début de refrain insiste sur l’importance des deux vers, et oblige à un arrêt durant la lecture.
  • Présentation visuelle sous forme de colonne, avec des vers décalés. Rimes présentes, avec alternance entre rimes plates et rimes embrassées.

b) Un poème lyrique.

  • lyrisme marqué dès le début : « Mon enfant, ma soeur »(v.1), utilisation du possessif.
  • Expression de sentiments, de son amour  : anaphore avec verbe aimer v.4-5, pour une femme, destinataire du poème : « Songe »(v.2) (Marie Daubrun)
  • Eloge de la femme aimée , car il lui promet des merveilles : « C’est pour assouvir/Ton moindre désir »(v.32-33)

c) L’univers baudelairien.

  • une vision peu rassurante de la femme habituelle chez l’auteur  : « De tes traîtres yeux »(v.11), manque de confiance vis-à-vis des femmes et évocation des yeux verts de Marie Daubrun.
  • Création d’un univers sensoriel , mis en avant dans tout le recueil les Fleurs du mal  : « volupté », la chambre décrite dans la deuxième strophe évoque la sensualité, vue « Vois »(v.29), odorat « Mêlant leurs odeurs »(v.19), l’ouïe « Tout y parlerait »(v.24).
  • Insistance sur le luxe , obsession baudelairienne : « Luxe » (dans le refrain), « riches plafonds »(v.21), « splendeur orientale »(v.23), « or »(v.38). Ces éléments posent la vision de l’idéal baudelairien, un paradis sensuel luxueusement décoré .

(phrase de conclusion/transition de la partie lors de la rédaction)

II- La rêverie poétique.

( phrase d’introduction de la partie avec rappel du thème lors de la rédaction)

a) Le thème du voyage.

  • thème présent dès le vers 3  : « D’aller là-bas… », évocation d’un ailleurs possible, qui pourrait rendre la femme aimée heureuse « Au pays qui te ressemble »(v.6), reprise de cet ailleurs imaginaire avec « Là » au début des trois refrains.
  • La deuxième strophe se concentre sur l’évocation de l’Orient  : « La splendeur orientale »(v.23), sur l’exotisme « Les plus rares fleurs »(v.18), « l’ambre »(v.20).
  • Enfin, la dernière strophe développe un champ lexical du voyage important : « vaisseaux »(v.30), « vagabonde »(v.31), « bout du monde »(v.34).
  • Le poème en lui-même est une proposition pour partir.

b) Un rêve.

  • Dès le deuxième vers le caractère onirique du poème est mis en place : « Songe »(v.2), tel un charme, le poète demande à sa dame de rêver.
  • Certaines images traduisent l’imaginaire tout au long du texte : « soleils mouillés » ( oxymore , v.7), « Dormir ces vaisseaux »( personnification , v.30)
  • moment choisi : la nuit, en effet : « Le monde s’endort »(v.39), « Les soleils couchants »(v.35), description de la chambre dans la seconde strophe (endroit où l’on dort) ; La nuit est le moment du rêve.
  • Enfin, construction d’un monde utopique, d’une atmosphère irréelle  : emploi du conditionnel dans la seconde strophe « Décoreraient »(v.17), « parlerait »(v.24).

c) Un voyage paradoxal.

  • ce voyage s’effectue sans déplacement, sans mouvement  : absence de verbe de mouvement dans le poème à part « aller »(v.3) et « viennent »(v.34 pour les bateaux).
  • Le voyage ne mène pas on plus à des destinations différentes ou étrangères forcément : «Au pays qui te ressemble »(v.6), « Sa douce langue natale »(v.26), de plus aucune rencontre ne marque ce voyage puisqu’ils restent ensemble tout le temps sans personne d’autre. La ville dessinée à la fin paraît située en Hollande, et non dans une contrée lointaine. (champs et port proches).
  • Enfin, le refrain ne met pas en avant l’aventure « ordre », « calme ». Baudelaire n’invite pas vraiment à un voyage réel, mais plus à le suivre dans son état d’âme amoureux.

(phrase de conclusion de la partie lors de la rédaction)

Conclusion :

A travers ce poème lyrique, Baudelaire nous fait part de ses obsessions : le luxe, le voyage, la femme aimée. Il rassemble les éléments de son idéal. Il cherche à emmener sa maîtresse dans une rêverie sentimentale. Le voyage évoqué est en effet plus poétique que réel. (reprise des conclusions partielles, réponse à l’annonce de plan)

Cette invitation nous prend par l’exotisme de la seconde strophe, l’évocation du voyage maritime de la dernière strophe, et la construction particulière du poème comme une berceuse. Le refrain participe à nous immerger dans cette rêverie. (réponse à la problématique)

Ce poème renvoie à un autre dans la même section des Fleurs du mal , « Parfum exotique », qui évoque une autre femme, Jeanne Duval. Il sera aussi repris plus tard en prose dans le dernier recueil de Baudelaire, Les Petits poèmes en prose . (ouverture)

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L'Invitation au voyage de Baudelaire, une analyse évocative (étude de poétique et de philologie cognitive)

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This paper presents a detailed analysis of Baudelaire's poem ''L'Invitation au voyage''. It aims to understand the general meaning of this poem, showing that Baudelaire's ''voyage'' comes less to an ideal paradise than to a kind of voluptuous purgatory. It brings together dimensions of the poem that are usually treated separately : biographical background, stylistic and intertextual borrowings (orientalized Holland, Goethe's Mignon, popular song and romance, Weber's music, Biblical episodes), formal structure and cognitive effects. The method of analysis is based on Benoît de Cornulier's theory of metrics, Searle and Vanderveken's speech act theory and Marc Dominicy's theory of poetic evocation. As Dominicy's theory is quite recent, the article provides substantial summary and clarification of its main theoretical and methodological hypothesis.

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Séance 5 L’invitation au voyage

Vue d'Amstel

Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Les Fleurs du mal , Spleen et Idéal, LIII

Éléments de correction pour un commentaire

Poème extrait de la section Spleen et Idéal (LIII) et inscrit dans la partie consacrée à l’Idéal. Un idéal qui prend la double forme d’un amour absolu et de la fuite vers un ailleurs.

Le poème appartient au cycle de Marie Daubrun.

Problématiques possibles

  • En quoi ce poème exprime-t-il l’aspiration à un idéal ?
  • De quelle façon le poème établit-il une correspondance entre la femme et le paysage ?
  • Pourquoi peut-on dire que ce poème est conçu comme un tableau ?

Axes possibles

1. l’invitation à découvrir un lieu imaginaire.

  • Le poème s’adresse à la femme aimée (« Mon enfant, ma sœur ») et l’invite à découvrir un pays (la Hollande[^1]) qui est une sorte de miroir (cf. le « pays qui te ressemble » au vers 6). ➝ correspondance femme-paysage. Équivalence entre les « soleils mouillés » et  les « yeux brillant à travers leurs larmes » (vers 11 et 12). L’éclat voilé du regard et du ciel suggère un mystère à percer (noter la diérèse insistante dans le pentasyllabe « Si mystérieux »), un au-delà dissimulé.
  • Un lieu idéal parce qu’imaginaire que l’on ne peut entrevoir que par le songe (voir vers 2) et dont l’aspect irréel est suggéré par l’emploi des verbes au conditionnel (« décoreraient » au vers 17, « parlerait » au vers 24) mais aussi des infinitifs (voir l’anaphore « Aimer » aux vers 4 et 5). ➝ pays de Cocagne mentionné par Baudelaire dans le poème en prose.
  • Curieusement ce voyage se déroule dans un espace fermé (intérieur d’une chambre dans la deuxième strophe, enceinte de la ville dans la dernière). Les vaisseaux ne partent pas mais « viennent du bout du monde » (vers 34). Ceux-ci évoquent le voyage. C’est en fait une promesse de voyage plutôt qu’un voyage en tant que tel qui est suggéré. C’est un ailleurs virtuel qui comme nous l’avons vu dans la précédente lecture analytique échappe à la réalisation et donc à la déception. Mais c’est un voyage qui s’accomplit (dans sa non-réalisation) puisque sa temporalité progresse : soleils mouillés de la journée sont couchants et « le monde s’endort ». De plus, aux conditionnels et infinitifs (et au « songe » du début ») répond un « vois » à la fin qui actualise ce qui n’était qu’onirique. Notez également les déictiques : « ces » (vers 29 et 30).

2. Un paradis baudelairien

  • L’allusion à la « douce langue natale » (vers 26) évoque le paradis originel, à la situation de l’homme avant l’exil. De même, les « traîtres yeux » (vers 11) renvoient à la femme coupable de ce péché. C’est un personnage ambivalent à la fois instrument de perdition et de volupté.
  • À défaut d’un retour en arrière, il faut se contenter d’un déplacement dans l’espace : « là-bas » (vers 3), « là » (vers 13) dont l’imprécision est significative. C’est un lieu idéal qui s’oppose à un ici désignant le lieu où s’exprime le poète.
  • Cet ailleurs a la coloration exotique chère à Baudelaire (voir au vers 23 la « splendeur orientale » ou l’évocation du « bout du monde » au vers 34). La Hollande, en raison de son négoce avec l’Asie et ses diverses colonies, évoque cet orient par les « vaisseaux » (vers 29).

3. Les éléments du bonheur selon Baudelaire

  • La réalité de ce paradis s'appréhende à partir des sens, en particulier l’odorat et la vue (penser aux synesthésies[^2]). Les odeurs : celle des fleurs (vers 18), « odeurs » (vers 19), « senteurs » (vers 20). La vue est encore plus sollicitée. Le regard de Marie Daubrun, mais aussi l’impératif « vois » de la dernière strophe.
  • C’est la beauté de la lumière qui doit être vue. « Une chaude lumière » (vers 40) s’oppose, par exemple, aux « froides ténèbres » du spleen évoquées dans « Chant d’automne ». Elle inonde la ville tout entière « D'hyacinthe et d’or » (vers 38). Le poème invite à jouir de la richesse qu’offrent ces lieux (« Les plus rares » au vers 18, « Les riches plafonds » au vers 19). Remarquez également l’emploi du déterminant indéfini « tout » répété à de multiples reprises (« Tout n’est que... » dans le refrain, « Tout y parlerait » au vers 24).
  • L’abondance, le luxe, la volupté sont les éléments du bonheur baudelairien. Un sentiment de plénitude peut être alors ressentie (« Aimer à loisir » au vers 4, « assouvir ton moindre désir » aux vers 32 et 33)

4. La transfiguration du réel par l’art

  • Ce bonheur ne peut s’entrapercevoir que dans et par l’art et la poésie. En effet, le poème se donne à voir et est conçu comme un tableau : composition du poème comme un triptyque . Le terme « ciels » au vers 8 évoque la peinture. Le jeu de miroirs est caractéristique de la peinture[^3] hollandaise (en particulier Vermeer (pour les intérieurs) et Ruisdael (pour les ciels), peintres hollandais du 17e siècle. Cf. (encore) la version en prose révélant la transfiguration faisant du réel un lieu idéal : « Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue. »
  • Rythme et sonorités. Trois strophes composées chacune de quatre groupes de deux pentasyllabes à rime masculine suivis d’un heptasyllabe à rime féminine et séparées par un refrain de deux heptasyllabes vérifient l’exigence qui sera celle de Verlaine :

De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Rythme impair associé au refrain crée un effet de bercement propice à la rêverie. Refrain mélodique suscite une impression de paix et de bonheur jusque dans la composition :

Là/, tout n’est qu’or/dre et beauté, (1/3/3) Luxe, calme et volupté (deux monosyllabes suivis du mot « volupté » marquant l’épanouissement du vers).

Notez également les nombreuses assonances du poème en [ã].

1 - Dans « L’invitation au voyage » (des Petits poèmes en prose ), Baudelaire évoque explicitement la Hollande en désignant la monnaie du pays, le florin. 2 - La synesthésie consiste à associer deux sens. Voir la définition de Wikipédia . Chez Baudelaire, un sens évoque les perceptions enregistrées par un autre comme dans ces vers de « Correspondance » : « Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants, / Doux comme les hautbois, verts comme les prairies […]». Voir également la théorie des correspondances sur Wikipédia . 3 - Lire, entre autres, - Le miroir dans la peinture néerlandaise : entre vision symbolique et recherche picturale - Le miroir dans l’art - Miroir dans l’art

À voir également

  • Séance 1 Dates importantes et composition
  • Modernité de Baudelaire
  • Séance 2 Alchimie du verbe
  • La versification Introduction

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l'invitation au voyage en prose analyse

L’Invitation au Voyage

Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)

103 commentaires sur “L’Invitation au Voyage”

Chouette ce poème. Il est magnifique.

C’est grâce à ce poème lu par hasard que j’ai fini par lire tout Baudelaire, car figurez vous qu’il n’a pas écrit que les Fleurs du mal. Cela me désole que des adolescents trouvent ce poème trop long à mémoriser, moi je le trouve trop court ! Lorsqu’on plonge dans les rêveries du poète, on a pas envie de se réveiller de ce doux univers fait de sensations sensuelles, de fragrances de divers encens, d’éclats dorés qui luisent dans le clair-obscur… en devinant que ce monde magique et magnifique est doucement bercé par des volutes d’opium.

Je trouve cette poésie très émouvante

Un p’tit peu long mais c’est jolie et triste

J’adore. J’ai trouvé cette poésie très belle! Mais elle est très triste.

C’est pathétique de constater l’ignorance actuelle. L’école est gratuite en France et pourtant beaucoup semblent ne pas l’avoir fréquentée…

C’est tellement rare de lire un texte sans faute d’orthographe ou de grammaire. Nos poètes et écrivains magnifiques doivent se retourner dans leurs tombes !

C’est un peu long mais c’est joli !

Notre plus grand poète et Dieu sait que la France est le pays de la poésie. Bien entendu les cuistres de la nouvelle éducation n’aiment pas la poésie. Tout ce qui élève l’âme leur est étranger. Priver nos enfants de ces merveilles est criminel.

Se réveiller un matin ces vers dans son esprit, sur sa langue… Merveilleux… On était jeune, et j’ai senti le besoin d’ouvrir cet « engin » pour me rappeler et me réjouir.

Adalbert a bien raison.

C’est bien gentil tout ça. Mais ça ne m’aidera pas à payer mes impôts.

J’adore

Bien sûr, ce poème prend l’âme. Et je n’ai eu que 18,5/20 au bac, grâce à un autre poème de Baudelaire (« Harmonie du soir »), plus aisé à décortiquer (je pense que les profs de français sont surtout sensibles au verbiage que l’on peut leur servir). Mais lire ici les commentaires est parfois instructif.

Très beau poème…

Le seul poème que j’aurai voulu avoir au bac de français… mais je ne l’ai pas eu… Merci à ma p’tite maman pour me l’avoir cité depuis que je suis toute petite !

A toi mon beau Charles, grâce à toi des mauvaises notes seront mises à un examen dont tu es la motivation. A cause de toi, des années passeront sans que personne ne comprenne ce poème et doit néanmoins l’apprendre. Merci à toi Charles, pour tant de mauvaises notes, de larmes sur les copies d’écoles et de tragique remarques envers ceux qui auront réussi à t’apprendre. Triste d’écrire ça, je suis sure que dans le fond t’étais un bon toi aussi, bisou:)

Une honte! Cet enculé à tout volé sur les Inconnus: « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, redonne un sens à ta vie, en y mettant de la PO-E-SIE, poésie!!! ».

Pour compléter ce monument de la poésie, on peut écouter la mélodie d’Henri Duparc, qui a su mettre ce texte magique en musique. Je trouve que sa mélodie restitue avec élégance l’atmosphère mystérieuse et onirique du texte. Par contre il n’a pas utilisé la deuxième strophe, dommage.

Quel bonheur de vous faire découvrir ceci (en tout cas pour moi). Sidéré que j’étais de n’avoir rien trouvé sur elle alors que je cherchais son nom sur Google.

En balade avec ma femme à Nazare dans une boutique de décoration. Cristina branco chanteuse de fado chante l’invitation au voyage… Je ne connais ni Baudelaire ni la poésie ni elle et pourtant la chaussure est faite pour ce pied la… j’ai fait quelques recherches depuis, c’est pour nous la plus belle interprétation de ce leg. (Aussi pour ceux qui souhaitent apprendre ce poème par cœur..)

Merci Baudelaire, merci Branco

Après lecture de ce poème je me suis senti transpercé par un sentiment d’apaisement puis ensuite j’ai commencé a me souvenir de mes souvenirs d’enfance puis j’ai mangé une banane. Monique cette lettre est pour toi.

Que de commentaires débiles ! Ahurissant !!! Si vous n’êtes pas sensibles à la poésie, abstenez-vous d’en parler …

Ce qui est extraordinaire quand on connait beaucoup de poèmes par cœur appris dans l’enfance ou la jeunesse c’est qu’on ne les oublie pas et qu’on peut se les redire à volonté…. merci à celles et ceux qui nous les ont fait apprendre!

Que dire… Tout comme après le lac de Lamartine.

Je dois l’apprendre et à chaque fois que je le lis il me rapporte du bonheur. Il est long mais très beau. Charles Baudelaire est très fort, il est l’un des meilleurs.

J’ai appris ce poème par coeur en classe de 1ère, je crois, en 1949! Je le sais et l’adore toujours en 2022.

Ahah je vais le chanter

On découvre la poésie quand on lit ce poème des fleurs du mal « Invitation au voyage ». La musique des mots les images qui surgissent sont si bouleversantes qu’on se découvre poète. Rare, unique. Merci Baudelaire.

J’adore, c’est très beau.

Levi était un amis très proche de Baudelaire, ils étaient très inspirés par leurs histoires et des anciens poètes.

La vie ça va trop vite moi aussi en cm2 j’avais 76 ans LOL LOL hahahah

Charles Baudelaire a aimé au passé plusieurs femmes et parmi elles Marie Daubrun, qui lui brisa le cœur en le délaissant pour un autre poète.

Mdr si on avait pas de fiche lecture à faire ce poème aurait était bien

Il fait partie des meilleurs poèmes de la poésie française. Un très beau poème.

Personnellement, je ne suis pas fan de poésie mais celui-là est vrmt magnifique

Je dois apprendre ce poème et je le trouve génial !

J’adore cette poésie même si je dois l’apprendre.

Je trouve ce poème magnifique !

Super, j’ai eu 20/20 en CM2 et je l’ai appris en 1 jour (entier).

Il est beau mais je ne souhaite pas l’apprendre pour autant même si j’y suis obligé. Mais Baudelaire est un très bon poète.

Je n’aime pas la poésie parce que je dois l’apprendre par cœur

C’est un très beau poème. Je l’adore ainsi que le livre complet « Les Fleurs du Mal » J’ai eu la chance d’ailleurs de tomber sur cette poésie que j’aime tant et merci à elle car j’ai battu le record de mon lycée français de depuis 3 ans 20/20 à l’oral.

Trop chic ce poème

J’adore ce poème et je l’ai mis en musique.

Un jour, j’avais 15 ans, ma prof de français était malade, et absente. La directrice de l’école est venue nous faire la leçon. Elle nous a présenté « L’invitation au voyage ». La directrice me faisait ch… Mais : c’est la seule (une heure) leçon dont je me souvienne 50 ans plus tard.

Charlie t’aurais pas du inventer le poéme mtn je dois faire un bilan personnel dessus

J’adore ce poème. Je trouve que la répétition de « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté » est vraiment bien trouvé et très belle. Bonne lecture à tous et surtout profitez de ce confinement pour lire de superbes poèmes, comme celui là.

Je ne comprends rien à ce poème et des personnes de 12 ans ne sont pas apt à l’apprendre en 5 jours.

Super poème.

C’est le condensé de ce que la poésie peut élever notre âme. Il faut prendre les mots avec leur propre musique et se taire et se laisser porté !

J’ai adoré lire ce poème

Personellement je l’ai appris il n y a pas très longtemps et je le trouve magnifique.

L’Invitation au voyage est le titre de deux poèmes de Charles Baudelaire. L’un, en vers, figure dans le recueil Les Fleurs du mal (1857), numéro XLIX (49) de la première section intitulée Spleen et Idéal ; l’autre est en prose, publié en 1869 dans le recueil Le Spleen de Paris (numéro XVIII).

Dans le poème en vers, le poète décrit à sa bien-aimée Marie Daubrun un pays idéal (inspiré de la Hollande) où ils pourraient s’installer ensemble. On y trouve les célèbres vers :

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. »

La mise en musique de ce poème de Baudelaire la plus célèbre est celle composée par Henri Duparc en 1870. Le texte y est incomplet, le compositeur ayant écarté la deuxième strophe.

En 1870 également, Emmanuel Chabrier publie une mise en musique du poème complet pour voix, piano et basson.

En 1892, Maurice Rollinat a mis en musique ce poème de Baudelaire.

Léo Ferré en a réalisé une nouvelle mise en musique dans son album Les Fleurs du mal en 1957, l’année du centenaire de la publication du recueil. Le poème cette fois-ci est complet.

Les Inconnus, dans un de leurs sketchs parodiques où ils incarnent le groupe de hard rock « Dousseur de vivre », reprennent les célèbres vers susmentionnés dans le refrain de la chanson Poésie.

À son tour, l’album Cyfry de Wojciech Płocharski contient l’interprétation du poème en polonais.

En 1999, Manlio Sgalambro et Franco Battiato ont réalisé une traduction italienne en forme de chanson dans l’album Fleurs.

En 2016, le groupe Superbus, dans la troisième piste de son album Sixtape, Soul Sister, reprend à intervalle régulier les trois premiers vers du poème.

Et ça fait bim bam boum

C’est très dur à chanter, cette poésie fut écrite pour accompagner une musique de Henri Duparc. Elle se mêle intimement au texte à tomber en pâmoison mais elle n’est pas facile d’accès, on s’en rend compte quand on la découvre de l’intérieur. Un autre poème féroce cette fois-ci : La charogne.

Bon bah super, j’dois apprendre tout ça pour jeudi. Merci Charles

Il est très beau

Pardon, j’avais oublié le poème de J. Du Bellay « Heureux qui comme Ulysse ». Qui me tient particulièrement à cœur.

Avec les sonnets de Ronsard, à Cassandre et à Hélène, c’est un des plus beau poème d’Amour que je connaisse. Et les trois que je retienne.

Je l’apprends au collège en 5ème

La mise en musique par Henri Duparc, de cet immortel poème, est un réel chef-d’œuvre. Curieux qu’aujourd’hui, cette merveille soit bien oubliée…

J’adore ce poème! Je l’ai apris en CM2 et c’est encore aujourd’hui mon poème préféré! Je le trouve magnifique, Baudelaire était vraiment un génie…

J’adore ce poème, la musique, les sentiments, tout y est. Il évoque toujours en moi un calme, une sérénité que je n’éprouve que rarement… Merci Baudelaire

Un poème génial

Le poème est très beau mais il est un peu trop long.

Je vous conseille d’écouter sa mise en chanson par Jacques Bertin

Ce poème est juste magnifique… j’avais le choix entre plusieurs poèmes pour mon devoir de français, mais celui ci m’a completement tapé dans l’oeuil. Je dois faire une analyse dessus et ce poème est tellement riche, en plus d’être sublime!

Je trouve ce poème très touchant… J’en ai eu des frissons lors de ma lecture. La larme m’est même tombée sur la joue, c’est pour dire. Plus magique que disneyland. Un bijoux. Un trésor. Une pépite. Une pluie d’or.

Baudelaire « parle bien à notre âme en secret sa douce langue natale »

Ah, ce Georges Brassens, quel bavard!

Poème inspiré par le séjour de Baudelaire à la Réunion…

J’aime trop cette poésie. Elle est charmante.

ALEXIS (8 Novembre 2018) Je vous rappelle que ce beau poème existe aussi en disque chanté par Léo Ferré (45t. Odéon) peut-être en CD ?

C’est cool mais un peu trop long.

C’est joli mais c’est un peu trop long pour apprendre en une fois.

Je remercie les poètes car sans eux, le Monde serait moins magique.

Unanimitè. Le dire calmement, à voix mi basse, dans un souffle régulier, comme on respire

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jeudi 28 février 2013

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8 Baudelaire, “L’Invitation au voyage” – Tyler Rowe

Charles baudelaire: contexte biographique.

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Charles Baudelaire (1821-1867) a moins souvent et moins longtemps voyagé que d’autres poètes du 19e siècle.  C’est même contraint et forcé qu’il effectue, en juin 1841, l’unique grand voyage de sa vie.  Afin de l’assagir et de l’arracher à la vie de bohème qu’il mène au Quartier latin à Paris, sa mère et son beau-père décident en effet de le faire embarquer sur un voilier, en partance pour Calcutta.  En réalité, Baudelaire ne se rendra jamais aux Indes.  Après s’être arrêté à l’île de Maurice, puis à l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion), il refuse e poursuivre sa route et revient en France en février ou mars 1842.  Mais durant ces quelques mois, il a découvert la mer, des horizons nouveaux et ensoleillés qu’il évoquera plus tard dans plusieurs de ses poèmes (« L’Albatros », « L’Homme et la mer », « À une dame Créole », par exemple).

Pourtant, ce n’est pas à cause de ce voyage que l’on a pu écrire des Fleurs du mal (publiés en 1857 et enrichies en 1861) qu’elles étaient la « Bible de l’exotisme ».  Si le thème du voyage et de l’exotisme occupe tant de place dans Les Fleurs du mal , cela tient avant tout à leur signification et à l’expérience morale qu’elles relatent.

Selon Baudelaire, en effet, l’homme est « double », déchiré entre le Ciel et l’Enfer, entre son désir de « monter » vers Dieu et la tentation de « descendre » vers Satan.  Son existence se déroule sous le signe du « spleen », c’est-à-dire l’« ennui », de tout ce qui empêche l’homme de « monter » vers Dieu.

Aussi Les Fleurs du mal recensent-elles les moyens d’échapper à ce « spleen ».  Parmi eux figure le voyage exotique.  Le thème se colore donc, chez Baudelaire, d’une teinte particulière : le voyage, c’est l’aspiration à connaître un autre monde, un univers de pureté et d’innocence ; l’exotisme, c’est la manière dont le poète l’imagine.

Le poème “L’Invitation au voyage”

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté

Des meubles luisants,

Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. — Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

Questions sur “L’Invitation au voyage”

  •     Quel est l’effet d’avoir un refrain dans un poème ? Quel est l’effet de ce refrain en particulier sur ce poème ?
  •     Dans ce poème, il s’agit d’un voyage imaginaire/rêvé. Comment est-ce que le poète crée ce monde onirique ? (champ lexical, figures de style, etc.) Pourquoi est-ce qu’il crée ce monde ?
  •     On remarque une rime tripartite (AABCCB)– quel est l’effet de cette rime sur le poème ?
  •     On remarque souvent dans la poésie de Baudelaire un jeu des antithèses, ou bien des juxtapositions, qu’est-ce que le narrateur juxtapose dans ce poème ?
  • Est-ce qu’il existe des exemples de la synesthésie ? Quelle est l’importance de la synesthésie dans ce poème ?

Questions sur le tableau “Luxe, came et volupté”

Luxe, calme et volupté

  •     Comment est-ce que ce tableau pourrait appartenir au mouvement pointilliste (ou bien, divisionniste , plus spécifiquement) ? Comment pourrait-il appartenir au mouvement fauviste (le mouvement auquel on relie Matisse le plus souvent) ?
  •     Normalement, on pense à la peinture à travers les yeux de quelqu’un. Alors, qui est le spectateur de cette peinture ?
  •     Comment est-ce que la description du paysage rêvé qui se trouve dans « L’Invitation au voyage » se montre dans ce tableau ?
  •     Est-ce que Matisse s’est inspiré d’autres artistes par rapport aux formes des personnages ?
  •     Comment est-ce que cette peinture se diffère des autres peintures de l’époque ? de ce mouvement ? d’autres tableaux de Matisse ?

Essai critique

(Dé)Peindre L’Invitation au voyage  : Une relecture ekphrastique du poème de

Charles Baudelaire pour le tableau Luxe, calme et volupté d’Henri Matisse

L’œuvre de Charles Baudelaire, plus particulièrement Les Fleurs du mal , a connu pas mal d’illustrations pendant ses publications multiples.  Ces illustrations figurent dans les éditions illustrées du recueil dans lesquelles il s’agit de plusieurs poèmes qui sont accompagnés par une image [1] , mais elles existent aussi à part– c’est-à-dire des poèmes des Fleurs du mal qui servent de sources d’inspiration de peintres divers.  Dans cette étude, nous verrons comment un des poèmes les plus célèbres du recueil, « L’Invitation au voyage » (1857), a inspiré le tableau quasiment célèbre du peintre Henri Matisse, Luxe, calme et volupté (1904).  De manière surprenante, il n’existe pas beaucoup de recherche sur le rapprochement entre le poème et le tableau tant connus.  En effet, Jack Flam, historien d’art et professeur, constate dans son livre, Matisse : The Man and His Art 1869-1918, qu’on ne voit rien du poème de Baudelaire dans le tableau sauf le refrain qui sert de titre : «  Luxe, calme et volupté is essentially ambiguous and enigmatic ; its ambiguity is built into its very structure » (118-120).  Pourtant, même si le tableau rejette une analyse de son sujet, à l’aide d’une analyse plus profonde du poème, on pourrait discerner un lien fort entre les deux qui va plus loin d’une inspiration titulaire.  Ainsi, dans un premier temps, nous établirons une explication de texte du poème de Baudelaire ainsi qu’une lecture approfondie du tableau de Matisse.  Ensuite, ces deux analyses nous aideront à répondre à la question suivante : comment est-ce que le poème « L’Invitation au voyage » se prête à une lecture ekphrastique qui aurait pu donner le tableau Luxe, calme et volupté (Figure 1) ?

Avant de plonger dans une analyse des deux œuvres, il faut commencer par une définition d’ekphrasis.  Tout simplement, l’ekphrasis est un terme grec qui désigne une « description » précise, détaillée et à l’écrit d’une œuvre d’art réelle ou fictive.  Gotthold Ephraim Lessing, écrivain allemand et critique d’art du 18e siècle, expose son argument de la théorie d’ekphrasis dans son essai, Laocoon ou des frontières respectives de la poésie et de la peinture (1766-1768).  Laocoon était prêtre troyen qui a été tué avec ses deux fils par deux serpents géants envoyé par Apollon.  Des variantes de cette histoire existe, mais le débat se centre sur le récit de cette histoire de Virgile dans son épopée Énéide et la sculpture de Laocoon, dont la date est mise en question.  La question centrale qu’explore Lessing dans son essai est si le sculpteur dépendait sur le récit de Virgile pour créer son œuvre d’art ou si Virgile dépendait sur la sculpture pour son inspiration littéraire.  Lessing soutient que la peinture, soumise au principe de simultanéité, représente des corps coexistant dans l’espace, tandis que la poésie, soumis au principe de diachronie, représente des actions se succédant dans le temps– c’est-à-dire que l’image est spatiale alors que la poésie est temporelle.  Il va de soi que Matisse se soit inspiré du poème puisque la publication de L’Invitation au voyage précède le tableau d’environ cinquante années.  Pourtant, la thèse de Lessing que l’image est spatiale alors que la poésie est temporelle sera une manière de rapprocher l’œuvre de Baudelaire à celle de Matisse.  Ainsi, cette étude servira non seulement de montrer un rapport entre le poème et la peinture comme deux entités qui existent complémentairement, mais aussi elle a pour but de rejeter le constat de Lessing en exposant que le poème de Baudelaire existe aussi dans l’espace tandis que la peinture de Matisse fait preuve d’une certaine temporalité.

Ce poème est extrait de « Spleen et Idéal, première partie des Fleurs du mal .  L’amour dans ce poème se colore de spiritualité.  Ce poème a été inspiré par Marie Daubrun avec qui Baudelaire a vécu de 1847 à 1856 et à qui il a voué une passion raffinée.

Baudelaire « invite » Marie Daubrun à partir ailleurs, dans un pays qui se confondrait avec l’amour et le bonheur.  Aussi, ce poème, l’un des plus célèbres et des plus harmonieux des Fleurs du mal , permet-il de comprendre la conception que le pète se fait du voyage, et la fonction que l’exotisme remplit de son œuvre.  Plus que d’un voyage véritable, qui peut toujours décevoir, il s’agit d’une promesse de voyage, où le rêve peut s’épanouir sans contrainte ; et plus que d’un pays précis, il s’agit d’une contrée imaginaire, où l’âme retrouverait sa « patrie idéale ».

« L’Invitation au voyage » se compose de trois strophes séparées par un refrain.  La première strophe développe une longue analogie entre le pays rêvé et la femme aimée ; la second décrit la chambre que le poète et sa compagne habiteraient ; la troisième strophe évoque enfin la paix qui, le soir, baigne une ville.

L’intérêt et le pouvoir de suggestion des deux premiers vers résident dans leur musique.  Le rythme très lent du pentasyllabe (vers de cinq syllabes) et la douceur des sonorités engendrent une impression de paix et de tendresse :

MON Enfant, ma Sœur,

SONge à la DOUcEUr…

Le vocabulaire la renforce.  Les adjectifs possessifs possèdent une évidente résonance affective, tout comment les noms « enfant » et « sœur ».  Selon Baudelaire, l’amour, dans sa forme spirituelle la plus haute, crée entre les amants une fraternité des esprits et des cœurs.  C’est une raison pourquoi il appelle Marie « ma sœur » (v. 1).  Le vers 3, qui est un heptasyllabe (vers de sept syllabes), se déploie comme un rêve, dont l’idée était contenue dans le verbe « songer » (v. 2).  L’imprécision géographique (« là-bas ») sollicite et favorite l’imagination.  En écho à « Songe à la douceur » (v. 2), les vers 4 et 5 indique la raison de se rendre « là-bas » : pour y « aimer ».  Ils fournissent également une première précision sur cet ailleurs.  Le temps, la souffrance, les contraintes de la vie quotidienne n’y existent plus, puis l’on peut y aimer « à loisir » (v. 4).  Le vers 6 en parachève le caractère idéal : une « correspondance » s’établit entre la femme aimée et ce « pays ».  Autrement dit, l’amour aspire à vivre pour et par lui seul, dans une région où il régnerait en maître ou en dieu.  Une structure, fondée sur le principe du reflet, apparaît ainsi : l’amour renvoie au « pays », qui lui-même s’identifie à la femme, inspiratrice de l’amour.  Cette « correspondance » s’élargit dans les vers 7 à 12.

Sur le plan de la signification, elle repose sur une équivalence entre les « soleils mouillés de ces ciels brouillés » (dans un ciel troublé par de légers nuages de pluie) et les yeux embués de larmes de Marie.  Ce sont les mêmes reflets et le même mystère, dans la mesure où la lumière voilée du regard et du ciel laisse supposer que quelque chose ou quelqu’un se dissimule derrière le brouillard et les larmes.

Sur le plan du vocabulaire, cette « correspondance » s’exprime dans la langue technique des peintres.  Par « ciels » (v. 8), en effet, on désigne en peinture la partie des tableaux représentant le ciel.  Avec sa lumière diffuse (« ciels brouillés »), le paysage évoqué fait songer à un ailleurs indéfini.  Cet ailleurs est décrit en termes de la femme (« qui te ressemble » (v.6).  Mais, comment est-elle– exotique ? belle ?  Tout reste ambiguë et cette ambiguïté se prête à une scène peinte car le peintre peut créer sa propre vision du cadre.

Composé d’heptasyllabes (vers de sept syllabes), il définit les composantes essentielles (« Là, TOUT… ») de cet ailleurs dont rêve le poète.  Le côté spatial est souligné dès le premier mot du refrain : « là ».  Comme l’indiquent les notions de « luxe » et de « volupté », la sensualité s’y révèle en harmonie avec l’ordre, la douceur (contenue dans le mot « calme ») et avec la « beauté » du monde rêvé.  Le bonheur baudelairien s’adresse à la totalité de l’être : à ses sens comme à son esprit.  Le seul verbe employé dans ce refrain, « est » (v. 13, 27 et 41), noie dans les adjectifs.  Il est presque effacé complètement par la négation « ne…que » ce qui fait que ces vers créent une imagerie fort.  Il faut aussi noter que ces trois adjectifs sont ambigus– les idées de luxe, de calme et de volupté sont complètement subjectifs ce qui reviendra plus tard dans l’étude du tableau.  Le refrain est répété trois fois au total et c’est les deux derniers vers du poème.  Il marque une sorte de changement dans le mouvement de la narration ; après chaque refrain le narrateur décrit un nouveau cadre.  Ce changement est souligné par le compte syllabique des deux vers qui crée une rupture avec le reste du poème.  La répétition de ces vers ainsi que la rupture rythmique fait que ce refrain ressortit.

Le poème devient plus spatial dans la seconde strophe avec l’introduction « des meubles » (v. 15) et « notre chambre » (v. 17).  Il y a aussi une certaine intimité avec la description de l’intérieur de la chambre rêvée.  La lumière y prédomine (« luisant », v. 15 ; « polis », v. 16).  L’emploi du conditionnel « décoreraient » (v. 17, et plus bas, « parlerait » v. 24) rappelle que la chambre demeure imaginaire, tout comme le voyage.  L’allusion aux « fleurs » (v. 18 à 20) introduit le thème de l’exotisme par l’intermédiaire : du luxe, puisque ces fleurs sont d’une espèce « rare » (v. 18), donc inconnue en Europe ; et des parfums, puisque leurs odeurs se mêlent à l’« ambre » (v. 20).  Les « miroirs » (v. 22) créent une illusion d’optique qui agrandit démesurément (ils sont « profonds », c’est-à-dire que les images qu’il reflètent procurent une sensation d’espace) les dimensions de la chambre.  Le fait de souligner le miroir met fortement l’accent sur le côté spatial du poème car l’espace qui existe dans ce cadre est doublé par le reflet du miroir.  L’exotisme s’épanouit avec la référence à la « splendeur orientale » (v. 23).  L’« ambre », senteur précieuse, fait songer à l’Orient.  Mais, cet Orient (comme la chambre) se situe non dans l’espace, mais dans le temps, aux origines mêmes du monde : la « langue natale » (v. 26) renvoie à la « patrie » de l’âme, lorsqu’elle habitait encore l’« Idéal », le paradis.  Au total, cette seconde strophe illustre chacun des termes contenus dans le refrain.  Elle orchestre aussi le thème de la synesthésie cher à Baudelaire : la vue, l’odorat et même l’ouïe (à cause de « parlerait ») y sont sollicités.

À l’intérieur de la chambre succède l’extérieur de la ville– encore plus spatial.  Le passé du conditionnel (seconde strophe) à l’indicatif « vois » (v. 29) actualise le rêve.  Les « canaux » (v. 29), qui constituent la variante urbaine du port, évoquent le voyage.  Paradoxalement, ce voyage se présente non comme un départ, mais comme un retour puis les vaisseaux « [re]viennent du bout du monde » (v. 34).  L’infini et l’évasion sont plus suggérés que véritables.  Les vers 35 à 40 usent à profusion d’expressions lumineuses : « soleils couchants » (v. 35) ; « hyacinthe » (= jaune rougeâtre, v. 38), « or » (v. 38) et « chaude lumière » (v. 40).  Toute la strophe dégage une impression de bien-être et de paix : les bateaux semblent « dormir » (v. 30), et le monde « s’endort » v. 39) dans un crépuscule encore doré et « chaud » (v. 40).

Il est évident qu’un tel poème avec tout ce champ lexical de couleur et de lumière se prête facilement à une illustration.  Mais, qu’en est-il de tout cette imagerie ?  Il y a au moins trois scènes (ou mouvements) distinctes pendant le poème.  Lorsqu’on peint un tableau, on n’a qu’un instant à dépeindre.  Même si un premier coup d’œil au tableau Luxe, calme et volupté (1904) ne donnerait pas un lien clair à L’Invitation au voyage , une explication de la forme et du fond du tableau pourrait rendre le lien explicite.

Il existe quelques études (Figure 2) pour ce tableau à l’huile, à l’aquarelle ; si on les réunit on voit tout de suite le peu d’importance qu’Henri Matisse accordait aux théories, et ceci pour une raison bien simple, c’est que pour lui tout est invention plastique et c’est cela qui le guide.  Il y a d’abord plusieurs études du lieu dont une traitée à la manière impressionniste, deux aquarelles, puis dans l’été 1904 un petit tableau du sujet, lui-même traité en grosses touches et qui a l’air à la fois fauve et pointilliste enfin en automne Luxe, calme et volupté , une toile qui reste d’allure pointilliste mais où pointe déjà quelque chose de fauve.  Matisse s’est converti au monde méditerranéen et à son bonheur de vivre mais c’est aussi un lecteur de Baudelaire comme on peut le remarquer au titre qu’il donne au tableau qui est une citation directe du refrain du poème L’Invitation au voyage [2] .  Selon Flam, «  Luxe, calme et volupté was the first painting Matisse did from imagination rather than directly from life, and his first to have a specific literary association » (118).  La scène se passe dans la lumière de la fin de l’après-midi au bord de la mer le paysage est celui du golfe de Saint-Tropez où Matisse avait rejoint Paul Signac.  Un groupe de femmes, la plupart nues, tout ce monde s’est baigné dans la mer, on se sèche, s’essuie, une nappe est au sol, sur laquelle, semble-t-il le thé est servi.  La scène représente un instant de bonheur mi-vécu, mi-rêvé.

Le tableau comprend trois zones, le ciel, la mer et la terre, disposés de part et d’autre de la ligne d’horizon et de la diagonale de la côte qui fait l’espace de cette peinture. La séparation en trois zones différentes pourrait rappeler les trois strophes du poème où chaque strophe existe dans un espace différent.  La technique du point, ici assez forte, empêche tout modelé et toute circulation de la lumière d’une chose à une autre.  Matisse œuvre dans le sens du travail de décoration murale comme toute sa génération ou presque ; la profondeur optique, et tout illusionnisme est banni, la composition doit donc tenir « optiquement » par la répartition des formes dans le tableau, donc par le pur travail plastique.  Une grande croix donnera la verticalité et l’horizontalité : l’arbre à la droite du tableau et la ligne d’horizon de la mer, une diagonale s’occupe de la profondeur : la ligne de la côte.  Toute la scène est donc concentrée dans la partie gauche du tableau à l’intérieur d’un triangle où les trois groupes de femmes sont inscrits dans trois autres triangles, ceux-là inégaux.

Matisse fait partie de ce mouvement post-impressionniste qui reste lié à l’idée centrale de la lumière.  Celle-ci est essentielle dans le tableau (tout comme dans le poème de Baudelaire où le champ lexical de lumière domine), et fort bien rendue, avec pourtant une technique qui ne facilite pas les choses dans la mesure où elle éloigne la représentation du réalisme, et où le divisionnisme des touches a plus tendance à décomposer la lumières en orangé et en rouge, il n’utilise que des couleurs vives, primaires : rouge, jaune, bleu, et complémentaires : orangé, vert et violet ; mais finalement il les place à sa manière pour faire vivre sa lumière ; concentrant les jaunes dans le ciel à gauche, les roses à droite, le reste bleu clair et rouge.  Matisse parvient pourtant à bien faire circuler sa lumière, elle a ce côté légèrement blanc, un peu métallique que prend la lumière de l’été avant de brunir et de s’éteindre.  Ici, Matisse a travaillé en zones de couleur ce qui est totalement contraire à la théorie pointilliste, il fait une plage de rouge contiguë à une plage de bleu et de vert (à gauche du tableau, le sol et la robe de la femme habillée assise), il passe du carmin au vert et bleu foncé sur l’avancée du cap du golfe, mais il ne les mélange qu’à peine.

Dans Luxe, calme et volupté , l’utilisation que Matisse fait des points et à la limite de deux choses qui se confondent : la vibration de couleur et la touche ; cette dernière est très présente, elle va lui servir de point de départ pour faire évoluer son idée de la couleur et de la peinture plate issue du muralisme de son temps.  Matisse est d’abord un formaliste, il essaie les choses comme moyens plastique et non comme idées, ces dernières ne l’ont jamais guidé sur le chemin de la peinture, le point de Georges Seurat sera pour lui le moyen de vivre dans ses tableaux la couleur pure, ce qui l’amènera chez les fauves ; mais sa liberté, son goût de l’expérimentation lui feront prendre d’autres chemins aussi.  La beauté suspendue de cette toile vient peut-être de cela, que Matisse n’obéit à rien qu’à son désir de peindre et de faire apparaître sur la toile ce qui pour lui est l’essence même de l’art.  Les formes simplifiées des corps cernés de lignes plus foncées annoncent déjà les tableaux ultérieurs de l’artiste, tandis que l’application très libre du divisionnisme préfigure le Fauvisme.

Nous avons vu que dans le refrain du poème L’Invitation au voyage le verbe « est » se perd (voire, s’annule avec la négation) parmi la densité d’adjectifs.  Pourtant, ce phénomène existe tout au long du poème.  La majorité des verbes du poème sont soit au présent de l’indicatif soit à l’infinitif.  On pourrait dire que ces temps verbaux sont « plats » – c’est-à-dire lorsqu’on emploie la majorité des verbes à ces deux temps, ils ne donnent pas beaucoup de mouvement à la narration.  Cependant, ils servent d’amplifier les descriptions.  Les noms et les adjectifs l’emportent extrêmement sur les verbes du poème ce qui fait que la description, ou l’imagerie, de ce pays rêvé est plus importante que sa temporalité [3] .  De manière contrastante, la temporalité chez Matisse dans Luxe, calme et volupté se voit clairement avec le style employé.  L’effet des touches de pinceau avec les couleurs complémentaires crée un effet optique où la couleur dominante transparaît.  Lorsqu’on regarde de près le tableau, les touches se voient clairement sans converger pour créer des formes précises.  Pourtant, lorsqu’on regarde de loin le tableau les touches s’unissent pour produire les formes distinctes.  Cet effet optique apporte un certain mouvement au tableau qui n’existe pas dans les mouvements artistiques auparavant.  Tout cela, ainsi que les exemples donnés au-dessus dans l’explication de texte et la lecture du tableau, rejette la théorie d’ekphrasis de Lessing et rapproche la peinture et le poème l’un à l’autre.

Dans son livre Matisse’s Poets, Kathryn Brown soutient que « Exemplifying Matisse’s view that illustration should never simply ‘imitate’ a particular text, the imagery for Les Fleurs du mal prompts a visual experience of beauty on the part of the reader that is often at odds with, but dependent on its linguistic counterpart » (139).  Ce constat lie intrinsèquement l’idée d’imagerie avec les mots chez Baudelaire.  Brown suggère aussi que Matisse n’avait pas pour but de donner une seule illustration pour un texte, mais l’artiste donne son interprétation d’un moment pris du texte.  Elle continue à écrire que tout au long de la création artistique de Matisse il voulait créer « un ensemble harmonieux » (138) entre image, musique et texte.  Il est intéressant le fait que Matisse choisit de peindre la scène ambiguë du refrain de L’Invitation au voyage parce que cela marque un moment de mouvement et de transformation.  Dépeindre ce moment sur la toile souligne davantage l’harmonie entre sa peinture et les mots de Baudelaire.

[1] Voir l’article de Eric T. Haskell, Picturing Paradise: Baudelaires « L’Invitation au voyage » , dans lequel il fait une étude exhaustive des nombreuses illustrations de « L’Invitation au voyage » en particulier.

[2] Voir le livre de Kathryn Brown, Matisse’s Poets, dans lequel Dr. Brown fait une étude sur des poètes dont Matisse était grand amateur et leurs liens avec les œuvres du peintre.

[3] La temporalité joue normalement un rôle important dans la poésie baudelairienne. Voir Le Cygne , par exemple.

Bibliographie

Alfred H. Barr. Matisse: His Art and His Public . The Museum of Modern Art, Arno Press, 1966.

Baudelaire, Charles.  Les Fleurs du Mal: Edition Critique . Edited by Jacques Crepet and Georges Blin, Second Edition,

Librarie Jose Corti, 1942.

Bilman, Emilie. Modern Ekphrasis . Peter Lang GmbH, Internationaler Verlag der Wissenschaften, 2013. ProQuest Ebook

Central , http://ebookcentral.proquest.com/lib/wisc/detail.action?docID=1215237 .

Carrier, David. High Art: Charles Baudelaire and the Origins of Modernist Painting . The Pennsylvania State University

Press, 1996.

Carrier, David. “Luxe, calme et volupté.” Notes in the History of Art , vol. 17, no. 1, 1997, pp. 34–38. JSTOR.

Eichhorn, Linda. Matisse and “Les Fleurs Du Mal.”   Library Chronicle of the University of Texas at Austin, vol. 27, 1984, pp.

Faris, Wendy B. Gold and Citron: The Exotic Primitivisms of Baudelaire and Gauguin, Gide and Matisse . https://madi

son.hosts.atlassys.com/shib/illiad.dll?Action=10&Form=75&Value=3355099 .

Accessed 9 Oct. 2019.

Haskell, Eric T. Illustrations of Baudelaire’s Les Fleurs Du Mal: Symbolic Dreams and Decadent Nightmares .

https://madison.hosts.atlassys.com/shib/illiad.dll?Action=10&Form=75&Value=3355292 . Accessed 3 Oct. 2019.

Haskell, Eric T. “Picturing Paradise: Baudelaire’s ‘L’Invitation au voyage.’” Elective Affinities , edited by Véronique Plesch et

al., Brill | Rodopi, 2009. DOI.org (Crossref) , doi: 10.1163/9789042026193_019 .

Jack Flam. Matisse: The Man and His Art . Cornell University Press, 1986.

Kathryn Brown. Matisse’s Poets: Critical Performance in the Artist’s Book . Bloomsbury Academic, 2017.

Lessing, Gotthold Ephraim. Laocoon: Ou des frontières respectives de la peinture et de La poésie . Translated by Frédéric

Teinturier, Klincksieck, 2011.

MacLeod, Catriona, et al. Elective Affinities: Testing Word and Image Relationships . BRILL, 2009. ProQuest Ebook Central ,

http://ebookcentral.proquest.com/lib/wisc/detail.action?docID=556863 .

Matisse, Henri. Étude pour Luxe, calme et volupté. 1904, Huile sur toile, 32.7 x 40.6 cm. Museum of Modern Art, New York.

Matisse, Henri. Luxe, calme et volupté. 1904, Huile sur toile, 98.5 x 118.5 cm. Musée d’Orsay, Paris.

Scott, David. “Tensions Dynamiques: Le Rapport Sculpture/Poétique En France, 1829-1859.” Nineteenth-Century French

Studies , vol. 35, no. 1, 2006, pp. 132–50. JSTOR.

Virgile. “L’Énéide.” Textes et Mythes Fondateurs , edited by Alain Migé, Larousse, 2010.

Procédé pictural consistant à juxtaposer des petites touches séparées. (https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/pointillisme/)

Technique qui consiste à appliquer la peinture directement sur la toile, par touches régulières et superposées [surtout avec des couleurs complémentaires] (https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/divisionnisme/)

Mouvement pictural du début du XXe siècle. Le fauvisme se caractérise par la nouveauté de ses recherches chromatiques avec des aplats larges; épais et juxtaposés de couleurs. A l'époque, ce mouvement était considéré comme particulièrement audacieux. (https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/fauvisme/)

Peinture Mouvement pictural du début du XXe siècle. Le fauvisme se caractérise par la nouveauté de ses recherches chromatiques avec des aplats larges; épais et juxtaposés de couleurs. A l'époque, ce mouvement était considéré comme particulièrement audacieux. (https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/fauvisme/)

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Baudelaire explication linéaire de l’Invitation au voyage

Idées de problématiques :

En quoi cette invitation au voyage révèle-t-elle l’idéal baudelairien ?

Quel est l’or de ce poème ?

Comment Baudelaire propose-t-il un voyage idéal, un or poétique ?

C’est un poème d’une grande régularité : 3 strophes de 12 vers, accompagnées du même refrain de 2 vers. Chaque strophe est composée d’une succession de deux pentasyllabes (5 syllabes) et d’un heptasyllabe (7 syllabes). Cela crée un poème particulièrement original dans sa composition, et d’une grande musicalité.

On se laisse bercer par le poème, tout autant que par ses images.

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Petits poèmes en prose de Charles Baudelaire : thèmes, analyse et exemples

Les Petits poèmes en prose de Baudelaire sont une série de courts poèmes en prose écrits par Charles Baudelaire dans les années 1850. Ils ont été publiés pour la première fois dans le recueil Le Spleen de Paris en 1869.

Ces poèmes sont caractérisés par leur style lyrique et leur ton mélancolique, qui reflètent l'esthétique du mouvement littéraire du symbolisme. Ils traitent de thèmes tels que l'aliénation, la solitude, la décadence et le désespoir.

Thèmes principaux des Petits poèmes en prose

Voici une présentation des thèmes des Petits poèmes en prose de Charles Baudelaire, ainsi que quelques exemples de poèmes qui illustrent ces thèmes :

L'aliénation : plusieurs poèmes de la série traitent du sentiment d'aliénation et de solitude que Baudelaire ressent au milieu de la ville de Paris. Dans "Le Voyage", par exemple, Baudelaire décrit le voyageur solitaire qui erre dans les rues de la ville, "seul au milieu de la foule".

La décadence : Baudelaire était particulièrement fasciné par le thème de la décadence et de la dégénérescence de la société. Dans "La Géante", il décrit une géante déchue qui symbolise la décadence de la ville.

Le désespoir : plusieurs poèmes de la série reflètent le désespoir et la mélancolie de Baudelaire. Dans "Le Confiteor de l'innocence", par exemple, il décrit le sentiment de désespoir qui l'assaille lorsqu'il regarde la ville et son "immense ennui".

L'amour : bien que la plupart des poèmes de la série abordent des thèmes sombres et mélancoliques, il y a également quelques poèmes qui traitent de l'amour. Dans "L'Invitation au voyage", par exemple, Baudelaire invite le lecteur à "prendre le large" avec lui, loin de la "ville morne" et de ses "maisons jaunes", et à laisser derrière lui "les fers d'une vie trop brève".

En résumé, les thèmes principaux des Petits poèmes en prose de Baudelaire sont l'aliénation, la décadence, le désespoir et l'amour. Chacun de ces thèmes est exploré de manière approfondie dans les différents poèmes de la série.

Analyse des Petits poèmes en prose

Pour un poème en prose..

Lorsqu’il commence à rédiger de courts textes en prose, vers 1855, Baudelaire se place dans le sillage d’un genre récent, dont on attribue d’ordinaire à Aloysius Bertrand la paternité ; en effet, avec Gaspard de la nuit , publié en 1842, celui-ci fait figure d’inventeur du poème en prose, même si les bornes du genre sont assez floues pour que d’aucuns considèrent déjà Les Aventures de Télémaque de Fénelon comme un précurseur originel. Quoi qu’il en soit, Baudelaire revendique dans sa "Préface" le modèle de Ber­trand, fondé sur un refus de la période romantique, de la phrase nombreuse, au profit d’une esthétique de la brièveté (qui rencontre aussi bien la position théorique de Poe) susceptible de saisir les multiples aspects de la réalité.

Cependant, là où son prédécesseur s’attachait aux grâces du temps passé, Baudelaire entend s’ « appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite » : le poème en prose, libéré des contraintes formelles du vers, autorise ainsi une peinture plus ondoyante mais également plus précise des paysages parisiens contemporains, qui forment la scène chan­geante d’un recueil que le poète pensait d’ailleurs intituler Le Spleen de Paris . La prose que Baudelaire appelle de ses vœux, prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, permet dès lors une traduction qui a chance d’épouser l’univers de la ville, scindé entre le drame et le sublime, le cruel et le comique, selon la fameuse double postulation qui traverse toute son œuvre. À l’instar de ce qu’affirme le poète dans son Art phi­losophique, le poème en prose semble l’outil le plus adéquat afin de « créer une magie suggestive contenant à la fois l’objet et le sujet », tant il est clair que l’ensemble des pièces des Petits poèmes en prose atteste cette confrontation du sujet à ce qui suscite son écriture.

Une esthétique poétique du discontinu

Dans sa Préface à A. Houssaye, Baudelaire affirmait lui-même que tout [...] y est à la fois tête et queue, soulignant de la sorte, à l’inverse des Fleurs du Mal , le travail du discontinu dans le recueil. L’effet de disparité est tout d’abord sen­sible dans les divers tons et genres visités : de l’allégorie à l’em­bryon de nouvelle, de la scène de rue aux rêveries lyriques, les Petits poèmes en prose déplacent sans cesse la tonalité comme pour mieux rendre sensible la mutabilité du réel dont ils rendent compte, plaçant du même coup le lecteur sur un terrain mouvant qui le contraint à une lecture qui ne saurait se constituer une fois pour toutes en un régime uniforme. Toutefois, cette disparité n’im­plique aucunement une quelconque faiblesse de composition, parce qu’elle se trouve fédérée dans une voix qui en assure l’unité, en mettant systématiquement en avant le «je» du poète dont le texte constitue alors comme la réaction, par et dans l’écriture, d’un regard fortement personnalisé, et qui se met lui-même en scène dàmTson discours. On comprend en quoi ces poèmes appa­remment anodins participent de la volonté de Baudelaire d’une poétique de la modernité qu’il définira dans Le Peintre de la vie moderne comme le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable.

C’est ainsi que ces poèmes tentent de révéler la.part de beauté enfermée dans la moindre scène, la grandeur cachée qui fait de l’attention la qualité majeure du poète, très souvent polarisée sur l’univers urbain dont il extrait les éclats signifiants en se plaçant sous l’égide de la muse familière, la citadine, la vivante.

Les Petits poèmes en prose : une œuvre ambiguë

La critique manifeste souvent une gêne devant les poèmes en prose de Baudelaire, leur préférant l’aspect plus abouti des Fleurs du Mal , relevant à l’envi le semi-échec d'une prose pas vraiment novatrice, décevant les espoirs levés par la Préface ; on s’accorde à signaler l’importance des doublets en prose de poèmes inclus dans Les Fleurs du Mal , tout en regrettant la présence d’une syntaxe encore travaillée par le vers. Sans doute y a-t-il là une part de vérité, mais n’est-ce pas méconnaître la poétique de la dif­férence qu’entend ici élaborer Baudelaire ? Car non seulement c’est un régime nouveau de lecture qu’il impose, mais il fraye sur­tout la voie à un statut différent du sujet poétique qu'il initialise, non plus celui de mage romantique, mais bien plutôt celui d’une identité en crise qui s’affronte à une radicale altérité accueillie par un - rythme lui offrant un creuset original, cherchant dans l’éclatement du réel l’image de son visage épars.

Exemples de petits poèmes en prose de Baudelaire

Premier exemple : "le fou et la vénus", extrait des petit poèmes en prose.

Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l’œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l’Amour. L’extase universelle des choses ne s’exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c’est ici une orgie silencieuse. On dirait qu’une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l’azur du ciel par l’énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l’astre comme des fumées. Cependant, dans cette jouissance universelle, j’ai aperçu un être affligé. Aux pieds d’une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l’Ennui les obsède, affublé d’un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le  piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l’immortelle Déesse. Et ses yeux disent : — « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire ! » Mais l’implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

Deuxième exemple : "Les foules", extrait des Petits poèmes en prose

Il n’est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage. Multitude, solitude : termes égaux et convertibles pour le poëte actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée. Le poëte jouit de cet incomparable privilége, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c’est qu’à ses yeux elles ne valent pas la peine d’être visitées. Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l’égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente. Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l’âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l’imprévu qui se montre, à l’inconnu qui passe. Il est bon d’apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne fût-ce que pour humilier un instant leur sot orgueil, qu’il est des bonheurs supérieurs au leur, plus vastes et plus raffinés. Les fondateurs de colonies, les pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires exilés au bout du monde, connaissent sans doute quelque chose de ces mystérieuses ivresses ; et, au sein de la vaste famille que leur génie s’est faite, ils doivent rire quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agitée et pour leur vie si chaste.

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Translating Baudelaire: L’Invitation au Voyage

Translating Baudelaire:  L’Invitation au Voyage

Editor’s note: This is the sixth installment in the series “Poetry in a Time of Dislocation.” Fine art photographer Fern Nesson asserts that the place for art is critical during this time of pandemic, and she has immersed herself in the French poets, translating important works and sharing them as photo essays. This week, in a return to Charles Baudelaire, Fern explains her method of translation.

(Click here for previous installments:  Charles Baudelaire,   Guillaume Apollinaire,   Paul Valéry , Christine de Pizan , and Paul Verlaine .)

Baudelaire’s most famous poem is “L’Invitation au Voyage.” Translating this poem is treacherous since it’s been translated so many times by others (often exceedingly badly) but it gives me the opportunity to explain a bit about my approach to translation.

l'invitation au voyage en prose analyse

Photo: Fern Nesson

The French speakers among you will have noticed that I do not translate word for word nor to do I attempt to rhyme. In my view, translators who do that often sacrifice meaning, rhythm and poetry in their effort to reproduce the words exactly.

Instead, I practice what scholars of translation have called “mimesis.” Mimesis is an effort to get inside the poet’s head and heart, to come to understand his ideas, his intentions and the way he uses language. Then, having done that, a mimetic translator becomes the poet (metaphorically) and rewrites the poem in his own language. Done well, the poem will retain its rhythm, its poetic imagery and its meaning.   (Just an aside: Baudelaire himself translated Edgar Allan Poe into French and he practiced mimesis in doing so.)

l'invitation au voyage en prose analyse

In my translation of “L’Invitation Au Voyage,” I tried my best to communicate Baudelaire’s thoughts and style but, in one instance, I gave up. The famous refrain — “Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté — defeated me. I could find no English words that could reproduce Baudelaire’s economy of expression and his absolutely magical way of describing paradise. So I left the refrain untranslated. The French words are close enough to English to give you a sense of their meaning and so I left them as written. Please forgive me and enjoy this extraordinary poem!

l'invitation au voyage en prose analyse

L’Invitation Au Voyage from Les Fleurs du Mal (1851)

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D’aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde. — Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or; Le monde s’endort Dans une chaude lumière.

                                                                                   

l'invitation au voyage en prose analyse

My translation

My child, my sister, my love, Imagine the joy of running away together, Free to love, To love and to die in a land that reminds me of you. A land where moist suns glow in misty skies,

A land whose mysterious charms are the same for me as your flashing eyes,

brilliant through their tears.

Gleaming woods burnished by the years adorn our chambers. the rarest of flowers mix their scents with hints of amber.

Coffered ceilings, Gilded mirrors, Carpets of oriental splendor — all whisper to us

in the sweet native language of the soul.

Picture a fleet of ships floating sleepily in the harbor awaiting your command. They stand ready to sail to the ends of the earth

to satisfy your least desire, your every whim.

The setting sun bathes the fields, the canals, the whole scene, in hyacinth and gold. All the world slumbers in its warm light.

l'invitation au voyage en prose analyse

Lead photo credit : Photo: Fern Nesson

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By fern nesson.

l'invitation au voyage en prose analyse

Based in Cambridge, Massachusetts, Fern Nesson is a fine art photographer with an MFA in photography. She visits Paris regularly where she captures interior scenes. Her work is abstract, and brings fresh perspective to lovers of Paris, while also illuminating interesting museum exhibitions and cultural events taking place in the City of Light. She recently published a book compilation of the popular Bonjour Paris series "50 Things I Miss About Paris." Purchase this beautiful, photography-filled book on Amazon or contact Fern directly by email: fernlnesson [at] gmail.com. She's offering a special deal for Bonjour Paris readers: purchase the book at cost, a $25 discount.

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L’Invitation au voyage (Le Spleen de Paris)

XVIII L’INVITATION AU VOYAGE

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.

Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.

Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !

Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’ Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’ Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?

Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.

Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l’orfévrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.

Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfévrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.

Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu !

Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ?

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

l'invitation au voyage en prose analyse

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Self Portrait by Charles Baudelaire

Charles Baudelaire's Fleurs du mal / Flowers of Evil

L'Invitation au voyage

Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.

— Charles Baudelaire

Invitation to the Voyage

My child, my sister, Think of the rapture Of living together there! Of loving at will, Of loving till death, In the land that is like you! The misty sunlight Of those cloudy skies Has for my spirit the charms, So mysterious, Of your treacherous eyes, Shining brightly through their tears.

There all is order and beauty, Luxury, peace, and pleasure.

Gleaming furniture, Polished by the years, Will ornament our bedroom; The rarest flowers Mingling their fragrance With the faint scent of amber, The ornate ceilings, The limpid mirrors, The oriental splendor, All would whisper there Secretly to the soul In its soft, native language.

See on the canals Those vessels sleeping. Their mood is adventurous; It's to satisfy Your slightest desire That they come from the ends of the earth. — The setting suns Adorn the fields, The canals, the whole city, With hyacinth and gold; The world falls asleep In a warm glow of light.

— William Aggeler, The Flowers of Evil (Fresno, CA: Academy Library Guild, 1954)

My daughter, my sister, Consider the vista Of living out there, you and I, To love at our leisure, Then, ending our pleasure, In climes you resemble to die. There the suns, rainy-wet, Through clouds rise and set With the selfsame enchantment to charm me That my senses receive From your eyes, that deceive, When they shine through your tears to disarm me.

There'll be nothing but beauty, wealth, pleasure, With all things in order and measure.

With old treasures furnished, By centuries burnished, To gleam in the shade of our chamber, While the rarest of flowers Vaguely mix through the hours Their own with the perfume of amber: Each sumptuous ceiling, Each mirror revealing The wealth of the East, will be hung So the part and the whole May speak to the soul In its native, indigenous tongue.

On the channels and streams See each vessel that dreams In its whimsical vagabond way, Since its for your least whim The oceans they swim From the ends of the night and the day. The sun, going down, With its glory will crown Canals, fields, and cities entire, While the whole earth is rolled In the jacinth and gold Of its warming and radiant fire.

There'll be nothing but beauty, wealth, pleasure With all things in order and measure.

— Roy Campbell, Poems of Baudelaire (New York: Pantheon Books, 1952)

An Invitation to Voyage

My child, my sister, Think of the delight Of going far off and living together! Of loving peacefully, Loving and dying In the land that bears your resemblance! The wet suns Of those disheveled skies Have for my spirit The mysterious charm Of your treacherous eyes Shining through their tears.

There, all is order and beauty, Richness, quiet and pleasure.

Highly polished furniture, Made beautiful by time, Would decorate our room; The rarest flowers Mingling their odors With the vague fragrance of amber, Rich ceilings, Deep mirrors, Eastern splendor, Everything there would speak In secret to the soul Its sweet native tongue.

Behold sleeping On the canals those ships Whose temperament is a wanderer's; It is to satisfy Your slightest desire That they come from the ends of the world. — The setting sun Clothes the fields, The canals, the entire city, With hyacinth and gold; The world goes to sleep In a warm light.

— Wallace Fowlie, Flowers of Evil (New York: Dover Publications, 1964)

Think, would it not be Sweet to live with me All alone, my child, my love? — Sleep together, share All things, in that fair Country you remind me of? Charming in the dawn There, the half-withdrawn Drenched, mysterious sun appears In the curdled skies, Treacherous as your eyes Shining from behind their tears.

There, restraint and order bless Luxury and voluptuousness.

We should have a room Never out of bloom: Tables polished by the palm Of the vanished hours Should reflect rare flowers In that amber-scented calm; Ceilings richly wrought, Mirrors deep as thought, Walls with eastern splendor hung, All should speak apart To the homesick heart In its own dear native tongue.

See, their voyage past, To their moorings fast, On the still canals asleep, These big ships; to bring You some trifling thing They have braved the furious deep. — Now the sun goes down, Tinting dyke and town, Field, canal, all things in sight, Hyacinth and gold; All that we behold Slumbers in its ruddy light.

— Edna St. Vincent Millay, Flowers of Evil (NY: Harper and Brothers, 1936)

My child mistress/mother sister/dream How acceptable all things would be Were we to live in that land where The slow and the long, short and the strong

Die in the dance of being less than one another In a perpetual summer of imageless desire. Flagellated and forgotten suns Drink in the step of my azure lost skies And move to mysterylessness our chemical miseries Within which the treadling eyes of indefiniteness Are no more than the tears of the damned. Take from my heart, a platinum measure Free of solitude's false grace And awkward adolescent pleasures. Here is the furniture That caresses the dust of the years And counts the wrinkled set into the brain On fingers that have made their own doom. Evil the eyes that look back at us in dreams, Evil the touch of the deaths that have not loved us Evil the sorrow which shelters itself from release And the evils accumulate Leaving us idle and alone Though an Eastern splendor, An Eastern hatred of the idea of loss Eddies in the river of slime That has not won us. Hidden from the waves in still canals We sit in a small boat that refuses To set forth. To satisfy need, To accommodate our need of forever, We sit in the boat And wait for a clearer sky, A more propitious moment to launch While thinking of Cortez' Miraculous slaughter of and victory over The children of the sun.

— Will Schmitz

Invitation to a Journey

My sister, my dear Consider how fair, Together to live it would be! Down yonder to fly To love, till we die, In the land which resembles thee. Those suns that rise 'Neath erratic skies, — No charm could be like unto theirs — So strange and divine, Like those eyes of thine Which glow in the midst of their tears.

There, all is order and loveliness, Luxury, calm and voluptuousness.

The tables and chairs, Polished bright by the years, Would decorate sweetly our rooms, And the rarest of flowers Would twine round our bowers And mingle their amber perfumes: The ceilings arrayed, And the mirrors inlaid, This Eastern splendour among, Would furtively steal O'er our skuls, and appeal With its tranquillous native tongue.

In the harbours, peep, At the vessels asleep (Their humour is always to roam), Yet it is but to grant Thy smallest want From the ends of the earth that they come, The sunsets beam Upon meadow and stream, And upon the city entire 'Neath a violet crest, The world sinks to rest, Illumed by a golden fire.

— Cyril Scott, Baudelaire: The Flowers of Evil (London: Elkin Mathews, 1909)

The Invitation to the Voyage

How sweet, my own, Could we live alone Over beyond the sea! To love and to die Indolently In the land that's akin to thee! Where the suns which rise In the watery skies Weave soft spells over my sight, As thy false eyes do When they flicker through Their tears with a dim, strange light.

There all is beauty and symmetry, Pleasure and calm and luxury.

Years that have gone Have polished and shone The things that would fill our room; The flowers most rare Which scent the air In the richly-ceiling'd gloom, And the mirrors profound, And the walls around With Orient splendour hung, To the soul would speak Of things she doth seek In her gentle native tongue.

The canals are deep Where the strange ships sleep Far from the land of their birth; To quench the fire Of thy least desire They have come from the ends of the earth. The sunsets drown Peaceful town And meadow, and stagnant stream In bistre and gold, And the world enfold In a warm and luminous dream.

— Jack Collings Squire, Poems and Baudelaire Flowers (London: The New Age Press, Ltd, 1909)

Two editions of Fleurs du mal were published in Baudelaire's lifetime — one in 1857 and an expanded edition in 1861. "Scraps" and censored poems were collected in Les Épaves in 1866. After Baudelaire died the following year, a "definitive" edition appeared in 1868.

  • 1857 Fleurs du mal First edition with 100 poems
  • 1861 Fleurs du mal Second edition missing censored poems but including new ones
  • 1866 Les Épaves Twenty-three "scraps" including the poems censored from the first edition
  • 1868 Fleurs du mal Comprehensive edition published after Baudelaire's death
  • All Poems (Alphabetical) Every poem from each edition
  • Audio Readings of Baudelaire mostly in French
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L’invitation au voyage (en prose) – Charles Baudelaire

Littérature , Poèmes

L’invitation au voyage (en prose) – Charles Baudelaire

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations.

Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange.

Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré  une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !

Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations. Un musicien a écrit l’ Invitation à la valse ;  quel est celui qui composera l’ Invitation au voyage,  qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?

Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.

Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, orfèvrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un  revenez-y  de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.

Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme  une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfèvrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue.

Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma  tulipe noire  et mon  dahlia bleu !

Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre  correspondance ?

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ? Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?

Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces  parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

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Commentaire de texte sur Baudelaire

Rédigé le 17 June 2010

4 minutes de lecture

l'invitation au voyage en prose analyse

  • 01.      I - Correspondance de la vue et de l’odorat
  • 02.      II - Le pouvoir de la femme : l’évasion vers l’idéal
  • 03.      Conclusion

Nous allons étudier une poésie de Charles Baudelaire, « l’invitation au voyage ». Ce poème est tiré des Fleurs du mal, « spleen et idéal ». En tant que poète héritier du romantisme, Baudelaire dans ces vers nous dévoile sa vision du monde avec une grande connotation tragique. Il tente de nous faire partager sa vision idéale de l’amour. Nous savons que les trois femmes qui ont marqué sa vie furent Marie Daubrun, Jeanne Duval et Madame de Sabatier.  L’invitation au voyage fait référence à Marie Daubrun.

Dans le but d’étudier cette poésie nous tenterons de répondre à la problématique suivante, en quoi ce poème décrit il une vision idéale de l’amour inspirée par la femme ?  Pour répondre à notre problématique d’ensemble, nous verrons dans une première partie comment le pouvoir de la femme s’exprime sur le poète avec la correspondance de la vue et de l’odorat puis en second lieu, le pouvoir de la femme et l’évasion vers l’idéal qu’elle suscite.

Cristèle

     I - Correspondance de la vue et de l’odorat

     Nous constatons la présence d’une correspondance à dominante urbaine, il s’agit du miroir  où se reflète la beauté qui invite au voyage. Elle se situe dans le deuxième sizain des vers 7 à 12. « Dans les ciels brouillés », comme les yeux de Marie Daubrun, nous retrouvons les éléments authentiques comme le feu, l’eau, dans l’oxymore, « les soleils mouillés ». « Les yeux brillants » des vers 11 et 12 connotent l’éclat, le feu à travers les larmes suggérées par « les soleils mouillés » d’une contrée mystérieuse. On retrouve cette même correspondance du feu et de l’eau dans la dernière strophe, « soleil couchant », « canaux. Nous avons également une correspondance entre le regard et le paysage qui exerce la même fascination sur le poète. Cela est renforcé par l’adverbe d’intensité « si mystérieux », thème du regard associé au sentiment d’amour. La femme est l’inspiratrice du voyage « idéal », « virtuel. On retrouve le thème du bonheur en harmonie avec la profusion des sensations des vers 18 et 19, 21 et 22. Le raffinement  des sens s’exprime par l’association entre les reflets et les parfums. Le champ lexical de la vue domine, « les yeux brillants » au vers 12, « les meubles luisants », au vers 15, « poli par les ans », au vers 16 et « les miroirs profonds », au vers 22.

La correspondance entre la vue et l’odorat amène le poète à suggérer la puissance de la femme au sens d’une évasion vers l’idéal.

     II - Le pouvoir de la femme : l’évasion vers l’idéal

     La femme joue un rôle unificateur car le voyage part d’elle, le pays évoqué est un pays idéal. Il est créé par l’imagination ainsi que le connotent les vers 2, « songe » et 37 avec « canaux » qui nous ramène au pays du Nord, comme Amsterdam. Le poète qui menait une vie de bohème était un dandy, il est parti dans les îles, cela justifie très certainement l’ambiance exotique du poème. On le retrouve dans le titre. Il parle d’un pays qu’il connaît. Le souvenir est embelli, idéalisé, tout est beau, les plaisirs des sens sont sollicités. La femme est l’inspiratrice de ce lieu idéal. C’est aussi pour le poète, un enfant  à protéger, « mon enfant », et l’âme sœur, son double « ma soeur ». L’adjectif possessif connote l’affectif, au sens de la tendresse et de la douceur. Il la tutoie, « songe ». L’invitation à la rêverie amoureuse se passe dans un moment de grande intimité, la femme reste cependant mystérieuse et attirante, « les charmes », strophe 1, les sens se mélangent et il y a communication des âmes, strophe 2. Dans la strophe 3, la femme aimée est considérée comme le centre du monde, une princesse. La femme est la promesse d’une relation harmonieuse à l’image de l’intérieur évoqué dans la deuxième strophe. Elle est également menaçante, sa duplicité est soulignée par « tes traîtres yeux » au vers 11, la femme est donc dangereuse. Par  l’allusion au vers 26 « langue natale », Baudelaire évoque les origines, le paradis édénique et réaffirme sa conception du paradis, celle d’un paradis antérieur au péché originel : un ailleurs, vers 2 »songe », vers 3 « là-bas ». Le refrain définit l’idéal, « là » qui traduit le lieu général qui n’est pas nommé. Nous avons le conditionnel dans la deuxième strophe. Nous pouvons parler d’originalité car derrière une forme régulière et classique de poésie, l’auteur innove à deux niveaux, l’alternance vers courts et longs et le refrain qui comme une chanson marque l’incantation et donne un aspect mélodique. L’univers utopique transparaît dans la troisième strophe « du bout du monde ». La structure restrictive « ne que » et le pronom indéfini « tout » mettent en évidence la volonté du poète à donner une définition de l’idéal : le bonheur repose sur une vie. Il y a exaltation des sentiments amoureux La première strophe comprend des points d’exclamations et la troisième, le tiret, l’apaisement. La beauté et la volupté sont associées à des effets d’harmonie, le calme renvoie à la volupté, l’ordre à la beauté.

     Conclusion

    Nous voyons donc à travers cette poésie comment le pouvoir de la femme s’exprime à travers le poète par la correspondance des sens, synesthésies, et quel idéal d’évasion elle suscite. Nous ressentons à la lecture de cette poésie une impression de plénitude contrairement à la majorité des poésies du « spleen et idéal » qui reflètent le mal de vivre du poète . Les « miroirs profonds » évoqués ici contribuent à libérer Baudelaire de la contrainte du temps. Le thème du regard est essentiel dans la poésie baudelairienne et il connote le pouvoir fascinant de la femme en général, thème que l’on retrouve dans les hymnes à la femme, ainsi Eluard dans sa poésie intitulée, « la courbe de tes yeux ».

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11 May 2023 ∙ 11 minutes de lecture

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Commentaire Littéraire : Candide de Voltaire

Candide ou l'Optimisme, Voltaire, chapitre XIX ou l'esclavage : un commentaire composé L'extrait commenté En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh ! mon[…]

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Comment Réussir une Bonne Rédaction

Rédaction d’un commentaire composé (roman) : une méthode et un exemple Dans ce cours, nous allons voir ensemble comment rédiger correctement un commentaire composé pour un extrait de roman. Nous allons présenter une méthode générale en nous appuyant sur un exemple, pour mieux faire comprendre les subtilités de cet exercice. Le texte qui nous servira[…]

24 March 2023 ∙ 12 minutes de lecture

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quentin est malade psychologquement j

très bon commentaire merci bien

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  1. L Invitation Au Voyage Le Spleen De Paris Baudelaire Analyse

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  2. * L'Invitation au voyage en poésie *

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  3. Analyse Du Poème De Charles Baudelaire L Invitation Au Voyage

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  4. Beaudelaire: l’invitation au voyage

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  1. L'INVITATION AU VOYAGE (BAUDELAIRE/JOAQUIM GARCIA)

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  3. Invitation au voyage: En Aragon / Marseille / Japon Documentaire (2023)

  4. Henri Duparc

  5. L’Invitation au Voyage

  6. Jonas Kaufmann

COMMENTS

  1. L'invitation au voyage, Baudelaire : analyse pour le bac

    Voici une analyse de « L'Invitation au voyage » de Charles Baudelaire extrait du recueil Les Fleurs du mal (1857). ... ,Les fleurs Du Mal et L'invitation au voyage,Petits poèmes en PROSE(1869) Répondre . Amélie dit : 26 avril 2016 à 19 h 06 min Ne crois pas que je vais faire tes devoirs ! Prends le temps de lire les poèmes, mes ...

  2. L'Invitation au voyage, Baudelaire : commentaire de texte

    Luxe, calme et volupté. Baudelaire, Les Fleurs du Mal, L'Invitation au voyage. L'intimité des poètes se découvre dans leurs écrits et dans l'Invitation au voyage, Baudelaire nous ouvre la porte de sa chambre. Ce poème est issu du recueil Les Fleurs du Mal, il se situe dans la première section intitulée Spleen et Idéal.

  3. L'invitation au voyage

    Reprise du refrain pour conclure le poème. Conclusion. Dans L'invitation au voyage, pour Baudelaire, imaginer le voyage suffit puisqu'il s'agira d'un voyage idéal. Pour imaginer ce voyage, la présence de la femme est nécessaire. Le poète considère ici une femme très proche de son cœur et de son esprit.

  4. Baudelaire, Les Fleurs du Mal « L'invitation au voyage

    Dans la première partie des Fleurs du Mal, Spleen et Idéal, L'Invitation au voyage se trouve encore du côté de l'idéal. Mais c'est aussi un poème en prose du Spleen de Paris, ou Baudelaire révèle le pays dont il parle : la Hollande. Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie.

  5. The Invitation to the Voyage Analysis

    The Poem. "The Invitation to the Voyage" is number 53 in Les Fleurs du mal ( Flowers of Evil, 1909), part of the book's "Spleen and Ideal" section. Written in direct address, the poem ...

  6. "L'Invitation au voyage", Baudelaire

    Analyse et commentaire linéaire de L'Invitation au voyage de Baudelaire. Problématique et plan : quelques pistes pour commenter l'Invitation au voyage. En guise d'ouverture. L'Invitation au voyage de Baudelaire est l'un des poèmes les plus connus des Fleurs du mal et est un incontournable du commentaire en français.

  7. Invitation au voyage, Baudelaire, Fleurs du mal, commentaire, analyse

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), section « Spleen et idéal ». Exemple d'un plan de commentaire avec introduction et conclusion du poème,'L'invitation au voyage', Baudelaire, Fleurs du mal (1857). (Ceci est un exemple, et pas un modèle.

  8. (PDF) L'Invitation au voyage de Baudelaire, une analyse évocative

    Introduction1 Lorsqu'on examine les travaux consacrés de près ou de loin à « L'Invitation au voyage » version en vers, en abrégé IV , on constate que beaucoup d'entre eux se focalisent sur trois aspects : les sources (La Hollande, la chanson, Goethe, Weber, etc.), le rapport à la version éponyme en prose, la comparaison avec les ...

  9. Baudelaire : L'Invitation au Voyage (Commentaire composé)

    Nous allons étudier un poème de Charles Baudelaire intitulé « L'Invitation au Voyage », tiré des Fleurs du Mal en date de 1857. Les poèmes précédents sont tous des hymnes à l'une des femmes de sa vie, Jeanne Duval, Marie D'Aubrun ou Mme de Sabatier. Ce poème est dédié à Marie d'Aubrun.

  10. Séance 5 L'invitation au voyage

    Notez également les nombreuses assonances du poème en [ã]. Notes : 1 - Dans « L'invitation au voyage » (des Petits poèmes en prose), Baudelaire évoque explicitement la Hollande en désignant la monnaie du pays, le florin. 2 - La synesthésie consiste à associer deux sens. Voir la définition de Wikipédia.

  11. PDF INVITATION AU VOYAGE

    AXE 3 LE VOYAGE Invitation au voyage mais lequel puisque tout emble statique invitation au rêve : "songe" La femme aimée s'efface et/ou se confond avec le paysage (comparaison entre les ciels et les yeux de la femme) et partage le rêve du poète. Invitation à l'amour un amour desexualisé et spiritualisé, fusionnel

  12. L'Invitation au Voyage, poème de Charles Baudelaire

    L'Invitation au voyage est le titre de deux poèmes de Charles Baudelaire. L'un, en vers, figure dans le recueil Les Fleurs du mal (1857), numéro XLIX (49) de la première section intitulée Spleen et Idéal ; l'autre est en prose, publié en 1869 dans le recueil Le Spleen de Paris (numéro XVIII).

  13. L'Invitation au Voyage : Analyse du Poème

    Cette invitation au voyage n'est qu'une invitation au rêve. Dans le poème en prose, cette enfant, cette sœur est présentée comme une vieille amie. Dans le Chant d'automne ( FdM - LVI), elle est à la fois mère, amante ou sœur : "Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ;

  14. Petits poèmes en prose, L'Invitation au voyage de Baudelaire

    L'Invitation au voyage in Petits poèmes en prose de Baudelaire. Par Céline Roumégoux - publié le vendredi 5 octobre 2012 à 18:37 dans commentaires de poésies classe de 1ière. L'Invitation au voyage (extrait) in Petits poèmes en prose de Baudelaire (1869) Voir le texte intégral ICI. Photo de Baudelaire par Etienne Carjat.

  15. 8 Baudelaire, "L'Invitation au voyage"

    Charles Baudelaire (1821-1867) a moins souvent et moins longtemps voyagé que d'autres poètes du 19e siècle. C'est même contraint et forcé qu'il effectue, en juin 1841, l'unique grand voyage de sa vie. Afin de l'assagir et de l'arracher à la vie de bohème qu'il mène au Quartier latin à Paris, sa mère et son beau-père ...

  16. Baudelaire explication linéaire de l'Invitation au voyage

    Evocation de la paix, du calme. Expression générique. Le poème se clôt sur un rappel de tout ce qu'apporte ce voyage imaginaire dans lequel Baudelaire a invité, entrainé la femme aimée et le lecteur. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. refrain.

  17. L'invitation au Voyage

    Fiche de cours en Français - Niveau : lycée (par Agathe). En savoir + sur charles baudelaire : analyse Fiche de cours en Français - Niveau : lycée (par Agathe). En savoir + sur charles baudelaire : analyse. ... L'invitation au voyage. Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, ...

  18. Petits poèmes en prose de Charles Baudelaire : thèmes, analyse et exemples

    Dans "L'Invitation au voyage", par exemple, Baudelaire invite le lecteur à "prendre le large" avec lui, loin de la "ville morne" et de ses "maisons jaunes", et à laisser derrière lui "les fers d'une vie trop brève". En résumé, les thèmes principaux des Petits poèmes en prose de Baudelaire sont l'aliénation, la décadence, le désespoir ...

  19. Translating Baudelaire: L'Invitation au Voyage

    Photo: Fern Nesson. In my translation of "L'Invitation Au Voyage," I tried my best to communicate Baudelaire's thoughts and style but, in one instance, I gave up. The famous refrain — "Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté — defeated me. I could find no English words that could reproduce Baudelaire's ...

  20. L'Invitation au voyage (Le Spleen de Paris)

    collection L'Invitation au voyage Charles Baudelaire Michel Lévy frères.1869ParisIV. Petits Poèmes en prose, Les Paradis artificiels L'Invitation au voyage Baudelaire - Petits poèmes en prose 1868.djvuBaudelaire - Petits poèmes en prose 1868.djvu/749-52. Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec ...

  21. L'Invitation au voyage (Invitation to the Voyage) by Charles Baudelaire

    Invitation to the Voyage. My daughter, my sister, Consider the vista Of living out there, you and I, To love at our leisure, Then, ending our pleasure, In climes you resemble to die. There the suns, rainy-wet, Through clouds rise and set With the selfsame enchantment to charm me That my senses receive From your eyes, that deceive, When they ...

  22. L'invitation au voyage (en prose)

    L'invitation au voyage (en prose) - Charles Baudelaire. Littérature, Poèmes. Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu'on pourrait appeler l'Orient de l'Occident, la Chine de l'Europe, tant la chaude et capricieuse ...

  23. Corrigé du Bac de Français : L'Invitation au Voyage

    4 minutes de lecture. Ressources Français Terminale Corrigé du Bac de Français : L'Invitation au Voyage. Nous allons étudier une poésie de Charles Baudelaire, « l'invitation au voyage ». Ce poème est tiré des Fleurs du mal, « spleen et idéal ». En tant que poète héritier du romantisme, Baudelaire dans ces vers nous dévoile sa ...