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Sainte Barbe transfigurée !

De gauche à droite : - - Ste Barbe, sculpture polychrome 1ère moitié XVIème siècle © Musée de la Cour d'Or - Ste Barbe bleue 2023 Bois polychrome, par Philippe Buiatti © Maurice Rausch - Barbe avorte d'un polythéisme, par Jean Marie Wunderlich, Bas relief en bois ©DR

À Metz, art et spiritualité se rencontrent dans une exposition croisée détonante à l’Atelier Ste Croix des arts, redéfinissant la perception de Sainte Barbe, cette figure historique et chrétienne profondément enracinée dans le cœur de Metz. L’exposition, intitulée  Ste Barbe : un Saint peut en chasser un.e Autre , révèle les multiples facettes d’une sainte dont la présence dans la conscience collective a pourtant été éclipsée au fil des siècles.

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La figure de Sainte Barbe, autrefois célébrée comme martyre, guérisseuse, et protectrice, a vu son influence décliner à la suite de l’intégration de Metz au Royaume de France, où Saint Nicolas le Lorrain a pris le devant de la scène. Malgré cela, elle reste une figure emblématique, patronne de diverses corporations et écoles, célébrée dans plusieurs régions  (1) . 

Bien plus qu’un hommage à une sainte, cette exposition est une célébration de l’art en tant que vecteur de mémoire et d’identité culturelle. Sainte Barbe, à travers les yeux des artistes contemporains, devient une toile sur laquelle se peignent les histoires de foi, de résilience et surtout d’inspiration autour de la transformation de Sainte Barbe à travers le temps.

Seize artistes contemporains ont exploré et réinterprété son histoire à travers divers médiums artistiques. Parmi eux, Philippe Buiatti et Jean-Marie Wunderlich offrent une perspective sculpturale, tandis que Philippe Detzen interpelle avec son installation vidéo. Chaque artiste apporte une vision unique allant, entre bien d’autres, de la peinture mixte d’Angie à la gravure de François Drapier, créant ainsi un dialogue entre le passé et le présent…

L’Atelier Ste Croix des arts, situé au 2 rue des écoles à Metz, accueille cette exposition dynamique, ouverte du mardi au dimanche de 15h à 19h, avec possibilité de visite sur rendez-vous. L’expérience est enrichie par une visite complémentaire au Musée de la Cour d’Or, où sont exposées des œuvres historiques de Ste Barbe, témoignant de son durable héritage. Accessible tous les jours sauf le mardi, le musée offre une immersion dans le passé de Sainte Barbe, complétant parfaitement les perspectives contemporaines de l’Atelier Ste Croix des arts. C’est une invitation à explorer l’évolution de la représentation artistique et spirituelle d’une figure qui a marqué l’histoire messine. Avec l’entrée gratuite et l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, cette exposition est une opportunité incontournable pour les amateurs d’art et d’histoire. Pour plus d’informations, les visiteurs peuvent consulter les sites web de l’Atelier Ste Croix des arts et du Musée de la Cour d’Or.

• (1) À lire :  Ste Barbe patronne de Metz et du Pays messin  de Claude Buttner

Du 1 er  au 23 décembre du mardi au dimanche de 15h à 19h à l’Atelier Ste Croix des arts, situé au 2 rue des écoles à Metz. Contact : 06 75 20 05 70 ou 06 47 45 98 48

Artistes exposés : Philippe Buiatti  (sculpture),  Jean-Marie Wunderlich  (sculpture-gravure),  Philippe Detzen  (installation vidéo),  Jean-Christophe Diedrich  (peinture),  Angie  (peinture mixte),  Hélène Saucourt  (sérigraphie),  Angélique Bègue (icône sur bois),  Odile Jager-Poirel  (encre),  Tommy Laszlo  (installation),  Francis Kochert  (ready-made),  Mdoublevv  (peinture huile),  François Drapier  (gravure),  Catherine Birgin  (gravure),  Claude Rochette (installation),  Jean-Pierre Tissier  (vignette),  Christian Lamalle  (ambiance sonore).

www.ateliersaintecroix.art.blog

musee.eurometropolemetz.eu

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Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs

• Référence bibliographique

Colin Marie-Hélène. Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs. In: Le travail avant la révolution industrielle. Actes du 127e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Le travail et les hommes », Nancy, 2002. Paris : Editions du CTHS, 2006. pp. 291-300. ( Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques , 127-7)

www.persee.fr/doc/acths_1764-7355_2006_act_127_2_1110

• RIS (ProCite, Endnote, ...)

Résumé (fre)

Au XV e  siècle, sainte Barbe devient la sainte protectrice du pays messin, objet d’une dévotion qui décline à partir du début du XVIII e  siècle. Mais, à cette époque, un glissement s’est déjà opéré et elle est la patronne des artilleurs grâce à l’arrivée d’artisans italiens. L’installation d’une école du Génie maintient cette spécificité jusqu’à nos jours, le caractère religieux s’effaçant au profit d’une manifestation festive. Au XIX e  siècle, le culte de la sainte se déplace vers le pays minier et elle s’apparente désormais aux mineurs dont elle est la protectrice. Cet ancrage régional est tel que la région s’identifie totalement à la sainte, qui est présente aussi bien dans l’espace que dans le calendrier. Sa dimension religieuse s’estompe cependant pour être remplacée par une expression professionnelle, avec la distribution de médailles, des repas collectifs… Ainsi, sainte Barbe est devenue une composante essentielle de l’identité minière.

• La présence hagiographique [link]
• Le pèlerinage [link]
• Une nouvelle dimension donnée par les Italiens [link]
• Une présence messine qui s’accentue [link]
• Sainte Barbe et le pays de la mine [link]
• Une sociabilité de mineurs [link]
• Bibliographie [link]

Liste des illustrations

• Figure 1 - Image de Gangel. (Collection privée) [link]
• Figure 2 - Mineurs de France. (Arch. mun. Saint-Avold) [link]

Texte intégral

Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs

Marie-Hélène COLIN

Doctorante en histoire moderne à l’Université de Nancy II

De nombreux saints sont protecteurs de métiers, comme saint Arnould pour les brasseurs, saint Antoine pour les vanniers… Surnommée la sainte aux cent patronages, Barbe tient une place très particulière parmi eux. Sa vie nous est connue dès le XIe siècle en Orient et se diffuse en Occident à partir du XIIIe siècle grâce à la Légende dorée de Jacques de Voragine, qui nous livre la légende en ces termes : «Il y avait à Nicomédie, du temps de l’empereur Maximien ; un païen du nom de Dioscor […] qui avait une fille nommée Barbe […] qu’il enferma dans une haute tour » à cause de sa beauté. Ayant été instruite et baptisée, elle fit faire une troisième fenêtre dans sa tour en hommage à la Trinité. Elle refusa de se marier et de célébrer les idoles. Devant cette intransigeance, son père la fit conduire auprès du proconsul Marcien qui lui fit subir d’atroces souffrances : elle fut rouée de coups, on lui brûla les côtes, ses seins furent coupés… Avec l’aide de Dieu, elle endura tous ces supplices et demeura fidèle à sa foi. Face à cette obstination, il fut décidé qu’elle aurait la tête tranchée, sentence que son père accomplit lui-même. Alors que l’âme de sainte Barbe entrait au Paradis, «le feu du Ciel tomba sur lui [ Dioscor], le consuma, et il ne resta pas même vestige de lui » . Le martyre de sainte Barbe est daté du 4 décembre 235. Les supplices qu’elle a subis lors de son martyre en ont fait la patronne de nombreux métiers ayant un rapport avec le feu et ses dangers, comme les arquebusiers et les canonniers depuis l’apparition du canon vers 1346. Ce n’est que beaucoup plus tard que les mineurs, les carriers, les pompiers et les électriciens l’adoptent comme patronne. Elle protège aussi les écoliers et les lycéens à cause de son travail fourni pour acquérir les enseignements chrétiens ; les prisonniers et les maçons pour la tour et la troisième fenêtre qu’elle avait fait percer... Elle est aussi invoquée contre la foudre : son père, qui fut aussi son bourreau, fut frappé par la foudre à la mort de sa fille. Elle est encore censée préserver de la mort subite. Il ne faut cependant pas envisager le culte d’un saint comme une manifestation intangible, mais considérer qu’il s’agit d’un objet historique soumis à bien des évolutions. C’est d’ailleurs ce qu’illustre l’analyse de la dévotion à sainte Barbe en Lorraine. D’abord connue comme la patronne de la campagne messine, elle devient la patronne des artilleurs et enfin des mineurs, auxquels elle est pleinement associée aujourd''hui.

Sainte Barbe, patronne de la campagne messine

La présence hagiographique.

L’introduction du culte de sainte Barbe en Lorraine daterait du XIIIe siècle, avec l’érection d’une chapelle consacrée à la sainte au village qui porte son nom1. L’analyse des pouillés du

XVIIIe siècle pour les trois diocèses, Metz, Toul et Verdun nous donne les résultats suivants : elle n’est pas présente dans le diocèse de Verdun ; dans le diocèse de Metz, elle est patronne de cinq paroisses et de onze chapelles ; le diocèse de Toul compte vingt-cinq chapelles en

292 Le travail avant la révolution industrielle

l’honneur de la sainte, et trois paroisses sont sous son vocable ainsi que quatre ermitages. Le plus souvent, elle est associée à un autre saint (saint Nicolas, saint Éloi, saint Jean-Baptiste). Malgré cette répartition, la sainte est patronne de la ville de Metz dès le milieu du XVe siècle, puis de la campagne messine. Tous les ans est joué le Mystère de sainte Barbe. Par exemple, le 23 juillet 1485, Philippe de Vigneulles, bourgeois de la ville, le décrit ainsi : «En la place Chambre, le jeux de la Vie et Passion ma damme saincte Barbe. Et durait trois jours ; et fut le mieux juez et le plus triumphamment que jamaix je vis2. » Le souvenir de la représentation s’est maintenu dans la cité et, après plusieurs siècles d’interruption, en 1951, le mystère de la sainte est joué à nouveau dans la salle des fêtes du lycée de garçons de Metz. Il s’agit d’une adaptation des manuscrits médiévaux sur une musique de Guy de Lioncourt et de Paul Boisselet. Il se joue sur cinq journées et retrace la vie et le martyre de Barbe, tout en mêlant ce qui se passe sur terre et en enfer3.

Le pèlerinage

À une dizaine de kilomètres de Metz, la sainte a son haut lieu : le pèlerinage au sanctuaire situé dans le village éponyme, les principales fêtes se déroulant à la Pentecôte et le jour de la fête de la sainte, le 4 décembre. Dans ses Chroniques, Philippe de Vigneulles l’envisage avec un certain nationalisme messin et nous donne la liste de pèlerins prestigieux qui y prient. Ainsi, il signale la venue de la duchesse de Lorraine, reine de Sicile, à Sainte-Barbe et à Metz4. De même, il nous fait part, en 1523, de l’arrivée du duc Antoine de Lorraine et de ses gens :

par ung lundi huitiesme jour de jung, le duc Anthoine de Loraine et de Bair, conte de Wauldémont, mairquis, et merchis du Pont, etc., avec Françoy, monseigneur, son josne frères, et en compaigiez de ma damme Bairbe de Bourbon, la duchesse, et suer au connestable de France, sa femme, avec lesquelles estoient plusieurs contes, baillif, chevaliers, escuyuers, pancionaires et jantilz hommes5…

Ils se sont rendus à Sainte-Barbe le lendemain où «la messe fut dicte et le service divin accompli6 » , puis ils ont fait des offrandes et des dévotions à la sainte. Lui-même n’hésite pas à faire appel à la sainte en cas de difficulté. Ainsi en 1500, lorsqu’il tombe entre les mains des «lairons » , il invoque sainte Barbe et saint Nicolas pour avoir la vie sauve. Pendant les douze premiers jours de sa détention, il rédige une oraison en vers à la sainte :

O saincte Barbe, très excellente, Comme soileil resplandissante, Après Marie l’une des fleurs […] En servant Dieu devotement ; Et comme tu fis pour son amour Faire trois fenestres en une tour Au nom de la Saincte Trinité En gardant ta virginité De toutte oeuvre diabolique En soutenant foy catholique […] Pourtant te prie quai en mémoire, Très excellente vierge notable, De moy qui sy misérable, Plein de deffault et de pechiet ; Et mon corps et l’esprit,

Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs 293 Vueille gairder de tout périt […] 7

Pendant la guerre de Trente Ans, le sanctuaire connaît de nombreux pillages dus aux soldats de passage ; il ne s’en remettra jamais. Parallèlement, le culte de la sainte décline dans tout le pays messin. On perd même le souvenir de certains lieux de dévotion. Les registres capitulaires de la cathédrale de Metz indiquent que lors de réparations effectuées à la cathédrale au XVIIIe siècle, les chanoines ne peuvent plus situer avec exactitude l’emplacement de la chapelle Sainte-Barbe. À la Révolution, les cinq religieux qui desservent le pèlerinage et la paroisse sont expulsés. L’église Sainte-Barbe, tombant en ruines, est détruite au début du XIXe siècle ; il n’en subsiste aujourd’hui que la tour gothique et le portail. Entre le XVe et le XVIIe siècle, sainte Barbe est donc honorée à l’égal de saint Nicolas : fêtée le 4 décembre, elle était la patronne du pays messin ; célébré le 6 décembre, il est le patron de la Lorraine. Elle perd cependant lentement de son influence et son ancrage régional décline irrémédiablement à partir de la fin du XVIIe siècle. Elle ne disparaît cependant pas pour autant des esprits, car un glissement s’est opéré : elle devient la protectrice de certaines professions.

Sainte Barbe, une sainte professionnelle

Une nouvelle dimension donnée par les italiens.

À partir de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, la communauté italienne de Metz s’accroît. À côté des banquiers et des marchands viennent s’installer des spécialistes de la métallurgie, qui permettent l’ouverture d’un arsenal sur la colline Sainte-Croix, à proximité de l’actuelle maternité. Dans la péninsule italienne, sainte Barbe apparaissait déjà nettement comme la patronne des artilleurs. Au début du XVIe siècle, Palma Vecchio réalise, pour la chapelle des bombardiers de Venise de l’église Santa Maria Formosa, un portrait de la sainte dont le visage est celui de la fille de l’artiste, un canon à ses pieds8. Il semble qu’à Metz ce soient ces artisans transalpins qui aient infléchi le culte rendu à Barbe pour en faire la protectrice d’un métier. Ce glissement est parfaitement accepté par la population messine dont la ville affirme sa position de place forte. La porte couvrant la confluence de la Seille et de la Moselle, fortement équipée en emplacements pour l’artillerie, prend le nom de la sainte : en 1444, la porte du pont Rengmont devient la porte du Chemin de Sainte-Barbe et, en 1540, la porte Sainte-Barbe. Cependant, si les soldats et les artilleurs de la forteresse se placent sous sa protection, il n’y a pas de culte, ni de chapelle spécifique. Sainte Barbe demeure une sainte invoquée dans un milieu assez fermé.

Une présence messine qui s’accentue

Cette dimension connaît une seconde évolution au XVIIIe siècle. En 1794, l’École nationale du génie et des mineurs, formant les ingénieurs militaires, située jusqu’alors à Mézières, vient s’implanter à Metz dans les locaux de l’ancienne abbaye bénédictine Saint-Arnould ; elle y reste jusqu’en 1870. En ce XIXe siècle, Barbe est honorée par les élèves de la prestigieuse institution. Elle perd alors son caractère religieux pour devenir la patronne des étudiants. La fête de la sainte était si populaire parmi les gens de guerre qu’elle était célébrée à grand fracas. Au début du vingtième siècle encore, la Sainte-Barbe était l’occasion pour les artilleurs de briquer les armes, et de festoyer autour d’un banquet rassemblant officiers et hommes en uniformes. Sa fête, le 4 décembre, est plus l’occasion de ripailles que de prières, elle est une

294 Le travail avant la révolution industrielle

manifestation de «corpo » , occasion de chahuts et d’excès dans les rues de la ville. Ainsi, le 4 décembre 1856, «toute la police est sur pied, les élèves brisent les croisées de cinq ou six boutiques ; au restaurant, ils démontent les poêles, enlèvent les tuyaux, et transportent le tout en ville [...]. Le lendemain, on les met en prison, quatre sont envoyés à Bitche9. » La Sainte-Barbe est donc une manifestation identitaire qui permet au groupe de se former et d’agréger les nouveaux venus, la nouvelle promotion arrivant début décembre. Une chanson est l’hymne de cette société :

Sainte, notre patronne Reine du polygone Protège l’artillerie, Le train et le génie, Nos affûts, nos canons, Nos forts et nos caissons, Nos braves canonniers, Tous nos vaillants troupiers.

Cette dimension professionnelle de sainte Barbe inspire les imagiers messins. Au départ, l’imprimerie messine remporte un vif succès dans la population mosellane et très vite, les images de Metz sont largement diffusées dans le reste de la France et à l’étranger. À cet effet, «le texte d’accompagnement des images exportées était traduit ou laissé tel quel, servant alors d’exercice pratique dans les cours de français10 » . En 1843, une xylographie de sainte Barbe sort des ateliers Dembour et Gangel (fig. 1).

Figure 1-Image de Gangel. (Collection privée)

Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs 295

Cette image représente la sainte tenant la palme du martyre dans la main droite et une épée dans la main gauche, ce qui rappelle qu’elle fut décapitée par l’épée de son propre père. Devant elle sont disposés des boulets de canons, un panier en osier et une pioche, symboles du métier d’artilleur. À l’arrière-plan se trouvent l’entrée d’un fort et des canonniers prêts à faire feu. Deux hommes sur la droite semblent montrer à la sainte la scène qui se déroule dans son dos afin qu’elle les protège ou leur vienne en aide. Le texte, en bas de l’image, «Sainte Barbe, patronne des artilleurs » est traduit en espagnol ; de même, l’oraison «Sainte Barbe, qui avez souffert courageusement le martyre pour soutenir la foi, intercédez Jésus-Christ pour nous, afin que soyons délivrés de tous maux, et qu’au jour de danger nous souffrions la mort pour la gloire de Dieu, et le salut de la patrie. Ainsi soit-il » , figure en français et en espagnol.

Une nouvelle identité : sainte Barbe, patronne des mineurs

Sainte barbe et le pays de la mine.

Avec l’exploitation des mines en Lorraine, le culte de Barbe prend un nouvel essor et la sainte change à nouveau d’identité : elle va s’apparenter à un métier et devenir la véritable sainte des mineurs. Au Moyen Âge, elle n’a pas encore cette dimension. Ainsi, au Bleiberg, dans la région de Saint-Avold, les mines de cuivre argentifère sont placées sous la protection de la Vierge qui possède une chapelle à Valmont, à proximité de l’exploitation. Dans le Val-de-Lièpvre, les mines d’argent sont sous la protection de saint Nicolas ; on parle d’ailleurs de la «rouge myne de Sainct-Nicolas » dans les manuscrits du XVIe siècle de Heinrich Gross11 ; les galeries les plus profondes sont placées sous la protection de ce saint. À la même époque, d’autres mines portent des noms de saints : à Anozel, en 1501, on signale une mine Saint-Jacques ; à Saint-Pierremont, les deux mines sont sous l’invocation de saint Guillaume et saint Daniel… Sainte Barbe n’est alors qu’une sainte comme les autres pour les mineurs. On découvre une mine sous son patronage à Bussang vers 1550, mais elle est associée à saint Guillaume, saint Pierre et saint Jacques ; en revanche, à Stimbach, elle a une mine à son nom dès 1551. En ce XVIe siècle, sainte Barbe n’est donc pas ignorée du monde des mineurs, elle n’intervient que comme une des nombreuses protectrices de cette profession dangereuse. Elle ne va devenir la sainte des mineurs qu’au XIXe siècle, grâce à l’influence du milieu germanique. Deux facteurs ont facilité ce glissement. Tout d’abord, les échanges culturels et religieux. Les mines lorraines de fer et de charbon se trouvent dans la Lorraine thioise, de parler francique, qui partage avec le Palatinat, le Trévirois et la vallée du Rhin de nombreuses pratiques. Ainsi, le culte aux Quatorze Intercesseurs y est particulièrement présent. Parmi la série de statues représentant les saints, grandeur nature, érigée à Hombourg, sainte Barbe tient une place importante. Son rôle s’accroît au XIXe siècle avec l’exploitation minière. Après quelques sondages dans les années 1780, la première concession minière est accordée en 1820 à Schoeneck, dans l’actuel département de la Moselle. Très vite, le charbon devient une activité importante : en 1870, près de 230 000 tonnes de houille sont extraites des secteurs de Petite-Rosselle, Carling et L’Hôpital. Pour exploiter cette richesse souterraine, on sollicite des mineurs et contremaîtres de la Ruhr ou de la Sarre, où le charbon est exploité depuis la fin du

XVIIIe siècle. Ils apportent leurs coutumes, en particulier le patronage de sainte Barbe. Dans leurs régions d’origine, ils étaient en effet regroupés en «associations Sainte-Barbe » avant l’implantation des premières paroisses. Sainte Barbe s’implante définitivement dans la région minière à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, par le biais d’édifices, de statues, etc. Les mineurs lui donnent alors

296 Le travail avant la révolution industrielle

l’image que l’on connaît d’elle aujourd''hui. Ils se l’approprient pour en faire leur sainte, pour manifester leur identité ; elle devient un moyen de reconnaissance de la communauté professionnelle. Ainsi, à Crusnes-Cité, l’église Sainte Barbe est le témoin de l’histoire industrielle et technique de la région vouée à l’exploitation du minerai de fer. Les mineurs participent activement à la construction de cette église entre 1938 et 1939, et en cela, ils manifestent leur appartenance à une même collectivité. Les matériaux utilisés pour la construction sont aussi une marque de ce groupe : l’ossature est faite de poutrelles d’acier ; les murs sont recouverts de fines parois de tôle remplies de laitier de haut fourneau permettant d’isoler le bâtiment ; les vitraux retracent le martyre de la sainte ; la nef est décorée de lampes de mineurs et d’un chemin de croix sculpté dans le minerai de Crusnes12. À l’intérieur même des mines, la sainte est présente. Ainsi à Merlebach, au début des années 1900, l’entrée du puits V est ornée d’une représentation de Barbe13. À Hettange-Grande, quand la concession ouvre en 1897, une statue de sainte Barbe est mise dans une niche audessus de la galerie de la voie ferrée qui descend vers le fond. L’exploitation souterraine du fer débute à Hayange en 1834 ; à l’entrée du puits est gravé «Honneur à sainte Barbe » . Sainte Barbe est la plupart du temps représentée avec ses attributs iconographiques traditionnels, c''est-à-dire la palme du martyre et la tour percée de trois fenêtres. Il arrive parfois que des mineurs sculptent eux-mêmes des statuettes de la sainte pour les mettre dans la mine ; cela se voit jusqu’au dernier tiers du XXe siècle. Au siège de Reumaux, la statue de 1981 représente la sainte tenant dans la main droite une lampe de mineur à flamme symbolisant la sécurité ; elle ne s’appuie plus sur sa tour traditionnelle, mais sur un puits de mine, signe de confiance dans la solidarité professionnelle. Les représentations iconographiques ou monuments érigés en l’honneur de la sainte ne sont pas les seuls moyens de rendre hommage à Barbe et de l’inscrire dans l’espace. Des quartiers, des rues, voire même des cités, adoptent son nom. Par exemple, à Freyming-Merlebach, il y a une cité Sainte-Barbe, l’hôpital de Forbach s’appelle hôpital Sainte-Barbe, à Porcelette nous trouvons un foyer Sainte-Barbe, tout comme à Creutzwald14… La sainte est donc présente dans l’espace quotidien de la région minière, mais elle est également au coeur d’une sociabilité professionnelle qui s’exprime en particulier le 4 décembre, date du martyre de Barbe.

Une sociabilité de mineurs

Le jour de la Sainte Barbe, les mineurs ne travaillent pas, c’est un jour chômé et payé dans tout le bassin houiller ; malheur à ceux qui descendent au fond ce jour-là. Presque dans tous les bassins miniers, la fête de sainte Barbe est précédée d’un surtravail pendant quinze jours, période appelée la quinzaine Sainte-Barbe. La veille de la fête, les ouvriers font éclater des pétards. Le 4 décembre ou le dimanche se rapprochant le plus de cette date, c’est l’occasion pour les mineurs de se retrouver à l’office religieux puis à un banquet. Une jeune fille des cités de Droitaumont se souvient que vers 1920 :

Le matin de bonne heure, les ouvriers allaient boire du vin chaud sucré avec du citron aux écoles (le lendemain, les tables étaient collantes) et de là partait le cortège avec la sainte Barbe portée par quatre ouvriers. Nous allions à l’église de la ville, il n’y avait pas encore de chapelle. C’était un cortège inimaginable. Les ouvriers se retrouvaient à la salle des fêtes pour un repas avec les employés. Je crois que c’était le seul jour où le directeur se mêlait aux ouvriers15.

Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs 297

À Merlebach, la fête se déroule de la même manière. Les mineurs, porions et cadres assistent à un office religieux à l’issue duquel les ouvriers reçoivent une petite somme d’argent. Puis, tous participent à un banquet organisé par la société, fête uniquement masculine. Pour les mineurs n’appartenant pas à une société de mineurs, ils fêtent la Sainte-Barbe en famille après l’office religieux. Un repas rassemble tous les membres de la famille. Lorsque l’assemblée familiale est trop importante, un goûter copieux ou «Kafeekrantz » est organisé à partir de seize heures. Avant le repas, une prière est récitée par le chef de famille demandant la protection pour toute sa famille et ses camarades de travail. Ce jour-là, les femmes et les filles sont à l’honneur et reçoivent des petits cadeaux ou de l’argent de ceux qui travaillent à la mine. Les mineurs ont toujours manifesté un très fort attachement à ces festivités identitaires. En 1901, à Marange, le Kreisdirektor des mines décide de déplacer la fête de sainte Barbe pour qu’il n’y ait pas trop de jours chômés. Immédiatement, le directeur Schulze lui écrit pour lui interdire de prendre cette mesure. Il lui affirme que cette fête «instituée d’ancienneté ne cause pas d’inconvénient majeur et qu’il convient de considérer la Sainte-Barbe comme une fête privée et non pas publique » . Il poursuit : «dans d’autres pays de forte croyance tels que la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne, la fête de sainte Barbe est célébrée le jour même depuis des siècles, avec une cérémonie à l’église, repas, bal ou autres festivités16. » Il n’est donc pas question de déplacer ou d’annuler la fête en l’honneur de sainte Barbe. D’ailleurs, elle est bien plus qu’un simple moment religieux ou festif. Elle est aussi l’occasion de renforcer les liens sociaux tissés dans le travail ou dans la vie du quartier. Ce jour-là, tous les mineurs et employés, cadres et directeurs s’assemblent pour marquer la solidarité interne de l’entreprise et l’identification d’un groupe : le monde de la mine face à l’extérieur. Cette manifestation est d’abord l’expression du respect et de l’attachement à la mine, au travail du mineur. Mais c’est aussi un témoignage d’union. En effet, lors de la Sainte-Barbe, il n’y a plus de hiérarchie. Nous sommes face à un fort sentiment d’appartenance à un même groupe : celui des «gueules jaunes17 » . Avec les transformations sociales et politiques, la fête de la sainte patronne s’est peu à peu laïcisée. L’aspect religieux de la fête s’estompe18. La Sainte-Barbe est devenue une coutume ouvrière que les patrons tentent de récupérer en payant la statue de procession, les bannières… La procession des ouvriers vient chercher le patron chez lui et il offre, à la fin du

XIXe siècle, deux francs aux ouvriers assistant à la messe. Les traditions chrétiennes apportent une trame symbolique connue, c''est-à-dire la procession bien ordonnée à travers la ville, la communion à l’église, etc., à une vision paternaliste de la société. Le développement du syndicalisme accentue l’aspect laïc de la fête, occasion de rassemblements de plus en plus revendicatifs. Les organisations de travailleurs tendent à priver la Sainte-Barbe de son caractère religieux mais pas de sa dimension sociale. On privilégie alors la visite aux camarades et on ne va plus forcément jusqu’aux portes de l’église. On essaie de refuser la présence du patronat pour rester entre mineurs. D’une festivité collective au monde de la mine, on voudrait passer à une manifestation purement ouvrière. En 1897, à Chaligny, les mineurs se cotisent pour acheter leur propre statue, échapper ainsi aux ingénieurs et au curé, pour faire la fête entre eux. Ce phénomène s’accélère à partir de la moitié du XXe siècle, car le rôle de la CGT augmente et le parti communiste est de plus en plus présent dans les mairies. On ne supprime pas la Sainte-Barbe, mais on lui donne une nouvelle dimension. On célèbre alors un office des morts à la mémoire des victimes des accidents ; l’Église apparaît en cette occasion comme la grande réunificatrice d’une communauté idéale des vivants et des disparus19. Cela se voit très nettement à Trieux. Lors de la Sainte-Barbe de 1978, une plaque monumentale est déposée dans le cimetière sur le calvaire. Sur cette plaque on peut lire :

298 Le travail avant la révolution industrielle

«Honneur à sainte Barbe, un hommage à tous les mineurs victimes du travail. La section syndicale CGT20. » Ce découplage entre l’aspect religieux et la dimension identitaire n’est pas seulement le résultat d’options politiques. On l’observe parfaitement dans tous les domaines du monde minier, comme le montre l’analyse des numéros du mensuel Mineurs de France. À partir des années 1950, dans les mines de charbon, le 4 décembre est surtout associé aux remises de médailles par les patrons aux ouvriers méritants ; dans les mines de fer, les ouvriers se réunissent autour des monuments érigés en l’honneur des mineurs morts au fond. Dans la décennie suivante, le journal fait la distinction entre le jour de la fête et sainte Barbe ellemême. Avant, tout était lié, c''est-à-dire l’histoire de la sainte et le 4 décembre, alors qu’à partir de ces années, on dissocie les deux. La sainte est remise à l’honneur de façon historique, des articles lui sont consacrés, mais comme à un personnage un peu étranger. De plus, de multiples caricatures ornent les pages des numéros de novembre (fig. 2).

Figure 2-Mineurs de France. (Arch. mun. Saint-Avold)

En Lorraine, du XVe siècle à nos jours, le culte de sainte Barbe a connu une évolution en trois temps qui fait apparaître trois types de fidèles. Tout d’abord, elle est patronne de Metz et du pays voisin, avec un haut lieu, le pèlerinage au sanctuaire de la sainte, particulièrement visité jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Puis s’amorce le déclin de l’aspect dévotionnel collectif dans le pays messin. Parallèlement s’affirme lentement une dimension professionnelle de la sainte, patronne des artilleurs. À partir du XIXe siècle, elle devient la patronne des mineurs. Elle s’apparente alors à une profession et à un seul corps de métier, celui des mineurs. Mais l’aspect dévotionnel laisse place à une manifestation identitaire dans laquelle se retrouvent les mineurs.

Sainte Barbe : de la patronne du pays messin à la protectrice des mineurs 299

Tous ces changements et glissements successifs se sont accompagnés de nombreuses transformations du culte. Si, au XVe siècle, la Pentecôte était associée à la célébration de la sainte dans le pays messin, le 4 décembre finit par s’imposer. En revanche, l’iconographie a peu changé, même si elle a su prendre en compte les spécificités professionnelles des groupes sociaux qui revendiquent la protection de la sainte : les artilleurs l’ont flanquée d’un canon et les mineurs remplacent la traditionnelle tour par un chevalement. L’inscription de la sainte au coeur d’une identité professionnelle lui donne une nouvelle dimension, quitte à ce que les aspects dévotionnels passent au second plan et qu’on leur préfère les formes identitaires. N’est-il d’ailleurs pas symptomatique que des processions du 4 décembre aient été organisées par le clergé et la CGT ? Les clivages s’estompent lorsque les individus communient au sein d’une cohésion professionnelle incarnée par la sainte.

Bibliographie

COOK Anne, HOURTE Anne-Claire, Patrimoine et culture industrielle en Lorraine, jalons pour une route de l’industrie Sar-Lor-Lux, Metz, Éd. Serpenoise, 1996, 223 p. BUCHHEIT Chip, Sainte Barbe dans le bassin houiller sarro-lorrain, rapport de recherches, 1995, Nancy, Inventaire régional de Lorraine. CHARRASSE David, Chez les mineurs de fer de Lorraine. Les métamorphoses de sainte Barbe, dans Sainte Barbe : fête, traditions et luttes des mineurs, Institut d’histoire sociale minière, VO éd., 1998, p. 79. DUMONTIER Maurice, École du génie de Metz (1794-1802). École d’application de l’artillerie et du génie de Metz (1802-1870), Nancy, M. Dumontier, 1957, 60 p. GATTI Alain, De la vigne à la mine, la mine et les mineurs de Marange (1859-1931), Metz, éd. Serpenoise, 2000, 630 p.

300 Le travail avant la révolution industrielle

GRANDEMANGE Jacques, Les mines d’argent du duché de Lorraine au XVIe siècle, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1991 (Documents d’Archéologie française ; 30), 117 p.

IMAGES DE METZ, Metz, éd. Serpenoise, 1987, 96 p.

MINEURS AU JOUR… LE JOUR, un siècle dans les cités du fer (1890-1990), catalogue d’exposition du 4 novembre 1998 au 3 mai 1999, Musée de l’histoire du fer, Jarville-la-Malgrange, Musée de l’histoire du fer, 1998, 147 p. RÉAU Louis, Iconographie de l’art chrétien, tome III. Iconographie des saints, Paris, Presses universitaires de France, 1958, 555 p. TROUPE MAILLART, Le mystère de sainte Barbe. Adaptation des manuscrits médiévaux inédits, suivie d’une étude historique et folklorique sur sainte Barbe, patronne du pays messin, Guénange, Impr. des Orphelins-apprentis, 1951, 88 p. SCHMITZ Robert, Le siège de Merlebach, reflets historiques, Metz, éd. Serpenoise, 2001, 141 p. TREMPÉ Rolande, Sainte Barbe. À propos des différentes façons dont elle a été fêtée, dans

Sainte Barbe : fête, traditions et luttes des mineurs, Institut d’histoire sociale minière, VO éd., 1998, p. 8 VIGNEULLES Philippe de, La Chronique de Philippe de Vigneulles éditée par Charles Bruneau : de l’an 1473 à l’an 1499, tome III, Metz, Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, 1932, 406 p. VIGNEULLES Philippe de, La Chronique de Philippe de Vigneulles éditée par Charles Bruneau : de l’an 1500 à l’an 1525, tome IV, Metz, Société d’histoire et d’archéologie de la Lorraine, 1933, 559 p. WEYLAND François-Anatole, Vie des saints du diocèse de Metz : nos saints, novembre-décembre,

tome VI, Guénange, Impr. des Orphelins-apprentis, 1912.

1. F.-A Weyland, Nos saints. Vie des saints du diocèse de Metz, t. 6, p. 331.

2. P. de Vigneulles, La Chronique de Philippe de Vigneulles éditée par Charles Bruneau, t. 3, p. 114.

3 Troupe Maillart, Le mystère de sainte Barbe… 4. P. de Vigneulles, op. cit., p. 309-311. 5. Ibid., t. 4, p. 467-468. 6. Ibid., p. 468.

7. Troupe Maillart, op. cit. p. 80-81. 8. L. Réau, Iconographie de l’art chrétien, t. 3, p. 174.

9. M. Dumontier, École du génie de Metz (1794-1802), p. 52. 10. Images de Metz, p. 7.

11. J. Grandemange, Les mines d’argent du duché de Lorraine au XVIe siècle, p. 107.

12. Sur le patrimoine de cette région, voir : A. Cook, A.-C. Hourte, Patrimoine et culture industrielle en Lorraine, jalons pour une route de l’industrie Sar-Lor-Lux.

13. R. Schmitz, Le siège de Merlebach, reflets historiques, p. 135-138. 14. C. Buchheit, Sainte Barbe dans le bassin houiller sarro-lorrain, p. 73. 15. Mineurs au jour… le jour, p. 122.

16. A. Gatti, De la vigne à la mine, p. 397. 17. Mineurs au jour… le jour, p. 122. 18. R. Trempé, Sainte Barbe. À propos des différentes façons dont elle a été fêtée. 19. Ibid.

20. D. Charrasse, Chez les mineurs de fer de Lorraine. Les métamorphoses de sainte Barbe.

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Avez-vous planté votre blé pour la Sainte-Barbe ? On vous dit tout sur cette tradition provençale et azuréenne

En Provence et dans l'ex-Comté de Nice, la tradition veut que des grains de blé soient plantés le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe. Si les germes poussent, cela signifie que l'année débute sous les meilleurs auspices. En PACA, cette coutume très ancienne est toujours suivie. 

Les grains germés prennent place près de la crèche jusqu'à l'Epiphanie. • © Eliane Tourtet / France Télévisions.

Une tradition qui remonte à l'Antiquité

Chez nous, on dit : "Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn" (Quand le blé va bien, tout va bien) ! Et on peut l'appliquer pour tout : la santé, la famille, le travail... Si le blé pousse bien, on sait que l'année sera prospère. Anne-Lise Chevalier, professeure de provençal et membre de l'association Félibrige.

Où trouver les grains et comment entretenir les jeunes pousses ?

Il y a plusieurs possibilités avec les germes de blé : après Noël, on peut les enfermer dans des petits sachets et les placer dans les armoires. Certains les jettent dans la cheminée pour éloigner les mauvais présages. Il y avait aussi une tradition qui consistait à planter les germes aux quatre coins d'un champ pour protéger la récolte. Anne-Lise Chevalier, professeure de provençal et membre de l'association Félibrige.

Une coutume encore suivie aujourd'hui

C'est une tradition ancrée et certains la redécouvre, nous recevons d'ailleurs beaucoup de messages à ce sujet. Beaucoup nous disent que ça leur rappelle leur enfance et qu'ils peuvent facilement faire cette activité avec leurs enfants ou petits-enfants. Vincent Pomparat, directeur de l'Office de Tourisme de La Colle-sur-Loup

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